Molly Black

Il se rappelait ses mains manucurées et la façon dont ces doigts puissants pouvaient griffer et pincer. Le parfum qu’elle avait vaporisé sur sa peau et le rouge à lèvres qu’elle avait porté. La façon dont ses chaussures à talons claquaient pendant qu’elle se pavanait dans ses vêtements de marque.

Mais maintenant,il n’y avait plus de maquillage, plus de parfum.

Il était là. Enfin, il avait atteint sa chambre, où elle vivait, dormait et rêvait. Dolan se demanda un court instant si elle avait rêvé de lui aussi souvent qu’il avait rêvé d’elle.

Les sons de chaque meurtre qu’il avait commis résonnaient autour de lui. Le vent se leva,accompagné de nuages sombres dans le ciel. C’était comme si la terre se joignait
à lui pour participer à son jeu sadique de vengeance.

Il était fier d’être aussi déterminé à y parvenir. Il s’était heurté à des obstacles sur son chemin, mais rien ne l’avait arrêté. Il avait bien assimilé les années de sadisme et de torture qui l’avaient transformé en une créature froide, sans émotion et qui n’hésitait pas à tuer. Elles avaient fait de lui la personne qu’il était. Et maintenant,enfin, il était temps de se venger.

Quand elle était plus jeune, c’était une fille têtue. Un fort caractère. Elle se disputait beaucoup avec Carl. Elle a vu le mal en lui et elle s’y est opposée. Elle… elle le harcelait. Elle n’était pas gentille avec lui, mais il ne l’était pas non plus avec elle. Et puis, quand il a commencé à tuer, nous savions que c’était lui. Je ne sais pas si vous le savez, mais sa première victime était une fille qui l’avait rejeté au lycée.

C’était un enfant en souffrance. Nous avons fait de notre mieux pour prendre soin de lui malgré
tout. Elle regarda Katie avec défi.

Et de toute façon, la police était une ressource rare dans la région. Mais cette déclaration lui ouvrit la voie pour explorer les antécédents familiaux. C’était la deuxième raison pour laquelle elle était ici.
Elle espérait que Bella serait davantage disposée à en parler, même si cela incluait le douloureux sujet de la disparition de sa fille.

Mais pourquoiune belle jeune femme riche qui vivait dans le luxe disparaîtrait-elle soudainement ?

Il était possible que le début de l’adolescence ait libéré les démons de Dolan, mais il pouvait
également avoir subi des abus ou de la négligence de la part de sa belle-mère et même de sa demi-sœur.

Il y avait aussi eu d’autres crimes. Il avait volé de l’argent à des étudiants et à des professeurs, et plus tard, il avait été impliqué dans des cambriolages dans sa propre rue.

Écumer les bases de données était un travail fastidieux qui mettait toujours l’impatience de
Katie à rude épreuve. Mais elle savait qu’elle n’avait pas d’autres solutions. Elle devait parcourir les dossiers et chercher minutieusement l’information. Au
moins, les systèmes n’étaient pas hors réseau

Dolan était un homme patient. Et sa patience allait enfin être récompensée. Il ne pouvait pas attendre. Il allait savourer l’événement, profiter de chaque instant. La vengeance était rarement aussi parfaite, et il allait y parvenir. Il vérifia ses coordonnées à l’aide du GPS de la motoneige. Il était sur la route et sur la piste. Alors qu’il fredonnait sur la neige, Dolan examina le trajet pour la dernière fois. Il y était presque. Juste une heure ou deux de route, avant d’affronter le bourreau qui avait détruit sa vie.

Et le meilleur endroit se trouvait dans la nature sauvage, si reculée
et mal surveillée que vous pouviez vivre toute votre vie sans craindre d’être repris. Chaque personne à Northfields voulait fuir et vivre en marge de la société. C’était donc un sujet de conversation populaire.

Les gens étaient bien trop insouciants dans cette partie du monde. Il avait même une carte routière pliée dans sa poche, au cas où le GPS de la motoneige cesserait de fonctionner. Ce brave homme n’était pas chez lui, et Dolan n’avait pas eu l’opportunité de le remercier pour les vêtements de rechange, la nourriture et les fournitures qu’il avait dans son sac à dos, sans compter la motoneige. Il était donc toujours en vie. Ça valait la peine, pensa Dolan, arborant un sourire perfide. Il repensa avec fureur à cette rencontre rapprochée dans la ferme abandonnée. Le policier aux cheveux noirs avait été rapide, beaucoup trop rapide. Dolan avait été surpris de la vitesse avec laquelle l’agent l’avait suivi. Il espérait pouvoir se cacher et se reposer plus longtemps là-bas, mais il avait été contraint de partir.

J’étais obsédé par le danger que représentait Dolan. Et oui, mon expérience avec Everton m’a appris à quel point un tueur en série en cavale peut être meurtrier. Mais ce n’est pas le sujet. Le fait est que vous, mon partenaire, avez fouillé mon dossier dans mon dos. — Vous étiez trop concentrée sur Everton.

C’était une dangereuse machine à tuer. Elle devait pouvoir anticiper ses faits et gestes, mais la nuit lui permettrait de progresser davantage. Elle l’imaginait en mouvement, une ombre furtive dans l’obscurité. Où allait-il ? Quel était son objectif ? Il était trop tôt pour le savoir. Elle ferma les yeux, mais son esprit continuait de s’agiter. Elle décida qu’elle ne pouvait rien faire pour le moment et qu’elle devait se reposer. Mais dès qu’elle cessa de penser à Dolan, son esprit revint sur les paroles d’Everton et ce court moment passé avec lui dans le froid et l’agitation du quartier de haute sécurité maximale. « C’est elle qui m’a supplié de la sauver. C’est celle que je n’ai jamais tuée. » Qu’est-ce que cela signifiait ? L’avait-il épargnée ? Qu’était-il arrivé à Josie ? Si elle avait été en vie, elle aurait sûrement trouvé un moyen de rentrer chez elle ? À moins qu’Everton ne l’ait emmenée quelque part ?

Elle se surprit à penser à un magicien qui exécuterait un tour de passe-passe, déviant l’attention du public sur un point précis pendant qu’il manœuvrait ailleurs.
Elle avait le sentiment que Dolan avait employé une stratégie similaire en laissant le corps de sa victime bien visible sur la route.

Katie se demandait à quoi pensait Dolan. Ils étaient en pleine poursuite, mais elle avait besoin de se mettre dans la peau du tueur. Il se dirigeait vers la
frontière et retournait sur son ancien terrain de chasse. Il utilisait une carte d’identité volée, mais maintenant ils savaient de qui il s’agissait.

Le tueur n’avait pas vraiment tenté de cacher le corps. Ce n’était pas étonnant qu’on l’ait découvert.
Ce crime avait été rapide et infâme, mais il devait avant tout être rapide, supposa-t-il. Dans son trench-coat sombre, l’homme décédé était facilement visible, étendu face vers le haut sur le talus enneigé, à droite de l’autoroute.

C’est un tueur en série. Leur esprit ne fonctionne pas comme le nôtre. La plupart d’entre
eux se sentent plus à l’aise dans une certaine zone géographique, et c’est leur terrain de chasse. Ils peuvent avoir plusieurs motivations à commettre des
meurtres.