Mikky Sophie

Comme les femmes. Ces prostituées ou Mira, même combat. Elles nous manipulent pour obtenir ce qu’elles veulent. Nous, les hommes, ne sommes que des marionnettes. Elles nous font croire qu’elles sont fragiles et innocentes pour gonfler notre égo alors qu’elles maîtrisent toutes les situations. Je suis persuadé que Mira a tout manigancé pour que je croie en elle, que je la laisse s’échapper, que je l’épargne physiquement et que, comme un con, je me sente coupable alors qu’elle comptait me dénoncer depuis le début.
 
Toutes des salopes !

Détester Mira n’est qu’un prétexte pour ne pas avoir à me haïr moi-même. Si je n’avais pas été autant affecté par la révélation de la voyante, j’aurais continué ma vie sans perte et fracas. J’aurais mieux fait d’entreprendre une thérapie au lieu de jouer les caïds quand mon frère est décédé. J’aurais pu pardonner à mes parents et croire en l’avenir. Je n’aurais pas apporté autant de crédit aux paroles d’une inconnue. Et quand bien-même, elle avait raison, j’aurais dû profiter de la vie qu’il me restait, avec insouciance et déraison.

Il n’est plus utile de se battre. J’enfourche ma moto. Des fourmillements dans les paumes de ma main rendent mon démarrage difficile. Je roule à peine quelques mètres. Ma vision est embrumée. Ma connerie pourrait à nouveau frapper un innocent si je renversais un piéton. Je me gare deux rues plus loin avec le peu de lucidité qu’il me reste. J’ai mal. Ma poitrine est un étau qui se resserre à chaque inspiration. Chaque seconde qui passe m’éloigne un peu plus de mon pardon, de ma paix et d’elle. Je ne la reverrais peut-être jamais. Je me rapproche un peu plus de l’évidence, de ma justice et de la fin. Je n’ai que ce que je mérite.

Mira n’aura pas la force de contrer les interrogatoires. Je l’ai déjà bousillée. Elle est effritée, fragilisée par mon intervention. Ils n’auront qu’à lui souffler dessus pour parvenir à la briser totalement. C’est ma faute. Encore. J’espère au moins qu’ils la croiront. Elle n’est pas responsable du cambriolage de la villa des Connor. Elle est innocente depuis le début. C’est la stricte vérité. Mais la vérité paye-t-elle ? Pas toujours. Le

Le mal et le bien tire à force égale sur ma corde de décision. Je suis perdue. Prends ce fric, Mira, tu l’as mérité ! Es-tu prête à vendre ton âme ? J’ai envie de hurler, de crier de toutes mes forces.

Je veux qu’elle soit mienne parce qu’elle est tout ce que je n’ai jamais eu. Parce qu’elle a touché mon âme et mon cœur d’un seul regard. Parce que j’ai l’impression que penser à elle comble le vide béant dans ma poitrine. Parce qu’elle m’a fait découvrir une nouvelle sensation au fond de mes entrailles.

Elle est tout mon contraire. Elle est mon interdit. Elle ne peut être que mon fantasme.

Tous les pornos que je me suis tapés pour éveiller du désir sexuel lorsque j’étais seul ne sont que des maquettes en noir et blanc inanimées face au film en couleur que projette Mira en ce moment même. Je peux oublier toutes les levrettes, les fellations, les doubles pénétrations et les scènes lesbiennes qui réussissaient à me faire bander dans la seconde.

Je dévorerais sa bouche, son cou et ses seins de baisers avant de soulever ses fesses contre la paroi humide et je plongerais en elle jusqu’à la garde. Là, elle gémirait à mon oreille des paroles d’encouragements et son souffle chaud et rauque se romprait en criant mon nom.

Elle est vraiment nue, bordel ! Nue, nue, nue ! Mon imagination ne m’avait pas joué des tours. Elle est parfaite. Ses seins gorgés de douceur et de féminité, un ventre plat et douillet, des hanches victorieuses sur lesquelles s’accrocher, une légère toison dorée entre les jambes et… mais qu’est-ce qu’elle fait ? Dans mes rêves les plus fous, les femmes se lavent toujours ainsi, mais la réalité est tout autre. Je ferme les yeux pour ne pas perdre les pédales. Mira est-elle vraiment en train de se masturber ? Ce n’est pas possible. On m’envoie une mise à l’épreuve avant de rejoindre l’au-delà pour savoir si je remplis les conditions d’accès au paradis.

Je suis subjugué par sa beauté. Elle m’a jeté un sort, c’est certain. Elle ne me voit pas et tire les rideaux. Qu’est-ce qu’elle fout là ? Après toute l’après-midi qu’elle a passée, je me demande si elle ne travaille pas pour les pompes funèbres.

À chaque fois qu’il sort de ma chatte étroite et qu’il étale le suc de mon plaisir sur mon bouton de jouissance, mon vagin se contracte. J’ai peur de ne plus pouvoir l’accueillir lorsque mon désir s’amplifie. Je bloque alors sa main contre moi quand il est au plus profond et que son majeur touche mon point G et je jouis en tremblant violemment sur ses doigts.

La proie, c’est moi. Nue, vulnérable et humide. Et je n’attends que lui. Il déboutonne la première accroche de son jean et celui-ci glisse le long de ses cuisses musclées, viriles et galbées. Inutile d’ignorer plus longtemps ce qui ne peut être ignoré. Son sexe, lisse et épais se dresse sous mon regard. Il le prend en main en fixant ma bouche entrouverte. Sa paume remonte vigoureusement de la base ombragée à son gland réveillant ainsi un sursaut de son appendice. Je le veux tout entier. Mes jambes s’écartent. Il pénètre dans la cabine de douche. Sa proximité réveille la tension dans ma poitrine. Mes tétons se dressent et Ahmik se penche pour les emprisonner un à un dans sa bouche brûlante. Je gémis bruyamment. Il se redresse et observe, avec une soif visiblement non étanche, chaque particule d’eau qui coule sur ma peau.

L’immortalité fictive ou réelle est espérée par la plupart des êtres humains. La preuve, ils essaient toujours de trouver des moyens pour allonger leur espérance de vie, mais je n’essaierai pas de donner le meilleur de moi-même s’il me restait un nombre illimité d’essais à ma portée. Je suis parfaitement consciente que je mourrai et cela me permet d’amener mes projets à bout.

Certaines personnes aiment se faire peur. Ces nuits-là, j’évite de venir. Tout comme le lendemain, jour de la fête des Morts. Trop de monde, trop d’agitation. Je tends à croire que ce jour de célébration n’ait pas été instauré pour honorer les défunts, mais pour déculpabiliser les vivants. Je ne peux pas me permettre de juger le commun des mortels. J’agis à l’inverse d’eux, mais j’atteins autant l’absurdité. Moi, j’évite les vivants du mieux que je peux ; et c’est un art auquel j’excelle.

J’ai beau changer l’homme que je suis, être meilleur ou plus mauvais, je n’obtiens jamais le résultat escompté. Je devrais peut-être tout laisser tomber. Avoir des projets ne devrait pas être possible pour tout le monde. Quand on sait que tout est déjà perdu d’avance, à quoi bon tenter sa chance ? Je n’ai jamais été défaitiste, mais je suis fatigué. Fatigué de me battre sans arrêt. Je n’ai pas envie de mourir, mais parfois, j’ai le regret de penser le contraire. Je n’aurais plus à me battre contre la personne que je suis.

Les croyances dans lesquelles j’ai baignées me sermonnent d’agir vite. Pour mon peuple, les rêves font partie de la réalité. Elle risque sa vie. Et je quitterais ce monde en foutant la merde dans une autre vie ? C’est impossible ! Je dois la retrouver et m’assurer qu’elle aille bien. Je ne pourrais pas mourir sans l’avoir vue. Saine et sauve. Elle a besoin de moi.

Mon cerveau est dans un brouillard épais. Je n’arrive pas à revenir sur terre. En même temps, je n’en ai pas la moindre envie. Je suis si bien. Si apaisé. Le rythme de sa respiration me berce et je suis sur le point de m’endormir quand une vague de froid m’assaille. J’ouvre les paupières. Mira est écartée de moi par un homme cagoulé. Il la tire violemment par les cheveux.
 

Ses jolies lèvres incardines se crispent. Son souffle s’accélère. Une douleur intense se loge au creux de mon estomac. Je ne veux pas. Elle jette son visage en arrière et s’agite sans retenue. Il est trop tard. Elle jouit.

J’ai connu diverses expériences sexuelles, mais je n’ai jamais été passif pendant l’acte. J’ai besoin de prendre les choses en mains, de savoir que je suis l’investigateur d’une bonne partie de baise et non l’acteur qui répète les mots du souffleur. Mira lève un sourcil.