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Critiques de Neel Mukherjee (22)
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Le passé continu

Ritwik Gosh, homosexuel tente de fuir la misère qu'il a connu en Inde, son pays d'origine. Son enfance tragique la marqué au fer rouge. Naturellement doué pour les études, régulièrement battu par une mère excessive, il sort de cet enfer et émigre en 1990 de Calcutta pour l'Angleterre. Il va, pour survivre servir avec une grande dévotion et beaucoup de sérieux Miss Cameron, octogénaire britannique. Le fait qu'il soit homosexuel marque tous les tournants de sa vie et l'embourbe irrémédiablement vers des situations dangereuses.

Parrallèlement, Miss Gilby vient enseigner l'anglais et les bonnes manières à l'épouse d'un notable bengali. Une vie nappée de conventions, de savoir vivre où le risque n'a pas sa place.

Le noir. Le blanc.

Deux destins croisés. L'inde de Ritwick cruelle et sans appel, sera pour Miss Gilby une Inde empreinte de douceur de luxe et de retenue.

Je ne suis pas sortie indemne de cette histoire. J'ai été plus d'une fois en apnée. Certaines scènes sont extrêmement difficiles.

Cela tient à quoi le destin? Etre né au bon endroit, rencontrer les bonnes personnes au bon moment.

Ritwick avance dans la vie avec des fils entremêlés dans les jambes qui l'empêchent de mettre un pas devant l'autre. Il marche droit, trébuche, tombe. Il ne marche pas très droit, tombe, se relève. Il tombe, se met à genoux. Il est épuisé. Les fils s'épaississent pour devenir des chaines. Il n'y arrive plus....

Et moi, j'ai accompagné Ritwick, la boule au ventre, les yeux humides. la peur, l'effroi ont soulignés certains chapitres avec un sentiment de gâchis humain, d'engrenage.

L'histoire croisée de Miss Gilby m'a permis de reprendre mon souffle, de faire une pause et de croire que finalement, il existe des histoires sereines!

Le ton est plus vrai que vrai. Je me suis même demandée si ce n'était pas en partie un roman autobiographique.





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Le passé continu

Impression très mitigée pour ce roman dans lequel deux histoires sont racontées en parallèle. Nous suivons l'arrivée d'un jeune homme indien venu étudier en Angleterre dans les années 90, et nous découvrons aussi le quotidien d'une anglaise devenue préceptrice en Inde en 1900. Le lien entre les deux histoires se révélera en cours de lecture mais n'apporte finalement pas grand chose à l'histoire.

Je me suis ennuyée tout au long de cette lecture, les personnages ne m'ont pas semblé particulièrement attachants et le rythme est vraiment lent.

Certes, nous assistons à des faits historiques réels mais racontés avec une telle froideur que je ne me suis pas sentie impliquée du tout.

La quatrième de couverture n'est pas tout à fait correcte, un des faits mentionné ne se produisant qu'au trois-quart du livre.

J'aime énormément les romans se passant en Inde mais là, je n'ai rien appris de nouveau et j'ai vraiment eu du mal à rester absorbée par cette lecture assez insipide.
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La vie des autres

Il faut toujours se méfier des références "classiques" que certains critiques brandissent pour qualifier un roman contemporain. Quoique, quand le New York Times évoque Tolstoï pour La vie des autres de Neel Mukherjee, il n'a pas complètement tort sur un point : il est très compliqué de se retrouver dans la multitude de personnages de ce livre choral, lesquels outre leurs noms possèdent des surnoms et s'identifient parfois par un terme indien signifiant le lien familial (grand oncle, frère cadet, etc.). L'arbre généalogique qui figure en début d'ouvrage est donc très précieux et il est même conseillé de l'avoir constamment sous les yeux pendant la lecture de ce pavé. La vie des autres aurait pu adopter comme sous-titre La chute de la maison Ghosh, du nom de cette famille plutôt prospère depuis les investissements de son désormais patriarche et qui n'en finit pas de décliner vers la fin des années 60. Du point de vue purement financier (les affaires vont mal avec une gestion déplorable) mais aussi rongée par des dissensions intestines et des affrontements entre membres d'une même famille qui cohabitent dans une demeure où tout finit par se savoir y compris les agissements plus ou moins honteux de chacun. Et Neel Mukherjee n'épargne à peu près personne dans cette chronique sur 3 années (de 1967 à 1970) dans un style réaliste et violent. Le livre ne manque pas de souffle, certes un peu moins que ceux d'Amitav Ghosh, Rohinton Mistry ou Vikram Seth, mais il est traversé par de nombreux et longs passages "techniques" pas vraiment passionnants (l'industrie du papier, la théorie des nombres premiers). On peut passer sur les nombreux sauts en arrière dans le temps et quelques détails plus ou moins sordides mais pas sur les fastidieuses aventures paysannes d'un rebelle maoïste, racontées sous forme de lettres non expédiées, qui reviennent toutes les cinquantaines de pages et s'étirent dangereusement en longueur. L'écrivain est maître de son livre, c'est une évidence, mais le modeste lecteur lambda ne peut s'empêcher de penser qu'en coupant quelque peu, La vie des autres aurait été un bien meilleur roman.
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La vie des autres

Le prologue très percutant, a priori détaché de la trame générale, nous plonge rapidement dans l'univers des castes pauvres indiennes. Nous nous immisçons ensuite dans une saga familiale aux très nombreux personnages. Deux grands-parents, cinq enfants, six petits enfants... auxquels il faut ajouter les "pièces rapportées" (en l'occurrence, les brus) et les servant.e.s... Heureusement qu'il y a une généalogie en début de livre pour se repérer parmi les membres de la famille, gangrénée par les rivalités et les hypocrisies.



L'histoire des Ghosh est interrompue par le récit personnel d'un membre actif d'un mouvement populaire dès le premier chapitre. L'alternance des récits m'a paru un peu obscure au premier abord, mais on comprend rapidement qu'il s'agit d'un des petits enfants qui choisit de quitter cette famille pour rejoindre les rangs d'un groupe d'activistes Maoïstes.



On apprend beaucoup sur la culture et les traditions de cet immense pays qu'est l'Inde, immensément riche et pauvre à la fois. L'écriture est accessible et agréable. La construction est relativement simple, malgré la double histoire, les digressions temporelles et le foisonnement de développements selon les personnages. Certains passages sont brutaux, injustes, d'autres scabreux, ce qui rend l'ensemble très hétérogène. Pour autant, je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages ni à l'histoire dans son ensemble... J'y ai trouvé des longueurs qui ont eu raison de mon attention... Mais peut-être ne suis-je pas dans une période propice pour ce titre... je retenterai plus tard...
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La vie des autres

Dans la maison de la famille Ghosh, trois générations cohabitent. Les reproches, la jalousie et le mépris font partie du quotidien alors que l’entreprise familiale périclite après des années de réussite. « On assistait en silence à la destruction progressive de la Charu Paper, destruction dont son grand-père, son père et ses oncles se rejetaient la responsabilité. Lui, il n’avait connu que cette dégringolade, cette glissade inexorable, année après année, leurs vies devenant de plus en plus étriquées, l’amertume s’accroissant dans la famille : plus ils étaient forcés d’économiser, plus ils se méfiaient les uns des autres. » (p. 270) Dans les trois étages de la maison, une hiérarchie hiératique et implicite, jamais remise en cause, régente les comportements et les relations entre chacun. Les liens entre les frères et sœurs sont complexes, entre amour intense et haine tardive. « Ça ne te gêne pas, toi, les inégalités au sein de notre famille ? Et cette hiérarchie entre ceux d’en haut et ceux d’en bas ? Tu penses que c’est juste ? Et que la famille est le premier noyau d’exploitation des masses, ça ne t’a jamais traversé l’esprit ? » (p. 93) Dans la maison Ghosh, chacun entretient ses vices et ses défauts, ses rancœurs et ses regrets.



Prafallunath et Charubala sont les grands-parents : le premier a développé une entreprise jadis florissante dans la production de papier. Hélas, depuis quelques années, l’empire familial se délite après une modernisation ratée.



Adinath est le premier fils du couple : il se laisse aller à la bouteille pour ne plus voir le naufrage de l’entreprise familiale. De Sandhya, première belle-fille de la famille Ghosh, il a eu Supratik qui se tourne vers le communisme – mais du militantisme au terrorisme, il n’y a qu’un pas – et Suranjan qui sombre dans la drogue.



Priyonath, le second fils, a épousé Purnima qui veille aux intérêts de leur fille, Baishakhi, qui s’intéresse de trop près au jeune voisin.



Chhaya est le troisième enfant du couple, et la seule fille. Célibataire et impossible à marier, elle vieillit aigrement parmi les siens.



Bholanath, le troisième fils, s’est vu confier une partie de l’entreprise familiale et n’a su que la mener à sa perte. Marié à la discrète Jayanti, il est le père d’Arunima, une gamine curieuse, mais pas très studieuse.



Somnath est le dernier fils de la famille Ghosh. Enfant adoré et pourri gâté, il a mal tourné et il est le premier à mourir. De son sinistre mariage avec la pauvre Purba, reléguée au rez-de-chaussée depuis son veuvage, sont nés Sona, génie en mathématiques, et Kalyani, dernière descendante de la famille Ghosh.



Madan est le fidèle serviteur de la famille Ghosh : depuis près de trente ans, il veille sur les enfants, sur la cuisine et les autres domestiques. Son fils, Dulal, est un des nombreux éléments déclencheurs de la ruine des Ghosh.



L’histoire de la famille Ghosh est sans cesse prise dans celle de l’Inde avec les luttes meurtrières entre les hindous et les musulmans, la création du Pakistan ou la décolonisation. Le pays est en mouvement, il évolue, quitte les carcans du passé et se tourne vers une modernité un peu effrayante, pleine de prises de conscience douloureuses. Dans les campagnes, les paysans ruinés, endettés sur plusieurs générations et asséchés par la faim et le désespoir, sont réduits à des extrémités douloureuses et sanglantes, tandis que les jotedaars, riches propriétaires, vendent leur riz à prix d’or dans les villes. Les chants de Rabindranath Tagore s’opposent au petit livre de Mao et il semble bien impossible de lever une révolution prolétaire dans les rizières. « Ces braises de colère, sur lesquelles on avait pensé qu’il suffirait de souffler pour les raviver, avaient été réduites en cendres de désespoir. Ils étaient déjà morts dans cette vie. Ils n’avaient plus d’espoir, plus d’avenir ; tout ce qu’ils pouvaient faire, c’était déjouer les malheurs du présent, qui ne pourrait que culminer en une mort prochaine. En d’autres termes, nous, on devait raviver un feu de cendres. Tu as déjà essayé ? » (p. 192)



Le récit s’ouvre en 1967 et progresse régulièrement jusqu’en 1970, jusqu’au bond final en 2012. Cela n’empêche de nombreux retours en arrière, notamment dans le passé du jeune Prafallunath. Le texte est entrecoupé de la très longue lettre que Supratik adresse à un destinataire dont l’identité se dévoile lentement. « Je te porte en moi, tu es une présence constante, je ne vais pas te demander de tes nouvelles – j’ai tout le temps l’impression de te parler intérieurement. » (p. 265) De Calcutta aux campagnes profondes de l’Inde, ce roman fait le portrait d’une famille, et plus largement d’une classe sociale, qui doit renoncer à ses privilèges et à ses illusions pour se confronter enfin à la vraie vie, la vie des autres. Les quarante dernières pages sont terriblement violentes : les scènes de torture tranchent fortement avec l’ambiance plus ou moins protégée de la maison Ghosh.



Dense et parfois tortueux, La vie des autres est un roman fort et magnifique. J’ai laissé de côté les subtilités d’appellation des uns et des autres (Surnoms et suffixes de respect abondent…) pour me concentrer sur la puissance des mots et de l’intrigue, jusqu’aux dénouements entre injustice et apothéose. Tentez l’expérience de ce roman choral. Mettez vos pas dans ceux des autres.
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À l'état libre

Dans la quatrième de couverture, ce livre est décrit comme un roman. Je le considère comme une suite de nouvelles qui s’imbriquent car certains personnages se croisent, quoique brièvement et de manière ténue.

La première histoire est assez tragique. Je craignais que la suite soit aussi triste mais l’auteur a su varier ces thèmes : on passe aux récits de vie des domestiques d’une famille aisée bengali à un pauvre villageois qui essaie de dresser un ours.

L’auteur nous décrit le visage de l’Inde contemporaine : les inégalités sociales entre une minorité riche et la majorité pauvre qui vit dans des villages éloignées ou dans des bidonvilles, la pauvreté et la misère, le statut des femmes, les conditions de travail et de vie des domestiques etc.

Certaines situations donnent froid dans le dos mais c’est la réalité de beaucoup de gens à notre époque. Je trouve que le titre de ce livre est contradictoire avec ce qui est racontée : quelle liberté peut-on avoir quand on est sans ressources financières, illettré(e), ou même être née fille en Inde ? Comment sortir de la misère alors que les dés sont pipés dès la naissance ?

Le style d’écriture est agréable, doux et léger. Les descriptions sont belles et nous plongent dans l’ambiance dès les premières lignes. On a envie de goûter cette fameuse cuisine préparée par Renu.

Pour conclure, c’est un roman sur l’Inde contemporaine qui mérite le détour.
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La vie des autres

Prafullanath est le patriarche de la famille Ghosh. Il a commencé sa vie sans un sou et a réussit à bâtir à force d'acharnement et de volonté un véritable empire dans l'industrie du papier et à même traversé les crises qui a ébranlé l'Inde et Calcutta avant et après l'Indépendance.

Sa demeure à Basanta Bose Road dans South Calcutta est le reflet de sa réussite. S'y côtoie trois générations de la famille Ghosh, les fils et fille de Prafullanth et de nombreux petits enfants.

Mais le temps de la splendeur des Ghosh est entrain de se ternir : des usines ont dû fermer, des employés licenciés, des grèves ont eut lieu, les finances de la famille vont mal, ... Mais le mal ronge de l'intérieur la famille Ghosh, les fils de Prafullanth ne font pas toujours preuve de droiture, les belles-filles et la fille Ghosh se crêpent régulièrement le chignon et pour compléter le tout, l'aîné des petits-fils, celui qui aurait dû hériter de l'empire Ghosh, quitte subitement la maison pour rejoindre la lutte communiste et devenir révolutionnaire dans la campagne bengalie.

Il a fallut une vie à Prafullanth pour construire cette empire et un souffle de ses héritiers pour faire écrouler le château de cartes.



"La vie des autres" est le second roman de Neel Mukherjee et je l'ai trouvé beaucoup plus accompli. Il en dégage une grande force et les détails que l'on trouve à travers tout le roman lui donne une richesse incroyable. On rentre dans les pensées les plus profondes de chaque membre de cette famille mais ce qui apporte une force supplémentaire ce sont les deux récits qui s’entremêlent. D'un côté, l'on voit la déchéance de la famille Ghosh qui s'enfonce tous les jours dans un abîme sans fond. De l'autre, on y trouve les courriers du petit-fils Ghosh ayant quitté son confort pour les campagnes bengalies connaissant la faim, la fatigue, les douleurs, la peur du lendemain, le sang, la fuite, ...

C'est un roman que je vous recommande de lire, il se savoure page après page.
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La vie des autres

1966. Calcutta. Chamarrée, tapageuse, cruelle.

Neel Mukherjee explore le visage changeant de l'Inde à travers l'histoire de la famille Gosh, trois générations de petits bourgeois vivant sous le même toit.



Hommages aux déités capricieuses, corruption, tohu bohu d'actions radicales maoïstes, pyramide complexe des liens familiaux, tractations matrimoniales...



Un charivari multicolore, une texture dense qui suinte la violence faite aux corps et aux âmes, un tourbillon étourdissant...
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Le passé continu

Un livre très bien écrit, intéressant, riche, mais attention, un livre souvent dérangeant (scènes assez crues, parfois violentes); il y a deux histoires présentées alternativement: celle de Ritwik Gosh, enfant maltraité par sa mère qui quitte l'Inde après le décès de ses parents et devient étudiant à Londres dans les années 90; et le récit que Ritwik écrit sur une certaine Miss Gilby, personnage dont il imagine la vie dans l'Inde colonial du tout début du XXème siècle, au moment de la partition du Bengale et des troubles consécutifs. La vie de Ritwik en Inde puis en Angleterre est racontée de façon très réaliste; c'est celle d'un jeune homme bon et honnête, pauvre et homosexuel qui essaie de s'acclimater à l'Angleterre contemporaine, de tourner le dos au malheur et à la pauvreté, de trouver un certain bonheur; Miss Gilby, tente elle de découvrir et de comprendre l'Inde alors sous domination anglaise, et d'aider les femmes indiennes à se cultiver et à être un peu plus libres. Ils feront tous les deux de belles et de mauvaises rencontres; Ritwik finira par habiter chez Anne Cameron, très vieille dame qui le loge en échange des soins dont elle a besoin; leur relation est étonante et belle. Il rencontrera aussi un homme très riche, sans doute trafiquant d'armes, pour une liaison somme toute décevante. Miss Gilby, prise dans l'histoire du Bengale, s'en sortira assez meurtrie. Un livre qu'on ne lâche pas, et dont le contenu résonne longtemps.
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Le passé continu

J’ai été totalement emballée par ce roman, dont j’ai apprécié la justesse à bien des niveaux. Les personnages, tout d’abord, sont d’un réalisme surprenant. Ni bons ni mauvais, tout simplement humains, ils interviennent dans la construction personnelle de Ritwick comme autant d’expériences. Le roman est effectivement construit comme une quête de soi, dans laquelle les racines de Ritwick représentées par les membres de sa famille, qui figurent habilement le carcan de la société indienne, s’opposent aux rencontres anglaises, faites de plein gré par le personnage.



A la moitié du roman à peu près, apparaît Anne, cette vieille anglaise à demi sénile et à demi clairvoyante avec qui il établira une relation unique, émouvante, qui justifie à elle seule la lecture du roman.



Le texte est littéralement ciselé. Bien que n’ayant pas eu accès à la version originale, il me semble qu’il faut saluer la performance de la traductrice, qui nous offre l’accès à une œuvre foisonnante mais sobre, à une plume raisonnable qui livre sans l’alourdir le point de vue de Ritwick qui s’évertue à éviter la fatalité : « N’a-t-on pas le droit de tourner le dos au malheur ? » dit-il dans le roman.



Je suis soufflée, impressionnée par ce petit bijou de littérature contemporaine, qui donne à penser sans intellectualiser, qui touche, émeut, sans sensiblerie. Vivement recommandé !
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La vie des autres

Calcutta, fin des années 1960. La famille Gosh occupe une position enviable grâce aux talents d’entrepreneur du patriarche, Prafullanath, qui a créé une entreprise de fabrication de papier après avoir été littéralement dépouillé par ses propres frères, héritiers d’une très lucrative fabrique de bijoux. Un homme qui s’est fait tout seul dans cette Inde où règnele système des castes et où, au sein de sa propre famille existe une stricte hiérarchie quasiment lisible dans l’organisation des étages de sa maison. Au plus haut, lui et sa femme, puis les couples selon leur ordre d’arrivée et, tout en bas, la jeune veuve et ses deux enfants, qui se contentent des restes des repas des autres.



L’arbre généalogique du début est très utile pour se repérer dans la famille. parmi lesplus jeunes, Supratik a choisi la voie du maoïsme actif, contre les exploiteurs des classesdéfavorisées, lui qui vient d’un milieu aisé. Il ne lui sera pas facile d’être crédible aux yeux de ses camarades de combat ! Ce qui, sans doute, l’incitera à des crimes révolutionnaires sanglants.



Un livre riche, touffu parfois, qui aurait sans doute gagné à être un peu plus concis. Mais la peinture de la société bengalie est intéressante, les cheminements des membres de cette famille également. La violence des actes révolutionnaires et celle de leur répression laisse un sentiment de dégoût
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La vie des autres

Passionnée par L'Inde, J'ai lu ce roman avec grand plaisir .

L'auteur raconte l'histoire d'une famille originaire de Calcutta, à la fin des années 6O ;

ce qu'il faut toujours retenir pendant la lecture, tant les mœurs anciennes perdurent , et tant la société indienne a du mal à évoluer.

Dans une grande maison de 4 étages, vivent les membres d'une même famille , des grands parents aux petits enfants, et en fonction de la place occupée dans la famille.

Le grand père actuel , à partir d'une petite usine a crée une vaste entreprise, et l'argent et les domestiques ont embourgeoisé ces gens d'une caste respectable , sans plus.

Quatre garçons et une fille sont venus agrandir la famille, et au gré des mariages plus ou moins arrangés sont arrivées les belles-filles, et les petits enfants.

Ce n'est pas sans heurts que toute la famille Ghosh cohabite, et les jalousies entre belles-filles sont pour une bonne part responsables d'un climat plutôt électrique.

D'autre part, les fils, qui peu à peu reprennent les affaires familiales mettront autant de temps que leur père à les faire fructifier, pour les faire péricliter.

Un petit fils , lui, disparaîtra un long moment pour se consacrer dans la clandestinité à faire vivre un puissant mouvement maoïste.

Cela donne un roman foisonnant de plus de 500p , passionnant certes, mais sans vouloir perdre un seul instant le fil de cette saga familiale, il m'est arrivé de lire quelques pages en diagonale.. en particulier lors de démonstrations mathématiques, un peu beaucoup obscures pour moi(il faut préciser que le gamin en question obtiendra plus tard la médaille Fields).

Les soubresauts qui traversent la société indienne sont bien expliqués, et certaines scènes de violence ( surtout dans les 50 dernières pages) donnent de la profondeur à ce roman remarquable.

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Le passé continu

Ritwik Ghosh est originaire de Calcutta et vient de rejoindre l'Angleterre après avoir obtenu une bourse d'étude à l'âge de 22 ans, un an après le décès brutale et consécutif de ses parents.

Malgré la présence de son passé qui le hante, Ritwik passe deux années à l'université dont certains moments nous ai racontés. Après ses années d'université, il passe dans la clandestinité car il est dorénavant sans papier, il est hébergé chez Anne Cameron dans un quartier de Londres, une dame de 86 ans en échange de bons soins. Mais la vie clandestine est très difficile et la vie est dure à gagner même en faisant des concessions.

En paralèle à sa vie anglaise et sa solitude, Ritwick écrit l'histoire de Miss Maud Gilby, une Anglaise ayant rejoint les Indes Britanniques aux environs des années 1900. Après des années à Calcutta, elle rejoint Mr Roy Chowdhurry et son épouse Bimala pour devenir sa dame de compagnie et professeur d'Anglais. Mais l'ombre de la Partition du Bengale compromet la douce vie de Miss Gilby auprès d'eux.



Un très bon roman, qui mélange différents thèmes disons "épineux". L'auteur a une écriture bien travaillée, très intéressante par sa richesse de vocabulaire, le choix des mots et les "citations" de grandes oeuvres littéraires sans oublier le sujet de la Partition du Bengale bien étudié. le roman est fluide, parfois complexe et l'auteur n'hésite pas à aborder les thèmes épineux sans réserve directement dans le vif. le passage d'un personnage à un autre est fait sans fausse note.


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Le passé continu

Ce roman évoque des thèmes durs tels que l’intégration, la misère, la violence, … mais il reste cependant passionnant. A découvrir !
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À l'état libre

Après "Le Passé continu" et "La Vie des autres", "A l'état libre" est le troisième roman de l'auteur d'origine indienne Neel Mukherjee.



"A l'état libre" est un roman formé par plusieurs histoires, avec pour chacune son propre protagoniste. Neel Mukherjee nous offre un véritable voyage aux quatre coins de l'Inde, à la rencontre d'indiens de différentes classes sociales. Même si chacun des protagonistes évoluent dans un autre milieu, leur destin finira par croiser celui d'un autre, souvent inconscieusement. Comme il nous l'a prouvé dans ces précédents romans, Neel Mukherjee est un magicien de l'écriture et le lire est à chaque fois un véritable enchantement. "A l'état libre" est une superbe miniature indienne.



"A l'état libre" est un roman passionnant, lisez-le.




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À l'état libre

"À l'état libre" est un roman particulier, il est composé de 4 histoires que je considère comme des nouvelles qui s'entrecroisent (mais l'éditeur n'est pas d'accord avec moi XD et je pense que ce n'est qu'une question de formulation mais on s'est compris c'est le principal !).

La première partie est très triste et angoissante, presque comme si un voile surnaturel entourait toutes choses sans que ce soit vraiment le cas, mais les personnages sont touchants, le paysage est magnifique mais par contre la fin de cette première partie est très triste.



La seconde partie m'a moins plu, mais m'a tout de même accrochée, sans que je ressente la même ambiance que plus tôt. Pour la troisième partie, j'ai été simplement subjugué, c'est magique, magnifique, triste et beau à la fois, intense et cruel, mais je la relirai sans hésiter prochainement. La dernière partie est bien plus longue et est découpée en chapitre, mais je n'ai pas accroché malheureusement.



Toujours est t'il que rien que pour la première (sur un père qui fait visiter sont pays d'origine à son fils) et la troisième histoire (sur un ours dansant et son dompteur) j'ai passé des purs moments de bonheur comme je les aiment tant l'écriture est bien développée, les personnages sont attachants malgré leur caractère ou leurs défauts, et que nous voyageons littéralement comme les personnages. On se croirait dans ces rues, ces maisons, ces lieux mystiques le tout est parfait, d'une humanité extraordinaire et on le ressent dans l'écriture.



Les choix de vie, la liberté, la vie, la misère, l'exil et les racines sont au coeur de ce livre que je vous conseille de découvrir si vous aimez l'Inde ou les histoires de vie.
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Le passé continu

Un livre étrange, où s'entremêlent deux histoires, deux quêtes d'une rencontre impossible entre des cultures aussi éloignées l'une de l'autre que celles de l'Angleterre et du sous-continent indien, selon son appellation scientifique. Ritwik Gosh, natif du Bengale, croit trouver en Angleterre un havre de paix qui lui permettra de mener à bien ses études. Très cultivé, d'un esprit fin et délié, il va devoir, pour gagner son pain, accepter les tâches les plus serviles, tout en cultivant son homosexualité. Pas facile… Heureusement, il peut consacrer ses quelques moments perdus à l'écriture d'un roman portant sur la vie imaginaire d'une gouvernante anglaise, partie en Inde à l'aube du vingtième siècle pour éduquer les jeunes femmes et leur rendre leur dignité en les émancipant des préjugés qui les asservissent. Une pirouette finale, que l'on voit se profiler bien avant, au fil de la lecture et des rencontres de notre héros désabusé, fait se rejoindre fiction et réalité. Une vision amère du monde actuel, où l'amour se monnaye comme une marchandise, mais aussi un pamphlet anticolonialiste démontant les rouages des rapports ténébreux entre Orient et Occident. Une œuvre magistrale, qui surprend par sa force et la qualité de son écriture.
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Le passé continu

J'ai apprécié ce roman, qui pourtant malmène son lecteur et ne ménage pas sa sensibilité. En effet, l'auteur nous propose une vision sans détour de l'Inde, de la misère ordinaire qui y règne.

J'ai aimé cette découverte, loin des clichés de Bollywood. Grâce à un récit dans le récit, l'auteur nous fait aussi découvrir l'Inde coloniale, sous domination anglaise.

Le personnage principal, Ritwik, est intéressant et touchant par sa naïveté, son innocence. Il tente de s'intégrer en Angleterre, avec difficulté, pris entre son passé et ses aspirations. Il noue une relation touchante avec Anne, une dame âgée qui oscille entre égarement de l'âge et une étonnante lucidité.

L'écriture est agréable, travaillée mais sans fioritures.

Finalement, mon seul regret, c'est la fin du roman, que j'ai trouvée un peu abrupte. Mais pour le reste, j'ai été embarquée par ce roman.
Lien : http://romans-entre-deux-mon..
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À l'état libre

Au centre de ce roman, la société indienne et ses différences de castes, les inégalités entre ceux qui vivent dans la misère et ceux qui ont de l’argent, et aussi la vision sur l’Inde de ceux qui se sont expatriés et qui reviennent, avec le regard de l’étranger. Les personnages quittent tous leur lieu de naissance pour aller voir ailleurs, se libérer du joug de la famille, essayer de s’en sortir, s’échapper d’une manière ou d’une autre

Là ou il fait très fort c’est que quatre histoires apparemment sans lien apparent les unes avec les autres se recoupent et que l’on retrouve les personnages qui semblent des figurants dans les autres récits et/ou dans l’épilogue. Faites attention donc à ceux qui passent en arrière-plan, ils sont leur importance… l’homme qui tombe de son échafaudage en est un exemple…



Dans la première histoire : le grand écart entre le fils né américain et le père qui essaie de lui faire découvrir son pays d’origine, l’Inde. Le fils de six ans n’est pas intéressé, l’homme ne se sent plus chez lui, il est devenu étranger dans son propre pays et sensibilise sur le fossé entre riches et pauvres. Mais honnêtement, après avoir lu cette partie, je me suis demandée si cela valait la peine de continuer tellement je ne voyais pas l’intérêt du récit..



Deuxième histoire : Le grand écart entre le fils, parti faire sa vie en occident et la famille restée sur place. Le fils, malgré des réactions innées qu’il réprime vite (comme la surprise de voir une employée lui répondre), est ulcéré par la façon dont son père ose traiter les personnes qui sont à son service ( une petite fille qu’il envoie chercher des piles dans la fournaise et qui la traite pire qu’un animal car elle ne rapporte pas le bon modèle) . Le fils a pour projet d’écrire un livre sur la cuisine, ou plutôt les cuisines indiennes et se rapproche de la cuisinière par ce biais. Le fait de se dresser pour défendre les « inférieurs » fait exploser la relation père-fils. Le fils ne s’intéresse pas qu’à la manière dont les employés travaillent mais il est concerné par les employés eux-mêmes, d’où ils viennent, leur parcours de vie, la manière dont ils vivent. Il va visiter le bidon-ville ou habite la cuisinière de ses parents et ira même rendre visite à sa famille, lors d’un voyage… dire que c’est une franche réussite serait un mensonge…



Troisième histoire : C’est la partie que j’ai le moins apprécié… mais quand il y a des mauvais comportements face à un animal, avec moi cela ne passe pas… Sous prétexte de faire d’un ourson un ours savant, qui se lève sur ses pattes arrière et se dandine en dansant, le pauvre animal est maltraité par son propriétaire qui essaie de le dresser pour en faire son gagne-pain. Je dois reconnaitre que des liens se tissent au final quand les deux partent sur les routes, que la complicité commence à s’installer et que des gestes timides mais tendres apparaissent : pour moi cela ne suffit pas …Méchanceté, maltraitance, violence conjugale, orgueil mal placé d’un homme qui devient fou de rage quand sa femme ramène de chez sa patronne des œufs et de la nourriture pour leurs enfants qui meurent de faim… Déjà que même si ils sont bien traités les animaux savants… c’est limite… alors maltraités… Toutefois cette histoire a sa place dans le récit, et une fois encore la misère, les conditions sociales conduisent à prendre la route pour chercher de quoi faire vivre la famille.



Quatrième histoire : C’est le récit de la vie de la femme que l’on voit passer furtivement dans la deuxième histoire, l’autre employée, que la cuisinière déteste. Issue d’une famille pauvre et nombreuse, elle quitte son foyer toute jeune et, si au gré de ses placements comme domestique elle gagne de plus en plus d’argent, on notera qu’elle est aussi de plus en plus maltraitée par les gens chez qui elle travaille avant de se rebeller et de gagner sa liberté.

Sa vie résonne en parallèle avec celle de son amie d’enfance qui choisira un autre moyen de gagner sa liberté : elle rejoint le front de l’indépendance, la lutte pour la liberté, la guérilla maoïste, la clandestinité. J’ai trouvé ce personnage très intéressant et regretté de ne pas le suivre davantage.



Au final une étude sur les inégalités sociales, la misère, la douleur et la tristesse qui se dégagent des principaux personnages qui luttent pour leur survie et celle de leurs proches, l’obligation – et non le choix – de leur départ de chez eux, l’injustice, la maltraitance, la douleur … mais aussi l’importance de l’éducation et la route vers la liberté et l’indépendance. Le livre met l’accent sur la différence de comportements entre Indiens et occidentaux ( pas de familiarité, pas de marques d’affection, de franchissement des la barrière des classes sociales) . Le livre souligne aussi la différence entre les différentes religions qui cohabitent en Inde, l’école inutile pour les filles, la différence de traitement des personnes par la police selon le statut social…

Et un petit plus pour moi : il parle de la mythologie indienne
Lien : https://www.cathjack.ch/word..
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Le passé continu

Je le dis tout de suite, j'ai moyennement aimé ce livre. Je l'ai trouvé très dur au début, très glauque par la suite, et aussi un peu ennuyeux, surtout les chapitres ce situant dans l'Inde du début du 20ème siècle, j'ai fini par les survoler rapidement. Je n'ai pas voulut m'arrêter car j'attendais un revirement de situation. Sans parler de happy-end, juste une fin plus optimiste qui nous aurait permis d'imaginer une vie un tout petit peu meilleure pour Ritwik. Elle n'est pas venue, bien au contraire. C'est un bon livre j'en suis certaine mais je n'ai pas sus l'apprécier il m'a malheureusement plombé le moral.




Lien : http://ceci-cela-les-livres...
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