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Critiques de Mike Allred (27)
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Bowie

Quand on est fan de Bowie, difficile de résister à l’envie d’en connaitre plus sur sa vie, son univers et découvrir sa biographie en bande-dessinée (américaine) de Mike Allred et Steve Horton. Difficile aussi de résister à l’envie d’écrire une petite bafouille pour lui rendre hommage.

Le 8 janvier, David Bowie aurait eu 77 ans et le 10 janvier cela fera 8 ans qu’il nous a quitté.



Les auteurs de cette bande-dessinée nous immergent dans sa vie tourbillonnante à ses débuts et surtout l’époque la plus mythique, la plus féconde, celle des années 70 avec son personnage Ziggy stardust et la période glam rock (celle où, pour ma part, je pioche les morceaux de Bowie que je préfère).

Après des débuts difficiles et plusieurs créations de groupe, David Robert Jones, alias David Bowie, va commencer à se faire un nom avec la chanson « Space oddity » … On voit ensuite défiler les nombreux concerts, bien sûr en Angleterre, en France, en Allemagne et aux Etats-Unis (…) et sa notoriété grandir... Une vie faite de concerts, de routes, de créations, de rencontres avec les artistes les plus fameux de l’époque (Freddy Mercury, Andy Warhol, son ami…).



Il faut être assez initié pour comprendre toutes les références musicales de cette biographie (cela va des références de chansons, de périodes, de musiciens et compères avec qui Bowie a travaillé).

Mais les lecteurs qui apprécient le chanteur (et je suppose que ceux sont les plus nombreux) réussissent facilement à s’imprégner dans l’ambiance des concerts, de toutes ces salles de grande renommée en passant par les émissions musicales de l’époque. D’ailleurs, son passage dans ‘’Top of the pops’’ en 1972 où il va interpréter ‘’Starman’’ de manière aussi ébouriffante que ses cheveux va révolutionner et changer l’histoire de la musique (en tant que fan de Bowie je peux me permettre d’énoncer une telle évidence :) ). Il suffit de revoir ces incroyables tenues et transformations (costumes, coiffures, maquillages), en studio lors des enregistrements, les vidéo-clips et plus encore ces concerts formidablement retranscrits dans les bulles.



Les bulles sont construites dans la même ambiance de l’époque, énergiques, colorées, presque psychédéliques, comme une succession de scènes, de concerts, de rencontres. Comme si cela ne s’arrêtait presque jamais jusqu’à la tombée du rideau.

Sont évoqués également les périodes de travail sur des chansons avec les musiciens, et bien sûr les quelques clashs entre musiciens, départs de membres, certaines séparations de groupes. L’univers musical est baigné de soirées entre potes, mais aussi de jalousies et pics entre rivaux.



J’avoue qu’il m’a manqué dans cet ouvrage une immersion un peu plus en profondeur de cet incroyable artiste, en commençant peut-être par son enfance, par la relation avec ses parents, par ses ambitions artistiques, son processus de création surtout et quelques références des films dans lesquels il a tourné (le cultissime Furyo).

Je me suis également demandée pour quelles raisons sa bisexualité n’était que peu effleurée dans cette bande-dessinée : s’agissait-il uniquement d’explorer l’artiste en tant que tel ou était-ce dans le but de ne pas heurter l’Amérique puritaine ?

Au fil des pages, on ressent un petit quelque chose en croisant tous les artistes qui ont croisé ou côtoyé le chanteur : de M. Faithfull à Elton John, de T. Rex à Lou Reed, de Bob Dylan à Elvis Presley (né le même jour, et de 12 ans son ainé). Des Beatles, aux Rolling-Stones en passant par le jeune Bruce Springsteen.

Que ce soient les portraits croqués des rock stars ou encore de Bowie lors de ses différents et incroyables styles scéniques, lors de ses concerts les plus grandioses et qu’il interprète ses chansons les plus émouvantes, cultissimes (‘’The man who sold a world’’, ‘’Life on Mars’’, ‘’Heroes’’, la liste est longue), un sourire nait, mêlé à ce petit sentiment de nostalgie, ou serait-ce de la mélancolie (que les plus de 20 ans peuvent connaître) ?



L’évocation de tous ces chansons tout au long de cette BD nous amène, forcément aussi, à fredonner et on finit par avoir une furieuse envie de réécouter ses albums.

Alors, pour finir en beauté, pour finir sur une belle note, je crois bien que je vais me faire un petit medley en commençant par « Under pressure », duo Bowie et Queen, of course, en montant un peu le son.



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X-Force, tome 1 : New Beginnings

Ce tome fait suite à Counter X: X-Force: Rage War (épisodes 110 à 115) qu'il ne sert à rien d'avoir lu avant. Il comprend les épisodes 116 à 120, initialement parus en 2001, écrits par Peter Milligan, dessinés et encrés par Michael Allred, et mis en couleurs par Laura Allred.



Axel Cluney est en train de cauchemarder : il se souvient de la première manifestation de ses pouvoirs, sur une plage avec une copine sur qui il a vomi une bile acide la défigurant à vie. Il se réveille dans son fauteuil et commence à passer en revue la dernière mission de X-Force : prévenir un coup d'état en Afrique du Nord, avec La Nuit, Battering Ram, Plazm (un peu trop brutal au combat), U-Go Girl (endormie après avoir téléporté l'équipe), Sluk (Byron Spencer) qui n'en a pas réchappé. Ses réflexions sur les tactiques à mettre en œuvre sont interrompues par les deux modèles en culotte et soutien-gorge qui lui indiquent qu'elles l'attendent pour faire des galipettes. Il se laisse convaincre sans difficulté, alors que sur l'écran un individu est rongé par l'acide qui sort de la bouche de Zeitgeist (Axel Cluney). Le lendemain, toute l'équipe est présente pour une conférence de presse. C'est Coach qui prend la parole, le responsable de l'équipe. Il annonce à la presse l'identité du remplaçant de Sluk au sein de l'équipe : Tike Alicar, nom de code l'Anarchiste. Un peu plus tard, Tike Alicar est dans le jacuzzi de sa suite, avec deux jeunes femmes nues, en train de répondre aux questions d'une journaliste assise sur le rebord. Il fait sauter le plafond avec ses pouvoirs, la journaliste ayant déclaré qu'elle avait trop chaud. En répondant, il explique que Zeitgeist le prend pour un abruti, et il explique ce qu'est une tmèse.



Une autre journaliste se trouve à Orange County pour l'ouverture du vingt et unième Café X-Force, commentant sur la statue commémorant Sluk : elle émet une pulsation électronique apaisante pour 20 dollars. Un client est en train de manipuler des peluches à l'effigie de Doop et il en transperce une avec une griffe. Dans la salle de réunion de X-Force, les membres sont en train de se disputer : Beckah Parker (Gin Genie) ne se sent pas bien, Edie Sawyer (U-Go-Girl) estime qu'elle n'a aucun fan. La télévision diffuse l'interview de Tike Alicar avec sa tirade contre Axel Cluney (Zeitgeist). Le soir, Axel Cluney et Edie Sawyer mangent dans un restaurant huppé. Elle évoque l'utilisation de son pouvoir de téléportation pour aller signer un contrat en Écosse. Elle lui fait remarquer que leurs missions ne sont pas très importantes, juste une sorte de prétexte pour justifier de leur vie de luxe. Elle le trouve d'ailleurs un peu tendu ces temps-ci : il pourrait peut-être prendre quelques jours de repos, et elle assurerait la fonction de chef de l'équipe par intérim. Le lendemain dans leur quartier général de Santa Monica, Coach leur indique qu'ils ont une mission immédiate : aller libérer les 4 membres du groupe pop Boyz R Us, détenus par des tireurs meurtriers qui réclament un million de dollars. Ils ont déjà défenestré un premier membre pour prouver leur crédibilité.



La série X-Force nait en 1991 quand Rob Liefeld transforme la série des New Mutants en une équipe paramilitaire menée par Cable, aidé par Fabian Nicieza qui reprend l'écriture de la série après le départ de Liefeld pour former Image Comics. Nicieza est suivi de Jeph Loeb, puis de John Francis Moore, pour enfin être co-écrite par Warren Ellis & Ian Edginton lors de la période Counter X. En 2001, la série principale des X-Men prend le nom de New X-Men et est relancée par Grant Morrison & Frank Quitely. Le responsable éditorial Axel Alonso décide que c'est l'occasion de confier X-Force à un autre scénariste sortant du moule : Peter Milligan. Celui-ci refuse dans un premier temps, mais se laisse convaincre parce qu'Alonso lui accorde une liberté totale concernant les thèmes, sans aucune obligation de s'inscrire dans la continuité des X-Men, ou dans l'univers partagé Marvel. Ce contexte explique que cette série ne ressemble à aucune autre. Les personnages sont entièrement nouveaux : U-Go Girl, Anarchiste, Coach, Battering Ram, Gin Henie, La Nuit, Plazm, Sluk, Zeitgeist, Doop, puis Orphan, Phat, Saint Anna, Bloke, Vivisector, puis Smoke, Succubus. Les rescapés de X-Force (précédente version) font une brève apparition le temps de 3 pages, et Wolverine passe incognito dans l'épisode 116 le temps d'une page, puis revient pour plusieurs pages dans l'épisode 120. La première mission ressemble à quelque chose : libérer des otages. La seconde ressemble encore à quelque chose : libérer Paco Perez, un enfant mutant détenu par une dictature. La troisième consiste à éliminer le chef de X-Force pour le remplacer par un plus malléable et avec une meilleure cote de popularité dans les sondages.



Le lecteur constate également immédiatement que le responsable éditorial a aussi privilégié un artiste qui sorte des sentiers battus, dont la manière de dessiner ne correspondent pas à l'esthétique superhéros. Le lecteur est d'abord frappé par une apparence obsolète, un peu naïve. Les costumes de tous ces nouveaux superhéros donnent l'impression de provenir des années 1960, comme s'ils avaient été imaginés par Jack Kirby au début de Marvel. Il peut même avoir une impression de dessins à destination d'un jeune public prépubère : la peau bien rose de Bloke, le peu de poils sur le visage de Vivisector, les formes grossières de Phat, la pureté sans tâche de Saint Anna (comme si elle était dessinée par Gilbert Hernandez). Les personnages ont souvent les yeux très grands ouverts, ce qui donne une expression forcée. En regardant Logan dans l'épisode 120, le lecteur reconnaît le personnage sans difficulté, mais il a l'air moins dangereux que d'habitude, avec des contours plus doux, et une gestuelle qui semble moins agressive que d'habitude, tout en restant un peu théâtrale. Cette impression est renforcée par une mise en couleurs acidulée, dégageant plus une impression de douceur que d'agressivité.



Pourtant ces caractéristiques n'empêchent par les dessins d'exprimer des émotions adultes ou cruelles : un superhéros éventré avec ses intestins sortis de leur logement abdominal, la folie furieuse de Vivisector tranchant des soldats avec ses griffes, l'horreur abjecte d'une tentative de viol, etc. Derrière une apparence datée, l'artiste réalise des planches et des cases avec un niveau de détails bien supérieur à la norme des comics de superhéros dans les années 1960. Le pays situé en Afrique du Nord au début du premier épisode n'est pas reconnaissable, mais Allred a pris la peine de concevoir et de représenter une place forte avec des détails qui la rendent unique. Dans la page consacrée au vingt et unième Café X-Force, le lecteur a l'impression qu'il peut se promener entre les tables, aller passer sa commande au comptoir central, flâner pour regarder les produits dérivés. Au restaurant, il bénéficie d'une magnifique vue sur les buildings par la baie vitrée. Lorsque U-GO Girl invite Orphan dans sa chambre, il regarde le désordre par terre. Il prend également le temps de regarder chaque costume du carnaval de Bastrona.



Dès le premier épisode, les discussions entre les personnages établissent qu'ils manquent un peu de maturité, et qu'ils ne sont intéressés que par les contrats de parrainage. Milligan & Allred ne les gâtent pas : leur mutation ne les rend pas plus beaux, mais en font des monstres pour la plupart. Une peau d'une jolie couleur lavande, l'obligation de porter un masque sur le bas du visage pour maîtriser ses projections de bile acide, une peau toujours en train de suer, un hyper-développement pilaire. Ainsi ces monstres prennent leur revanche en faisant fructifier leur participation à une équipe de superhéros aux missions plus moins utiles. La scène introductive montre Axel Cluney regarder une mission sur un champ de bataille, revoir Sluk mourir, et considérer que ce n'est pas une grosse perte, voire que son apparence n'était peut-être pas assez humaine pour pouvoir faire partie de X-Force. Ce degré de cynisme se retrouve par la suite : Edie Sawyer qui considère que les missions sont une obligation pour jouir d'une vie de luxe, les insultes échangées entre les membres de l'équipe, le choix du chef de l'équipe dicté uniquement par les projections d'audience sans lien avec ses compétences de meneur, et ça ne fait que s'accentuer d'épisode en épisode. Peter Milligan reprend les techniques éprouvées de la téléréalité qu'il applique à une équipe de superhéros célèbres surtout parce qu'ils sont célèbres, dont le métier est d'être célèbres. Il va plus loin encore, en mettant en pratique le fait que le rôle de chaque membre est partiellement écrit, comme dans le catch (principe du Kayfabe) et qu'ils doivent respecter ces rôles prescrits. Ce capitalisme amoral gagne encore en horreur quand le lecteur découvre à quel point la fin justifie les moyens pour Coach.



Ce premier tome tient toutes ses promesses aujourd'hui encore : histoire entièrement indépendante de la continuité mutante, dessins sortant de l'ordinaire, tout en restant très comics, tonalité très adulte. Peter Milligan & Michael Allred racontent une histoire de mutants en marge de la société normale, avec costume de superhéros et superpouvoirs spectaculaires, comme une métaphore d'une société où tout est spectacle et l'objectif prioritaire de ses acteurs est de mener une vie de luxe.
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Madman - Intégrale, tome 1

Je tiens à remercier Babelio pour cette opération Masse Critique et les éditions Huginn et Muninn pour cette découverte.



Victime d’un accident de la route mortel, le corps d’un jeune homme est récupéré par un scientifique qui le ramène à la vie à la manière du docteur Frankenstein et le nomme … Franck Einstein, en hommage à Sinatra et Albert évidemment.

Privé de sa mémoire, sa différence et la recherche de ses origines l’amènera à s’affubler d’un costume immaculé floquée d’un éclair rouge, et sur un malentendu le voilà super-héros ! Et comme tout bon super-héros, il devra affronter une horde de supers vilains.

Créé par Mike Allred aux débuts des années 90, cette série comics indé est complètement décalée, s’affranchissant des codes classiques des super héros et créant un univers fantasque dans lequel s’agite le jeune Francky.

On navigue entre fantastique et science-fiction pure et dure. On croise des dinosaures, des robots futuristes, des virus, des clones… le tout émaillé de dialogues et de scènes que Deadpool n’auraient pas reniés !

Bref, c’est complètement barré et c’est bien fait. Le dessin un peu rétro est en parfaite harmonie avec le ton. Une réussite.

On prépare de la place dans la bibliothèque, l’éditeur a prévu 10 tomes !
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Madman - Intégrale, tome 1

Madman (*)



L'illustration de couverture.



L'image m'a accroché quand je glissais rapidement sur la liste des bouquins offerts à la Masse Critique. Un flash, comme une impression de déjà-vu. Effectivement, ces trous, très épurés et très géométriques, tracés dans le corps du bonhomme qui apparait solitaire et blafard sur fond gris bleuté, ont évoqué d'autres trous tracés avec soin et méticulosité dans quelques images d'une bd oubliée, très stylisée aussi, perdue au sein d'un magazine tout aussi oublié de la fin des années 60 début des années 70s. le magazine se nommait Pogo, du nom d'un opossum très disneyien dont le comic strip provenait de la lointaine Amérique. Dans le détail de la chose, il n'y avait qu'un seul trou. Il était fait par une arme à feu dans le front d'un personnage. Situation similaire mais clairement pas en quantité. Curieusement dans ce magazine étaient aussi publiées les histoires du Spirit créé par Will Eisner. Les premières que je voyais. Tout aussi curieusement, le regard du bonhomme sur la couverture, ses cheveux, ses gants, la posture légèrement arrogante, semblaient eux aussi empruntés au Spirit. Tout un tas de raisons qui ne pouvaient que me pousser à demander à faire la critique de ce volume, et coup de chance extraordinaire, j'ai reçu le livre. Donc un grand merci à Babelio pour m'avoir permis de me confronter à mes madeleines illustrées personnelles.



Premier contact avec le contenu, et révélation.



Pour être franc, je me suis pris une claque en lisant les trois premiers épisodes qui, apparemment, ne sont pas vraiment numérotés ou alors comme une série limitée : il est noté "un sur trois" sur ce qui pourrait être la première couverture et "trois sur trois" sur la dernière. Combien de pages ? mystère, les numéros de page "originales" ne sont pas indiqués. Quand aux couvertures, elles sont pour le moins curieuses puisqu'elles portent aussi l'annonce d'un "Extra !" sous la forme d'un flip book situé dans le coin inférieur de chaque page. Effectivement, il y a une petite animation du personnage qui danse au bout d'une frise en noir et blanc reproduite à l'identique sur chaque page aussi. Pour en revenir à ma claque, c'est le coté très schématique de l'ensemble qui m'a frappé. le style oscille entre celui du Dick Tracy de Chester Goult, pour certains personnages très caricaturés, et le Spirit de Will Eisner pour les mêmes raisons mais pas exactement les mêmes effets plastiques. On sent bien les emprunts et le manque de choix définitif. le dessinateur semble chercher son créneau sans être tout à fait sûr de la direction qu'il va prendre. Après quelques recherches sur le net (pas sur le wikipédia français qui est d'une maigreur rachitique sur le sujet), il apparaît que le personnage de Madman a été créé alors que Mike Allred était stagiaire cher Marvel, ce qui expliquerait bien l'apparence "amateur". L'impression d'épuration systématique des vignettes reste très présente sur le groupe d'épisodes suivants. on peut difficilement le reprocher puisque c'est un peu le signe distinctif des comics de superhéros avec des décors réduits à quasiment rien et des arrières-plan totalement vides. Assez ironiquement, la seconde série, Madman Adventures, porte au-dessus du titre, la vantardise : The world's snazziest adventure serie ("la série d'aventure la plus classe au monde"), avis que je suis loin de partager à ce moment-là de la lecture. On y reviendra. J'ai tenu jusqu'à la page 288, environ. Avec l'impression qu'on se moquait de moi, j'ai failli laisser tomber quand la qualité du dessin est vraiment descendue très très bas. Mais il restait la grande réputation d'Allred. En me renseignant sur le bonhomme, il est apparu qu'il était aussi l'auteur d'une série adaptée au format TV, I Zombie, que je connaissais. En feuilletant plus avant, j'ai pu constater que la division en fascicules disparaissait au profit d'histoires plus courtes sans format éditorial de publication séparée et surtout que la qualité graphique s'améliorait très nettement, qu'il y avait même une évolution très forte des compositions de page, avec des effets plus recherchés, voire présentant une originalité certaine. C'est à ce moment-là que je me suis rendu compte de l'intérêt de ce bouquin : on pouvait y voir non seulement la naissance d'un héros bizarre mais aussi l'apparition, le développement et la fixation du style "Allred".



Sur la forme éditoriale



Pour une édition intégrale qui prévoit encore onze autres volumes, je suis un peu déçu de ne pas trouver d'appareil critique digne de ce nom. Il n'y a pas la moindre table des matières. J'aurais bien aimé avoir quelques détails sur l'origine éditoriale des histoires, leurs dates de publication, ce genre de chose. Mais non, il n'y a rien. Juste une page présentant l'auteur et sa coloriste attitrée, tout à la fin. Pour une série consacrée à un personnage qui n'a jamais été traduite ni publiée en France, on reste vraiment sur sa faim. le fait est que l'ensemble de la profession crie au génie, attribue des prix mirifiques, un Eisner en 1993 (Best Finite Series, traduire "Meilleures séries finies" ou "complètes"), mais il faut aller chercher l'information soi-même. Sur la table des matières manquante, j'aurais bien aimé trouver aussi la liste des dessinateurs invités qui ont réalisé toutes les secondes de couverture. Il y en a au moins six dont plusieurs noms prestigieux comme Jean Giraud (alias Moebius), Jack Kirby, Frank Frazetta, pour ceux que je connais.



Sur l'univers de Madman et la narration de Mike Allred



C'est bourré de poncifs jusqu'à la gueule avec l'excuse de s'en moquer gentiment - et, quelques fois, avec une certaine lourdeur, voir même de la vulgarité. Je citerai bien un dialogue pour justifier cette affirmation:



[insérer la citation ici (**)].



Les trous du personnage de la couverture (on y revient, tout se tient) font référence aux trous qu'il y a dans sa mémoire. On finit par apprendre qu'il a été ressuscité par un savant qui n'est pas encore (tout-à-fait) fou mais qui le deviendra (le professeur Boiffard que je n'ai pas pu m'empêcher de renommer Soiffard tout au long de la lecture). le scénario a l'air d'avancer au fil de la plume en piochant allègrement dans des vieilleries des années cinquante façon contes de la crypte et autres histoires à cauchemarder la nuit. le héros mange un oeil dès les premières pages (quoique cela me fasse plutôt penser à une vignette de Vaughn Bodé où il est question de la dégustation d'un oeil au chocolat), tentation de s'orienter vers le cannibalisme ou les zombies façon Romero (***). Des clones boursouflés de furoncles poursuivent des jeunes femmes en sous-vêtements affriolants façon bondage. Un autre personnage finit avec sa tête dans un bocal. Un autre encore avec la tête recouverte de bandage comme le Nega de la Doom Patrol. On est vraiment dans une exploitation systématique de tous les stéréotypes kitchissimes des pulps mais avec un peu d'humour que l'on pourrait qualifier de décalé.



Petit règlement de compte hors sujet (****)



Monsieur Allred s'est permis de toucher, ou de retoucher, un de mes superhéros favoris, le Surfer d'argent. S'il avait fait avec respect, en lui conservant sa dimension romantique et toute l'emphase qu'avait su créer Stan Lee et John Buscema, je n'aurais rien à ajouter mais, malheureusement, il en a fait une sorte de papa gâteau/gâteux sinon bedonnant, au moins bien enveloppé, un quarantenaire sortant avec une gamine à peine adulte ! Mais quelle honte ! Alors, je n'ai pas lu en détail cette histoire qui a déjà été publiée en France mais qui est actuellement hors de prix, même en occasion (plusieurs centaines d'euros pour le tome 2). Quelques pages sont accessibles sur le net cependant (sur Amazon en particulier). Et la moquerie vole bas, ne serait-ce que sur les couvertures : il y en a au moins une où il montre le surfer en train de jouer au poker d'une manière idiote puisque son adversaire peut voir le reflet de ses cartes sur son front. Alors ma vengeance sera implacable : j'ai pu mettre la main (moyennant finances) sur sa biographie de Bowie en bd dont je pense le plus grand bien (et de la bio et de Bowie) mais, en représailles, je n'en ferai pas la critique.



The End(*****).



(* La critique la plus classieuse jamais publiée sur Babelio et dans le monde entier ! Aurai-je droit à une option sur le prix Nobel de littérature 2023 pour ça ? )



(** À faire soi-même, j'ai eu la flemme (le second scientifique qui suit le héros se nomme Flem) de la recopier mais il est question de "s'occuper de popol" pour ceux qui comprennent l'allusion onaniste. Divorcé, je n'ai pas pu demander à ma femme de le faire pour moi (je veux dire : "recopier le dialogue", hein ?, n'allez pas penser à mal). En parlant d'exploitation maritale, Allred fait colorier ses petits mickeys par la sienne, quelle chance !)



(*** Ce n'est pas comme si les types de chez Marvel avaient eu l'intention de raconter des histoires de zombies... Ha ! si, ils l'ont fait : une dimension parallèle, une terre numérotée dans le zombiverse, où tous les héros ont leur version zombifiée. Et ce gros malin de Red Richard, Mr Fantastique, a ouvert un portail trans-dimensionnel vers ce monde affamé où tout le monde s'est déjà fait croqué, il ne reste rien à dévorer.)



(**** On n'est plus à ça près !)



(***** J'ai eu un moment de doute sur le choix à faire sur cette expression. Fallait-il l'écrire en français ? Et même, était-ce vraiment la fin de ce billet ? Je n'étais pas certain d'en avoir fini avec Madman. Encore moins avec ce qu'il avait amorcé. Sur le magazine Pogo en particulier. J'ai eu envie de clarifier mes souvenirs et pour cela j'ai dû partir à la chasse aux vieux bouquins oubliés. À ce jour, j'en ai retrouvé sept - merci internet, il fut un temps où j'aurais dû courir après les bouquinistes et faire les brocantes de la régions pendant des mois sans avoir la certitude de trouver ce que je cherchais, alors qu'aujourd'hui, quelques minutes suffisent ; quoi que... il faut encore que les mécanismes de Google commencent à se rendre compte de ce que l'on cherche pour faire remonter les liens les plus significatifs, ce qui prend beaucoup plus de temps, on peut attendre des semaines. Pour conclure, les informations que je cherchais se trouvaient dans le numéro 7. La bande dessinée se nomme Virus Psik. Une des images correspond assez bien à la couverture de ce bouquin-ci, en revanche celle dont j'avais gardé le souvenir se présente sous un tout autre cadrage. Bizarre comment fonctionne la mémoire... )
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Bowie

Dans son avant-propos, Neil Gaiman résume parfaitement l'ouvrage. « C'est la vie de Bowie sous forme de paraboles et d'histoires imaginaires, une reconstitution magnifiquement documentée, sans doute meilleure que d'authentiques reportages d'époque. C'est la rétrospective fantasmée de la vie d'une personnalité fantasmatique, inspirée par la vie de son interprète, un certain David Jones, qui vécut jadis à Bromley et naquit à Brixton. »



J'ai lu plusieurs biographies de David Bowie, notamment celles de Jérôme Soligny qui a connu intimement l'artiste et sait parfaitement parler de lui. Je vous conseille donc vivement David Bowie et Rainbow Man 1967-1980.



Pour en revenir à ce comics, il ne m'a rien appris de nouveau, mais il a une façon très originale de présenter la vie de l'artiste caméléon, sous forme de reportage ou revue de presse. Et pour me faire lire un comics, il fallait vraiment David Bowie, car je ne suis vraiment pas à l'aise avec ces pages saturées d'images et de couleurs, qui ne laissent à l'œil aucun espace vierge pour se reposer un instant. Mais ce format colle plutôt bien à l'artiste protéiforme et extravagant qu'était Bowie. « À chaque étape, il ne considère rien comme requis, et sème les graines d'une future carrière florissante, tout en se gavant de culture pop américaine. »



Toujours en bande dessinée, j'avais beaucoup aimé Haddon Hall de Nejib, dans un radicalement différent ! De toute façon, toute production littéraire ou artistique qui parle de Bowie a droit à mon attention la plus soutenue.
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Bowie

Ce tome constitue une biographie partielle de David Bowie, se suffisant à elle-même et accessible à tous les lecteurs, néophytes comme fans confirmés. Il s'agit d'une bande dessinée d'environ 150 pages, en couleurs, coécrite par Michael Allred & Steve Horton, dessinée et encrée par Michael Allred, et mise en couleurs par Laura Allred. L'ouvrage s'ouvre avec une page d'introduction écrite par Neil Gaiman, évoquant sa découverte de l'univers de Bowie ayant été accroché par les récits de science-fiction racontés par les paroles de ses chansons, depuis The man who sold the world (1970) à Ziggy Stardust (1972). Puis il évoque sa rencontre avec Michael Allred en 1983 lors d'une séance de dédicace à Forbidden Planet (Londres), et leur collaboration pour l'épisode 54 de la série Sandman en 1993. En fin de tome se trouve une postface de 2 pages de Michael Allred évoquant la genèse et le développement de cette bande dessinée et sa collaboration avec Horton, ainsi qu'une page de remerciements, et une demi-douzaine d'illustrations en pleine page.



3 juillet 1973, David Jones se produit à l'Hammersmith Odeon à Londres, en Angleterre, avec les Spiders from Mars, pour le dernier concert de leur tournée, et la fin de Ziggy Stardust. En 1962, David Bowie s'est disputé avec George Underwood à propos d'une fille et la bagarre occasionne un dommage à sa pupille gauche qui restera dilatée toute sa vie. Au cours des années 1960, il fait partie d'une douzaine de groupes différents, et il apprend l'art du mime avec Lindsay Kemp, ce qui lui sert également d'introduction à l'avant-garde et la Commedia Dell'Arte. Assis à une terrasse de café, il écoute avec Marc Bolan, Steve Marriott annoncer la formation d'un groupe appelé Small Faces. Un peu plus tard, Ken Pitt, le manager de David, lui conseille de changer de nom pour ne pas être confondu avec un personnage de la série télé The Monkees. David se décide pour le patronyme Bowie, non pas comme le couteau, mais comme un autre personnage télé. En 1967, il est allé voir Cream en concert avec Eric Clapton, accompagné par son demi-frère Terry Burns. Ce dernier a une crise de démence en pleine rue, ce qui inquiète David quant au risque que lui-même finisse par en souffrir.



Un peu plus tard, Ken Pitt fait écouter un pressage test de l'album The Velet Underground & Nico, cadeau que lui a fait Andy Warhol lors de sa visite de son atelier The Factory à New York. En 1967, sortent de nombreux albums pop et rock, de Bob Dylan aux Beatles, en passant par Pink Floyd, autant d'influences et de sources d'inspiration. Le premier album e Bowie sort en même temps que Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, mais il ne connaît pas le même succès. Kenneth Pitt lui présente un nouveau producteur : Tony Visconti. Ils sympathisent au cours de la journée. Bowie emménage dans la maison de Pitt, et entame une petite carrière d'acteur, dont un tournage de publicité avec un jeune Ridley Scott. Le 4 septembre 1963, The Tortoise, le groupe dont il fait partie, se produit au Roundhouse à Londres : parmi les spectateurs se trouve Mary Angela Barnett, sa future épouse. Régulièrement, il se rend dans les échoppes de Kensington Market où travaille, entre autres, un dénommé Farrokh Bulsara. Ken Pitt a réussi à réunir un budget pour tourner un film promotionnel pour l'album de Bowie. Lors du tournage, il fait la connaissance de Hermione Farthingale avec qui il fait plus que sympathiser, mais elle finit par tomber dans les bras d'un autre acteur. Dans ce film, il joue les rôles des personnages Ground Control et Major Tom. Ce film rend hommage à 2001 l'odyssée de l'espace (1968) de Stanley Kubrick, et à Barbarella (1968) de Roger Vadim.



Rien qu'en lisant le sous-titre (Stardust, rayguns & Moonage dayrdreams), le lecteur sait que les auteurs s'adressent au moins aux connaisseurs : Stardust comme Ziggy, Rayguns et Moonage Daydreams, constituant une expression et le titre d'une chanson de l'album Ziggy Stardust. Effectivement, les références sont pointues et précises, nombreuses et pertinentes, à la fois relatives à la biographie de David Bowie, à la fois relatives aux artistes de l'époque. Du coup, cet ouvrage parle forcément plus à des lecteurs un peu familiers de l'univers de la musique pop & rock de l'époque, qu'à des néophytes qui pourraient être rebutés par ces noms de célébrités, parfois confinées à cette époque, parfois à la notoriété ayant survécu au passage des décennies. D'un autre côté, ces mêmes lecteurs peuvent aussi apprécier cette forme de découverte, d'ouverture sur toute une époque. Celle-ci est clairement définie : de 1962, en avançant rapidement jusqu'en 1970, jusqu'en 1974 pour la sortie de Diamond Dogs en 1974, c’est-à-dire la retraite définitive du Personnage de Ziggy Stardust. De même le ton de la biographie est clair dès le début : un croisement entre une hagiographie et la mise en œuvre d'un destin déjà avéré, c’est-à-dire presque une justification à rebours, le passé étant revu à l'aune de la carrière à venir de l'artiste. Là encore, le ressenti du lecteur peut varier entre agacement d'une admiration sans critique, ou plaisir de cet enthousiasme communicatif.



En outre, le ton de la narration s'apparente plus à une forme de respect et même d'admiration pour David Bowie, au travers de ses accomplissements, qu'à une adoration idolâtre. À l'évidence, il s'agit d'un chanteur pop dont la carrière s'est étendue sur plus de quatre décennies, avec un succès impressionnant, des prises de risque, une vie qui force l'admiration quelle que soit son appréciation pour sa musique. En fait, le lecteur peut aussi prendre le ton de l'ouvrage pour du respect tout simplement, sans y voir une sorte de révérence aveugle. Sous réserve qu'il soit curieux de la vie de l'artiste ou qu'il ait un peu d'appétence pour la scène musicale de l'époque, le lecteur se retrouve vite emporté dans cette biographie. Il se sent à la fois en terrain connu avec les références qu'il identifie comme les pochettes d'albums de l'époque, à la fois comme guidé par un passeur attentionné vers des détails, des correspondances qu'il ne connaissait pas, qu'il ne soupçonnait pas. Il peut aussi s'interroger sur la volonté des auteurs de rapprocher des événements qui ne présentent pas de lien de causalité, pour donner un sens à leur association sur la page. Par exemple, le fait que David Bowie achetait des vêtements à Kensington Market alors que le futur Freddie Mercury y travaillait peut paraître forcer la dose juste pour établir un lien qui n'existe que dans la tête des auteurs. D'un autre côté, cette mise en avant d'une synchronicité peut aussi se lire juste comme une façon de faire ressortir la concomitance de l'émergence de plusieurs talents remarquables, l'esprit d'une époque favorable à ces artistes aventureux.



Sous réserve qu'il ne se formalise pas de ces 2 particularités de la narration, le lecteur ressent tout l'amour que les auteurs portent à David Bowie, et se sent lui aussi vite gagné par une partie de cet enthousiasme, et de ce respect. Il découvre la vie singulière d'un artiste allant de l'avant, aimant la vie, la popularité, créateur original et infatigable. Il se rend compte que Horton & Allred ont pris le parti de mettre en avant les éléments positifs de la vie de David Bowie, n'occultant pas les scandales et les turpitudes, mais préférant se montrer constructifs, ce qui offre une vision très inhabituelle par comparaison avec les biographes préférant utiliser les éléments négatifs pour être sûrs de retenir l'attention du lecteur. Par voie de conséquence, cette approche ne permet pas de prise de recul, et ne contient pas d'analyse critique constructive ou non sur l'œuvre de l'artiste. Il y a la mise en avant de quelques liens de cause à effet sur telle ou telle évolution de la carrière, telle idée créatrice. Pour autant, la lecture s'avère passionnante de bout en bout, même pour un amateur superficiel de David Bowie. Michael Allred est avant tout connu pour sa carrière d'artiste de comics comme Madman, X-Statix (avec Peter Milligan), iZombie (avec Chris Roberson), FF (avec Matt Fraction), Silver Surfer (avec Dan Slott) et beaucoup d'autres. Ses dessins sont souvent qualifiés de pop un peu naïfs, avec des couleurs acidulées, et une sensibilité rétro, autant de qualité parfaitement en phase avec une évocation d'un géant de la pop du début des années 1970.



À la lecture, la première chose qui saute aux yeux est la capacité de l'artiste de capturer la ressemblance avec les personnes ayant vraiment existé : David Bowie bien sûr, Iggy Pop, Lou Reed, Elvis Presley, Elton John et tant d'autres. D'ailleurs, ça se transforme vite en jeu pour le connaisseur d'identifier tel ou tel visage d'un artiste qui n'est pas nommé dans les bulles ou les cartouches. En outre, il ne se contente pas de visages ressemblants, il sait aussi reproduire les postures, les attitudes avec fidélité et justesse. De la même manière, les pochettes d'album, les costumes de scène sont reproduits avec fidélité et exactitude, Allred réalisant des dessins dans un registre plus descriptif qu'à son habitude. Ses représentations des instruments de musique, des scènes, des bâtiments sont tout aussi consistantes et précises, offrant une reconstitution historique de cette époque, de ces modes, très consistante et précise. Très vite, qu'il en soit familier ou non, le lecteur se projette dans ces lieux, aux côtés de ces personnes très vivantes, très justes. Il est impressionné par la densité de détails, attestant de recherches extensives, et d'un grand amour pour leur sujet.



Dans les faits, les bandes dessinées sur un musicien pop ou rock buttent vite sur la difficulté de transcrire les vibrations de la musique sur une page de papier. Au fur et à mesure des séquences, le lecteur se retrouve à fredonner les chansons des albums évoqués, s'il les connaît, tellement les auteurs parviennent à restituer avec justesse la personnalité publique de David Bowie, au travers de son parcours personnel et de sa vie privée. Les dessins sont d'une justesse surnaturelle, fidèle et vivante, sans être figée. Une bande dessinée qui réussit le pari de donner l'impression d'être en train d'écouter les albums en lisant simplement les pages.
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Art Ops, tome 1 : How to Start a Riot

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2015/2016, écrits par Shaun Simon, dessinés et encrés par Mike Allred, avec l'aide de Matt Wayne Brundage pour les épisodes 2 à 5, et de Rob Davis pour la mise en page des épisodes 4 & 5. La mise en couleurs a été réalisée par Laura Allred.



Il y a 2 ans au Louvre, de nuit, une équipe de 4 personnes (Momma Jones, Carlyle, Krause et Chapman) plus un autre individu s'introduit pour faire sortir Mona Lisa du tableau de la Joconde et y mettre un facsimilé à la place du personnage. Il y a 2 ans à New York, Reggie, (Reginald Riot, le fils de Regina Riot) s'éclate dans le lit de sa mère avec Jess. Ils sortent dans la rue pour trouver le dealer de Reggie et se réapprovisionner. Ils sont agressés par un graffiti qui arrache le bras droit de Reggie dans la bataille. Heureusement sa mère (l'agent Momma Jones / Gina) arrive sur ces entrefaites et fait en sorte qu'une équipe très spéciale lui greffe un bras fait de couleurs. Elle lui propose de rejoindre l'organisation pour le compte de laquelle elle travaille : Art Ops, des agents très spéciaux qui protègent les œuvres d'art, en veillant à ce que celles dotées de velléités d'indépendance ne sème pas le chaos dans le monde réel.



2 ans plus tard (aujourd'hui), Reggie gagne sa vie en combattant dans des matchs de boxe clandestins, en se servant des propriétés de son bras. Il a refusé d'intégrer les Art Ops, estimant que sa mère l'a trop délaissé durant son enfance. Pour la première fois depuis des années, tous les agents d'Art Ops sont réunis pour une conférence donnée par Gina, et ils disparaissent tous. Sur Terre, il ne reste plus que The Body (un superhéros extrait d'une œuvre d'art) qui ressent cette disparition. Il reçoit un signal d'alarme qui lui enjoint de mettre en œuvre un protocole de protection. Il récupère Mona Lisa et la confie à Reggie qui était en train de s'en jeter quelques-uns derrière la cravate, dépensant l'argent gagné lors d'un combat.



À l'automne 2015, l'éditeur Vertigo (la branche adulte de DC Comics) annonce une demi-douzaine de nouvelles séries dont celle-ci dessinée par Michael Allred, artiste reconnu pour son approche pop du dessin. En 2015, cela fait plusieurs années que Vertigo a perdu son aura d'éditeur de séries novatrices, à la fois parce que plusieurs séries longues se sont terminées (dont Fables avec le numéro 150 Farewell), à la fois parce que l'éditeur Image Comics propose des contrats plus intéressants et que de nombreux créateurs ont préféré domicilier leur série chez ce dernier. Pour autant, Vertigo reste un éditeur avec un prestige certain, une aura d'innovation et les moyens de Time-Warner. Le lecteur sent donc sa curiosité éveillée à la sortie de ce premier tome dont le titre ne dévoile pas grand-chose de son contenu.



Shaun Simon commence par montrer une intervention d'un groupe d'Art Ops qui finalement ne montre pas grand-chose. Le lecteur comprend que certains personnages de tableau peuvent prendre vie et mener la vie dure aux humains pour des motifs indéterminés, selon une méthode inexpliquée. Le scénariste fait en sorte de tenir la promesse contenue dans le titre, en incluant des références à différents courants artistiques. Il commence par faire honneur à la Joconde de Léonard de Vinci, puis au David de Michel-Ange, aux Chérubins du plafond de la Madone Sixtine peint par Raphaël. Il inclut également la Statue de la Liberté conçue par Auguste Bartholdi pour les ateliers de Gustave Eiffel. Il s'aventure dans des domaines plus contemporains, comme le street art, mais aussi en élargissant le concept d'art à quelques éléments inattendus tels que les toilettes du CBGB (club de rock 1973-2006, mais sans l'urinoir où s'est soulagé Joey Ramone). Pour que ces évocations fonctionnent, il fallait des dessins qui réussissent à amalgamer ces différents courants artistiques, en les rendant reconnaissables, sans qu'ils ne se heurtent les uns les autres.



Michael Allred (avec l'aide de Matt Brundage) relève le défi de faire coexister Mona Lisa avec le cubisme, et le réussit de manière convaincante. Le lecteur reconnaît facilement Mona Lisa (et les auteurs ne vont pas jusqu'à mentionner Lisa Gherardini) même si Allred n'adopte pas une représentation de nature photoréaliste (et occulte totalement l'arrière-plan du tableau). Il reconnaît quelques rockeurs sur les photographies ornant les murs des toilettes du CBGB, comme Iggy Pop et Lou Reed. Les Chérubins de Raphaël adoptent bien leur pose habituelle, ainsi que le David de Michel-Ange, ou encore le monsieur en train de crier (Le cri, d'Edvard Munch). L'artiste arrondi discrètement les contours de manière à ce que chaque courant artistique puisse s'insérer dans la réalité du récit, et puisse coexister. Cela ne retire rien à l'étrangeté d'une Mona Lisa en mode cubiste.



Les auteurs insèrent également d'autres éléments de la culture, cette fois-ci populaire. Ainsi Mona Lisa (pas toujours très ressemblante par rapport à son portrait) devient la chanteuse d'un groupe de rock, et passe avant chez un coiffeur adepte du relooking. Afin de se départir des années accumulées, elle se fait offrir une séance shopping de fringues, par Reggie. Michael Allred s'amuse à faire prendre à la Statue de la Liberté, une posture évoquant la créature souterraine apparaissant sur la couverture du premier numéro des Fantastic Four, indiquant explicitement sur ce dessin en pleine page qu'il a été exécuté d'après un dessin de Jack Kirby. De son côté, le scénariste s'amuse à évoquer le cas de figure d'une vidéo d'une chanson pop ayant acquis une intelligence propre et vampirisant les individus. Le ton de la narration comprend une part de références à des œuvres d'art d'horizon divers, mais aussi une touche d'autodérision discrète.



Reginald Riot se retrouve également doté d'un bras aux particularités bizarres, comme s'il était constitué de coulées de peinture, plus ou moins rigides ou malléables, en fonction de la volonté de son propriétaire, ou de sa volonté propre. Les traits de contour un peu gras utilisés par l'artiste font merveille pour rendre compte de la consistance fluctuante de cette matière, et Laura Allred choisit des couleurs vives pour rendre compte de la dimension fantastique de cette matière, et de son aspect pop. Tout du long de ces 5 épisodes, Michael Allred et Matt Brundage réalisent des dessins présentant une bonne densité d'informations visuelles, qu'il s'agisse des personnages et de leur tenue, ou des arrière-plans. Sur chaque page, au moins une case (généralement plus) montre où se déroule l'action. Les galeries du Louvre sont assez proches de la réalité pour être convaincantes. Les vues des façades de New York restituent l'architecture correspondante, y compris quand The Body est perché sur une corniche. Le pavillon de banlieue est banal à souhait vu de l'extérieur, en désordre à l'intérieur. Tout juste, le lecteur remarque-t-il que l'encrage perd un peu en arrondi et en fluidité à partir de l'épisode 2, du fait de la participation aux dessins de Matt Brundage, dans une proportion non détaillée.



Le lecteur s'immerge donc dans un récit visuellement attractif retranscrivant un environnement baignant dans l'art institutionnel, teinté d'une forte sensibilité urbaine, avec des jeunes gens bien vivants, aux motivations diverses. Shaun Simon montre de séquence en séquence que Reggie nourrit une rancœur tenace à l'égard de sa mère, ce qui contribue à son mal être et ce qui le conduit à se place dans une situation de rebelle vis-à-vis des valeurs de sa mère. Sans grande surprise, Reggie viendra au secours de Mona Lisa en danger, avec tout le courage et l'altruisme d'un héros de bande dessinée. Mona Lisa se conduit en jeune femme souhaitant exprimer sa créativité au travers de la position de chanteuse dans un groupe de rock, ce qui fait sens dans le contexte du récit. Au cours des épisodes, ils rencontrent Juliet Gorgeous, une jeune femme avec de la répartie mais qui manque un peu de place pour exister. Le cas d'Isabella (Izzy) est assez similaire, même si elle fait montre de plus d'entrain, prenant grand plaisir à être en fin libérée de sa mission, par exemple quand elle voyage à dos de superhéros.



De manière inattendue, le scénariste intègre un superhéros bon teint (enfin tout de noir vêtu, et dont on ne voit jamais le visage) dès le premier épisode. Au détour d'une séquence, le lecteur apprend qu'il écrit des scénarios pour des sitcoms, et qu'il a été libéré des pages d'un comics (forcément considéré comme une œuvre d'art) par Jones (Regina Riot), elle-même. Ce personnage constitue un deus ex machina bien pratique pour reprendre le dessus lors des affrontements physiques. Shaun Simon n'en exploite ni le potentiel pour le métacommentaire sur les superhéros (juste une ou deux remarques discrètes), ni pour le contraste entre un comportement moins altruiste comme celui de Reggie par comparaison. Il s'agit juste d'un élément fantastique parmi d'autres, finalement sans velléité non plus d'introduire un commentaire sur les superhéros en tant qu'art.



Outre les facéties avec différents courants d'art, le lecteur découvre donc une intrigue reposant sur l'enlèvement de Mona Lisa par Scarlett, sur le mystère de la disparition de l'organisation des Art Ops (finalement pas développé), ainsi que sur l'absence inexpliqué de Danny Doll, le père de Reggie Riot. Ce premier tome permet aux auteurs d'introduire leurs personnages et la situation, dans des séquences pleines d'inventivité, un peu fofolles. Il apparaît que tout le potentiel de folie de la série n'est pleinement exploité. En particulier le traitement de Dee Tucker (violeur de ses conquêtes féminines) reste très superficiel, et le pouvoir de J. Gorgeous (transformer ce qu'elle touche en velours violet) reste à l'état de gag d'intention sans se concrétiser. Le lecteur ressort de ce premier tome avec le sourire aux lèvres grâce à des personnages vivants et avec des défauts, et grâce à des visuels inventifs, et un petit sentiment de manque devant des utilisation d'œuvres d'art relativement superficielles, et une intrigue assez classique.
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Infinity Wars - Fresh start, tome 1

Je sais que cet event Marvel n'a pas bonne presse (en atteste la note moyenne sur Babelio), mais dans ma quête de complétisme, je passe par la quand même...



Pour le moment, nous ne sommes que dans le prélude de l'event en lui même, est-ce que ces épisodes sont nécessaires ? Pas sûr. On a un peu l'impression que c'est du remplissage pour vendre plus de volumes.

Les épisodes présents ici partent un peu dans tous les sens et ne sont vraiment pas terribles...
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Silver Surfer All-new All-different, tome 2

Ce tome fait suite à Silver Surfer - All-new All-different, tome 1 (épisodes 1 à 6) qu'il faut avoir lu avant. Il faut avoir commencé par le premier tome car ils forment une saison complète. Il contient les épisodes 7 à 14, initialement parus en 2017, écrits par Dan Slott, dessinés et encrés par Michael Allred, mis en couleurs par Laura Allred, la même équipe depuis le premier épisode. Ce tome se termine par une postface, la première partie écrite par Dan Slott, la seconde par Michael Allred.



Après la tentative catastrophique de rapprocher Dawn Greenwood de l'un de ses proches, Silver Surfer l'emmène à nouveau dans l'univers infini, sur des planètes propres à lui offrir des divertissements rassurants s'accompagnant d'un sentiment de bien-être. Dawn finit par s'en rendre compte quand elle comprend qu'elle est en train de jouer dans une nursery extraterrestre. Elle exige que Norrin Radd arrête de la surprotéger ainsi et qu'il l'emmène dans un endroit dangereux. Il choisit un casino spatial tenu par Grandmaster (En Dwi Gast) dans lequel Mephisto lui-même participe à un défi de jouer du violon. Avant de pénétrer dans le casino, Dawn exige de Norrin qu'ils fassent au moins chacun 2 paris une fois à l'intérieur. Il accepte.



Après s'être sortis du casino, Silver Surfer accepte d'apprendre à Dawn à piloter sa planche (Toomie). Le deuxième essai les amène à être avalés par une baleine de l'espace où ils sont tout de suite détectés par son système immunitaire et identifiés comme une infection dangereuse. Après cette nouvelle aventure, ils décident de se rendre une planète hospitalière et habitée. Ils y dansent pour la première fois ensemble, mais il arrive quelque chose d'inquiétant à Dawn quand elle se rend aux toilettes. Par la suite, Silver Surfer est convoqué de manière impérative par Galactus, et il reste encore à régler le problème de la durée de vie de l'univers, d'arriver à l'heure pour la naissance de la fille d'Eve (la sœur jumelle de Dawn) et de Costas, sans parler de la vente de l'auberge tenue par Reg Greenwood, le père de Dawn.



Dans la postface, Dan Slott dit à quel point il a pris plaisir à écrire cette série qui totalise 30 épisodes par la même équipe créatrice, qui a connu quelques retards par sa faute et qui n'a pas dévié de la ligne directrice qu'il s'était fixée. Il a raconté une histoire dans laquelle il a pu laisser s'exprimer plusieurs de ses influences : la série télévisée Red Dwarf (1988-1999), le roman Le guide du voyageur galactique (créé en 1978) de Douglas Adams, les séries du magazine 2000 AD, les différentes incarnations du Doctor Who, ou encore les anime d'Hayao Miyazaki. Si le lecteur est familier de ces références, il peut en détecter l'influence dans la narration, sinon la compréhension de sa lecture n'en sera en rien obérée. Avant tout, Dan Slott raconte une histoire de Silver Surfer, conçue sur mesure pour ce personnage. Il y a donc une utilisation de ses superpouvoirs, en particulier de son cosmique pouvoir. Il continue de voyager dans l'espace sur sa planche et il a conservé un attachement particulier pour la Terre. Son histoire personnelle continue d'être liée à celle de Galactus. Concernant ce dernier, le lecteur apprécie le fait que le scénariste prenne en compte les changements survenus au personnage dans la série Ultimates d'Al Ewing.



Il s'agit bien de la suite et fin de l'histoire commencée avec la rencontre entre Dawn Greenwood et Silver Surfer, ce tome menant à son terme leur histoire commune. Le lecteur retrouve donc les personnages étant apparus précédemment comme sa sœur Jumelle Eve et son mari Costas, ainsi que son père Reg Greenwood. Il retrouve également d'autres personnages comme Warrior Zero ou Enternity et Queen of Never. Dans la postface, Michael Allred indique qu'il a apprécié l'élégance avec laquelle Slott sait lier les différents éléments entre eux, et faire fructifier une situation précédente ou un personnage déjà vu. Il a raison et le scénariste le fait sans esbroufe. Par exemple, en voyant le retour de Warrior Zero, le lecteur ne se dit pas que Slott est particulièrement habile et astucieux. Il se rend juste compte du naturel de ce retour, de sa motivation, de la manière dont Silver Surfer y fait face. Le scénariste n'utilise pas effets de manche pour mieux prendre par surprise le lecteur. Il le fait de manière ouverte au vu et au su du lecteur, sans se gargariser de sa construction astucieuse. Cette manière de raconter est en cohérence avec le ton du récit qui ne repose pas sur l'agressivité ou sur des sentiments négatifs, mais sur une sensibilité plus délicate.



Évidemment si le lecteur est allergique aux caractéristiques des dessins de Michael Allred et à celles de la mise en couleurs de Laura Allred, il aura abandonné la lecture de cette série dès le premier tome, ou il s'en sera tenu à l'écart. Sinon, il sait déjà à quoi s'attendre : des dessins avec une apparence rétro, descriptifs avec un degré de simplification significatif et des couleurs régulièrement acidulées. Il s'en dégage une impression de dessins à destination d'un jeune lectorat, presque naïfs. Ce parti pris graphique participe à la fois à rendre la série tout public, mais aussi à éviter la dramatisation exagérée et à lui donner un parfum de conte. De ce point de vue, la narration graphique est parfaitement en phase avec le ton du récit.



En y regardant de plus près, le lecteur se rend compte que cette apparence naïve est savamment entretenue, alors que la densité d'informations visuelles est au moins au niveau d'un comics de superhéros, et même supérieure. Allred s'amuse à concevoir des morphologies d'extraterrestres qui sortent de l'ordinaire, sachant que le scénario comprend des rencontres de races différentes à intervalles régulier, et en fait donc une consommation importante, parfois uniquement le temps d'une unique case. De même, Allred prend soin d'augmenter le niveau de détails quand une scène le requiert, que ce soit la décoration intérieure de l'auberge Greenwood ou les bâtiments et les machineries de la planète Inkandessa 4. Cette apparence faussement naïve permet également de faire coexister dans une même case des personnages de nature très différente, sans solution de continuité, sans hiatus. Dawn Greenwood ne semble déplacée, ni aux côtés de Silver Surfer sur sa planche dans le vide de l'espace, ni en face d'extraterrestres, ni parmi sa famille lors de son retour sur Terre. En outre les dessins parviennent à faire exister les entités cosmiques comme Éternité ou la Reine des Jamais, comme des personnages de conte, plus grands que nature, sans prétention de les rendre réelle. Finalement Allred leur rend la majesté que savait leur conférer Steve Ditko (pour Éternité), mais dépourvue de la fibre horrifique. De même Galactus n'est pas plus ridicule que dans un comics de superhéros classique, dessiné de cette manière.



Cette façon très particulière de dessiner de manière rétro en neutralisant les aspects agressifs ou offensifs n'aboutit pas à des visuels insipides, mais à une interprétation de la réalité positive. À plusieurs reprises, le lecteur se rend compte que cela n'est pas synonyme de facilité. Michael Allred réussit à donner à voir des événements ou des séquences assez difficiles à rendre substantiels sans tomber dans les stéréotypes fadasses ou usés des comics de superhéros. Dans l'épisode 7, il doit représenter un duel au violon (une forme d'archétype culturel aux États-Unis) et il sait laisser planer le doute quant à qui a réellement gagné la partie. La première partie de cet épisode requiert également une sensibilité délicate, lorsque Silver Surfer emmène Dawn dans des endroits rassurants pour la réconforter. Les dessins montrent très bien le plaisir qu'elle prend à pouvoir caresser des petits animaux à la fourrure douce, comme s'il s'agissait de peluches animées inoffensives. Dans un épisode suivant, il doit représenter le Big Bang en y intégrant un phénomène déclencheur directement lié à un personnage et à sa naissance. Le résultat est des plus étonnants dans sa simplicité et son évidence, rendant crédible la logique du récit. Le lecteur retrouve cette intelligence graphique également dans les détails : par exemple les différentes tenues de Dawn toutes rouges à points noirs, avec une inventivité intarissable quant à leurs formes. Il la retrouve également dans des moments de pure bande dessinée, quand Éternité crée un raccourci dans l'espace, avec une mise en scène d'une extraordinaire élégance. Si le lecteur subissait encore les dessins de Michael Allred jusqu'alors, il comprend toute leur pertinence et leur adéquation au récit dans ce dernier tome.



Bien sûr, Dan Slott continue sur sa lancée, et cette histoire est avant tout une histoire d'amour délicate et gentille entre Dawn Greenwood et Norrin Radd, 2 individus qui passent du temps ensemble, qui apprennent à se connaître, qui se rendent compte qu'ils apprécient la compagnie l'un de l'autre, plus que la solitude pour Norrin Radd, plus que la chaleur de sa famille pour Dawn Greenwood. Le scénariste raconte cette romance à l'ancienne, en mettant en lumière les sentiments, mais pas sous la forme d'interrogation basique de type Est-ce qu'il m'aime ? Il préfère montrer les interactions personnelles, la manière naturelle dont les valeurs de l'un déteigne sur l'autre et réciproquement, le plaisir de pouvoir partager des moments, des paysages qui nous sont chers, des émotions positives. Il est possible de traiter cette approche de vieux jeu, ou alors d'apprécier sa qualité positive et e respect mutuel.



Dans le tome précédent, le lecteur avait l'impression que le scénariste avait atteint un point où il aurait pu s'arrêter, avec une forme de reconnaissance pour Norrin Radd. En découvrant ces épisodes, il voit bien que l'auteur s'attache surtout à l'histoire de la relation entre Silver Surfer et Dawn, que l'enjeu pour Norrin est de reconnaître en Dawn un individu pleinement indépendant, avec ses propres valeurs, mais aussi ses propres drames. Cet enjeu se matérialise sous la forme de ce que Silver Surfer apprend de Dawn. Au fil de ces aventures dédramatisées, le lecteur constate que Dawn influe sur le comportement de Silver Surfer, et que les changements occasionnés reflètent des valeurs morales. La plus évidente réside dans le fait que Dawn lui montre que la violence ne doit jamais être la première réaction à une situation de danger, par exemple dans l'épisode 8, contre les défenses biologiques de la baleine de l'espace. Cette fibre de la narration s'apparente à une sensibilité à base de bons sentiments, mais sans mièvrerie.



Dan Slott ne se contente pas de cet état d'esprit gentil. Au fil des épisodes, les personnages évoquent des aspects de la condition humaine très perspicaces et pertinents. Il peut s'agir de la peine causée par la perte de petites choses auxquelles on ne fait pas attention d'ordinaire, comme de ne plus voir une couleur (ici le rouge) ou ne plus être capable de prononcer une consonne (ici le B). Il peut s'agit d'évidence mais aux ramifications profondes (le fait que toutes les histoires doivent avoir une fin, une métaphore de la mort inéluctable), ou le fait qu'être gentil n'est pas synonyme d'être faible (la gentillesse n'est pas une preuve de la faiblesse).



Au fur et à mesure, le lecteur découvre également des réflexions plus personnelles et plus pragmatiques, toujours dépourvues de cynisme. Il se dit qu'il fut absolument qu'il retienne cette comparaison du temps à l'amour des parents pour leurs enfants, et de l'espace à l'amour des enfants pour leurs parents. Il constate que la gentillesse narrative de Dan Slott n'est pas synonyme de faiblesse, et qu'il sait regarder la condition humaine sous différents angles. Dans l'épisode 9, il évoque avec une rare élégance le fait que les êtres humains produisent tous des déchets, à commencer par les déchets biologiques issus du processus de digestion, et que c'est consubstantiel de la condition humaine. Dans un autre épisode, il s'attache à un personnage souffrant de dépression, montrant comment son entourage essaye de le soutenir et de le sortir de là, tout en indiquant que l'individu n'est pas une machine et qu'il n'est possible de faire des prédictions sur le temps de guérison nécessaire ou de forcer le processus.



Ce dernier tome clôt une série atypique dans la production Marvel, avec un scénariste et un artiste capable d'utiliser toutes les conventions les plus farfelues des superhéros, et de raconter une histoire qui gagne en profondeur de tome en tome, sans rien perdre de sa gentillesse et de son intelligence émotionnelle. Le lecteur peut se divertir devant les voyages extraordinaires de Silver Surfer, se repaître des connexions avec l'univers partagé Marvel, et également se sentir rasséréné par les dessins sympathiques et tout public, ainsi que par les personnages avec un état d'esprit positif, ce qui ne veut pas dire qu'ils ne souffrent pas. Une saison extraordinaire.
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iZombie Omnibus

De la série au comics :

Depuis le printemps 2015, je me suis lancé dans la série télévisée iZombie. Malgré ma curiosité, c'est à reculons que j'ai regardé le premier épisode. Je ne m'attendais nullement à accrocher. Du coup, je me suis dit que lire les comics à l'origine de la série ne me ferait pas de mal non plus, d'autant qu'il n'y a que quatre tomes. Un bon moyen de combler les vides laisser par les pauses et fins de saisons de la série télé.



Deux formats, deux directions :

La série reprend le personnage de la jeune femme qui chamboule sa vie dès qu'elle se transforme en zombie. Olivia "Liv" Moore devient médecin légiste pour avoir accès facilement à sa nourriture sans éveiller les soupçons et profitent des visions que lui procurent les cerveaux ingérés pour rendre justice aux victimes d'homicide. Autre particularité, la personnalité de Liv intègre les traits prépondérants de la personnalité de ceux dont elle ingère le cerveau.

Le comics, lui, construit tout un univers basé sur les créatures classiques de l'horreur : zombies, vampires, fantômes, momies, etc. L'héroïne zombie se prénomme Gwen Dylan et vit dans un cimetière où elle exerce la profession de fossoyeuse (là aussi pour un accès facile à ses repas). Si les deux médias ont pris des chemins différents dans leur intrigue, le ton reste léger à chaque fois.



Un comics ancré dans la pop culture :

En plus de puisé allègrement dans la littérature fantastique classique, le cinéma, la télé, les jeux-vidéos, les comics y passent chacun leur tour. L'humour, les intrigues, le contexte aident ces clins d'œil répétés à la culture pop d'aujourd'hui mais aussi d'hier.



L'épopée de Gwen :

Au début, le quotidien de Gwen et de ses amis est relativement calme. Les quelques aventures qu'ils vivent sont presque normales comparées à ce qui va suivre. Dès l'invasion de zombies dans la petite ville d'Eugene (qui pourrait rappeler la Sunnydale de Buffy), les évènements deviennent incontrôlables. Quoi de plus étonnant quand une entité millénaire arrive pour dévorer la planète Terre entière ? Le chaos ambiant que cela génère pourrait expliquer alors la fin trop accélérée de cette intégrale. Il n'empêche que l'on aurait bien apprécié quelques séquences supplémentaires pour approfondir les liens entre les personnages (notamment entre Gwen et sa famille).

L'intrigue va crescendo et ne peut se terminer qu'en une apogée que l'on redoute. Personnellement, j'aime bien ce choix et je le comprends, mais j'avoue que j'aurais préféré une version alternative moins solitaire pour Gwen. Il faut dire que l'on s'attache rapidement aux personnages et c'est toujours difficile quand on arrive au moment des adieux.



En conclusion :



Un comics bien sympathique qui aborde des thèmes certes classiques mais de manière plutôt sobre et efficace. Cette intégrale est un bon moyen de revenir aux origines d'une série télé qui a rapidement trouvé son public et qui a su adapter cette histoire de "gentil zombie" d'une façon un peu plus conventionnelle et adaptée à la durée. Je suis le premier à dénigrer le sempiternel duo de flic/consultant doté d'une capacité particulière qui semble inonder le monde des séries télé policières (Bones, Castle, Forever, Mentalist, Lucifer, etc.). Au moins, iZombie nous épargne l'inévitable romance entre le duo d'enquêteurs. L'autre point positif, c'est qu'elle est l'occasion d'une belle découverte dans le monde des comics. La différence de traitement (et même de casting) entre les deux formats permet de ne pas ennuyer le fan/lecteur.
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FF2: Family Freakout

Ce tome fait suite à Fantastic Faux (épisodes 4 à 8). Il contient les épisodes 9 à 16 (les derniers de la série), initialement parus en 2013/2014. L'histoire a été conçue par Matt Fraction qui a réalisé les scénarios des épisodes 9 à 11. Lee Allred a réalisé les scénarios des épisodes 12 à 16, sur la base du script de Matt Fraction et avec son aide. Mike Allred a participé à l'écriture de l'épisode 12. Joe Quinones a dessiné et encré l'épisode 9. Mike Allred a dessiné et encré les épisodes 10 à 16, avec une mise en couleurs de Laura Allred. New departure, new arrivals, "Fantastic Faux" et "Family Freakout" forment une saison des FF, c'est-à-dire une histoire avec un début et une fin. La lecture de cette série peut être utilement complétée par celle des Fantastic Four, également conçue et écrite (pour les 12 premiers épisodes) par Matt Fraction et dessinée par Mark Bagley (puis Rafaele Ienco), à commencer par Road trip.



Épisode 9 - Charles Cotta (un industriel richissime) invite les Fantastic Four de remplacement (Scott Lang, Jennifer Walters, Medusa et Darla Deering et toute la Fondation du Future à venir profiter de sa piscine géante en terrasse. Bentley 23 a réalisé une vidéo sur les Uhari (Vil et Wu). Épisode 10 - Les FF emmènent Tom Brevoort, Matt Fraction et Mike Allred faire un tour en taille miniature pour leur fournir de la matière afin de lancer un comics "FF", dans le but d'améliorer l'image publique de l'équipe. Épisodes 11 à 16 - Ces petits chenapans de la Fondation du Future ont profité de l'absence des adultes pour requérir l'aide de Maximus (le frère fou de Black Bolt). Scott Lang a décidé de passer à l'action pour neutraliser Doctor Doom. Mais d'abord il faut que son équipe échappe à la surveillance d'une version de Kang (maître du temps capable de connaître tous les futurs). De son côté, Doctor Doom tolère la présence de Kang et d'Annihilus, les manipulant pour profiter de leurs capacités.



Même si cette série FF dispose de ses propres personnages, et de son intrigue spécifique, les points de jonction avec la série "Fantastic Four (par exemple Johnny Storm d'une autre dimension, ou Jules César) font qu'il vaut mieux lire les 2 de concert. La supervision de Matt Fraction jusqu'à la fin de la série assure que son intrigue est menée à bien, comme il l'avait prévu. Le lecteur constate qu'effectivement tous les épisodes précédents contenaient des éléments participant à l'intrigue globale de cette saison des FF. Scott Lang ira jusqu'au bout de sa volonté de neutraliser Doctor Doom.



Au fil de ces épisodes, le lecteur retrouve intactes (même dans ceux écrits par Lee Allred) les composantes présentes dans le tome précédent. Il y a donc ces moments de détente où les jeunes membres de la Fondation du Future se livrent à des enfantillages (Bentley 23 fanfaronnant sur le thème de sa supériorité, les moloïdes mémorisant d'autres moyens de repousser les avances d'individus draguant She-Hulk, etc.). Il y règne une forme d'humour teinté de dérision, par exemple lorsque miniaturisée avec les autres FF, She-Hulk s'inquiète d'être transportée dans la culotte de Impossible Man, ou quand Maximus effectue un bilan de sa situation tellement ahurissante que son auditoire y voit la confirmation qu'il est bel et bien fou à lier. Quelle que soit la situation, au final, il se dégage une douce chaleur humaine.



Ce tome ne se résume pas à une simple suite de moments de comédie. Matt Fraction incorpore plusieurs autres composantes. Il y a une forme de références internes aux comics qui vont de l'évocation d'HERBIE (Humanoid Experimental Robot, B-type, Integrated Electronics, un robot issu du dessin animé des Fantastic Four de 1978), à une analyse perspicace et amusante sur les couleurs des costumes des individus dotés de superpouvoirs. Rouge, jaune et Bleu : il s'agit d'un superhéros. Vert, violet orange : il s'agit forcément d'un supercriminel. Il s'en suit toute une flopée d'exemples du personnages issus des années 1960, rendant cette théorie irréfutable. Les lecteurs familiers des Fantastic Four n'auront aucun mal à identifier les individus composant le concile des Doom : Diablo, High Evolutionary, Mad Thinker, et Wizard. Même l'inclusion de Fraction et Allred dans l'épisode 10 est en cohérence avec l'un des points de l'intrigue (redonner un peu de crédibilité à l'équipe aux yeux du public) et rappelle que Stan Lee et Jack Kirby avaient fait de même à leur époque. Matt Fraction ne se limite pas à régurgiter la continuité Marvel, il se montre tout aussi habile à utiliser la maxime "Veni, vidi vici", ou à évoquer à bon escient Fitzcarraldo de Werner Herzog (1982). Le summum de l'intelligence dans ces références culturelles est atteint lors d'un match de stratèges : Jules César (La guerre des Gaules) contre Sun Tzu (L'art de la guerre).



Pour l'épisode 9, Joe Quinones adopte une esthétique similaire à celle de Mike Allred, au point d'en devenir quasiment identique. Allred conserve la même esthétique que dans les épisodes précédents : une apparence rétro, presque surannée. Ce parti pris confère une sensation de comics à destination d'un lectorat relativement jeune, des images présentant une violence adoucie, des personnages capables de sourire, des postures sans exagération dramatique (parfois un peu gauche, à l'opposé des stéréotypes du genre superhéros glorifiant à l'exagération les musculatures et les muscles bandés). S'il est possible de trouver que les visages manquent parfois de grâce ou de nuance, ce choix visuel permet de rendre crédible les enfants (avec un langage corporel et des mimiques adaptées, il y en a même un qui a perdu une dent) et d'éviter la sensation que tout le monde est tout le temps à fond. Ce mode de représentation permet également d'amalgamer tous les éléments disparates dans une réalité visuelle qui leur permet de coexister sans hiatus. À condition d'accepter l'apparence rétro des dessins, le lecteur pourra apprécier des séquences bénéficiant d'une mise en scène efficace dans une ambiance dédramatisée sans être fade, avec une forme sporadique de détachement bienveillant et drôle.



Matt Fraction et Lee Allred concluent le récit par un affrontement intelligent, bien que peu probable au vu de la différence de pouvoirs des duellistes. Ils intègrent également des révélations relatives au fonctionnement des particules Pym, et à Uatu. L'énormité de ces révélations laisse augurer de conséquences significatives dans l'univers partagé Marvel. Le lecteur aguerri demande à voir ce qu'il en sera vraiment avant de les prendre pour argent comptant. À l'issue de cette série, le lecteur pourra également regretter que certains personnages n'aient pas bénéficié de plus de développement pour les étoffer, en particulier Darla Deering.



En 2013/2014, l'éditeur Marvel a déjà commencé à intégrer le découpage en saison de ses séries, à l'instar des séries télévisées. Avec les 16 épisodes de la série Fantastic Four et les 16 épisodes de la série FF, Matt Fraction a conçu une saison de 2 séries dépendantes (mais pas trop), chacune avec sa tonalité et ses spécificités, pour au final 2 histoires complètes. Si son départ prématuré sur la série "Fantastic Four" a induit une baisse de la qualité de la narration, il a eu des conséquences amoindries sur la série "FF" qui conserve tout son charme, en particulier grâce à la personnalité affirmée du dessinateur.
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Silver Surfer - All-new All-different, tome 1

Ce tome fait suite à SILVER SURFER ALL NEW MARVEL NOW T03 (épisodes 11 à 15) qu'il faut avoir lu avant. Après le crossover Secret Wars (2015) de Jonathan Hickman & Esad Ribic, la quasi intégralité des séries Marvel ont redébuté avec un nouveau numéro 1, mais pour la présente série, il s'agit bien de la suite directe de la précédente. Ce tome contient les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2016, écrits par Dan Slott, dessinés et encrés par Michael Allred, et mis en couleurs par Laura Allred. L'épisode 3 correspond à l'anniversaire des 50 ans d'existence du personnage.



À la demande de Dawn Greenwood, Silver Surfer (Norrin Radd) et elle sont en route pour revenir sur Terre et plus particulièrement vers Anchor Bay dans le Massachussetts. En chemin, ils mettent fin à la tentative de la race extraterrestre de voler la ressource la plus précieuse de la Terre : les œuvres d'art de quelque nature qu'elles soient. Sur Terre, ils sont accueillis par Reg Greenwood (le père de Dawn) et Eve Greenwood (sa sœur). Ils leur ont préparé un repas de fête exceptionnel pour rattraper tous ceux qu'ils ont ratés pendant leur périple dans l'espace : nouvel an, Noël, anniversaire, et même le mariage d'Eve (dont le mari Costas Prado est en voyage).



Durant ces 6 épisodes, Silver Surfer va être confronté au retour des Hordax qui vont enclencher le processus de vol des œuvres d'art avec de meilleurs résultats, au retour de Shalla Bal et à d'autres manifestations de son origine sur Zenn-La. Il va rencontrer le mari d'Eve Greenwood et il va aider Dawn à retrouver sa mère. Il va également se battre aux côtés de Spider-Man (Peter Parker). Mais rapidement la question va se poser de savoir si Dawn Greenwood souhaite rester sur Terre, et si Norrin Radd partage son envie.



Pas sûr que la perspective d'un numéro anniversaire, fut-il pour les 50 ans du personnage, attire beaucoup plus de lecteurs. Par contre ceux qui sont là depuis le début savent déjà qu'ils vont pouvoir replonger dans cette série très particulière, à la fois totalement intégrée à l'univers partagé Marvel, à la fois unique en son genre. Après le passage obligé par Secret Wars, Dan Slott peut revenir à son intrigue principale, sauf qu'elle avait été bouclée avant, et que le numéro anniversaire impose une certaine forme de célébration. Le lecteur sent bien que l'intrigue est orientée pour satisfaire cette exigence : Silver Surfer est de retour sur Terre, il retrouve des personnages emblématiques de son histoire personnelle (à commencer par Alicia Masters), et il doit faire face à des événements en provenance de Zenn-La.



Il n'empêche que le lecteur retrouve avec plaisir le duo formé par Dawn & Norrin, ainsi que les dessins pop de Michael Allred. Ce dernier dessine toujours avec un degré de simplification qui aboutit à des dessins aux contours arrondis, facilement lisibles, comme s'il s'adressait à un jeune public. Comme dans les tomes précédents, cette approche n'est pas synonyme de simplisme. Tout du long de ces 6 épisodes, le lecteur peut apprécier des paysages divers et variés et consistants : les pièces de la demeure des Greenwood et leur mobilier, leur véranda, les rayonnages d'un magasin de comics (avec une apparition officieuse de Madman, un personnage créé par Allred), le globe terrestre vu de l'espace, l'architecture immédiatement reconnaissable de Zenn-La, le Baxter Building, le Golden Gate Bridge de San Francisco, une belle pelouse herbue, etc.



Numéro anniversaire oblige : de nombreux superhéros interviennent du fait d'un danger de grande ampleur. Michael Allred ne fait pas semblant et il représente tous les costumes chamarrés de ces personnages, conformément à leur apparence du moment, et pourtant il y en a plein, entre les Avengers traditionnels et les plus jeunes de l'équipe alors écrite par Mark Waid. Il accomplit le même travail très professionnel pour représenter les ennemis du Silver Surfer, de Air-Walker (un ancien héraut de Galactus) à Flying Ducthman (les connaisseurs apprécieront cet hommage aux aventures racontées par John Buscema et Stan Lee, l'épisode 8 de la série Silver Surfer, paru en 1968), en passant par les classiques comme Mephisto et Thanos. Il est vrai que représenter The Unseen s'avère moins compliqué.



Silver Surfer reste toujours aussi digne quelle que soit la situation, avec des postures mesurées, sans être froides ou altières. Dawn Greenwood reste toujours aussi charmante, avec ses vêtements à pois et son visage expressif. Allred exagère un tout petit peu ses expressions, sans aller jusqu'à la caricature, en cohérence logique avec ses choix graphiques globaux. Les êtres humains présentent souvent un visage avenant et agréable, sans en devenir des gravures de mode ou des mannequins pour autant. Les dessins donnent l'impression que les personnages évoluent dans des environnements à priori bienveillants, mis à part pour les ennemis, et encore parfois il s'agit d'individus incompris, plus que réellement méchants. Il n'y a qu'un détail qui finit par dénoter un peu : les principaux personnages féminins ne semblent jamais porter de soutien-gorge au vu de la forme de la liberté de mouvement de leur poitrine sous leur teeshirt.



L'une des particularités de cette série réside dans le fait que les situations les plus saugrenues peuvent survenir sans crier gare. Avec cette approche simplifiant et arrondissant les formes, l'artiste réussit à faire croire à tous ces événements, aussi incroyables soient-ils, ou au moins ils présentent une cohérence visuelle avec les personnages et les décors. Le lecteur finit par trouver tout naturel que Dawn Greenwood parle avec la planche de surf spatiale (Toomie) de Silver Surfer, qu'Alicia Masters puisse manier une arme avec autant d'efficacité malgré sa cécité, que la peau argentée de la tête de Silver Surfer puisse se retirer comme une cagoule, que Silver Surfer puisse être happé par un monstre avec de nombreuses tentacules, et bien d'autres encore. Cette approche dédramatisée permet de réenchanter le monde, de ramener le lecteur à l'émerveillement de son enfance.



Dan Slott ne ménage pas non plus sa peine pour faire honneur au personnage. Au départ de la série, le lecteur pouvait éprouver des réserves sur l'adjonction de Dawn Greenwood aux côtés de Silver Surfer, en ayant clairement anticipé que sa présence servirait à humaniser Silver Surfer. Il constate qu'il s'est attaché à elle, non pas qu'elle dispose d'une personnalité très affirmée au-delà de 2 ou 3 traits de caractère (dont un entrain appréciable), mais plutôt parce la relation entre elle et Silver Surfer s'étoffe d'aventure en aventure. Il prend toute la mesure de l'acquisition de sa légitimité quand elle se retrouve face à Alicia Masters qui fut elle aussi une bonne amie de Silver Surfer. Slott fait preuve de toute l'étendue de sa sensibilité quand Alicia explique à Dawn ce que cette dernière apporte à Silver Surfer, et qu'elle ne lui a jamais donné.



Le lecteur soupire un peu quand il constate que le scénariste a ramené Shalla Bal et d'autres éléments de Zenn-La pour le numéro anniversaire des 50 ans, en se disant que ce n'est pas très original. Il soupire une deuxième fois en voyant la ribambelle de superhéros participant à la confrontation. Malgré ces poncifs, Dan Slott réussit à conserver l'attention du lecteur en exposant le dilemme central au personnage de Norrin Radd, de son sens du sacrifice à sa volonté de faire plaisir à ceux qui lui sont chers. Même s'il a ramené le personnage sur Terre pour ce tome (qui sait ce que nous réservent les suivants ?), il n'en oublie pas son origine extraterrestre. Au-delà de l'évocation incontournable de Zenn-La, Dawn Greenwood lui donne une leçon mémorable sur sa connaissance lacunaire de la Terre et de ses habitants. Il n'oublie pas d'intégrer quelques touches d'humour bon enfant de temps à autre, tel que la flambée du prix de l'argent (le métal) après que Silver Surfer ait sauvé la population du globe.



La sensibilité de Dan Slott s'élève encore en intelligence émotionnelle avec les 2 derniers épisodes. Il y est en effet question d'une femme ayant réalisé qu'elle n'était pas faite pour être mère, après avoir eu des jumelles. Loin d'un pathos larmoyant, la narration montre une personne ayant pris conscience de sa limite, et ayant fait le choix difficile d'assumer de laisser ses enfants. Elle montre également comment l'un des enfants adultes réagit en comprenant la raison pour laquelle sa mère avait quitté le domicile alors qu'il était encore nourrisson. Dans ces pages, le scénariste établit avec éclat que sous les apparences d'aventures cosmiques, le cœur du récit palpite grâce aux délicates émotions mises en scène.



A priori ce quatrième tome a tout pour déplaire : retour sur Terre d'un héros de l'espace (comme s'il n'y avait rien de plus intéressant dans tout le reste de l'univers), numéro anniversaire obligatoire, apparition de Shalla Bal et d'une palanquée de superhéros. Dès le premier épisode, le charme vaguement suranné des dessins opère toujours autant, et Michael Allred donne l'impression de raconter un conte merveilleux tout public. Dan Slott s'acquitte encore une fois de ses obligations générées par l'univers partagé Marvel et les impératifs éditoriaux, tout en poursuivant dans la même veine, et en faisant preuve d'une sensibilité respectueuse et délicate.
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Silver surfer all new Marvel now, tome 1

Ce tome regroupe les épisodes 1 à 5 d'une nouvelle série débutée en 2014, ainsi qu'une histoire courte de 10 pages. Tous les épisodes ont été réalisés par Dan Slott (scénario), Mike Allred (dessins et encrage) et Laura Allred (mise en couleurs). Une connaissance superficielle du personnage suffit pour apprécier ces histoires.



Il y a 12 ans les sœurs Dawn et Eve Greenwood ont chacune fait un vœu en voyant passer une étoile filante (il s'agissait en fait du Silver Surfer). De nos jours, Silver Surfer vient de sauver une planète peuplée d'êtres lilliputiens qui décident de le vénérer comme un dieu. Dans l'espace il est interpellé par 2 drones sphériques qui l'informent qu'il a été choisi comme champion pour sauver l'Impericon (une planète à la composition impossible). Zed (le représentant et le gouverneur de l'Impericon) apprend à Silver Surfer qu'il n'est pas le premier champion choisi (tous les précédents ont échoué et sont morts), et qu'il doit triompher d'une entité appelée Queen of Nevers. Pour le motiver, Zed et ses sbires ont enlevé et séquestrent Dawn Greenwood.



Dans les épisodes 4 & 5, Silver Surfer ramène Dawn Greenwood à Cape Cod dans le Massachussets, dans la pension balnéaire tenue par son père. En chemin, ils croisent les Gardiens de la Galaxie (composés de Rocket Raccoon, Groot, Star Lord, Drax, Gamora et Captain Marvel). Une fois installé pour la nuit, Silver Surfer reçoit la visite de Doctor Strange et Hulk, comme au bon vieux temps des Defenders.



Depuis le film Les Gardiens de la galaxie, les personnages Marvel de type cosmique ont le vent en poupe et l'éditeur cherche à faire fructifier son catalogue. Depuis Superior Spider-Man (à commencer avec Superior Spider-Man, tome 1), Dan Slott a le vent en poupe ce qui lui a permis d'être écouté et entendu quand il a proposé une série sur ce personnage.



D'un point de vue visuel, le lecteur retrouve l'apparence si caractéristique des dessins de Mike Allred, avec un trait un peu gras, des postures un peu empruntées, des gestes un peu gauches, et une représentation des superhéros manquant d'emphase (particulièrement criant pour les gardiens de la galaxie et pour Hulk). Par contre ils présentent un aspect suranné très bienveillant, dédramatisant les situations, sans les rendre insipides. Ces impressions sont renforcées par la mise en couleurs acidulée de Laura Allred évoquant elle aussi les années 1960.



En y regardant de plus près, le lecteur s'aperçoit que le travail d'Allred n'a rien de superficiel ou de facile. Pour commencer, cette impression de traits un peu gras et un peu simpliste s'avère trompeuse. D'un côté cet encrage un peu rond et un peu épais sied à merveille au personnage du Silver Surfer, extraterrestre à la peau métallique lui permettant de glisser sans friction dans l'espace. D'un autre côté, une lecture plus attentive permet de constater qu'Allred ne lésine pas sur les détails quand le besoin s'en fait sentir. C'est particulièrement évident avec la double page présentant la planète Imperion. C'est tout aussi patent lors du retour sur Terre, où le lecteur peut contempler l'aménagement de la pension, son ameublement, la manière dont les lits sont faits, etc. Du coup les Allred invitent le lecteur dans un environnement faussement daté, à l'aspect inoffensif et rassurant, mais avec une bonne densité d'information et une attention apportée aux détails.



Évidemment le lecteur peut parfois s'agacer de cet aspect vieillot, de cette science-fiction de série Z où (presque) tous les extraterrestres ont des formes humanoïdes (comme s'ils étaient joués par des acteurs dans des costumes en caoutchouc), de la robe immuable et très années 1960 de l'héroïne. Mais il aura bien du mal à résister au charme de ces dessins, à leur gentillesse, et à leur pouvoir d'évocation.



La narration de Dan Slott présente les mêmes caractéristiques que celle des époux Allred. Il y a cette même forme de gentillesse inoffensive, sans être ni mièvre, ni bêtifiante. Il utilise des éléments de science-fiction datés, la toute première version des Defenders. Ses gardiens de la galaxie ne font pas illusion un instant (brève apparition juste pour faire le lien avec les superstars du moment). La petite pension des Greenwood à Cape Code est idyllique.



Pourtant les relations affectives entre Silver Surfer et Dawn Greenwood se nouent progressivement et naturellement. Elles baignent dans un humour sympathique sans être vachard, avec des références à la culture populaire. Les relations entre les 2 sœurs sont toutes aussi sensibles et crédibles, générant une bonne empathie. La reine des jamais (personnage créé pour l'occasion) évoque les entités les plus puissantes de l'univers Marvel (de type Eternity, Chaos & Order, Living Tribunal, etc.), mais teintée d'une douce forme de dérision, ce qui lui confère une saveur poétique délicate et adulte.



Dan Slott sait également piocher le personnage juste dans l'univers partagé Marvel, qui servira le récit, sans le rendre abscons, sans qu'il ne se dévalorise dans une aventure idiote. Il manie un humour fin et délicat. Par exemple, Doctor Strange confie l'œil d'Agamotto à Dawn Greenwood, ce qui lui permet de voir la vérité... y compris dans les propos de Silver Surfer, alors même que ce dernier essaye d'enjoliver la vérité pour être plus politiquement correct.



Dan Slott, Mike Allred et Laura Allred ont concocté des aventures du Silver Surfer, à l'ambiance surannée, sans pour autant être fades. Les lecteurs de tout âge y trouveront leur compte. Ces aventures comportent des combats physiques, mais qui restent regardables par les plus jeunes, tout en étant appréciable par les moins jeunes. Les personnages sont sympathiques sans être superficiels. Les aventures sont divertissantes, sans être creuses. Il reste que ce tome se lit comme un prélude à des aventures à venir, mettant l'eau à la bouche, tout en laissant un petit goût de trop peu.
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Silver Surfer, tome 4 : Citizen of Earth

Ce tome fait suite à Last days (épisodes 11 à 15) qu'il faut avoir lu avant. Après le crossover Secret Wars (2015) de Jonathan Hickman & Esad Ribic, la quasi intégralité des séries Marvel ont redébuté avec un nouveau numéro 1, mais pour la présente série, il s'agit bien de la suite directe de la précédente. Ce tome contient les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2016, écrits par Dan Slott, dessinés et encrés par Michael Allred, et mis en couleurs par Laura Allred. L'épisode 3 correspond à l'anniversaire des 50 ans d'existence du personnage.



À la demande de Dawn Greenwood, Silver Surfer (Norrin Radd) et elle sont en route pour revenir sur Terre et plus particulièrement vers Anchor Bay dans le Massachussetts. En chemin, ils mettent fin à la tentative de la race extraterrestre de voler la ressource la plus précieuse de la Terre : les œuvres d'art de quelque nature qu'elles soient. Sur Terre, ils sont accueillis par Reg Greenwood (le père de Dawn) et Eve Greenwood (sa sœur). Ils leur ont préparé un repas de fête exceptionnel pour rattraper tous ceux qu'ils ont ratés pendant leur périple dans l'espace : nouvel an, Noël, anniversaire, et même le mariage d'Eve (dont le mari Costas Prado est en voyage).



Durant ces 6 épisodes, Silver Surfer va être confronté au retour des Hordax qui vont enclencher le processus de vol des œuvres d'art avec de meilleurs résultats, au retour de Shalla Bal et à d'autres manifestations de son origine sur Zenn-La. Il va rencontrer le mari d'Eve Greenwood et il va aider Dawn à retrouver sa mère. Il va également se battre aux côtés de Spider-Man (Peter Parker). Mais rapidement la question va se poser de savoir si Dawn Greenwood souhaite rester sur Terre, et si Norrin Radd partage son envie.



Pas sûr que la perspective d'un numéro anniversaire, fut-il pour les 50 ans du personnage, attire beaucoup plus de lecteurs. Par contre ceux qui sont là depuis le début savent déjà qu'ils vont pouvoir replonger dans cette série très particulière, à la fois totalement intégrée à l'univers partagé Marvel, à la fois unique en son genre. Après le passage obligé par Secret Wars, Dan Slott peut revenir à son intrigue principale, sauf qu'elle avait été bouclée avant, et que le numéro anniversaire impose une certaine forme de célébration. Le lecteur sent bien que l'intrigue est orientée pour satisfaire cette exigence : Silver Surfer est de retour sur Terre, il retrouve des personnages emblématiques de son histoire personnelle (à commencer par Alicia Masters), et il doit faire face à des événements en provenance de Zenn-La.



Il n'empêche que le lecteur retrouve avec plaisir le duo formé par Dawn & Norrin, ainsi que les dessins pop de Michael Allred. Ce dernier dessine toujours avec un degré de simplification qui aboutit à des dessins aux contours arrondis, facilement lisibles, comme s'il s'adressait à un jeune public. Comme dans les tomes précédents, cette approche n'est pas synonyme de simplisme. Tout du long de ces 6 épisodes, le lecteur peut apprécier des paysages divers et variés et consistants : les pièces de la demeure des Greenwood et leur mobilier, leur véranda, les rayonnages d'un magasin de comics (avec une apparition officieuse de Madman, un personnage créé par Allred), le globe terrestre vu de l'espace, l'architecture immédiatement reconnaissable de Zenn-La, le Baxter Building, le Golden Gate Bridge de San Francisco, une belle pelouse herbue, etc.



Numéro anniversaire oblige : de nombreux superhéros interviennent du fait d'un danger de grande ampleur. Michael Allred ne fait pas semblant et il représente tous les costumes chamarrés de ces personnages, conformément à leur apparence du moment, et pourtant il y en a plein, entre les Avengers traditionnels et les plus jeunes de l'équipe alors écrite par Mark Waid. Il accomplit le même travail très professionnel pour représenter les ennemis du Silver Surfer, de Air-Walker (un ancien héraut de Galactus) à Flying Ducthman (les connaisseurs apprécieront cet hommage aux aventures racontées par John Buscema et Stan Lee, l'épisode 8 de la série Silver Surfer, paru en 1968), en passant par les classiques comme Mephisto et Thanos. Il est vrai que représenter The Unseen s'avère moins compliqué.



Silver Surfer reste toujours aussi digne quelle que soit la situation, avec des postures mesurées, sans être froides ou altières. Dawn Greenwood reste toujours aussi charmante, avec ses vêtements à pois et son visage expressif. Allred exagère un tout petit peu ses expressions, sans aller jusqu'à la caricature, en cohérence logique avec ses choix graphiques globaux. Les êtres humains présentent souvent un visage avenant et agréable, sans en devenir des gravures de mode ou des mannequins pour autant. Les dessins donnent l'impression que les personnages évoluent dans des environnements à priori bienveillants, mis à part pour les ennemis, et encore parfois il s'agit d'individus incompris, plus que réellement méchants. Il n'y a qu'un détail qui finit par dénoter un peu : les principaux personnages féminins ne semblent jamais porter de soutien-gorge au vu de la forme de la liberté de mouvement de leur poitrine sous leur teeshirt.



L'une des particularités de cette série réside dans le fait que les situations les plus saugrenues peuvent survenir sans crier gare. Avec cette approche simplifiant et arrondissant les formes, l'artiste réussit à faire croire à tous ces événements, aussi incroyables soient-ils, ou au moins ils présentent une cohérence visuelle avec les personnages et les décors. Le lecteur finit par trouver tout naturel que Dawn Greenwood parle avec la planche de surf spatiale (Toomie) de Silver Surfer, qu'Alicia Masters puisse manier une arme avec autant d'efficacité malgré sa cécité, que la peau argentée de la tête de Silver Surfer puisse se retirer comme une cagoule, que Silver Surfer puisse être happé par un monstre avec de nombreuses tentacules, et bien d'autres encore. Cette approche dédramatisée permet de réenchanter le monde, de ramener le lecteur à l'émerveillement de son enfance.



Dan Slott ne ménage pas non plus sa peine pour faire honneur au personnage. Au départ de la série, le lecteur pouvait éprouver des réserves sur l'adjonction de Dawn Greenwood aux côtés de Silver Surfer, en ayant clairement anticipé que sa présence servirait à humaniser Silver Surfer. Il constate qu'il s'est attaché à elle, non pas qu'elle dispose d'une personnalité très affirmée au-delà de 2 ou 3 traits de caractère (dont un entrain appréciable), mais plutôt parce la relation entre elle et Silver Surfer s'étoffe d'aventure en aventure. Il prend toute la mesure de l'acquisition de sa légitimité quand elle se retrouve face à Alicia Masters qui fut elle aussi une bonne amie de Silver Surfer. Slott fait preuve de toute l'étendue de sa sensibilité quand Alicia explique à Dawn ce que cette dernière apporte à Silver Surfer, et qu'elle ne lui a jamais donné.



Le lecteur soupire un peu quand il constate que le scénariste a ramené Shalla Bal et d'autres éléments de Zenn-La pour le numéro anniversaire des 50 ans, en se disant que ce n'est pas très original. Il soupire une deuxième fois en voyant la ribambelle de superhéros participant à la confrontation. Malgré ces poncifs, Dan Slott réussit à conserver l'attention du lecteur en exposant le dilemme central au personnage de Norrin Radd, de son sens du sacrifice à sa volonté de faire plaisir à ceux qui lui sont chers. Même s'il a ramené le personnage sur Terre pour ce tome (qui sait ce que nous réservent les suivants ?), il n'en oublie pas son origine extraterrestre. Au-delà de l'évocation incontournable de Zenn-La, Dawn Greenwood lui donne une leçon mémorable sur sa connaissance lacunaire de la Terre et de ses habitants. Il n'oublie pas d'intégrer quelques touches d'humour bon enfant de temps à autre, tel que la flambée du prix de l'argent (le métal) après que Silver Surfer ait sauvé la population du globe.



La sensibilité de Dan Slott s'élève encore en intelligence émotionnelle avec les 2 derniers épisodes. Il y est en effet question d'une femme ayant réalisé qu'elle n'était pas faite pour être mère, après avoir eu des jumelles. Loin d'un pathos larmoyant, la narration montre une personne ayant pris conscience de sa limite, et ayant fait le choix difficile d'assumer de laisser ses enfants. Elle montre également comment l'un des enfants adultes réagit en comprenant la raison pour laquelle sa mère avait quitté le domicile alors qu'il était encore nourrisson. Dans ces pages, le scénariste établit avec éclat que sous les apparences d'aventures cosmiques, le cœur du récit palpite grâce aux délicates émotions mises en scène.



A priori ce quatrième tome a tout pour déplaire : retour sur Terre d'un héros de l'espace (comme s'il n'y avait rien de plus intéressant dans tout le reste de l'univers), numéro anniversaire obligatoire, apparition de Shalla Bal et d'une palanquée de superhéros. Dès le premier épisode, le charme vaguement suranné des dessins opère toujours autant, et Michael Allred donne l'impression de raconter un conte merveilleux tout public. Dan Slott s'acquitte encore une fois de ses obligations générées par l'univers partagé Marvel et les impératifs éditoriaux, tout en poursuivant dans la même veine, et en faisant preuve d'une sensibilité respectueuse et délicate.
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Silver Sufer All New Marvel Now, tome 3

Ce tome contient les épisodes 11 à 15, initialement parus en 2015, écrits par Dan Slott, dessinés et encrés par Mike Allred, avec une mise en couleurs de Laura Allred. Il s'agit du dernier tome de la série. Les 3 tomes (épisodes 1 à 15) forment une saison complète. Cette dernière histoire se déroule simultanément à Secret Wars 2015.



Dans l'épisode 11, Silver Surfer essaye de trouver une planète habitable pour 6 milliards d'individus à bord d'une grande flotte spatiale. Dawn Greenwood ne lui pardonne pas de lui avoir caché qu'il avait été le héraut de Galactus. Une fois sur une planète hospitalière, tout semble aller pour le mieux pour les réfugiés, et peut-être pour Dawn Greenwood et Norrin Radd, ou en tout cas il s'en faut de très peu.



Épisodes 13 à 15 – Mince ! L'univers tel qu'il existait il y a encore peu a disparu. Eternity (l'entité qui personnifie l'univers) est vide de tout, sauf du visage de Doctor Doom. Pourtant, Dawn Greenwood et Silver Surfer se retrouvent dans une poche de néant, préservée des destructions de Secret Wars. Ils y sont accueillis par 2 entités dont celle à forme humanoïde qui leur propose d'utiliser le pouvoir du Modeleur de Mondes pour recréer l'univers disparu, à partir de leurs souvenirs.



Les 2 premiers tomes étaient vraiment sympathiques, avec cette douce romance entre Dawn et Norrin, prenant le temps de se développer, avec les excursions spatiales, avec un côté loufoque gentil, et les dessins de acidulés de Mike Allred. Le lecteur retrouve avec plaisir la Reine du Jamais (Never Queen) en introduction de l'épisode 11 et constate tout de suite que cet épisode de 31 pages n'est pas comme les précédents. Pour commencer, il se présente sous la forme de 2 bandes de cases, tête-bêche. La bande dessinée de la moitié supérieure se lit naturellement de gauche à droite, la bande inférieure est sens dessus dessous, y compris le texte des phylactères. Tout naturellement, le lecteur ne lit que la moitié supérieure, se disant qu'il reviendra plus tard à la partie inférieure. Dan Slott met en scène un long voyage dans l'espace, Silver Surfer emmenant l'énorme flotte d'une planète habitable à une autre, en découvrant qu'à chaque fois une partie des réfugiés tombe malade.



Il y a bien sûr ceux qui font confiance à Silver Surfer, et ceux qui doutent. Il y a bien sûr les profiteurs de l'espace, prêts à arraisonner les vaisseaux pour dépouiller les faibles, et il y a bien sûr Dawn qui regarde Surfer se démener, sans pouvoir lui pardonner. L'artiste respecte le cadre contraint de 2 bandes de cases en vis-à-vis, mettant en scène cette histoire de manière forcément très linéaire, avec son mélange toujours aussi séducteur d'une esthétique faussement naïve, de contours bien arrondis, et d'une apparence un peu nostalgique, avec ces extraterrestres humanoïdes parés d'une bizarrerie (couleur de peau, membre supplémentaire, visage étrange) pour les rendre extraterrestre, ces vaisseaux aux formes simples, et cette violence gentiment édulcorée.



Sous des apparences de narration pépère, les auteurs ont conçu une structure narrative intelligente où la forme et le fond se confondent. Lorsque le lecteur comprend le pourquoi de ces 2 bandes tête-bêche, il comprend le fond de l'intrigue, et la forme est le fond de l'intrigue. En fin de tome (VO), il découvre la photographie du tableau blanc sur lequel Dan Slott a construit la structure de l'épisode, ainsi qu'une photographie montrant l'ensemble des planches mises bout à bout dans le couloir de sa maison. Il est fortement impressionné par la mise en œuvre intelligente de cette idée sortant de l'ordinaire, encore plus quand il sait qu'elle s'est faite dans le cadre normalisateur d'un comics Marvel, produit de grande consommation.



Le lecteur se laisse ensuite porter par le charme délicat et un peu suranné de l'épisode 12, à base à nouveau d'extraterrestres à l'apparence gentille, de science-fiction pour tous les âges, avec un dénouement attendrissant pour les 2 personnages principaux, et malin pour le nœud de l'intrigue. Vient ensuite le moment de coller à l'actualité et de se rattacher à Secret Wars. À nouveau, les auteurs disposent d'une grande liberté pour raconter leur propre histoire, en brodant sur la base de la situation du multivers Marvel pendant Secret Wars. Dan Slott en profite pour ramener un personnage qui a marqué les lecteurs Marvel des années 1970, dans la série Hulk : Shaper of Worlds.



À nouveau Dan Slott profite de ces épisodes pour raconter une histoire de Silver Surfer qui s'apparente à un conte pour tous les lecteurs de 7 à 77 ans. Concrètement, Dawn Greenwood et Norrin Radd ont la possibilité de recréer tout l'univers qui vient de disparaître tel qu'ils s'en souviennent. Et même si ça leur tient à cœur, ils peuvent y apporter quelques améliorations. Le scénariste soumet donc ses héros à la tentation de jouer au démiurge, le lecteur se demandant si leur altruisme résistera à la corruption du pouvoir. Dawn Greenwood peut-elle vraiment refuser à son père de lui rendre son épouse défunte ? Norrin Radd peut-il vraiment résister à l'envie de reconstituer toutes les planètes que Galactus a détruit quand il en était le héraut ?



L'approche graphique de Mike Allred convient à merveille à la forme du conte. Ses personnages sont très expressifs. Ses extraterrestres sont un peu caoutchouteux, comme dans un récit pour enfant. Il sait tirer parti de tous ces fonds blancs, y plaçant ses personnages comme s'ils évoluaient dans l'espace dégagé de tout obstacle. Lorsque la séquence l'exige, ses dessins deviennent plus détaillés, par exemple la maison familiale des Greenwood avec sa façade en bois, les monuments célèbres recréés par Dawn, ou encore les rues de Londres en carton-pâte.



Ses silhouettes aux contours arrondis rendent bien compte de la dimension quasi conceptuelle de personnages comme Galactus, Eternity, ou encore la Reine des Jamais. Au lieu d'être ridicules du fait d'une représentation littérale, ils deviennent conceptuels du fait d'une représentation simplifiée pour être compréhensible par des enfants. Laura Allred utilise une palette de couleurs assez vives, que l'on pourrait qualifier de pop. Là encore, ce choix tire la narration visuelle vers un registre lié à l'enfance, à une époque où les comics étaient à destination d'un jeune public. Le lecteur adulte retrouve ainsi la sensation du plaisir qu'il pouvait éprouver à lire un comics plus jeune. Cela ne veut pas dire pour autant que Mike Allred s'économise.



Alors que le récit est à nouveau de nature conceptuelle, et que l'artiste ne peut pas s'appuyer sur des décors à plusieurs reprises, la narration visuelle reste très vivante. Les dialogues portent une part significative de l'intrigue, sans pour autant que le lecteur éprouve l'impression de contempler une scène de théâtre vide. Chaque dialogue s'accompagne de mouvements, de déplacements soulignant l'état d'esprit de l'interlocuteur. Les visages sont expressifs. Lorsque la séquence le permet, les décors apportent des éléments d'information supplémentaires par rapport à ce que se disent les protagonistes. Le lecteur se laisse à nouveau porter par ces images faciles à lire, douces à l'œil, porteuses d'une forme de nostalgie du fait de leur apparence évoquant l'enfance.



Malgré tout, le scénario repose une question assez récurrente qui est de savoir ce qu'un individu changerait s'il lui était donné de refaire le monde. La tentation est bien présente de ramener à la vie des êtres chers, ou d'effacer ses erreurs. Le contexte d'un comics de superhéros avec ce qu'il suppose d'altruisme chez les personnages fait que le lecteur se doute bien que les héros finiront par revenir à la raison et faire de leur mieux pour laisser les choses comme elles étaient, pour ne pas succomber à cette tentation qui remettrait en cause le statu quo. Il se doute bien aussi que 2 individus auront du mal à recréer tout l'univers à partir de leur simple souvenir, quand bien même Silver Surfer a sillonné l'espace dans tous les sens, et peut-être même 2 fois.



Dan Slott et Mike Allred racontent plusieurs chapitres dans cette saison de la série, utilisant une forme de conte pour tous les âges, avec un savoir-faire indéniable. Les dessins dégagent une douce séduction à laquelle il est impossible de ne pas succomber au fil des épisodes. Dan Slott raconte de gentilles histoires, teintée d'un soupçon de romantisme qui réchauffe le cœur. Le lecteur ne voit pas pourquoi il bouderait son plaisir. D'ailleurs sa condescendance s'efface quand il comprend l'ingéniosité de la narration de l'épisode 11, mariant fond et forme avec une élégance peu commune. Il reste abasourdi de s'être laissé prendre à la narration quand il découvre la motivation de l'aide du Modeleur de Mondes à la fin de l'épisode 15, et la manière dont elle répond à une des aspirations de Norrin Radd. Décidément, Dan Slott n'écrit pas que pour les enfants, et Mike Allred (bien aidé par son épouse Laura) sait parler à l'enfant qui sommeille dans le lecteur.
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Silver surfer all New Marvel now, tome 2

Une aventure fantastique chargée d’humour et de romantisme.




Lien : http://www.actuabd.com/Silve..
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Silver surfer all New Marvel now, tome 2

Ce tome contient les épisodes 6 à 10, initialement parus en 2014/2015, tous écrits par Dan Slott, dessinés et encrés par Michael Allred, avec une mise en couleurs de Laura Allred.



Épisode 6 – Silver Surfer (Norin Radd) et Dawn Greenwood parcourt l'espace, le Surfer étant de plus en plus agacé par les demandes de Dawn de s'arrêter régulièrement. Ils finissent par s'arrêter sur une planète, où chaque membre de la population est spécialisé dans une tâche, dans laquelle il excelle (glacier, banquier, danseur de rue, etc.). Épisode 7 – Alors qu'ils cheminent de nouveau au travers de l'espace, ils pénètrent dans une zone noire, dépourvue de toute lumière, de tout corps céleste. Dawn Greenwood est happée hors de la planche (qu'elle a surnommée Toomie) dans le noir insondable.



Épisodes 8 à 10 - Sur la planète Newhaven, se déroule un enterrement, rendu encore plus poignant par le fait que l'individu enterré était le dernier de sa race. Contre toute attente (car cette planète dispose d'un dispositif de camouflage des plus sophistiqués), ses habitants voient arriver Silver Surfer et Dawn Greenwood. Leur pire cauchemar se réalise : Galactus n'est pas loin derrière (comme le montre la couverture de ce tome).



Dans le premier tome, Dan Slott proposait une version du Silver Surfer qui agrégeait le voyageur de l'espace avec ses capacités merveilleuses, en oubliant son côté défaitiste. Afin de lui donner plus d'épaisseur en tant que personnage, il lui avait associé une jeune femme (Dawn Greenwood) et il avait fait en sorte que Silver Surfer revienne de temps à autre à l'état de Norin Radd, c’est-à-dire vers un état plus proche de l'humanité. Les voyages dans l'espace continuent et ils sont l'occasion du rapprochement entre Norin et Dawn.



Slott garde l'aspect romantique de leur relation à un faible niveau, préférant mettre en avant leur découverte progressive l'un de l'autre. Cela commence dès la première scène avec la prise de conscience de Norin Radd que Dawn a besoin de s'arrêter régulièrement (pour faire pipi, mais aussi pour se reposer). Il est particulièrement irrité de ne pas pouvoir progresser à son rythme. Bien sûr il prendra conscience du bon côté de prendre le temps. Malheureusement Dawn apprendra le passé du Surfer en tant qu'héraut d'un certain dévoreur de planètes.



Dan Slott manie un humour bon enfant, peut-être parfois un peu trop mignon. Impossible de résister à Dawn faisant une comédie pour avoir une glace après son opération des amygdales. Surfer et Dawn percutant une planète qu'ils n'avaient pas vu constitue également un moment d'humour qui fonctionne. Il est un peu plus difficile de ne pas s'agacer quant au fait que Dan a donné un petit surnom à la planche (Toomie). Ce n'est pas tant le surnom qui finit par lasser, que le fait qu'elle traite Toomie comme un gentil toutou dont elle seule serait sensible à ses humeurs.



L'auteur traite donc la relation entre ses 2 personnages principaux comme une comédie romantique vive et dépourvue de sentiments trop mielleux. Il n'en oublie pas pour autant de proposer de véritables intrigues. Comme dans le premier tome, Dan Slott respecte l'esprit des histoires initiales de Silver Surfer, en intégrant une connotation philosophique à chaque fois. Dans la première, le lecteur est pris par surprise, en découvrant l'implication d'une société composée exclusivement d'individus experts en leur domaine. Par cette fable, l'auteur évoque la tyrannie de l'excellence, et la nécessité de la polyvalence. La deuxième histoire évoque le caractère ambigu de la faiblesse. La troisième histoire est plus ambitieuse (3 épisodes) et brasse des thèmes comme le sens du devoir, et la rédemption.



Lors du premier tome, le lecteur a eu soit le plaisir de retrouver les dessins très particuliers de Michael Allred (avec leur apparence désuète), soit le temps de s'habituer à ces images à l'apparence faussement naïve (dernière possibilité : il n'est pas revenu pour ce deuxième tome). À la fin de ce tome, le lecteur conserve plusieurs images marquantes en tête : l'apparence surannée et inoffensive de Warrior One, le bras tranché de Silver Surfer, ou encore Dawn et Silver Surfer allongés chacun sur un côté de la planche. Cette dernière est particulièrement réussie car la composition d'Allred met en valeur le vide de l'espace, ainsi que l'absence de gravité, pour un moment de détente parfaitement serein.



Effectivement les personnages semblent un peu lisses, les silhouettes un peu simples, et les extraterrestres sont majoritairement à base humanoïde, avec des têtes bizarres et des couleurs de peau étranges. Une fois acclimaté à cet esthétisme, le lecteur peut apprécier la fluidité de la narration visuelle. Avec cette apparence rétro, Michael Allred et sa femme s'amusent à utiliser des images semblant appartenir à une science-fiction es années 1950, pour dédramatiser les situations et accentuer l'effet de conte. C'est particulièrement flagrant quand Surfer et Dawn croisent la route de bouseux de l'espace, des sortes de cul-terreux américains, au beau milieu de nulle part. C'est à la fois décalé, inoffensif et absurde. Il en naît une forme de poésie sur cette vision naïve du voyage dans l'espace. Pour autant cette vision ne sombre pas dans le ridicule, car elle expose clairement la situation, et est à l'unisson de l'intrigue.



Cette esthétique pourrait évoquer la naïveté propre aux comics de Jack Kirby, mais sans la puissance qui s'en dégage. Représenté ainsi, Galactus n'est pas loin de donner l'impression d'un de ces gros monstres avec un acteur dans un costume en caoutchouc des films japonais de type kaiju. Cependant le lecteur se retrouve immergé dans la narration visuelle, et Galactus reste un élément extérieur et arbitraire, même s'il a perdu de sa magnificence. Ses actes n'ont rien perdu de leur horreur dans sa volonté d'anéantissement d'une planète.



Le lecteur qui a apprécié le premier tome appréciera également le second. Si les dessins de Michael Allred atténuent la dimension dramatique des histoires, Dan Slott n'a rien perdu de son ambition d'écrire des récits qui mélangent douce comédie discrètement romantique, avec une dimension philosophique dans les rencontres que font Dawn Greenwood et Silver Surfer. Une fois dépassé l'apparence des dessins, le lecteur apprécie la fluidité de la narration visuelle, et se rend compte que plusieurs des images restent gravées dans sa mémoire, une fois sa lecture achevée. Il flotte malgré tout un parfum daté qui donne un caractère inoffensif à la narration.
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Bowie

Des dessins fabuleux pour nous raconter, nous parler encore et toujours de David Bowie que nous aimions tant! Encore une fois nous l'entendons et découvrons un détail ou deux non encore connus de nous. Les couleurs explosent et vibrent pour rendre hommage à ce chanteur plus grand que nature!
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Bowie

Réalisé par Mike Allred, auteur reconnu dans le milieu du comics, l'album est accompagné d'une préface de Neil Gaiman.
Lien : https://actualitte.com/artic..
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Silver surfer all new Marvel now, tome 1

Ah c'était bien!



Dan Slott nous livre ici une ode au voyage.

Cela commence par un certain exotisme spatial: le synopsis est alambiqué avec la certitude que le voyage compte plus que l'arrivée. Les dessins sont pop-art, aussi charmants que repoussants, aux couleurs criardes et très surprenant pour un récit "cosmique" (on est plus habitué au gris des armures et au noir sidéral). Si je n'étais pas un grand amateur du trait d'Allred initialement, j'ai vite été convaincu par ses magnifiques planches. Et enfin, on a une galerie de second couteau très what-the-fuck et 70's tout droit tirés des tavernes de Star Wars.

Ensuite, une envie de démesure: on a des personnages aux proportions dantesques (reine des jamais, Eternité...) et un lieu loufoque et tentaculaire: l'Impericon. Et évidemment, cette démesure passe par la volonté d'embrasser le surfer dans sa globalité...

Mais ce voyage est aussi intérieur: le surfer évolue dans l'ombre d'un passé parfois lourd, toujours situé dans la zone floue entre héros et héraut. Et on le découvre sous de multiples casquettes: hérosd, FF, défenseur et surtout... Norrin Radd.



Et cette histoire est une folie à deux.

En contraste tout d'abord: le héraut a jugé l'humanité, et c'est désormais l'inverse. Les perspectives de Dawn et Silver Surfer sont par ailleurs diamétralement opposées.

Est-ce un outil de renouveau? On n'a littéralement jamais vu le Surfer comme ça. Comme ça, c'est en duo, avec les déboires attendues d'un ermite cosmique. C'est aussi l'avènement des sentiments: une relecture de l'histoire de Norrin Radd, particulièrement touchante. Et enfin une mythologie inhabituelle: si vous voulez voir le surfeur d'argent à Anchor Bay...

Dawn est surtout très loin d'un faire-valoir. Il s'agit d'un personnage dense et touchant, et ce récit est autant son histoire que celle du surfer. Et Dawn est un outil de naïveté, s'imposant en allégorie du nouveau lecteur.



Alors allez-y: "Une aube nouvelle' est un superbe arc de Silver Surfer, soufflant un vent de renouveau particulièrement agréable à suivre.
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