Molly Black

Il était seul dans la rue, mais il sentait qu’on l’observait. Il
connaissait cette sensation. C’était la seule chose qu’il n’avait jamais oubliée. Sa paranoïa s’amplifia, et il dût la réfréner. Il ne devait pas y céder. C’était l’erreur qu’il avait commise la dernière fois. Il avait hésité et les policiers l’avaient attrapé. Maintenant, il avait un objectif précis.

Deux ans qu’il n’avait plus goûté à la liberté. Deux ans de trop, à cause d’un simple moment
d’inattention. Mais il avait appris de ses erreurs à présent, et il n’avait pas l’intention de retourner en prison. Jamais.

Katie savait qu’elle était clairement en position de faiblesse. Elle
s’était compromise en s’écartant de l’enquête pour aller voir Everton.
Maintenant, son partenaire ne lui faisait plus confiance, et ils n’étaient pas
près de localiser un tueur dangereux.

Elle devait rattraper le temps perdu le plus vite possible.

Un type qui parvient à s’évader
d’une prison de haute sécurité est intelligent et impitoyable. Il fera ce qu’il
faut pour survivre et garder une longueur d’avance sur nous.

Elle ne pouvait pas supporter l’idée qu’un tueur en série puisse s’échapper à nouveau de cette
prison. Ils devaient retrouver Dolan dès que possible, ou de nombreuses autres vies seraient détruites.

Katie avait retrouvé tout ce qu’elle aimait chez son partenaire, et tout ce qu’elle n’aimait pas. Elle sentait qu’il parviendrait à l’atteindre personnellement. Son partenaire pouvait être à la fois inestimable et insupportable.

La douleur était aussi vive qu’elle l’avait été ce jour fatidique. Elle savait que cela ne s’améliorerait jamais, mais que cette expérience avait tout de même façonné sa vie. Suite à
cet événement, elle avait choisi de rejoindre le FBI et de passer sa carrière à chasser des monstres, comme celui qui était responsable du meurtre de sa jumelle.

Si seulement cela n’avait été qu’un rêve. Mais ce n’était pas le cas. Elle avait revécu un vrai souvenir, une tragédie qui avait défini le reste de sa vie. Josie avait
disparu et n’avait jamais été retrouvée.

Carl Dolan était un tueur en série violent et brutal. Le type de meurtrier le plus dangereux qui
soit. Mais Henry devait s’habituer à cette partie de son travail, maintenant qu’il avait été promu, et qu’il travaillait dans le quartier de haute sécurité de cette prison du nord de l’État de New York.

L’aspect
sur les vêtements est évident, dit Taylor. Cependant, je ne suis pas sûre qu’il s’agisse de féminiser, mais plutôt d’émasculer. Non… c’est une moquerie. Le rouge à lèvres étalé, le sourire forcé, les pieds fourrés dans des chaussures beaucoup trop petites. Et regarde les bras de la victime… son physique. Il est costaud.

Faire semblant était épuisant. Même les aspects de son passé qu’elle cachait à Ben la rongeaient chaque jour. Mais
contrairement aux criminels qu’elle avait affrontés au cours de sa carrière, Taylor ne ressentait pas le besoin de tuer — ça, elle n’arrivait pas à le comprendre. Mais avec chaque être malfaisant qu’elle traquait, elle avait le
sentiment d’être à deux doigts de comprendre véritablement le psychopathe.

 


 

Généralement, la personnalité des tueurs changeait complètement une fois derrière les barreaux, car ils perdaient tout espoir de prouver leur innocence. Par conséquent, ils
pouvaient être à l’aise dans leur peau et ne montrer aucune empathie, amusés par l’idée de faire du mal aux autres. Taylor jurait que certains d’entre eux
étaient même soulagés d’être enfin attrapés, comme si on leur avait enlevé un fardeau et qu’ils n’avaient plus besoin de faire semblant.

Personne ne veut croire que la jeune et jolie mère aux yeux de biche pourrait être une
psychopathe, dit Taylor. C’est un terme couramment associé aux tueurs en série blancs et de sexe masculin ou aux « monstres », et les gens détestent qu’on leur chamboule leurs idées préconçues. Mais la fille ne s’attendait pas à être autant interrogée par mon partenaire et moi-même.

Le tueur
pourrait devenir plus ambitieux, ajouta Calvin. Vous savez comme ils démarrent toujours petit et montent en puissance. Ils commencent par tuer des petits animaux en étant gamins, puis ils font du mal à d’autres enfants dans la cour de récré… D’ailleurs, il est courant de voir des tueurs se louper la première fois…

Tout le monde savait que les diseurs de bonne aventure et leurs semblables n’en avaient qu’après une chose : l’argent des gens.

Aussi belle que soit cette femme, elle était complètement étrange.
Elle dégageait une énergie insaisissable et mystérieuse, comme une Sage dans la nuit.

La vérité, c’était qu’elle s’était déjà fait tirer les cartes avant, il y a plusieurs années dans une vie à laquelle elle ne prenait plus la peine de penser. La voyante en question, à Portland, lui
avait tiré la carte de la Mort, le tout avant l’un des pires évènements de sa vie
Taylor ravala ce souvenir, refusant de le faire remonter à la surface après toutes ces années.

Depuis qu’elle était enfant, Taylor avait toujours été attirée par le macabre — cela semblait glauque, mais c’était la raison pour laquelle elle était douée dans son travail. Après tout, c’était dans ses gènes. Son père était psychologue clinicien spécialisé dans les psychopathes. Ben n’avait aucune idée des
profondeurs dans lesquelles ses réflexions pouvaient se plonger.

Et il savait très bien que rien ne lui ferait oublier cette vision, pas même s’il s’enfuyait
d’ici en courant à toute vitesse.