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Citations de Michelle Alexander (21)


La guerre contre la drogue a porté atteinte à pratiquement toutes les libertés civiles protégées par la Constitution. Ces dernières années, la Cour suprême s'est empressée d'approuver les tests de dépistage obligatoires pour les employés et les étudiants, légitimant ainsi les perquisitions et les descentes de police imprévues dans les écoles publiques et chez les étudiants. Elle a permis que la police obtienne des mandats de perquisition basés sur des renseignements donnés par des informateurs anonymes. Elle a élargi l'autorité du gouvernement en matière d'écoutes téléphoniques, elle a légitimé le recours par la police et les procureurs à des informations non identifiées, elle a approuvé l'usage d'hélicoptères pour surveiller les maisons, sans mandat, et a autorisé la confiscation d'argent liquide, de logements et autres biens sur la seule base d'allégations non prouvées concernant une activité illicite en lien avec la drogue.
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Les Amérindiens devenaient un obstacle toujours plus grand à la « progression » des Européens blancs et, à partir de cette époque, leur représentation dans les livres, magazines et journaux fut de plus en plus négative. Comme l'observent les sociologues Keith Kilty et Eric Swank, l'élimination de « sauvages » est alors un problème moral mineur comparé à l'élimination d'êtres humains ; on en vint par conséquent à considérer les Amérindiens comme une race inférieure – des sauvages non-civilisés – ce qui justifiait l'extermination des peuples indigènes.
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Alberta Spruill [est] une employée municipale de Harlem âgée de cinquante-sept ans [...] Le 16 mai 2003, une dizaine de policiers de la ville de New York fait irruption dans son appartement sans frapper à la porte pour exécuter un mandat basé sur les renseignements d'un informateur anonyme selon lequel un repris de justice vend de la drogue au sixième étage de l'immeuble. En réalité, l'informateur était déjà en prison au moment où il disait avoir acheté de la drogue dans cet appartement et la cible de cette opération avait été arrêtée quatre jours auparavant ; mais les policiers ne vérifient pas l'information et n'interrogent même pas le gardien de l'immeuble. Le seule habitante présente dans l'immeuble est Alberta, décrite par ses amis comme une personne « très pieuse et pratiquante ». Avant d'entrer, la police lance une grenade aveuglante et assourdissante. Alberta fait un arrêt cardiaque et meurt deux heures plus tard. Sa mort est considérée comme un homicide mais personne ne sera inculpé.
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Le pire, c'est la honte, la stigmatisation, qui vous poursuit le reste de votre vie. Ce n'est pas juste l'exclusion de la plupart des emplois mais l'expression qui traverse soudain le visage de l'employeur lorsqu'il voit que la « case prison » est cochée, la manière dont il refuse tout à coup de vous regarder dans les yeux. Ce n'est pas simplement le refus opposé à une demande de logement mais la honte d'être un homme adulte suppliant sa grand-mère de lui donner un endroit où dormir. Ce n'est pas simplement l'exclusion du droit de vote, mais la honte que l'on ressent quand innocemment un collègue demande « Pour qui tu vas voter mardi ? »
Il n'est nul besoin d'avoir été formellement condamné devant un tribunal pour être soumis à cette honte et cette stigmatisation. Du moment que « vous avez l'air d'un criminel », vous serez traité avec la même suspicion et le même mépris, non pas seulement par la police, les gardes de sécurité ou les surveillants de l'école, mais aussi par la femme qui traverse la rue pour vous éviter et par les vendeurs qui vous suivent dans le magasin, prêts à vous attraper en flagrant délit d'être un « hommenoircriminel » – cet archétype qui justifie le nouveau système de ségrégation raciale, le nouveau Jim Crow.
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L'un des conseillers principaux de Nixon, H.R. Haldemann se souvient que Nixon lui-même adoptait volontairement une stratégie raciale, typique du Sud :
« Il [le président Nixon] insistait sur le fait que tout le problème, il faut bien l'admettre, venait des Noirs. La solution consistait à imaginer un système qui prenne cela en compte sans en avoir l'air. »

De la même façon, John Ehrlichman, conseiller spécial du président, résumera la stratégie de campagne de l'administration Nixon en 1968 de la façon suivante : « On ira à la pêche aux racistes. » Pour Ehrlichman, « cet appel subliminal au vote anti-Noir a toujours été présent dans les déclarations et les discours de Nixon. »
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Certains pays, confrontés à l'augmentation des crimes liés à la drogue ou à des taux apparemment incompressibles de toxicomanie ou d'addiction choisissent l'option des soins, de la prévention, de l'éducation et de l'investissement économique dans les communautés rongées par le crime. Le Portugal, par exemple, a répondu au problème récurrent de l'addiction et de la toxicomanie en dépénalisant la possession de drogues et en redirigeant l'argent qui aurait été dépensé à enfermer les consommateurs vers la prévention et la désintoxication. Dix ans plus tard, le Portugal affichait un taux de toxicomanie et d'addiction significativement plus bas, tout comme celui des crimes.
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En nous inspirant des courageux militants des droits civiques qui ont sans honte refusé de répliquer et ont marché sans armes devant des foules blanches qui menaçaient de les tuer, nous devons nous aussi incarner le changement que nous voulons créer. Si nous voulons faire plus que simplement mettre fin à l'incarcération de masse, et mettre un terme à l'histoire des castes raciales en Amérique, nous devons nous défaire du favoritisme racial, nous unir aux gens de toutes couleurs qui ne sont pas satisfaits d'attendre d'hypothétiques retombées et déclarer à ceux qui voudraient se mettre en travers de notre chemin : c'est nous tous ou personne.
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Quand Malcolm X condamnait l'« homme blanc » et déclarait que c'était l'ennemi, il ne parlait pas, bien sûr, de n'importe quel individu blanc, mais bien plutôt de l'ordre patriarcal blanc qui a caractérisé l'esclavage et l'époque de Jim Crow. Malcolm X avait compris que les États-Unis avaient été crées par et pour des hommes blancs privilégiés. C'étaient des hommes blancs qui dominaient le monde politique, contrôlaient les richesses de la nation et rédigeaient les lois. Aucun groupe aux États-Unis ne peut prétendre avoir eu davantage de privilèges et s'être tant ingénié à les préserver que l'« homme blanc ».
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Les besoins croissants en main-d'oeuvre furent satisfaits par le recours à l'esclavage. On considérait les Amérindiens impropres à l'esclavage, principalement parce que les tribus indiennes étaient en mesure de contre-attaquer. La peur des raids indiens conduisit les planteurs à se tourner vers une autre source de main-d'oeuvre gratuite. Les immigrants européens étaient pour leur part considérés comme de piètres candidats à l'esclavage, non pas à cause de leur race, mais plutôt parce qu'ils étaient peu nombreux et que les asservir aurait naturellement freiné l'immigration volontaire vers les nouvelles colonies. Les planteurs virent dès lors dans les Africains, relativement démunis, les esclaves idéaux. L'asservissement systématique des Africains et la naissance de leurs descendants dans les fers furent donc volontairement institués au plus vite...
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En 1992, le candidat à la présidence Bill Clinton jure qu'il ne laissera la primauté de la sévérité envers le crime à aucun républicain. Fidèle à sa promesse, il décide de retourner en Arkansas – son État –, quelques semaines avant la primaire démocrate décisive du New Hampshire, pour assister à l'exécution de Ricky Ray Rector. Ce dernier, un homme noir, handicapé mental, a si peu conscience de l'imminence de sa peine qu'il demande qu'on lui garde son dessert pour le lendemain. Après l'exécution, Clinton lance : « On pourra dire tout ce qu'on voudra sur mon compte, sauf que je suis laxiste envers les criminels. »
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étiquetés comme criminels lors de leur adolescence, ils passent de leur école délabrée et privée de subventions à des prisons rutilantes équipées des dernières technologies
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Tout observateur impartial de l'histoire racial aux États-Unis est forcé d'admettre que le racisme a une très grande capacité d'adaptation
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D'autres se demanderont comment un système de castes raciales peut exister alors que la plupart des Américains, de toutes les couleurs, s'opposent à la discrimination raciales et font leur l'indifférence à la couleur de peau. Comme nous le verrons dans les pages qui suivent, les systèmes de castes raciales ne requièrent pas d'hostilité raciale ou de haine explicite pour prospérer. Ils ont seulement besoin d'indifférence raciale, comme Martin Luther King Jr. le signalait il y a plus de quarante-cinq ans.
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Beaucoup se demanderont comment une nation qui vient d'élire son premier président noir pourrait avoir un système de castes raciales. C'est une question légitime. Mais comme nous l'expliquerons dans le chapitre 6, à l'ère de l'indifférence à la couleur de peau, il n'y a pas la moindre contradiction entre l'élection d'Obama et l'existence d'un système de castes raciales. Le système de contrôle actuel dépend des exceptions noires; ces dernières ne le disqualifient ou ne le sapent pas.
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On pourrait se demander: mais qu'a donc l'incarcération de masse à voir avec la discrimination positive? Et bien, peut-être les deux sont-elles plus liées que nous ne le pensons. Nous devrions nous demander si nos efforts pour parvenir à une diversité raciale " cosmétique", c'est-à-dire des réformes destinées à rendre les institutions présentables en surface, sans qu'un changement structurel soit nécessaire, n'ont pas en réalité facilité l'émergence de l’incarcération de masse et interféré avec le développement d'une conscience de race plus empreinte de compassions.
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nouvelles tactiques ont été utilisées pour atteindre les mêmes objectifs, ceux que s’étaient déjà fixés les Pères fondateurs. Pour ces derniers, il était fondamental de refuser la citoyenneté aux Africains-Américains, alors que se constituait l’Union originelle. Deux siècles plus tard, l’Amérique n’est toujours pas une démocratie égalitaire
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un lien entre notre actuel système d’incarcération de masse et des formes antérieures de contrôle social. Je me suis rendue compte assez tardivement que l’incarcération de masse était un système de contrôle social racialisé, à la fois total et dissimulé, qui fonctionnait d’une façon semblable à Jim Crow
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L’impact de cette guerre a été considérable. En moins de trente ans, la population carcérale s’est envolée, passant d’environ 300 000 personnes à plus de 2 millions, les condamnations pour drogue étant responsables de l’essentiel de cette augmentation
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Aucun autre pays dans le monde n’emprisonne autant ses minorités raciales ou ethniques
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Ce livre avance que l’incarcération de masse est le nouveau Jim Crow et que tous ceux qui se soucient de justice sociale devraient s’engager pleinement dans le démantèlement de ce nouveau système de castes raciales
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