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Citations de Nils Tavernier (7)


À Palais Imaginaire,
dialogue imaginaire

— Messieurs les membres de la commission supérieure des Monuments historiques, M. Malraux, le ministre, vous demande de classer le Palais du Facteur Cheval.
— Vous rigolez, j'espère !
— Je suis on ne peut plus sérieux.
— Mais enfin, demandez à n'importe lequel d'entre nous nous ici. Ce… « palais », comme vous dites, n'est rien d'autre qu'un « affligeant ramassis d'insanités qui se brouillent dans une cervelle de rustre» !
— Ce n'est pas l'avis de M. le ministre, et vous feriez mieux de vous exécuter.
— Depuis quand recevons-nous des ordres ? Avez-vous vu l'édifice de ce facteur, au moins ? « Le tout est absolument hideux ! »
L'homme se tourne vers ses collègues.
— Dites-le-lui donc !
Les collègues lèvent les yeux au ciel.
— Une des choses les plus ridicules que j'aie jamais vues !
— Un « château de sable » !
— Une « accumulation d'éléments hétéroclites rappelant les rocailles de banlieue du plus mauvais goût » !
— De nombreux visiteurs ne sont pas de votre avis, messieurs, et pas des moindres !
— Mon Dieu, il va encore nous parler d'André Breton !
— À ses yeux, le Facteur était le « maître incontesté de l'architecture et de la sculpture médiumniques ».
— Pff ! Qu'est-ce qu'un poète connaît de l'architecture !
— Pablo Picasso trouve l'œuvre de Cheval tout aussi admirable, et il est souvent venu le voir ; quant à Max Ernst…
— Nous savons, oui, il s'en est inspiré pour l'un de ses tableaux !
— Et cela ne vous fait rien ?
— Nous parlons ici d'un classement aux Monuments historiques et, à nos yeux, ce palais relève plus de la « psychopathologie » que de tout autre chose.
— Pierre Dalloz, pourtant, n'hésite pas à le décrire comme une « construction de rêve débordante d'imagination poétique et plastique ».
— Pierre Dalloz ! Vous avez vu son âge !
— Le gâtisme le guette !
— Je ne suis pas de votre avis. D'ailleurs, tout à fait récemment, Gaëtan Picon a tenu à souligner « la remarquable valeur artistique et documentaire du Palais », lui faisant d'ailleurs souhaiter une prompte intervention.
— Un idiot de plus !
— Un idiot qui est un des conseillers les plus écoutés du ministre.
— Un idiot quand même !
— Dois-je vous rappeler, messieurs, que le ministre en personne considère le Palais comme le « seul exemple en architecture d'art naïf » !
— Il est sous influence !
— Mais enfin, messieurs, cette œuvre a pourtant été publiée dans le monde entier !
— Et alors ? Les spécialistes, c'est nous !
— Et si vous vous trompiez ? S'il s'agissait, en vérité, d'une « Divine Comédie naïve et raffinée, qu'on déchiffre avec émerveillement » ?
— Assez !
— D'un « chef-d'œuvre en péril » ?
— Non, mais où va-t-on !
— Dois-je vous rappeler que Jean Dutourd, en parlant du Facteur Cheval, évoque « un Jérôme Bosch du ciment, un Michel-Ange de la chaux lourde, un Fra Angelico… »
— Plus un mot, voulez-vous, et allez dire à M. Malraux que, tant que nous serons là, jamais ce fatras de ciment et de cailloux ne sera classé !
— Il va falloir se soumettre, pourtant !
— Vous ne nous connaissez pas !
— Pas plus, semble-t-il, ne connaissez-vous Malraux !

À l'aune d'une polémique aussi enflammée, on est en droit de se demander quelle aurait été la réaction de celui qu'on appelle aujourd'hui le Facteur Cheval, lui, le fils de paysan qui, sous les quolibets des gens de son village, à l'âge de quarante-trois ans, en 1879, construisit, jour après jour, trente-trois années durant, un palais vu en songe, de 12 mètres de hauteur et de 26 mètres de longueur… Sans doute aurait-il haussé les épaules et passé son chemin – quoique, fier d'être l'objet de tant de passions, il se serait peut-être arrêté et, profitant d'une pause, après s'être désaltéré, se serait mis à nous raconter sa vie…
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Fils de paysan je veux vivre et mourir pour prouver que dans ma catégorie il y a aussi des hommes de génie et d'énergie. Vingt-neuf ans je suis resté facteur rural. Le travail fait ma gloire et l'honneur mon seul bonheur ; à présent voici mon étrange histoire. Où le songe est devenu, quarante ans après, une réalité.
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Les morts ne sont pas les absents mais les invisibles.
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Ce n'est pas le temps qui passe, mais nous.
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L'homme qui meurt est un astre couchant qui se lève plus radieux sur un autre hémisphère.
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Fin mai 1878, Ferdinand se sent enfin prêt au retour et, le 1er juin, il redemande un poste à Hauterives. Sans grande difficulté, il reçoit sa mutation définitive pour la tournée de Tersanne, moyennant un salaire de 570 F. Il ne le sait pas encore, mais sa vie est à l'aube de prendre l'un des tournants les plus stupéfiants du siècle.
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il parcourt ainsi les ravins, les coteaux, les endroits les plus arides, faisant ici et là des petits tas de pierres que, le soir, il retourne chercher.
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