Il y a cet instant, sur le fil du rasoir, où tout peut arriver, où le grand inconnu s'abat sur toi, où la prochaine seconde peut être ta dernière ou ta première. Tu découvres alors des choses qui t'étaient à ce jour étrangères. En risquant le tout pour le tout, on se révèle soi-même.
Qui était donc Arthur pour mériter une telle admiration ? Un bâtard né du viol et de la trahison, rien de plus.
Le jeune garçon roula les yeux.
« Tu ne sais pas ? Cette île et le Lac Noir ont de tout temps été des endroits sacrés. Et ici, c'est pire que partout ailleurs... l'île est hantée ! Il y a des esprits partout !
- Je ne vois aucun esprit.
- Ils sont là, pourtant. Les gens disent qu'il y en a au moins mille qui vivent ici. Les esprits des morts païens. Et j'en ai même vu un.
- Toi ?
- Oui. Je sais qui c'est. Mon père me l'a dit.
-Qui est-ce ?
- C'est Viviane, l'ancienne Dame du Lac qui vivait dans cette cabane, même si elle était plus jolie à l'époque. Elle vivait ici entourée de soies et de coussins. Dignes du fils d'un roi.»
Le garçon écoutait tandis que l'amertume familière de leurs disputes l'enveloppait, lui donnait l'impression d'être petit et seul. Il ne comprenait qu'une seule chose : le roi avait admis lui avoir fait du mal. Il s'avança, s'arrachant à l'étreinte de sa mère.
«Je te tuerai, dit-il avec fermeté, se dressant, droit comme un soldat, et regardant son père droit dans les yeux. Quand je serai grand. Je te tuerai.»
Sa mère lui serra à nouveau le bras mais le roi ne bougea pas. Les yeux gris s'étaient tournés vers lui avec la vitesse d'une dague lancée, le clouant sur place. Malgré son coeur affolé, Galaad ne pouvait détourner le regard du visage de son père, des cheveux et des sourcils noirs, des lignes nettes des Pommettes, de la mâchoire, du nez qui avait été cassé dans son enfance et dont les femmes disaient qu'il lui dérobait sa beauté. Lentement, le roi leva son épée et s'en toucha le front en signe de salut.
«Quand tu seras grand, nous verrons», dit-il avec un sombre sourire avant de tourner les talons.
Lancelot souffre d'avantage que toi. En tant que parent de Maélgon, il est obligé d'écouter ses vantardises et de rire à ses plaisanteries.
"La vie est un don des femmes, la mort est un don de Dieu"