Le peintre met dans ses ouvrages bien plus à entendre, à juger et à sentir, qu'à voir; et l'on peut dire que le génie de la peinture est encore au-dessus de l'art même.
L'étude du dessin, indispensable à tous ceux qui se destinent à la culture des beaux arts, d'une grande utilité à ceux qui exercent les arts mécaniques, devrait être une branche essentielle de l'éducation première : cet art donne au sens de la vue un degré de perfection, un tact fin, qui le met à portée de juger sûrement des formes, des dimensions et des distances des objets les plus éloignés; il procure un délassement utile à l'homme studieux, un passe-temps agréable à l'homme riche.
La peinture est l'art d'imiter tous les objets de la nature: elle les place dans un horizon factice dont l'imitation sur un plan n'est ni moins étonnante, ni moins difficile que celle des sujets qu'elle veut traiter. Elle emploie pour cela des lignes tracées avec une proportion si juste, qu'elles expriment le contour de tous les corps. Cette partie de la peinture appartient au dessin. Le peintre couvre ensuite ces lignes et les orne de couleurs sagement et ingénieusement combinées.
Mais si le dessin est la source première de tout ce que le luxe peut enfanter de plus grand, de plus riche, il reçoit aussi une application plus modeste, plus utile et plus générale, en prêtant son secours à une grande partie des arts industriels qui lui doivent leur régularité et leur perfection.
La nature qui fait ressortir tous les objets par le moyen des ombres et de la lumière ou des jours, fut probablement le premier maître qui apprit aux hommes à satisfaire leurs goûts par l'imitation: telle fut sans doute l'origine de la peinture.