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Citations de Natacha Chetcuti (59)


On constate ainsi que plus les femmes, qu’elles soient hétérosexuelles ou lesbiennes, ont une connaissance d’elles-mêmes et de leur propre corps indépendamment des hommes, plus elles accèdent à un élargissement des plaisirs.
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"Quelqu'un qui va tout de suite vers le clitoris, non !"
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10. « Elles proposent une voie de 'dénaturalisation' de la sexualité hétéronormative qui renvoie à une indifférenciation des genres et s'incarne le plus souvent dans l'androgynie. Même l'intégration du registre 'butch-fem' dans la sexualité témoigne davantage de l'acquisition d'un code culturel lesbien exprimant une intentionnalité érotique que de pratiques sexuelles prescrites. Les femmes hétérosexuelles interrogées, au contraire, sont moins préoccupées d'annuler le marquage de genre que d'accéder à une égalité entre des partenaires de sexe différent.
La réévaluation des normes de genre, pour la totalité des lesbiennes interrogées, s'effectue par une mise à distance de la définition sociale de la féminité et de ses attributs dévalorisants : 1) par la revendication d'une certaine masculinité ; 2) par la critique du masculin et du féminin au sein du couple 'butch-fem' ; 3) par la redéfinition, le long d'un continuum de féminité, de la catégorie "femme" ; 4) par le rejet de la bicatégorisation du genre et le recours au modèle de l'androgyne. Il est plus valorisé chez les 30-50 ans. Chez les plus jeunes (15-35 ans), domine un modèle qui tend davantage à mettre en avant les normes de la féminité dans la présentation de soi en tant que lesbienne. Est-ce une manière de renforcer l'invisibilité de l'homosexualité féminine ? Ou, au contraire, n'aurait-on pas affaire à une mutation sociologique : déjouer la norme hétérosexuelle du côté des attendus du "féminin", tout en affirmant une position lesbienne ? » (pp. 278-279)
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9. « Pour les femmes, hétérosexuelles comme lesbiennes, dominer le scénario peut vouloir dire être centrée sur le plaisir de l'autre. Mais généralement, pour les hétérosexuelles, avoir la maîtrise du scénario sexuel signifie critiquer les pratiques trop limitatives du partenaire, ou encore habituer l'autre à son propre corps. Alors que pour les lesbiennes interrogées, avoir la maîtrise du scénario sexuel, c'est prioritairement être centrée sur le plaisir de l'autre, et l'éprouvé du plaisir dépend de la jouissance de l'autre. Perdre la maîtrise peut vouloir dire composer avec l'autre un changement du scénario : c'est-à-dire accéder au plaisir pour soi et par l'autre.
Le modèle du don de soi, du faire plaisir à l'autre dans le script sexuel, mis en évidence par la norme du féminin, se maintient dans tous les discours des femmes interrogées quel que soit le sexe du partenaire. » (p. 243)
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8. « En effet, alors que les mouvements lesbiens des années 1980 s'étaient attachés à analyser et à conceptualiser l'organisation sociale de l'hétérosexualité et son corollaire, la domination masculine, la tendance lesbienne des années 1990-2000 s'est centrée davantage sur la volonté de rendre visible une certaine sociabilité lesbienne. Une contre-culture fondée sur l'expression des sexualités lesbiennes s'est ainsi créée : vente d'objets sexuels détournés de l'imagerie pornographique masculine, production de films pornographiques mis en scène et écrits par des auteures lesbiennes, publications d'ouvrages érotiques et de romans explicitement destinés à un public lesbien. Chez les jeunes lesbiennes, ces pratiques peuvent avoir un impact significatif sur les conceptions de la sexualité. » (p. 190)
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7. [Lise, 30 ans, sans relation] : « En général, quand je me fais plaquer, je me tape un mec parce qu'il faut éponger après. J'appelle ça les hommes jetables. Parce que je ne suis pas capable d'aller avec une fille tout de suite. C'est pas désagréable, mais je m'ennuie en fait, au bout de deux minutes, c'est super-ennuyeux. Dernièrement, il y a un truc que je me suis forcée à faire avec les mecs cette année, j'étais pas très motivée, il y a des trucs où je me suis un peu forcée.
- Et pourquoi tu le fais ?
- Je ne sais pas, parce que j'ai fait ma pute. J'en sais rien. Je pense que c'était en rapport avec ma rupture, j'ai besoin de faire des trucs que mon ancienne copine aurait détesté que je fasse. » (p. 170)
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6. « Les raisons pour lesquelles les lesbiennes pratiquent la norme de l'exclusivité sexuelle sont en grande partie liées à un conditionnement de genre qui ne sépare pas sexualité, amour et conjugalité. Elles manifestent ici leur adhésion à la norme de genre et à l'idéologie de l'amour comme centre de l'expérience majoritairement valorisée pour les femmes. Dans la pratique, la pérennité du couple n'est jamais assurée, les relations les plus durables dans les couples interrogés tenant de huit à dix ans. L'ensemble des répondantes sont conscientes de la fragilité d'un couple qui dépend, en grande partie, de l'accomplissement du désir.
Il en résulte deux positions contraires. L'une donne la priorité au couple comme lieu privilégié de l'expérience individuelle sur le plan affectif et considère que l'amour/désir doit tenir une place importante dans la réalisation du soi lesbien. La seconde procède d'une analyse politique qui associe le couple à la perte d'autonomie de soi. Luttant contre la dépendance que crée la situation conjugale, certaines lesbiennes voudraient distinguer l'épanouissement du soi individuel de celui du soi conjugal. Certaines en viennent à remettre en cause l'idéologie de l'amour qui maintient une dépendance à l'autre.
Les pratiques de couple varient toutefois selon la place donnée à "l'identité" homosexuelle dans l'histoire du couple et du degré d'implication militante de la personne. » (p. 139)
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5. « La question fondamentale que révèlent les données présentées pourrait s'énoncer ainsi : "entre dire et laisser voir", quelles sont les marges de manœuvre d'un groupe minoritaire ? Les observations réalisées et l'analyse des entretiens ont montré que les processus du dire et du laisser voir s'insèrent dans des moments particuliers de la biographie (rencontre avec une partenaire se définissant comme lesbienne, mise en couple, fréquentation de groupes politiques), mais restent ancrés dans la mémoire comme des moments pénibles, dans la majeure partie des cas. De plus, les femmes interrogées, qu'elles soient dans un lesbianisme revendiqué ou non, ont dû faire face à des comportements agressifs (regards blessants, insultes).
[…]
Bien souvent, prendre la décision de se dire lesbienne (notamment dans l'espace professionnel) implique une reconnaissance de soi suffisamment positive pour répondre aux éventuelles attitudes ou propos dévalorisants. Selon le contexte dans lequel est parlé le lesbianisme, le dire ou le laisser voir dépend d'un ensemble de pratiques, de normes, de règles et de savoirs sociaux qui ont des conséquences réelles et très concrètes sur les individus touchés. » (pp. 134-135)
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4. « L'accès à la reconnaissance du lesbianisme semble permettre aux lesbiennes s'autoaffirmant comme telles dans des groupes politiques de faire naître un corps réélaboré en adéquation avec les normes culturelles du groupe et non plus uniquement en référence à la culture hétérosexuelle. Cette sensation de "résurrection de soi" se manifeste généralement par le refus de la féminité traditionnelle et par une dissociation d'avec le marquage de genre prenant la forme d'une masculinité relative ou de l'androgynie.
Le modèle conçu dans un juste milieu entre une certaine "féminité" et une certaine "masculinité" conduit à une androgynie acceptable : c'est-à-dire non assimilée, d'un côté, par la norme du dominant, et de l'autre, par celle de dominée. » (p. 102)
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3. « Pour les trois quarts des lesbiennes interrogées, le lesbianisme représente une rupture avec la féminité traditionnelle prenant la forme d'une certaine masculinité revendiquée ou d'un entre-deux du genre. Les autres pensent le lesbianisme comme un continuum de la catégorie "femme".
[…]
Cette conception du lesbianisme lui a permis [un cas d'adhésion à la conception du continuum est analysé en détail] d'acquérir une représentation de sa nouvelle identité sexuelle acceptable pour elle, sans lui faire perdre sa place dans le système de genre. Elle met davantage l'accent sur l'adhésion au sexe/genre que sur la critique du genre, ce qui lui permet de relativiser sa place en tant que femme par rapport aux hommes.
[…]
Aucune des lesbiennes interrogées ne se revendique "fem", peut-être parce qu'il est plus difficile de rejeter consciemment les catégorisations binaires de sexe en créant une nouvelle problématisation de la relation sexe/genre par une pratique fem.
À partir des témoignages recueillis, on constate que le corps "féminisé" n'est pas une valeur majoritairement reconnaissable pas les lesbiennes socialisées dans des groupes politiques ou culturels. Même si, avec la progression du "queer", le port de vêtements féminins n'est plus aussi marginalisant, il peut signifier, dans certains réseaux de socialisation lesbiens politiques de la génération des 30-50 ans, un faible niveau de critique de l'hétérosexualité. Utiliser ce mode de présentation genrée, sans marquer dans le discours une rupture théorique avec la féminité traditionnelle, peut rendre la personne suspecte d'alliance avec l'hétérosexualité et lui donner l'impression d'être marginalisée, non reconnue par ses paires, voire stigmatisée. » (pp. 81-84)
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2. « Presque toutes les interviewées ont employé le verbe "assumer" pour parler de leurs premières expériences sexuelles. On peut supposer que si ce terme revient régulièrement en début de biographie, c'est qu'il signifie qu'être homosexuelle suppose d' "assumer" une marginalité, une 'a-normalité'. Par la suite, il semble que pour se reconnaître lesbienne, il ne suffise pas de vivre des expériences sexuelles avec des femmes, il faut avoir une relation sexuelle avec une personne s'affirmant homosexuelle. Il y aurait donc une corrélation entre l'adoption d'une homosexualité "assumée" et la conception de l'homosexualité de la partenaire. Pour devenir envisageable positivement, la nomination de soi en tant que lesbienne doit s'ancrer dans une définition de l'homosexualité commune aux deux partenaires. » (p. 60)
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1. « On finit par se dire lesbienne au terme de trois types de parcours que les récits de vie m'ont permis d'identifier.
Les 'parcours exclusifs' sont vécus par des femmes qui n'ont jamais eu de relations sexuelles avec des hommes. Ce sont les moins nombreuses. Elles ont le plus souvent connu leur première relation sexuelle avec une femme entre 20 et 24 ans.
[…]
Plus fréquents, les 'parcours […] simultanés' sont composés de femmes ayant vécu leur premier rapport sexuel entre 13 et 22 ans. Elles ont commencé leur vie sexuelle avec une femme ou un homme dans la même période, pour ensuite ne vivre que des relations avec des femmes. […]
Les 'parcours progressifs' sont largement majoritaires. Ils se distinguent des autres parcours par la durée de l'expérience hétérosexuelle, mais également par les types de relations engagées avec les hommes. L'orientation sexuelle à laquelle les interviewées se réfèrent dans ce cas est l'hétérosexualité exclusive ou bisexuelle, au moins dans le premier temps de leur cheminement sexuel. […] Après avoir vécu cinq à dix ans de conjugalités hétérosexuelles, elles s'engagent le plus souvent dans des relations avec des femmes de manière exclusive. » (pp. 19-21)
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« Ma mère, elle doit avoir un problème avec le genre. Je pense qu’elle a un gros, gros problème par rapport à ça. [… ] quand je lui présente des copines qui sont vraiment butchs, alors là ça ne passe pas. Il n’y a pas de soucis sur le coup, elle est toujours, très, très accueillante, mais après elle me dit : « dis donc, quand même quelle hommasse ! » Voilà, elle est foutue de me dire des trucs comme ça [...] Par contre, ça ne la gêne pas du tout dans l’homosexualité masculine, je lui présente des pédés, alors des vraies folles, elle se marre, elle n’en a rien à foutre. Jamais elle me le dira : « quelle folle ! » après. »
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Assez généralement, lorsque les lesbiennes interrogées font référence aux termes « homme » ou « femme », c’est pour renvoyer aux catégories de pouvoir. Pour échapper aux diverses formes d’oppression qu’elle subissent en tant que femmes, les lesbiennes établissent une rupture avec la féminité traditionnelle. […] L’androgynie, en incarnant la dissolution de la différenciation des genres, renvoie les lesbiennes à des marges potentielles de liberté. »
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La vision la plus couramment partagée est celle qui définit le lesbianisme comme une forme de rejet des désignations de genre.
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« Mais en fait, je suis vraiment un gros bisounours, je veux dire, j’aime bien qu’on me rassure, j’aime bien qu’on me chouchoute. Je suis une vraie fille, je suis girly. On va dire que je suis une butch girly Je suis un peu une fausse butch. Non mais voilà, après c’est vrai que je ne suis pas très sophistiquée, c’est clair, je ne me maquille pas. Je n’ai pas de bijoux/bijoux, mais ça ne veut pas dire que je ne suis pas féminine ; avant d’être avec des filles, j’étais assez féminine. »
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« J’avais vu un documentaire à la télé, mais qui m’avait fait grave flipper. J’avais vu une fille, en fait c’est un transsexuel F to M [female to male]. Je m’étais dit : « si ça se trouve, je suis un homme. » Voilà, ça a été ma première confrontation. Je devais avoir 17 ans et je me suis dit : « je suis un homme, c’est sûr, je suis un homme, ils se sont gourés, il y a dû avoir un problème quelque part. » À l’époque, je ne connaissais pas les trucs sur l’intersexe, mais je pensais que j’étais un homme. Et je m’étais dit très scientifiquement, pour évaluer si je suis vraiment un homme, je vais me féminiser et donc là, je me suis mise à avoir des cheveux longs, à me maquiller, à avoir des robes, etc. et, dans la même période, je suis partie aux États-Unis avec un pote. Et un jour dans une boîte, j’ai failli me faire violer, et là je me suis dit : « non, je ne suis pas un homme, mais habillée comme ça, cela ne me correspond pas, il y a quelque chose qui ne va pas. » Et la séduction que j’exerçais à l’égard des hommes ne me plaisait pas, le regard ne me plaisait pas. […] Pour moi, les hommes, c’était mes frères. »
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« Pour moi, ça a été difficile d’accepter le fait de n’être même plus que cela : lesbienne, ça faisait partie intégrante de mon identité d’être avec des hommes, j’existais dans le regard des mecs. Se pr…, me priver de leur regard, c’était difficile. »
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Né en 1988, le festival international du film lesbien et féministe de Paris, « Quand les lesbiennes se font du cinéma », organisé par l’association Cineffable, illustre le militantisme lesbien. C’est la plus grande rencontre lesbienne annuelle en France et la plus ancienne.
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"La relation peut être dans les deux sens dans l'accès au plaisir. C'est une chose que je ne perçois pas du tout ans une relation masculine [...] J'ai toujours l'impression que la relation avec un homme n'est pas égalitaire, qu'il y en a un des deux qui va se faire avoir, que ce soit l'homme ou que ce soit la femme, c'est souvent la femme d'ailleurs."
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