Citations de Natacha Chetcuti (59)
"Là, je pense plutôt aux hommes, parce que je n'ai jamais eu avec une femme une relation sexuelle qui s'est mal passée."
Échappant en partie au contrôle social de la sexualité des femmes, les lesbiennes proposeraient ainsi une forme de sexualité détachée du registre commun de la pensée de la différence des sexes et de ses hiérarchies.
La technique pénétrative n'est plus perçue comme dépendante des conditions de pouvoir lorsqu'elle est vécue entre deux partenaires de même sexe.
"À une époque, c'est ce que j'appelais les relations restaurant : tu vas manger avec le mec, tu sais ce que tu vas faire après et c'est fini !"
« Je ne sais pas ce qui est le plus dur, [dans l’infidélité]. Je ne sais pas trop comment je réagirais si ça arrivait. Juste si je la vois, je lui fous ma main dans la gueule (rires), cette espèce de connasse ! Je parle de l’autre, évidemment… »
Bien souvent, prendre la décision de se dire lesbienne (notamment dans l’espace professionnel) implique une reconnaissance de soi suffisamment positive pour répondre aux éventuelles attitudes ou propos dévalorisants.
Ainsi, dans le cadre professionnel, par exemple, même les lesbiennes (et les gays) qui sont out se trouvent confrontés quotidiennement à des interlocuteurs dont elles/ils ne savent pas s’ils savent où non.
L’homosexualité n’étant pas encore considérée comme un modèle social légitime, dans tous les milieux professionnels, les lesbiennes (et les gays) sont appelé-e-s à négocier, d’abord avec elles/eux-mêmes, puis avec leur entourage professionnel, un niveau de visibilité qui leur permette d’exercer leur métier sans être rejeté-e-s.
« Les esprits sont quand même étroits. Je n’ai pas peur, mais simplement c’est extrêmement désagréable, j’ai vu les dégâts que ça faisait chez certains collègues qui étaient estampillés homos, surtout les hommes, on les confond avec la pédophilie, alors moi je n’ai pas ce problème-là, parce que j’ai essentiellement des élèves majeurs, mais il m’arrive d’avoir un ou deux mineurs, on ne sait jamais. »
« … j’ai été inspectée, et trois élèves ont commencé à me balancer des insultes lesbophibes : « Oui, la prof, c’est une gouinasse ! » »
« je peux dire que je suis homo, pas homosexuelle, je n’aime pas « homosexuelle », ça fait comme israëlite pour les juifs. […] J’ai l’impression que si je me déclare lesbienne, c’est agressif pour eux. […] C’est comme, comme le pédé pour les hommes. »
« Je n ’en parle pas nécessairement, et je n’en parle pas au début d’un boulot, parce que je n’ai pas envie d’être cataloguée d’entrée. Mais alors, c’est très curieux, parce que tu peux dire « ma copine », ou « j’étais avec ma copine ce week-end », et tu t’aperçois que les gens n’ont pas du tout compris ce que tu as voulu dire. […] Dans un de mes derniers boulots, par exemple, c’est venu par rapport à ma montre ; c’est une grosse montre, et on m’a dit : « Mais oui, c’est plutôt une montre masculine. » Donc j’ai dû dire qu’il n’y avait pas que dans les montres que mes choix… Puis après, c’était parti : « Il s’appelle ? », j’ai dit : « non, elle s’appelle. » Ils ne m’ont pas prise au sérieux, et il a fallu que je revienne plusieurs fois à la charge pour avoir le droit d’être lesbienne au travail. »
« Quand j’ai dit à mes parents que j’aimais une femme, là ça a été très violent, très violent. C’était drôle la scène, c’était quand même supercomique, quand j’y repense. J’étais avec ma mère, elle a pris des assiettes, elle les a balancées par terre ! A posteriori, c’était drôle, mais à l’époque ça ne l’était pas du tout. Elle s’est mise à hurler en me traitant de pute. Je lui ai dit : « Je crois que tu n’as pas bien compris, tu n’as pas dû bien comprendre. » Et moi devant cette violence, j’ai paniqué, c’était énorme, je suis partie. J’ai mis le blouson de mon amie de l’époque sur le dos, elle me l’a arraché le blouson, et je suis partie. On s’est pas revues pendant un an. J’ai appris qu’elle l’avait brûlé ce blouson. […] [Je leur ai écrit une lettre, tout simplement, en disant : « Écoutez, si la famille, c’est ça, moi, je pense que dans le cadre familial, il y a des valeurs à respecter, si vous ne pouvez pas les respecter, ce n’est pas la peine qu’on se voie. » Donc on ne s’est pas revu encore pendant un an. Et puis après, c’est eux qui sont revenus. »
« …. quelque part, je suis vraiment la fille à papa. Quand je rentre, il me soigne, il suffit que j’aie un bobo quelque part. Ma mère, elle est plus, je suis superproche d’elle aussi, non voilà, elle, elle avait honte, elle le disait ; mon père, s’il a eu honte, je ne sais pas, mais en tout cas il ne l’a jamais dit. »
« Elle pleurait, elle a pleuré, une bonne partie de la soirée, on a pas mal bu et elle m’a dit : « J’ai trop honte, je ne pourrai jamais le dire à tes grands-parents, je ne pourrai jamais le dire à tes ami-e-s, je vais partir en Argentine. » C’est une destination où elle n’ira jamais, surtout pas toute seule. En plus, ma mère ne voyage jamais toute seule (sourires). Donc c’était vraiment n’importe quoi ! Ça a été assez dur ce soir là. Et donc ça n’a pas été facile. »
« On a pas de rôle, on est nous-mêmes, on est des individus sans être forcément dans ce qu’on attend d’une femme d’ailleurs au sens habituel du terme. On n’est pas non plus des hommes, on est des lesbiennes, on est nous-mêmes. J’ai un corps de femme, je fais partie du groupe des femmes dans la société. Mais je me suis affranchie de certaines choses, j’ai acquis une certaine liberté parce que je suis lesbienne. »
« … je peux aller fêter le 14 juillet à l’ambassade de France en robe de soirée toute noire, maquillée, machin tout ça avec ma partenaire dans la même tenue, aussi bien que je peux être le lendemain en baggy, marcel, à monter les parpaings. »
« Butch, c’est à états-unien, elle véhicule une image de butch états-unienne (rires). Ça veut dire qu’il faut qu’elle mette des grosses bottes, des treillis, et qu’elle ait plutôt l’air US, et pas autre chose, alors qu’une Jules à la française, tu peux aller la chercher Chez Moune par exemple. Et pas besoin qu’elle soit en treillis américain.–Elle est comment, la Jules française ?–Elle peut être très mignonne, très bien habillée, avec une recherche dans l’habillement, mais masculine, voilà ! Voilà la différence que je fais. »
« Je ne crois pas qu’il y ait des filles qui sont uniquement butch et des filles qui sont fem. Tu vois, des filles qui sont à 100 % butch et 100 % fem. J’ai quand même l’impression, enfin, en ce qui me concerne, que je peux être les deux. J’aime bien les deux. En fait, j’aime bien m’abandonner complètement, ça c’est clair, et en même temps de m’occuper que de l’autre, enfin, tu vois, et qu’elle ne fasse rien, et que juste elle prenne son pied, voilà je trouve ça bien moi j’appelle ça faire ma fille en fait, moi je fais ma girly, oui du coup girly c’est plus genre, je ne sais pas, tu fais la fille, tu t’abandonnes, tu te laisses faire, tu fais ta midinette, tu es là, tu me trouves grosse ? Je n’en sais rien, tu fais, oui, tu fais la fille. Et butch, c’est, je ne sais pas comment dire, tu vas te la raconter un peu, tu vas attraper la fille, tu vas la plaquer contre le mur, je ne sais pas, tu vas aller lui arracher son truc, son chemisier, tu vois, tu vas plus faire la virile. Tu vas l’attraper, tu vas la soulever dans tes bras, des trucs comme ça. C’est carrément caricatural. »
« Pour moi, ça a joué dans ma manière d’être, le fait de me dire lesbienne. Grand Dieu, heureusement, parce que vu comment je me sapais avant ! (Rires) […] Enfin, je mettais toujours des chemises de mon père, tu vois. C’est à partir du moment où j’ai vu que c’était une mode partagée, porter des petits polos, je ne sais pas, oui, des trucs comme ça. Je pense que ça m’a vachement décomplexée, dans ma manière un peu plus masculine. […] Disons que j’ai eu moins de complexes, ça m’a décomplexée de vivre ma masculinité. »