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Citations de Mónica Ojeda (33)


Je crois que les livres (enfin, certains), font très peur parce que ce qui y est raconté ne peut pas se voir, seulement s'imaginer. Quand j'ai lu Lovecraft, par exemple, la première chose que j'ai pensée c'est que ses meilleures nouvelles ne pouvaient être adaptées au cinéma sans devenir autre chose. Je n'avais pas vu de films qui s'inspiraient de ses textes, mais je les ai cherchés pour confirmer ma théorie (selon laquelle une adaptation au cinéma d'un récit de Lovecraft ne pourrait jamais faire peur à qui que ce soit parce que le propre de l'horreur cosmique, c'est de ne pas avoir d'image). C'est là son problème et sa principale vertu: elle ne se voit pas, voilà pourquoi elle fait si peur. Je ne parle pas d'une frayeur qui fait trembler et avoir des cauchemars, car l'horreur cosmique ne provoque pas cela. Je parle d'une inquiétude, d'une sorte de présence étrange assise au fond de soi. Une présence qui n'est ni une personne, ni une chose, ni un animal. Elle n'a pas de forme, et se compose de tout ce qui ne peut pas être imaginé. C'est pour cela que l'horreur cosmique (qui ressemble un peu à l'horreur blanche, mais j'y reviendrai plus tard) n'a rien à voir avec les fantômes, les démons, les zombies, les vampires et autres créatures épouvantables qui peuvent être détruites. Elle est plutôt liée à la notion d'extraterrestre, mais pas comme dans X-Files, plutôt comme le personnage du clown dans Ça , parce que chez Lovecraft, comme vous le savez, l'extraterrestre et le monstrueux c'est l'indescriptible; une métaphore de l'inconnu et de l'immensément supérieur (c'est presque mystique et cela dépasse son référent).
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Elle ferait mieux de penser à la BD d'exploitation fiction qu'elle avait commencée, sans la finir, avec Annelise. Il s'agissait d'un projet ayant pour titre Soeur Juana: zombies, vampires et lesbiennes, dont l'héroïne était la poétesses mexicaine et qui avait pour toile de fond un couvent de nonnes lesbiennes, dominatrix, dans lequel se propageait, grâce à un Chac Mool et un rituel ancestral, un virus nahuatl-zombie. Cette histoire était racontée depuis le futur par un chercheur arabe de l'Université nationale du Mexique qui, en enquêtant sur la véritable histoire de la poétesse, Phénix d'Amérique, avait trouvé un aleph dans un urinoir mis hors service par un concierge aveugle passionné d'étymologie. Grâce à cet aleph, le chercheur avait réussi à faire correspondre ses visions et les données historiques éparses qu'il avait récoltées au fil du temps, et cette révélation lui avait permis à son tour de raconter la véritable histoire de soeur Juana Inés de la Cruz.
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Ce jour-là, Clara avait compris que la peur c’était comme être bannie à jamais de la chambre de sa mère.
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Elle ouvrit les paupières et toutes les ombres du jour qui se brisait s'engouffrèrent en elle.Ces tâches volumineuses - ,disait son psychanalyste.--laissaient deviner des meubles en piteux état et,plus loin,un corps fantomatique qui nettoyait le sol avec un balai -serpillière pour hobbit ( Page 11).
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Personne ne veut l'avouer mais le système éducatif est fait pour des dompteurs de lions, pas pour des enseignants.
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Une fille ne se rend jamais compte qu'un jour il lui faudra être la mère à la mâchoire. Mais tu es comme ma fille parce que tu es mon élève. Je me rends responsable de tout le mal que tu fais .Ouvre toi bien .On va éteindre ensemble les lumières pour qu'apparaisse le Dieu blanc de ta pensée. L'immense vérité du néant. Tu le sais, non?Bien sûr que oui.Bien sûr que tu le sais.Tu sais bien que les filles qui ont trop d'imagination finissent tarées, mais à présent tu vas apprendre quelque chose d'important .Réjouis-toi.Voici la couleur de la peur .Le blanc du lait.Le blanc de la mort.Crane enneigé de Dieu.Bienvenue dans la mâchoire volcanique.Bienvenue chez moi.Entrons.(Page 315/316).
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Être la fille, avait-elle compris avec le temps, revenait à être la mort de sa mère–tout le monde engendre son assassin, pensa-t-elle, mais seules les femmes en accouchent–et cette mort, elle l’emporte comme une graine dans sa profession, dans sa coiffure, dans ses vêtements et même dans ses gestes…
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 Voilà ce que devaient être ses yeux à présent : un rayon de soleil sur une colonne brisée – la colonne brisée étant, bien sûr, ce lieu où elle était retenue ; un espace inconnu et arachnéen qui semblait être l’envers de sa maison.  
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Le pire n'était pas la douleur lancinante au niveau de ses extrémités, ni l'odeur de son corps---une masse enpestant la sueur et l'urine qui imposait sa crasse au monde propret de la cabane.--,ni le temps se dilatant comme un trou noir qui engloutissait tous les objets,la forêt, le volcan,ses souvenirs ,cette pute de Miss Clara et elle -même ;ce n'était pas non plus le fait qu'elle soit encore là, menottée à une table,à sentir son estomac se plaquer contre son dos,à observer en silence sa peau devenir une prairie ocre sur laquelle s'invitaient les petites fourmis noires sillonnant le sol.Tout cela était tolérable dans une certaine mesure.Le pire de tout était que déjà deux jours se soient écoulés depuis la dernière fois qu'elle avait eu de la dignité. Le pire était de ne rien savoir--comme Shelley Duvall dans Shining mais avec la couleur de cheveux de Julie Christie dans Génération Proteus--et d'avoir commencé à prendre peur,( Page166).
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Salut, je m’appelle Anne et mon Dieu est une luciole givrée, chanta Annelise en se déhanchant, la main posée sur sa taille. Il dit être mon amant et porte de hauts talons aiguilles. Il met du rouge à lèvres pour m’embrasser la gorge et danser pour moi une lambada rouge quand j’ai le cafard. Sa tenue scintille au petit jour : ses ongles charrient les cadavres des insectes écrasés qu’il a extirpés de ma tête.
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En ce sens, le fait que le Lycée ne soit pas ouvert aux garçons était est un facteur clé car cela modifiait les relations entre les filles ainsi que l’organisation sociale des classes. Dans un groupe mixte, par exemple, l’élément le plus turbulent - celui qui faisait le malin et se faisait mettre à la porte - était en général un garçon. Il y avait aussi cette éternel flirt entre garçons et filles d’une même classe, qui fonctionnait par contraste : plus ils étaient provocateurs et violents, plus elles étaient sages et responsables - ou du moins faisaient semblant de l’être car ce n’était qu’un masque pour attirer leur proie. Il y avait, bien sûr, des exceptions : des gamines qui enfreignaient les règles, abusaient de la patience de leurs professeurs et frappaient leurs camarades, mais en général les filles se construisaient en opposition à ce genre de comportements qu’elles voyaient chez les autres et qu’elles associaient à une masculinité qui leur était interdite.
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Salut, je m’appelle Anne et mon Dieu est une luciole givrée, chanta Annelise en se déhanchant, la main posée sur sa taille.  
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Parce que la nature des filles, disait le credo, c'était de sauter sur la langue maternelle main dans la main; survivre à la mâchoire pour devenir ma mâchoire, prendre la place du monstre, c'est à dire celle de la mère Dieu qui donnait naissance au monde du désir.
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Son imagination est musculaire, elle est comme attachée à son squelette, et elle est, je ne sais pas, réelle. C’est quelque chose qui bouge.
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En revanche on dit d’une mère qu’elle est une mâchoire se refermant sur ses petits pour les protéger.
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Il avait été dur d’admettre, après tant de temps passé à essayer de communiquer, que rien de ce qu’elle disait ne correspondait à ce qu’il y avait dans sa tête. La symptomatologie de la peur était muette, mais oppressante.
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« On devrait peut-être changer de défi », dit Fiorella, mais Annelise refusa catégoriquement : « Si on commence à faire ça, ce ne sera plus rigolo du tout. » Fernanda lui donna raison et proposa aux autres de ne plus parler à Analía tant qu’elle n’aurait pas relevé son défi.
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Clara se rendit vite compte que les autres enseignants n'aimaient pas parler du comportement des élèves. En apprenant ce qui était arrivé à la collègue qu'elle était venue remplacer, elle avait voulu en savoir plus sur le caractère général des adolescentes et s'était mise à poser des questions qui étaient mal reçues, car les profs évitaient les sujets de conversation ayant trait à la discipline dans l'établissement. [...]
Elle avait oublié de faire l'appel au début du cours à cause des symptômes de son trouble anxieux qui s'aggravait - et de la menace d'une possible crise de panique. [...]
Est-ce qu'elles se moquent de moi ? Est-ce que mes mains et mes cheveux les dégoûtent ? Est-ce qu'elles pensent que je suis moche ? Que je n'ai rien d'intéressant à dire ?
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--《 Un volcan, c'est comme l'esprit d'une personne: une montagne où s'enflamme la folie》 ,lui dit-elle après lui avoir expliqué le lien entre les volcans ,les tremblements de terre et l'apocalypse. Parfois Annelise aimait l'écouter parler de la façon dont la peur se nourrissait du paysage.《 Lovecraft le disait déjà : l'horreur est dans l'atmosphère 》 dit-elle en oubliant un instant que,si elle le voulait,Annelise pouvait tendre le bras et la toucher.《 Parce que la peur est une émotion, lui dit-elle en détournant le regard.Et c'est la preuve que le primitif nous habite .》
Pendant un temps ,les séances se déroulèrent ainsi.Puis la croûte noire disparut et Annelise déposa sur son bureau un essai pervers.
Ce fut le début de la débâcle. (Page 224).
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"Tu dois te protéger de tes élèves, Génisse, lui disait sa mère en prenant un air de voyante tandis qu'elle aspirait la fumée de son joint. Elles apprennent plus vite que leurs enseignantes."
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