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Citations et extraits (6) Ajouter une citation
Il m'ignore. Il ignore que la terre est peuplée de milliards d'hommes qui aiment, qui souffrent, qui luttent ou sont heureux. Il est chez lui. Ses pupilles d'or se tournent parfois vers moi, indifférentes. Il arpente son territoire, souverain magnifique de quelques mètres carrés, propriétaire d'un monde constitué par les quatre sillons du petit jardin, il règne aussi puissant et sur de lui qu'un potentat d'Orient du temps de sa plus grande gloire.
In " Le chat dans le jardin"
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Il avait tout fait pour résoudre cette impossible équation : garder ses valeurs, son humanité dans ce qu'on appelle la guerre, cette calamité qui depuis la nuit des temps déclenche un déferlement de fureur. Il avait donné des consignes strictes à ses soldats : les prisonniers allemands devaient être traités avec humanité, les blessés, amis ou ennemis, soignés de la même façon. La férocité des affrontements et la montée de la haine au cours des mois faisaient bien souvent vaciller ces évidences. Il devait être à tout instant vigilant. Les comportements individuels n'étaient pas toujours contrôlables et la rage éprouvée par beaucoup de ses compagnons devant les exactions nazies les poussait parfois à se relâcher et à se conduire comme leurs ennemis. La violence engendrait inexorablement la violence. Il devait se rendre à l'évidence : dans la guerre, il devenait possible que personne ne fût du bon côté. Peu importait le camp des protagonistes : nul n'en ressortait innocent.
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La Saint-Valentin est une date qu'ils ne ratent jamais. Chaque année, ils vont au restaurant, tous les deux, sans les enfants. c'est une tradition qui perdure, une concession qu'ils se font, un reste de la tolérance qui leur a permis d'être heureux pendant des années, avant que n'apparaissent les fissures qui, peu à peu, les ont amenés à ce lugubre et rituel repas dont ils savent l'un et l'autre qu'il n'est qu'un morceau de la coquille vide qu'est devenu leur mariage.
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Le sous-lieutenant surveillait ses hommes comme le lait sur le feu pour que la situation de guerre, difficile, anxiogène, n'entraînât aucune des exactions que l'on peut rencontrer au combat lorsque l'on tient une arme et que son binôme vient d'être blessé ou tué. Pour lui, il s'agissait d'imposer le respect des lois de la guerre et d'empêcher qu'un dérapage inacceptable ne se produisît. Il avait acquis la conviction que, dans une armée digne de ce nom, tout dépendait du commandement. Depuis le caporal jusqu'au général et au dirigeant politique, en passant aussi par le chef de section et son sergent. Si l'échelon intermédiaire qui commande les hommes sur le terrain n'a pas d'autorité sur eux ou, pire, est complice du laisser-faire, voire le préconise, tout est possible. La loi n'existe plus si le commandement n'est pas vertueux ou s'il abandonne ses prérogatives. Les exactions peuvent se déployer sans risque dans l'anonymat du fracas de la guerre, ouvrant la porte à toutes les sauvageries.
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Mon oncle Léon m'attendait à la gare de Montjotin. Je savais que nous aurions encore trois kilomètres de côtes à escalader à pied, dans des chemins caillouteux et ravinés. Il prit ma valise et nous eûmes une importante conversation pendant le trajet sur les événements que le monde était en vivre. Il discutait à sa manière, avec peu de mots, mais beaucoup de tendresse. Léon était à l'opposé de mon père qu'il n'évoquait jamais. Il était sec et de haute taille. Son vocabulaire était choisi, il employait toujours l'expression juste et conversait avec beaucoup de douceur. L'école de la république s'était pour lui arrêtée à douze ans, mais il en était sorti avec des éléments de connaissance solides, une grande rigueur de raisonnement et un sens moral à toute épreuve.
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Ce matin, les quais sont désertés. Il est venu de loin, du fond de la station, chargé comme un baudet. C'est un costaud, il ne fléchit pas dans l'effort et avance, tranquille. Il sifflote. Lorsqu'il arrive à ma hauteur, les notes traversent mes oreilles. C'est l'Internationale. Les mythiques paroles réveillent ma jeunesse! Cet inconnu, ce prolo de la base qui s'y accroche encore! Tellement dépassé, sali par le vent de l'Histoire et la folie des hommes! L'hymne immense qui a nourri l'espoir des peuples de la terre saute d'un coup à ma mémoire et avec lui je vois les larmes de ceux qui désormais sont seuls et n'attendent plus rien.
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