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Critiques de Océane Perona (31)
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Celles qui peuvent encore marcher et sourire

Survivantes.



Au sein du groupe Violences les journées s'enchainent. Entre auditions et procès-verbaux de victimes de viols, Héloïse se sent inutile. En effet, la plupart de ses enquêtes sont classées sans suite.



Polar social ? Polar sociologique ? Ce n’est pas clair. Polar atypique ? Oui cela correspond. Océane Perona signe avec ce premier roman une plongée dans un service de police. Pas n’importe lequel. Le groupe Violences, qui se charge particulièrement de celles concernant les femmes.



Pas d’euphémisme ici, la réalité s’impose au lecteur. Entre plaintes pour violences conjugales et auditions de victimes de viols, le quotidien de la brigade est difficile.



Le roman alterne entre trois narrateurs. Le premier est à la deuxième personne du singulier et s’adresse à Héloïse la seule policière du groupe. La deuxième est Ophélie, doctorante en sociologie, que l’on devine double de l’auteure. Enfin, le troisième s’exprime à la deuxième personne du pluriel à une femme victime dont l’identité ne sera connue qu’à la fin.



Je n’ai jamais lu de polar comme celui-ci. Il ne faut pas chercher de suspense, de rebondissement ici, c’est une vision presque sociologique d’une brigade de police. Cela pourrait être ennuyeux, cela s’avère passionnant. D’autant plus que, vision réaliste oblige, l’auteure ne tombe pas dans le manichéisme. Les relations femmes-hommes s’exposent dans toute leur complexité. Rien n’est blanc, rien n’est noir, le gris domine.



Bref, un premier roman qui sort des sentiers battus. Je suivrai cette autrice avec attention.



Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de ELLE 2024.
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Celles qui peuvent encore marcher et sourire

Plongée dans les coulisses sombres de la brigade criminelle avec "Celles qui peuvent encore marcher et sourire", le premier roman d'Océane Pérona.



Ce thriller policier nous présente Héloïse, une enquêtrice hyper impliquée, et Ophélie, stagiaire et étudiante en sociologie, qui naviguent dans les eaux troubles des affaires d'agressions sexuelles.

À travers le quotidien d'Héloïse, nous sommes témoins de la dure réalité des victimes de viol qui viennent témoigner, espérant justice, mais voient trop souvent leurs plaintes classées sans suite. L'affaire de Laura, violée et laissée pour morte, devient le point de bascule qui enflamme Héloïse. Sous l'œil adjoint d'Ophélie, cette enquête se transforme en une quête acharnée pour la vérité.



Ce roman noir, à la fois actuel et féministe, brille par son réalisme et ses personnages principalement féminins. Il offre une rare incursion dans un milieu policier souvent perçu comme machiste et majoritairement masculin, où les voix féminines luttent pour se faire entendre.



La plume d'Océane Pérona est sensible, incisive et navigue avec finesse dans cet univers que l’autrice connait manifestement bien. Elle utilise son expertise pour enrichir le récit de façon solide et souvent percutante. Cette approche apporte au livre une authenticité renforcée par des descriptions minutieuses et des dialogues qui résonnent de façon très réelle.



C’est un voyage troublant, mais nécessaire, dans les méandres de la justice et de l'injustice.



"Celles qui peuvent encore marcher et sourire" est bien plus qu'un thriller, il reflète notre société et ses luttes souvent invisibles des femmes cherchant justice.



J’ai eu la chance d’écouter Océane Pérona lors d'une conférence à Quais du Polar à Lyon. Elle est maitresse de conférences en sociologie. Sa thèse, consacrée à la place du consentement dans les enquêtes policières pour violences sexuelles a été récompensée par le prix Gabriel Tarde du ministère de la Justice donc autant vous dire qu'elle connait très bien le sujet et cela se sent à travers les pages de son roman.

C'est un 1er roman qui, j'espère, en annonce d'autres !
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Celles qui peuvent encore marcher et sourire

Chaque jour, il faut recueillir les témoignages, écouter la détresse de ces femmes victimes de viols. Au détour d’un couloir, y croiser également les suspects, les agresseurs. Et puis, Héloïse, Julien, Manuel, Grégory, enquêteurs. Sans oublier Océane, jeune sociologue stagiaire. Les voix s’alternent au fil du récit, au rythme des plaintes, au son des auditions et des portes qui se ferment.



Une immersion sans filtre dans ce texte glaçant de vérité. Ça fait mal, ça bouscule et perturbe. Océane Pérona met sur table le quotidien d’un service de police spécialisé dans les agressions sexuelles. Tout y est : la prise en charge des victimes, la recherche de preuves, les défaillances policières, l’ignorance de la société, les manquements de la justice et j’en passe !

Ce texte dérange et c’est pour cela qu’il faut que chacun le lise. La route est encore longue pour que la justice reconnaisse les victimes d’agressions sexuelles et condamne les coupables.

Tapons du poing. Crions. Pour elles !



http://www.mesecritsdunjour.com/2024/05/celles-qui-peuvent-encore-marcher-et-sourire-oceane-perona.html




Lien : http://www.mesecritsdunjour...
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Celles qui peuvent encore marcher et sourire



Un premier roman réussi pour cette autrice. Une immersion totale au cœur d'un service de police spécialisé dans les violences faites aux femmes.



Au travers des yeux et des oreilles d'Ophelie, jeune sociologue stagiaire dans le groupe, nous suivons Héloise, enquêtrice passionnée mais surmenée et qui a l'impression de dépenser son énergie au travail pour pas grand chose...des affaires trop vite classées sans suite et surtout sans avoir retrouvé le coupable.



Ophélie, telle une petite souris, enquête sur ce groupe et s'aperçoit que quelque chose ne va pas, comme un secret ou une omission plane dans ce groupe, ce qu'elle va découvrir va s'avérer surprenant...



Une bonne lecture pour moi, très immersive, avec une fin qui m'a plu mais que j'ai vu venir un peu trop rapidement peut être.



Sinon...Tic tac tic tac...les votes sont clos pour le Grand Prix des Lectrices ELLE 2024.....



Hâte de connaître les résultats !!!



Un prix que j'ai beaucoup aimé, des lectures qui m'ont beaucoup plu, et d'autres que je n'aurai jamais découverte sans ce prix! Une très belle aventure !
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Celles qui peuvent encore marcher et sourire

Même s'il s'agit d'une fiction, l'autrice Océane Perona est extrêmement bien documentée sur le sujet : elle est sociologue de formation et a travaillé sur de nombreuses affaires de violences sexuelles, elle a notamment écrit une thèse sur "le consentement sexuel saisi par les institutions pénales" récompensée en 2018 par le prix Gabriel Tarde du ministère de la Justice. On pourrait donc tout aussi bien baigner dans le vrai quotidien d'une brigade criminelle spécialisée dans les violences faites aux femmes.

La multiplicité des regards sur le sujet permet d'embrasser la problématique qui semble, à bien des égards, vertigineuse.

L'attention se porte sur les victimes principalement à travers le quotidien de deux femmes :

Ophélie, doctorante en sociologie (le double d'Océane Perona), qui a choisi de mener sa thèse dans ce service spécialisé pour analyser la façon dont les femmes victimes de violences y sont accueillies.

Héloïse qui y travaille et perçoit donc les choses de l'intérieur, consciente des difficultés inhérentes à sa profession (et du regard qu'on porte sur elle) mais aussi de la lourde tâche qui lui incombe (elle est en outre la seule femme du service…).

Océane Perona nous immerge dans l'histoire avec force de témoignages et d'affaires à résoudre. Ces deux personnages s'expriment à la deuxième personne pour parler d'elles-mêmes et mettre à nu leurs pensées, leur psyché.

Ce "tu" employé nous implique d'une certaine façon, il rend aussi ce récit presque biographique en faisant oublier qu'il s'agit d'une fiction (d'autant que, je le répète, c'est très réaliste).

Le sujet des viols et des innombrables classements sans suite (les témoignages sont souvent remis en cause, la faute rejetée sur le comportement de la victime), la difficulté d'aborder cette thématique du consentement (l'objectivité masculine), la misogynie ambiante qui n'épargne pas ces services dédiés à la protection des femmes : le regard est acide mais non moins lucide.
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Celles qui peuvent encore marcher et sourire

Ce titre, que l'on doit à la grande prêtresse du roman policier, Agatha Christie, donne le ton. Celles qui, blessées, un couteau dans le coeur, font comme si tout allait bien. Toutes celles qui violées, bafouées, brutalisées , se relèvent, marchent et sourient, vont se retrouver dans le roman d'Océane Perona. Parce qu'elles vont passer dans le bureau d'un commissariat de police.



Et c'est toute la force et le charme du roman, cette immersion au cœur d'une brigade. C'est Ophélie, doctorante en sociologie, qui en pousse la porte. Et on se retrouve comme dans Polisse de Maïwenn. C'est cru, ça vit fort, c'est finalement un lieu de travail comme un autre, le café dégueulasse, les blagues des collègues, les fous rires malgré la dureté du quotidien. Les flics aussi doivent apprendre à marcher et sourire.

Pour autant, si cette brigade est intéressante et crédible, je ne me suis pas attachée aux protagonistes. Quelque chose dans le style qui me laisse un peu à côté. Quand bien même j'avais envie de connaître l'identité du violeur je restais à distance. Sûrement l'utilisation de la deuxième personne dans les chapitres consacrés à Héloïse.



Et puis il y a quelque chose qui m'a gêné dans le discours porté par l'autrice autour de la consommation d'alcool des jeunes filles. A trop vouloir dénoncer les réactions culpabilisantes des enquêteurs, on n'entend que cette voix. Alors, à la fin, on comprend bien que l'autrice ne se place pas du côté des moralisateurs. Pour autant, on frôle parfois le discours de prévention. Et il est toujours bon de rappeler que ce n'est pas l'alcool le problème, mais bien les hommes qui profitent de l'ivresse des femmes pour les abuser.



Des bémols donc, que j'attribue bien volontiers au fait que ce soit un premier roman. Mais bémols qui ne m'empêchent pas de considérer ce texte comme prometteur et bien plus mesuré et pertinent qu'un bon nombre de romans policiers. Je le recommande bien volontiers aux amateurs de polar, comme à ceux qui ne le sont pas. On est à la frontière entre littérature noire et littérature blanche. Et ça donne une nuance intéressante.
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Celles qui peuvent encore marcher et sourire

" Est-ce que vous pourriez m'expliquer ce qu'est un viol, avec vos mots à vous, s'il vous plait ? "



Tout au long de son premier roman, Celles qui peuvent encore marcher et sourire, Océane Perona pose la question du consentement. Elle nous plonge au coeur du quotidien d'un service de brigadiers spécialisé dans les violences se3uelles. La force de ce premier roman tient à la pluralité des points de vue : les brigadiers, les victimes, les accusés sous l'oeil d'Ophélie, sociologue en stage depuis trois mois.



L'autrice démontre par plusieurs aspects, une multitude de facettes des violences se3uelles. Elles présentent plusieurs plaignantes pour insister sur la diversité des situations de vi*ls telles qu'elles surviennent dans la réalité. Il y a des vi*ls d'une violence physique inouïe accompagnés de dix coups de couteau. Mais un vi*l, ce n'est pas toujours quelque chose de spectaculaire, il n'y a pas toujours de preuves. L'autrice nous prouve qu'il n'y a pas qu'un seul profil de vi*leur, que les vi*lences se3uelles, ce sont aussi des vi*ls conjugaux sans violences physiques caractérisées ou encore un étudiant ivre qui s'octroie le droit sur le corps d'une amie inconsciente, une femme vulnérable de soixante-six ans dans un EPADH car non, " il n'y a pas de retraite pour les victimes ", un collègue qui n'a pas le même humour que sa victime… Les agresseurs ne sont pas que des petits chauves ou des fous pervers, c'est un mari, un ami respectable, un collègue un peu vieux jeu, un patron qui perd le contrôle, un soignant qui se sert de la vulnérabilité de sa patiente…



Enfermé dans un huis clos (on ne sort pas physiquement du service de police), le texte est une succession de retranscriptions de faits et de pensées omniscientes de la stagiaire, entrecoupées d'auditions, de dépositions et de dialogues. Il n'y a pas de souffle dans l'écriture d'Océane Perona, pas de saut de ligne, ni de paragraphe qui viennent aérer ce qui est raconté. Cette écriture est factuelle et ça apporte une dimension immersive très maîtrisée. On a une sensation d'ultra réalisme, de non-fiction. Elle m'a embarquée, je me suis sentie vraiment impliquée dans la lecture. Ça fuse, c'est cru, c'est intelligent et je n'aurai pas imaginé que cette écriture puisse être aussi émouvante.



Celles qui peuvent encore marcher et sourire est un roman fracassant coup de poing très singulier qui doit être lu!



GROS TW : descriptions de vi*ols, violences physiques et psychologiques, traumatiques et séquelles.



** Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle - lauréat avril, catégorie " Polar "
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Celles qui peuvent encore marcher et sourire

Une couverture jaune lumineuse pour un thème grave : "Celles qui peuvent encore marcher et sourire", ce sont les femmes qu'Héloïse reçoit chaque jour au sein de son bureau du groupe Violences. Des femmes brisées par une agression sexuelle, pour lesquelles, Héloïse le sait, la plainte sera, le plus souvent, classée sans suite. Mais lorsqu'une jeune fille est sauvagement agressée et laissée pour morte, Héloïse vacille, sous le regard compatissant d' Ophélie, sa thésarde en sociologie, mais aussi seul visage féminin dans cette brigade.

Ce premier roman est une vraie réussite car Océane Perona réussit à mêler la fiction à la réalité, en alternant les narrations entre Ophélie et Héloïse. J'en suis malgré tout ressortie fourbue devant un tel enchainement de violence mais si peu de considération.
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Celles qui peuvent encore marcher et sourire

Ce récit nous plonge au cœur d'une brigade policière consacrée exclusivement aux enquêtes sur les affaires de viol.



Le thème est posé d'emblée : Celles qui peuvent encore marcher et sourire nous parle de faits de violence sexuelle. Nous recueillerons la parole des victimes aux côtés d'Héloïse, l'unique femme de cette brigade. Le regard aiguisé d'Ophélie, doctorante en sociologie et stagiaire au sein de l'équipe, nous apportera une perspective extérieure éclairante. Ce duo mettra en lumière le constat effarant qu'une infime partie seulement des affaires de viol n'est pas classée sans suite et portée devant la justice.



Les défaillances du système sont criantes. L'accueil des victimes laisse encore à désirer, frôlant parfois l'absurde lorsqu'on leur demande des preuves de leur innocence ou des justifications de leur comportement lors des faits. Les préjugés pullulent et la misogynie est omniprésente.



Ce récit dérange et donne envie de hurler. Il est grand temps de le reconnaître : il y a encore un long chemin à parcourir. Même si l'autrice précise qu'il s'agit d'une fiction, on ressent indéniablement l'inspiration de faits réels. L'autrice ayant elle-même travaillé sur les enquêtes policières dans les affaires de violence sexuelle en France, son récit sonne juste et frappe fort.



À lire absolument, ce livre fait une mise au point cinglante, affligeante mais nécessaire.
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Celles qui peuvent encore marcher et sourire

Cet ouvrage étant inspiré de l'expérience de l'autrice, doctorante en sociologie, je n'ai pas pu m'empêcher de régulièrement me demander à quel point celle-ci avait puisé dans des anecdotes réelles. L'écriture est également originale, puisque l'autrice alterne les chapitres avec une écriture en "vous", et de très longues phrases, telles des apnées, pour Héloïse, et un style plus classique pour les chapitres concernant la stagiaire Ophélie.

Sans être un énorme coup de cœur, ce livre m'a touchée, parfois même indignée, vu les thématiques difficiles qui y sont abordées.
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Celles qui peuvent encore marcher et sourire

Ophélie intègre un service de la Police dédié aux enquêtes pour viols dans l'objectif de rédiger sa thèse de Doctorat de sociologie.

Toute la journée, elle écoute les auditions de victimes qui portent le poids d'une culpabilité qui ne devrait pas être la leur alors que leurs bourreaux jouent avec la notion de consentement pour se décharger de toute responsabilité.
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Celles qui peuvent encore marcher et sourire

Je ne l’aurais personnellement pas classé en polar mais plutôt en essai-témoignage, mais il est vrai qu’il y a enquêtes, donc …



Un texte fort et dur qui explore sous un angle à peine différent ce que nous savons déjà : la domination, le viol, la blessure et le peu d’écoute … Pour suivre en tant que psychologue des femmes victimes de violence, je me sens d’autant plus concernée. On est loin ici des actrices sur le retour qui cherchent à avoir à nouveau la lumière des tapis rouges, ici, on est dans la réalité sordide du quotidien.

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Celles qui peuvent encore marcher et sourire

🖤 Waouh!! Ce roman est incroyable !

L’autrice a fait une immersion à la brigade Violences, et nous entraîne avec elle dans le quotidien des inspecteurs en garde des enquêtes de viol.

Le sujet est grave est malheureusement très peu d’enquêtes sont résolues ou aboutissent, sans parler bien entendu de toutes les victimes qui ne portent pas plainte par honte et la peur de ne pas être écoutées et entendues..

Le sujet est traité de façon admirable par une écriture addictive et très factuelle de l’autrice qui permet une immersion intense sans verser dans le glauque et le drama.

Le découpage des chapitres entre enquêtes et l’histoire d’Heloise, l’une des enquêtrices contribue à faire de ce roman un véritable page-Turner! , une très belle découverte et un roman que je recommande
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Celles qui peuvent encore marcher et sourire

[Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle 2024]



Tous les chapitres de Celles qui peuvent encore marcher et sourire sauf le dernier, le huitième, sont construits de la même façon. D'abord « tu » parle à Héloïse. Par cet artifice, on entend les pensées d'Héloïse, ses peurs, ses certitudes et ses doutes, ses regrets, les reproches qu'elle se fait, etc. Elle s'avoue souvent les déconvenues de son boulot de flic. Elle travaille au groupe Violences et, quand elle n'est pas sur le terrain pour enquêter, elle recueille les témoignages de victimes qui ont subi agressions sexuelles ou viols. Un travail exigeant, difficile et parfois déprimant pour elle, la seule femme de l'équipe, comme pour ses collègues masculins. La deuxième narratrice est un « je », Ophélie, doctorante en sociologie, qui fait un stage de trois mois dans ce service afin de recueillir des données pour sa thèse. Elle joue le rôle de la profane, celle à qui on explique comment ça se passe, ce qu'elle doit savoir pour comprendre la situation. Ces éléments lui serviront pour sa thèse et le lecteur profite de ces mises au point, bien sûr. La dernière narratrice, « vous », est une victime qui explique dès le premier chapitre ce qui lui est arrivé. On connaîtra son identité au dernier chapitre seulement. Chaque chapitre est titré du nom d'un agresseur : X pour le premier puisqu'on ne sait pas qui il est, suivi de Dylan, Babacar, etc. le dernier chapitre est intitulé « Vous ». Si ce n'était ce travail sur la narration, on pourrait croire qu'on lit un documentaire sur les violences faites aux femmes…

***

Le regard que posent Héloïse et Ophélie sur le travail du groupe diffère souvent. Héloïse vit les difficultés de l'intérieur. Elle connaît les faiblesses et les forces de ses collègues. Ophélie découvre ce milieu : si les hommes du groupe Violences sont sensibilisés aux horreurs que subissent les femmes, ce n'est pas le cas des autres groupes, par exemple les CRS ou la BAC avec leurs indécrottables machos, « surtout les vieux » lui confie Héloïse. C'est l'occasion pour Océane Perona de réutiliser certains des aspects de sa propre thèse de sociologie qui portait sur « la place du consentement dans les enquêtes policières pour violences sexuelles ». Elle est donc parfaitement au fait de ce qu'elle met en scène. Son roman nous plonge avec réalisme dans ces moments particulièrement délicats, incroyablement difficiles à aborder qu'elle traite avec une grande sensibilité tout en collant au plus près à la réalité : elle a sans doute assisté à certaines de ces rencontres et, bien qu'elle prenne la peine de signaler que « Toute ressemblance avec… » etc., on comprend que c'est du vécu. le fictionnel n'est pas absent de ce récit. L'autrice embarque le lecteur dans plusieurs quêtes : l'identité du « vous », celle du X du premier chapitre, et puis l'explication du départ d'Anaïs, l'autre femme du groupe qui est partie du jour au lendemain sans que quiconque parmi les policiers qu'Ophélie côtoie n'ait envie de lui expliquer pourquoi… J'ai bien aimé ce texte dont les deux aspects, documentaire et fiction, sont très maîtrisés, ce qui s'avère d'autant plus remarquable qu'il s'agit d'un premier roman.

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Celles qui peuvent encore marcher et sourire

Nous sommes dans un commissariat, pendant une semaine, au sein du groupe Violences, chargé d'enquêter sur les agressions sexuelles et les viols. Héloïse, 31 ans, est la seule femme du groupe mise à part Ophélie, qui est en stage pour trois mois, afin de préparer sa thèse en sociologie. Héloïse se sent particulièrement concernée par le cas de Laura, violée et laissée pour morte.

Ce primo-roman est remarquable à bien des égards. Catégorisé polar, il se présente plus comme une sorte d'enquête journalistique que comme un roman. Nous sommes immergés au milieu des policiers, des victimes et des présumés agresseurs. Nous entendons tous les points de vue, sans filtre.

Personne n'est idéalisé, c'est la réalité brute et sordide des agressions sexuelles mais aussi des policiers, pour certains blasés, écœurés, misogynes, compatissants. L'auteure nous offre une variété de situations violentes pour montrer qu'il n'y a pas qu'un type clairement identifié de viols. D'ailleurs, l'auteure fait poser aux agresseurs par les policiers et indirectement nous fait poser à nous lecteurs/trices la question : "qu'est-ce qu'un viol?" et les réponses prêtent à réflexion. A travers la multitude de ses personnages, elle nous fait prendre conscience qu'il n'y a pas non plus un type de victimes (épouse violée par son mari, étudiante violée par un copain d'université, femme jeune seule dans la rue, femme plus âgée dans un bar...).

Ce roman est également remarquable par sa construction narrative qui est un peu déstabilisante au début mais qui nous happe très vite : un "tu" qui s'adresse à Héloïse, le "je" d'Ophélie qui raconte ce qu'elle découvre avec son œil extérieur et un "vous" qui s'intercale à intervalles réguliers sans que l'on sache à qui il s'adresse (on ne le découvrira qu'à la fin).

Remarquable par les thèmes abordés, sans sensationnalisme, sans voyeurisme, sans langue de bois, avec franchise : les violences faites aux femmes bien sûr mais également le nombre très élevé de plaintes classées sans suite, la place des femmes dans la police, les réflexions racistes ou misogynes de certains policiers, le manque criant de moyens (fuite dans les WC, ascenseur en panne, des ordinateurs antédiluviens, un logiciel spécifique qui "plante" en permanence).

Remarquable enfin par le style brut, cash, parfois orduriers de tous les acteurs, victimes, agresseurs, policiers et par cette ironie mordante, cette sorte d'humour noir qui irriguent tout le roman; le rythme est tendu, vif comme doit l'être probablement la vie dans un "comico".

L'auteure est sociologue et a rédigé une thèse, en 2017, sur la place du consentement dans les enquêtes policières ce qui explique probablement que ce roman soit d'une vérité criante.

Un primo-roman remarquable, singulier et très maîtrisé, sortant des sentiers battus. Bravo à Océane Pérona que je ne manquerai pas de suivre si elle continue dans cette voie.



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Celles qui peuvent encore marcher et sourire

Immersion au sein d'un service de police dédié au groupe Violences, un groupe qui se concentre sur les violences faites aux femmes. On y croise Héloïse, une dure à cuire, la seule femme de l'équipe, et puis Julien, Manuel, Gregory, ses collègues. C'est Océane, une thésarde en sociologie qui tient lieu de témoin à ces scènes d'audition mais aussi de la vie de ce groupe.

On y croise des faits sordides, mais glaçants de réalité. Des femmes laissées chez elles pour morte après avoir été violées et lacérées de coups de couteaux, des étudiantes violées alors qu'elles sont inconscientes après avoir trop bu.

C'est à la fois fascinant et glaçant. Lecture courte mais marquante.

Merci à Julliard et Netgalley pour cette lecture.
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Celles qui peuvent encore marcher et sourire

En immersion dans le service Violences de la police pendant trois mois, Ophélie, doctorante en sociologie va devoir affronter bien pire que des démons ! Chaque jour, les collègues se relaient pour auditionner et recueillir les mots de femmes qui ont été violées dans des procès-verbaux. Pour Héloïse, dernière arrivée à la brigade Violences, difficile de rester stoïque face à la détresse de ses femmes et au calvaire qu'elles ont subi, surtout quand elle sait que la plupart des plaintes seront classées sans suite. Héloïse est la seule femme présente dans la brigade. Son poste est crucial puisque les femmes sont susceptibles de se confier à une figure féminine plutôt que masculine. Elle doit, par la suite, faire les redescentes à ses collègues. Et on peut dire que le service est animé ...



La force du roman réside dans cette pluralité des voix et ce "tu" accrocheur. L'auteur nous interpelle, nous alpague, nous scotche avec ce "tu" intimiste et à la fois malaisant. Il place le lecteur comme potentiel équipier de brigade ou victime potentielle. C'est à la fois déstabilisant à la lecture et à la fois, novateur et captivant. Ce premier roman ne laisse pas de glace. Des paragraphes entiers qui se suivent comme débitées, comme une urgence à coucher les mots. Un sentiment que le lecteur perçoit par ses longues phrases et ce rythme soutenu.

Une hésitation quand à la classification du roman qui oscille entre le témoignage d'une immersion au sein d'un service policier et l'enquête policière. Une auteure à suivre de près !
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Celles qui peuvent encore marcher et sourire

Océane Perona s'inspire de sa propre expérience pour raconter la vie d'une brigade policière en charge des affaires de viols et d'agressions sexuelles, avec notamment Héloïse, policière qui recueille les plaintes et enquête, et Ophélie, jeune sociologue faisant sa thèse au sein de ce service.

L'autrice, ayant elle-même étudié la sociologie et travaillé sur les enquêtes policières dans les affaires de violences sexuelles, sait de quoi elle parle. Et cela se ressent à chaque page !

Elle ne raconte pas seulement les ressentis des plaignants et des suspects entre peur, détermination et surprise, dont les témoignages se présentent intelligemment sous forme de procès-verbaux. Elle décrypte avant tout la vie d'un service, le ressenti des policiers confrontés au quotidien aux pires atrocités, aux lourdeurs administratives, aux barrières morales, etc.

Livre social et psychologique, plus que roman policier, il n'est pas toujours facile à lire, donnant une image plus que péjorative de l'humanité, mais est une lecture essentielle.

Ce livre n'est pas sans me rappeler dans sa forme La jeune fille et le feu de Claire Raphaël, abordant pour sa part les maltraitances familiales et l'injustice sociale.

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Celles qui peuvent encore marcher et sourire

De prime abord, je n'aurais pas forcément acheté ce livre. Je préfère les romans d'amour de base... Mais j'ai accompagné ma tante au Quai du Polar, l'auteure m'a interpellée et m'a présentée son premier ouvrage. J'ai tout de suite été intéressée par le thème abordé : les violences faites aux femmes. Et je remercie l'auteure de m'avoir donné la chance de découvrir son premier roman.

Nous suivons Ophélie, une doctorante en sociologie qui prépare sa thèse grâce à un stage au sein d'un service de la police.. ce service s'occupe des violences faites aux femmes...

En plus de suivre plusieurs affaires de violences, de viols et de meurtres, nous suivons les membres de l'équipe de police.. les caractères et les réactions de chacun et de chacune! J'ai vraiment beaucoup aimé découvrir cet univers et ces personnages. D'autant que, l'auteure, Océane Perona, a elle aussi étudié la sociologie... On se rend vraiment compte que chaque personnage est vrai !

Je recommande et j'espère lire très bientôt un prochain roman!
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Celles qui peuvent encore marcher et sourire

Plusieurs voix dans ce roman qui ne donne pas du tout l’impression d’en être un. Ophélie est une doctorante en sociologie qui pour sa thèse, va passer trois mois au sein de la police, avec le groupe Violences dédié à prendre en charge les victimes de viol. Il y aura aussi une personne s’adressant à Héloïse, la seule femme du groupe. Est-ce elle qui se parle ou quelqu’un d’autre qui s’adresse à elle ? Il est possible que ce soit plus clair pour d’autres lectrices et lecteurs mais de mon côté, le doute a subsisté jusqu’à la fin. Et pour finir, une troisième personne sans nom mais avec une histoire terrible que je vais découvrir au fil des pages.



Le roman est principalement écrit en utilisant le « tu » et même si l’autrice ne s’adresse pas à nous personnellement, cela donne une écriture vive et percutante qui m’a attrapée tout le long de ma lecture. Ce livre a été un coup de cœur et pourtant, il m’a plus lacéré le cœur qu’adouci avec du baume. Une fiction qui a sacrément le goût de vrai, au point que j’ai parfois été à la frontière des deux. Les faits sont inventés mais les histoires qu’ils racontent sont celles de milliers de personnes. De femmes.



« Celles qui peuvent encore marcher et sourire » c’est un monde de nuances. Des membres de la police qui peuvent être abjects, manquant d’empathie et dans un même temps, d’autres avec une écoute sans faille et une détermination pour éclaircir les affaires confiées. Ce sont aussi des victimes différentes dont le comportement peut susciter un étonnement, sans pour autant qu’il faille douter de leur parole. Jamais. La nuance peut être aussi dans la familiarité qui unit les membres de ce groupe pas comme les autres face à ces témoignages et ces crimes qui glacent le sang.



C’est un roman qui ne donne pas confiance en l’humanité, qui n’a fait que conforter les doutes et la colère que je ressentais déjà face à la violence, l’absence d’écoute, le manque de considération ainsi que face à cet abominable et détestable besoin de domination. Mais ce roman, c’est avant tout celui qui souligne la force de « celles qui peuvent encore marcher et sourire ». Et en ça, il est nécessaire et je remercie l’autrice de le faire exister.

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