Citations de Myriam Mallié (33)
Le conte prend corps par ton corps. Les personnages deviennent des présences. Aussi réelles que toi et moi. Ils me regardent et leurs yeux m'interrogent.
Le rouge c’est la vie, le sang chaud qui court dans les veines, la joie et le rire, les joues comme des pommes quand on a couru, le jeu à en perdre le souffle, la beauté aussi […]. Le rouge c’est une force. C’est la vie du sang, tant qu’il court invisible dans les fins tuyaux du corps. S’ils viennent à se rompre, tout ce rouge se répand sur le sol, s’assombrit, et c’est la mort qui s’y faufile
Le conte, toujours, mène à l'autre.
Les animaux ont des langages, l’homme a la parole. L’homme est la forme qu’a choisie la parole pour exister
Et moi, simple scribe, qui m’a donné ce pouvoir d’écrire les signes de la parole ?
L’écriture est un apprivoisement, une lutte parfois sauvage pour la tenir là, au plus près de soi
Les mots indociles, vivants, débordants, inutiles, je les écartais comme des mouches d’une main agacée. Mon ventre, et mes mains décidaient de mes actions et de mes choix. Pas les mots
L’écriture est au dehors de nous. La parole est dedans
Pas de conteur guérisseur. Pas de conteur redresseur de torts. Pas de conteur prêcheur. Le conte vaut par lui-même, par ce qu tu en fais, ce que tu as accepté qu'il fasse en toi, vaut ce que l'autre en entend.
Être conteur, c'est être proche.
Être proche, c'est difficile.
Être proche, c'est ouvrir un espace.
Le temps de raconter est le temps de l'unification. C'est une joie. Elle ne dure pas.
Les vies sont des contes et les contes nous racontent nos vies.
Ouvrez ce livre, il vous donne envie d’en écrire un !
Le contraire de la parole n'est pas le silence. C'est le bavardage.
La vie est une succession de départs. Tous intolérables. La résistance du cœur est incalculable
Revenir dans la ville d'enfance, c'est se réconcilier.
Là où se tient l'esprit d'un lieu, là le conte appelle.
L'écriture, c'est à la fois une recherche intérieure (il faut aller au plus profond de soi pour découvrir ses sentiments, ses manques, ses dons), mais également un chemin au-delà de soi, vers l'autre (de qui l'on parle, mais aussi à qui l'on parle).
Vos chemins sont des ponts tendus entre moi qui déchire et vous qui ravaudez.
(p. 70)
Maintenant, vous marchez. Le ciel est sans oiseaux. L'océan chante une chanson fraîche qui apaise vos pieds. Dans votre dos, la ville a ouvert ses lumières, ses boutiques à succès. Y circulent les nouvelles du monde, la guerre, le froid, la faim et tant de tyrannie. Les oiseaux eux-mêmes sont devenus suspects, on les confine en hâte quand c'est nous qui souffrons du virus de la cage. On pille, on tue pour des caricatures, sans voir que tout grimace, à commencer par soi. Les dieux que nous aimions sont montrés en spectacle. Les théâtres sont pleins de paroles trompeuses et les livres aussi. Les enfants ne jouent plus qu'avec leur téléphone. Où se trouve la voix qui pourrait rassurer ?
(p. 64)