Citations de Neil Cross (16)
« Il sait que ça ne va pas bien dans sa tête. La nuit, son crâne se fissure et des araignées se glissent à l’intérieur. » (p. 17)
Cette certitude toute britannique qu'il n'y avait aucun problème au monde qui ne puisse être atténué par une tasse de thé le fit sourire.
Le commercial moderne consacrait également l'essentiel de son temps à des activités qui n'impliquait pas de vendre quoi que ce soit à qui que ce soit : Nathan se retrouva ainsi requis par des réunions marketing hebdomadaires, des réunions pré-marketing hebdomadaires, qu'avec un professionnalisme macabre et affecté on appelait des "post-mortem".
C'était sans compter les bilans de performance trimestriels, semestriels et annuels. Les réunions prévisionnelles mensuelles. Les réunions bimestrielles de la force de vente au niveau régional et national. Les deux conférences commerciales. Les clients qu'il fallait divertir. Les déjeuners, les dîners, les cocktails sans nombre. Le karaoké à Sheffield et le kart à Swindon.
Un homme grand qui marche à grands pas. Le monde tourne comme une roue sous ses pieds.
Assis dans son fauteuil préféré, il réfléchit un moment. Puis il prit un bloc notes et se concentra encore un peu en mâchonnant le bout de son crayon avant d'écrire:
Mary
M. Jeganathan
Thomas Kintry
Callie Barton
C'était une liste de gens qu'il avait déçus d'une façon ou d'une autre. Il avait décidé d'employer le temps qui lui restait pour se rattraper.
Un type bien ordinaire se retrouve, au hasard d'une soirée bien arrosée, au centre d'un drame. Et la spirale infernale de la culpabilité commence...jusqu'à un dénouement surprenant. J'ai surtout apprécié l'ambiance du livre. L'auteur fait naître et perdurer une tension tout au long du roman. L'atmosphère glauque, quasi poisseuse, correspond absolument au thème abordé. Je n'ai pour ma part pas ressenti d'empathie pour le héros mais me suis sans cesse demandé comment sa situation allait évoluer. Les personnages secondaires sont tout aussi intéressants et complexes.
« - Tu viens d’agresser un témoin et d’en intimider un autre.
- J’ai des circonstances atténuantes.
- Je ne suis pas certaine qu’elles soient reconnues par la loi.
- Si, quand on a affaire à des pédophiles. » (p. 187)
« -C’est n’importe quoi, mec. N’importe quoi. C’est de la corruption policière. C’est mal.
- Totalement, dit Luther. » (p. 274)
L’enfance était une souffrance permanente, faite de nostalgie, de perte et de transformation perpétuelle.
Il avait appris à faire durer les bons moments, à les savourer comme du jus de cassis Ribena.
Il avait un physique d’adolescent monté en graine : hanches maigres, longues jambes, genoux noueux et grands pieds en canard. Les cheveux roux, un nez crochu, et, dans sa folie, la barbe grise et un air majestueux de réfugié avec sa capote militaire et ses souliers ferrés.
Ma mère, reprit Thomas, quand elle a le moral dans les chaussettes, elle ressasse le passé. Toutes les choses qu’elle croit avoir fait de travers, tous les gens qu’elle croit avoir déçus. Un Noël, la dinde était trop sèche, eh bien, depuis elle radote sur cette foutue dinde, comme quoi ç’avait été un Noël vraiment pourri. Et ça remonte à 1993 ou quelque chose comme ça. Mais elle continue à en parler. Ma mamie était pareille.
La jeune femme réagit à sa perplexité manifeste par un sourire triste, mais il y avait un froncement intrigué et délicat entre ses yeux.
Kenny savait que, pour elle, tout ce qui s’était passé de l’autre côté de la rue dix ans auparavant appartenait à un passé révolu. Que cela ne pourrait jamais être réel comme cela l’était pour lui.
Parfois, quand quelque chose le préoccupait, il prenait le bus. Cela le détendait. Et il aimait ce moyen de transport ; il aimait la façon dont il cahotait et tressautait, prenait des passagers, les déposait. Il aimait la façon dont les gens lançaient « Merci, chauffeur ! » en s’en allant.
On lui donnait six semaines, peut-être moins. Une chimiothérapie lourde, assortie d’une intervention invasive et brutale, appelée résection partielle, pouvait prolonger son espérance de vie d’un mois. Kenny n’en voyait pas l’intérêt. Alors il remercia ses médecins, quitta l’hôpital et alla se promener.
Luther est une sentinelle. Son coeur est une fournaise.
L'esprit du tueur enfle comme un ballon et semble quitter son corps. Il flotte au-dessus de lui-même.