Le conte prend corps par ton corps. Les personnages deviennent des présences. Aussi réelles que toi et moi. Ils me regardent et leurs yeux m'interrogent.
Le rouge c’est la vie, le sang chaud qui court dans les veines, la joie et le rire, les joues comme des pommes quand on a couru, le jeu à en perdre le souffle, la beauté aussi […]. Le rouge c’est une force. C’est la vie du sang, tant qu’il court invisible dans les fins tuyaux du corps. S’ils viennent à se rompre, tout ce rouge se répand sur le sol, s’assombrit, et c’est la mort qui s’y faufile
Les animaux ont des langages, l’homme a la parole. L’homme est la forme qu’a choisie la parole pour exister
Le conte, toujours, mène à l'autre.
Et moi, simple scribe, qui m’a donné ce pouvoir d’écrire les signes de la parole ?
Les mots indociles, vivants, débordants, inutiles, je les écartais comme des mouches d’une main agacée. Mon ventre, et mes mains décidaient de mes actions et de mes choix. Pas les mots
L’écriture est un apprivoisement, une lutte parfois sauvage pour la tenir là, au plus près de soi
Pas de conteur guérisseur. Pas de conteur redresseur de torts. Pas de conteur prêcheur. Le conte vaut par lui-même, par ce qu tu en fais, ce que tu as accepté qu'il fasse en toi, vaut ce que l'autre en entend.
L’écriture est au dehors de nous. La parole est dedans
Être conteur, c'est être proche.
Être proche, c'est difficile.
Être proche, c'est ouvrir un espace.