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Critiques de Paolo Castaldi (29)
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L'heure H

Quand l'heure H sonne, il ne faut pas baisser la tête mais se relever et se battre. On va suivre le parcours d'un couple Sara et Sébastiano qui luttent pour un avenir meilleur au sein de leur entreprise de métallurgie.



L'action se situe dans les milieux de gauche des années 70 en Italie. Il s'agit en fait de militantisme pour une bonne cause. Il est vrai que les conditions de travail des ouvriers étaient difficiles et beaucoup perdraient la vie sur leur lieu de travail dans des accidents.



Là également, les patrons viennent aux enterrements complètement affligés avec des larmes de crocodile mais le cinéma continue de plus belle une fois l'émotion retombée.

Il s'agit de se battre contre les restructurations, le turnover, les licenciements abusifs, l'augmentation des rythmes et des charges de travail, la réduction des effectifs.



Visiblement, les 35 heures ont été mis en application car elles servent à défendre l'emploi. Il faut partager le temps de travail et non travailler plus longtemps. C'est le discours servi dans cette BD qui ne rencontrera pas un écho favorable parmi les entrepreneurs voulant s'investir corps et âmes à leur travail. Toujours cette opposition entre les prolétaires et la bourgeoisie.



Visiblement, cette industrialisation a provoqué la pollution de la mer dans les alentours de cette usine située à Tarente sur la côte italienne. Les déversements pétroliers ont intoxiqué la mer et les poissons. La culture des huîtres a par exemple disparu.



Au niveau du dessin, je n'ai pas trop aimé cet effet crayonné sur chaque page. Il manque de la clarté. Pour autant, cela donne un charme particulier.



Il est question de faire des révolutions pacifiques autour d'un bon repas préparé par la Mamma. C'est bien de refaire le monde et d'avoir une conscience politique pour changer la société.
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Vann Nath, le peintre des Khmers rouges

Je remercie vivement Babelio et les éditions La boîte à bulles pour ce très beau et passionnant roman graphique.

Un retour sur une période très sombre, triste et inhumaine du Cambodge, avec cette biographie sur Vann Nath, peintre victime des Khmers rouges, qui fait partie des 7 adultes survivants sur les 20 000 personnes enfermées à la prison de Tuol Sleng plus connu sous le nom de S-21 qui était dirigée Duch, celui-ci sera inculpé en 2007 pour crimes contre l’humanité et condamné à perpétuité en février 2012. A la fin du livre il est rappelé que « deux millions de personnes ont été tuées, dont 60 % brutalement, les autres sont mortes de faim ou de maladie. Près de 1 300 000 cadavres ont été retrouvés dans les quelque 25 000 fosses communes découvertes après la chute du régime».

Vann Nath fut épargnés puisqu’il était l’artiste qui peignait entre autre Pol Pot. Ses peintures témoignent des horreurs de la barbarie du régime des Khmers rouges. Vann Nath mourut le 5 septembre 2011.

Cette BD est un grand témoignage percutant qui bouleverse, choque, prend aux tripes mais est indispensable, j’ai visité S-21 et donc vu les peintures de Vann Nath et je ressens toujours une oppression, un malaise à me remémorer cette visite de cette ancienne école devenue prison qui gardent les souvenirs des horreurs perpétrés.

Je ne peux pas finir sans parler des illustrations sobres, en noirs et blancs avec une impression de brouillard.

Un album passionnant, percutant, voir indispensable pour se souvenir et surtout ne pas oublier.
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Vann Nath, le peintre des Khmers rouges



Quel livre !!!

C'est percutant, c'est émouvant, c'est instructif, c'est utile...c'est nécessaire.



C'est un livre incroyable sur une période horrible.

Les auteurs nous raconte le régime terrible des Khmers rouges. Pour se faire, ils utilisent un procédé intéressant même si assez classique, ils passent par l'intermédiaire du témoignage de l'un des rares survivants au parcours atypique.

Ils suivent donc Vann Nath, modeste peintre combodgien, qui du jour au lendemain, avec l'arrivée du nouveau régime, est emprisonné sans motif apparent, juste parce qu'il faut arrêter pour l'exemple. Tout le monde est suspect, alors pourquoi pas lui.

Il va rester plusieurs années en camp et survivra miraculeusement, simplement parce qu'il savait peindre et qu'il pouvait exécuter des portraits de Pol Pot...



Le dessin met magnifiquement en image cette histoire glaçante. Le trait, le choix des couleurs est parfait.

Le portfolio des dessins de Vann Nath est également très impressionnant, lui qui s'est donné pour mission de témoigner encore et toujours notamment grâce à ses tableaux, pour que personne n'oublie et pour ceux qui ne peuvent plus témoigner.



Pour rappel, le régime des Khmers rouges en chiffre, c'est 2 millions de morts,

25 000 fosses communes. Rien que pour le célèbre camp S-21 les chiffres sont glaçants, 20 000 personnes enfermés, 12 survivants dont 5 enfants...



Un très grand merci à la médiathèque Jean Moulin de Margny-les-compiegne de faire des choix aussi forts dans leurs achats.



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Vann Nath, le peintre des Khmers rouges

Plus que des mots, des dessins et peintures pour témoigner de l’horreur des prisons sous Pol Pot, dictateur cambodgien des années 70.

Réquisitionné par l’armée, Vann Nath doit peindre pour le régime en place et chaque toile peut être sa dernière.

Maltraitance psychologique et physique pour lui et ses compagnons d’infortune et assassinats de masse de la population.

Tout à une fin et après la rédition commencent les procès des dirigeants qui mettra à jour leurs méfaits; on retrouvera certains de ces hauts dirigeants dans la nouvelle coalition gouvernementale car connaissant le pouvoir ils participeront à la reconstruction du pays.

Les dessins en captivité sont en noir ( souvent à base de suie) ceux réalisés après sont plus colorés mais à les regarder, on comprend un peu mieux l’étendue des sévices appliqués.

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Vann Nath, le peintre des Khmers rouges

Ce récit commence à Phnom Penh en avril 1975 avec l'arrivée au pouvoir des Kmers rouges au Cambodge. Ce régime va être à l'origine de l'un des pires génocides du XXème siècle qu'il fera subir à sa propre population en guise de punition pour des crimes contre-révolutionnaires imaginaires.



En fait, j'ignorais l'existence d'un tel massacre commis par des communistes sanguinaires d'une cruauté jusque là presque inégalée. Je suis véritablement sous le choc d'une telle lecture qui ne nous épargnera rien.



On va intéresser surtout à Vann Nath qui fut le peintre des Khmers Rouges sans avoir le choix. C'était cela ou une mort certaine. Il a fait cela pour survivre mais il a surtout contribué par son travail à faire ne sorte que personne n'oublie jamais les crimes qui ont été commis par ces illuminés qui suivait un certain Pol Pot.



Il y a comme un prix à payer pour la survie mais avec des larmes de sang. Il y eu à l'époque presque deux millions de morts soit 20% de la population. Les enfants étaient massacrés au même titre que les adultes de peur de leur vengeance. Ce régime fut l'un des pires de la planète de par la façon dont ils ont procédé. En effet, parmi les morts, 60% l'ont été brutalement, les autres autres mourant de faim alors que la propagande soulignait les niveaux excellents de productivité agricole pour donner le change aux régimes capitalistes ennemis.



Nous allons assister avec notre peintre aux séances de tortures et aux scènes de crimes contre la population des plus effroyables. Cela donne envie de vivre à jamais dans une démocratie respectueuse des droits de l'homme les plus fondamentaux. Cette lecture est à conseiller à tous les lecteurs qui doutent encore de notre système démocratique même s'il est imparfait pour leur servir de bonne leçon.



Cette BD est dédiée à la mémoire de toutes les victimes innocentes de ce régime sanguinaire. Pour ma part, je n'oublierai jamais ces crimes contre l'humanité.
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Zlatan : Histoire d'un champion

Il y a quelques footballeurs connus originaires de Rosengård comme Yksel Osmanovski, Labinot Harbuzi, Nabil Bahoui ou Goran Slavkovski, mais sans équivoque possible le plus connu est bel et bien Zlatan Ibrahimovic.

Paolo Castaldi, fasciné par ce joueur hors pair, a voulu retracer son séjour dans cette banlieue afin d'essayer de comprendre le personnage rustre et rebelle qu'il est, et le pourquoi de ce qui a fait de lui l'un des plus talentueux.

Ses rencontres et ses visites vont lui apporter quelques suggestions.



Le scénario de Paolo Castaldi pour "Zlatan - Histoire d'un champion” :



Le scénario de Paolo Castaldi est construit tel un récit de voyage, un reportage initiatique.

Il commence à Milan en exprimant les sensations qu'apportent un but marqué et mettant en parallèle un match de quartier et le grand Zlatan à l'œuvre.

Puis le voyage commence, autant physiquement qu'avec le temps.

Chaque entretien, visite, etc.…, permettra à Paolo Castaldi de faire des Flash-Backs sur la vie de Zlatan, de sa jeunesse jusqu'à son début de carrière professionnelle.

On y apprendra les conditions difficiles dans lesquelles il vivait avec son père, loin de son pays d'origine alors en guerre.

Son père soucieux ne s'occupait guère de lui, préférant un frigo rempli de bière plutôt que de nourriture, et le laissait donc continuellement en prise avec ses difficultés sociales, sa fureur adolescente etc...

Bref il l'a laissé se construire seul, ce qui lui a valu de se forger ce terrible caractère.

L'auteur revient aussi beaucoup sur les difficultés d'intégration communautaires de Zlatan, son côté humain très individuel le mettant continuellement à l'épreuve face aux autres pour être le meilleur.

Mais au final, il montre admirablement bien les plus belles qualités de ce sportif incroyable : la persévérance et la résilience. Qui n'aurait pas craqué à sa place ?

Un beau récit humain, que l'on aime ou pas cet athlète, on ne peut rester qu'admiratif.



Le dessin de Paolo Castaldi pour "Zlatan - Histoire d'un champion” :



Le dessin de Paolo Castaldi est d'un style réaliste en crayonné et avec quelques touches d'aquarelle probablement.

Son trait est beau, fin et délicat, fluide, presque vivant et surtout centré sur l'essentiel.

Les arrière-plans sont peu détaillés mais du coup cela permet de mettre particulièrement en avant les protagonistes (surtout Zlatan).

Les compositions et le découpage sont remarquables, comme cet entrainement sous la pluie où les effets sont majestueux.

Elles donnent une véritable impression de mouvement, d'action et nous plonge au cœur de ce match, de cette bataille que Zlatan livre pour s'en sortir.

Les pleines pages et doubles pages sont magnifiques telles de véritables tableaux où les bordures de cases disparaissent pour être encore plus immergé dans la scène.

Les effets et perspectives sont incroyablement maîtrisés accentuant la fluidité des gestes, la continuité des actes, marquant les événements etc...

Paolo Castaldi joue aussi sur l'alternance des couleurs et du noir et blanc pour illustrer tour à tour le moment présent, et les retours dans le temps.

Le choix des couleurs est délicatement effectué. Elles ne sont ni trop criardes, ni trop blafardes et tiennent ainsi le spectateur en haleine.

Elles évoquent aussi une certaine poésie pour rappeler qu'au final le foot reste aussi un art qui se travaille par la technique et la persévérance.

Je serais vraiment curieux de voir une exposition des planches de cet artiste car je trouve son travail graphique exceptionnel.





Cette BD est loin de ce que j'avais pu imaginer avec son titre. Elle ne retrace que la jeunesse de Zlatan et non sa carrière de professionnel.

Elle plaira évidemment aux sportifs accomplis fan de foot mais aussi et certainement aux amateurs et/ou passionnés curieux du neuvième art...

Une belle lecture qui vous éclairera sur la personnalité Zlatan !


Lien : https://www.7bd.fr/2020/09/z..
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Vann Nath, le peintre des Khmers rouges

Le dessin est réalisé au crayon et lavis, avec l’apparence du noir et blanc, mais c’est imprimé en couleurs, quelques discètes nuances colorées apparaissent subrepticement, des motifs rouges sur les écharpes, des lavis un peu jaunis. Le graphisme est modeste, comme s’il ne voulait pas se mettre en avant, pour nous laisser le temps de nous imprégner, pour laisser l’ambiance oppressante et inquiétante devenir la norme, car c’est bien de ça dont il est question.

A l’époque de ces évènements, j’étais collégien, et je m’embrouillais un peu dans ces histoires du Viet Nam, du Cambodge, je confondais un peu tout ça. Ce n’est qu’avec le film “La déchirure” de Roland Joffé que j’ai découvert ce pan horrible de l’histoire. On retrouve les faits de ce film, avec cette fois-ci le témoignage réel de Vann Nath. Ces capacités de peintre lui ont sans doute permis de survivre, un peu comme les histoires des musiciens dans les camps de concentrations pendant la seconde guerre mondiale. Il peignait sous la menace d’une arme.

Cette bande dessinée n’est donc pas très réjouissante, certains moments sont même très durs, on a du mal à imaginer jusqu’où la cruauté peut aller. En fin de bande dessinée, il y a quelques reproductions de ses peintures, la mise en parallèle renforce la dureté du propos.

Cette bande dessinée est un témoignage bouleversant et nécessaire, la réalisation est à la hauteur du propos, sobre et efficace.

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Etenesh : L'odyssée d'une migrante

Migrants, grand remplacement, réfugiés... Que de fois dans l'actualité ces dernières avons nous entendu ces mots. souvent en refusant de voir la réalité des hommes et des femmes que cela recouvrait.

Donc, non, ils ne fuient pas leur pays pour les allocations ou l'école gratuite ou pour nous envahir. Ni pour dépenser leurs économies dans un voyage d'agrément à travers désert, prison, violence et incertitude.

Si le roman Encore de Hakan Günday avait déjà fortement fait comprendre que la condition de migrants/réfugiés cherchant asile en Europe était un parcours semé d'embuches mortelles, Etenesh le donne à voir. Couleurs et contours flous, pour donner une idée de la fragilité de la vie de ces personnes, violences à chaque page (viols, prison, massacres...), décors réduits à l'essentiel, rien ne parasite le propos.

L'auteur est lui aussi un demandeur d’asile, qui a eu la chance de l'obtenir. Son témoignage est à la fin de l'ouvrage. Il a réalisé des documentaires, recueillis des témoignages de réfugiés, mais aussi des secouristes et des habitants de l'île de Lampedusa, en première ligne pour l'accueil des naufragés.

Une œuvre qu'il faudrait peut-être mettre entre certaines mains. Notamment celles qui se réclament de la tradition chrétienne et refusent la charité...
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Etenesh : L'odyssée d'une migrante

Qui sont les migrants qui tentent de venir en Europe ? Quel est leur itinéraire ? Quelles sont les raisons de leur exil ? Quelles épreuves traversent-ils ?



L'auteur nous propose le parcours d'une femme d'Ethiopie, Etenesh, comme représentante d'une traversée de l'enfer à partir d'un beau texte et de magnifiques illustrations.



L'histoire commence par rappeler que le départ n'est en aucune façon une question de choix. Il est l'unique porte laissée à des milliers de personnes aujourd'hui dans le monde pour survivre.



La jeune femme a quitté son pays seule sans pouvoir garder de liens avec sa famille. Son périple commence par un an d'esclavage au Soudan avec le souhait de réunir la somme suffisante afin de rejoindre la Libye.



Mais trouver du travail et garder sa dignité sont totalement impossibles. Chaque halte est l'occasion d'un racket incessant, de violence et de mort. Le plus terrible est l'espoir qui s'amenuise et la perte de toute humanité autour de ces hommes qui luttent.



Les liens tissés avec les compagnons d'infortunes sont à la fois essentiels et terribles. Le chemin de croix est jalonné de cadavres.



Si on ne voit que le destin d'Etenesh, l'auteur nous permet d'entendre et de sentir la voix et le profil de nombreux autres migrants avec ses dessins et leurs mots qui sont égrainés dans l'ouvrage.



L'universalité du propos est renforcé par la force du dessin. Les hommes semblent perdus dans une immensité sans nom où seule prédomine la couleur rouge, celle de l'héroïne, sorte de Marianne du peuple des migrants mais aussi représentative d'un monde sans pitié.



Un album qui permet non pas de comprendre mais de parler de l'immigration autrement et de voir derrière les chiffres des visages. En espérant que cela contribue à dénoncer les marchands d'âme et à ouvrir l'Europe...



A lire !
Lien : http://www.nouveautes-jeunes..
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L'heure H

Je n'ajoute rien à la quatrième de couverture que je trouve très bien.

Une illustration que j'apprécie et la nécessité de rappeler que rien n'était acquis , que grâce à des hommes courageux nous pouvons apprécier le bien_être actuel.

Je remercie Erri de Luca qui a toujours travaillé pour que les hommes vivent dans la dignité .
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Vann Nath, le peintre des Khmers rouges

Sur les quelques 14 000 hommes, femmes et enfants emprisonnés, ils ne sont que 12 dont 7 adultes à être sortis vivants de l’ancien lycée de Phnom Penh transformé en prison de Tuol Sleng, centre de torture et d’exécution des Khmers rouges rebaptisé S21. C’est cette tragédie, l’une des pages les plus noires de l’histoire du Cambodge que l’on (re)découvre à travers le regard de l’un des rescapés dans l’album Vann Nath, le peintre des Khmers rouges sous la plume de Matteo Mastragostino et le pinceau de Paolo Castaldi, deux bédéistes italiens, aux éditions La Boîte à Bulles.



Avril 1975, la chute de Phnom Penh marque la fin de plusieurs années de guerre civile et les Khmers rouges sont acclamés par la foule. Malgré l’inquiétude de sa femme, Vann Nath, peintre d’enseignes, décide de retourner en ville à son atelier. L’atmosphère est lourde et les vainqueurs, au nom de l’Angkar , l’« organisation » révolutionnaire du Kampuchéa démocratique – nouveau nom du Cambodge – intiment aux habitants l’ordre de quitter la ville…

Phnom Penh, novembre 1979. Nath en plein cauchemar se réveille aux côtés de sa femme. Toujours ce même rêve qui le hante : son impuissance face à la disparition de son fils. Que s’est-il donc passé durant ce laps de 4 ans ?

Nous allons le découvrir en le suivant jusqu’au lieu où il se rend tous les jours  : la sinistre prison de Tuol Sleng maintenant désaffectée. Là, il peint. Il peint ce qu’il a vécu lui même, ce qu’il a entendu, ce qu’on lui a raconté. Et les souvenirs affluent depuis son arrestation arbitraire en décembre 1977 dans la coopérative agricole qu’il avait été contraint de rejoindre, son incarcération en janvier 1978, jusqu’à sa libération suite à la chute des Khmers rouges en janvier 1979.

Au S21, régnaient la terreur et le «  kamtech » qui signifie détruire, puis effacer toute trace afin qu’il ne reste rien de la vie et rien de la mort. Non pas tuer mais détruire, comme on détruit un objet. Le schéma est toujours le même : arrestation de personnes absolument innocentes suite à une dénonciation elle-même extorquée à une autre victime toute aussi innocente, torture afin d’obtenir des aveux de sabotages imaginaires et souvent grotesques et les noms des complices puis exécution.

Contraint à réaliser d’après photo des portraits officiels du « frère n° 1 », lui ne doit sa survie qu’à sa qualité de peintre avec chaque jour cette épée de Damoclès que l’une de ses peintures ou lui-même ne viennent à déplaire. « Garder pour utiliser », voilà ce que Duch, le « maître des forges » de cet enfer avait inscrit à côté de son nom.



Quand on sait que la première bande dessinée de Matteo Mastragostino parue aux Éditions Steinkis en 2017 s’intitulait Primo Levi, on n’est guère étonné de le voir s’intéresser au génocide cambodgien. Le projet est né suite à la lecture des mémoires de Vann Nath Dans l’enfer de Tuol Sleng. L’inquisition khmère rouge en mots et en tableaux parues en France chez Calman-Lévy en 2008. Deux ans ont été nécessaires pour réaliser cet album très documenté qui retrace fidèlement et scrupuleusement les évènements. La quasi inexistence de voix off, la concision des dialogues réduits à l’essentiel font la part belle à l’image afin de mieux nous faire ressentir les choses et surgir les émotions.

Quant au dessinateur Paolo Castaldi, outre 2 albums consacrés à sa passion le foot « La main de Dieu : Diego Armando Maradona » paru en 2014 aux éditions Diabolo et « Zlatan : l’histoire d’un champion » en 2020, on lui doit « Etenesh : L’odyssée d’une migrante publié aux éditions Des ronds dans l’O, ouvrage qui a obtenu le prix Valeurs Humaines 2016 du CRIABD.

Le choix pour l’illustration d’un fondu graphique, univers gris parfois teinté d’ocre dans lequel font tache les kramars rouges des gardes ou la robe du juge permet de supporter l’insoutenable. Les lieux sont fidèlement restitués ainsi que certains tableaux de l’artiste qu’on retrouvera en fin d’ouvrage.



Le devoir de mémoire [...]

La chronique en entier sur L'accro des bulles
Lien : https://laccrodesbulles.fr/2..
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Etenesh : L'odyssée d'une migrante

Cette oeuvre est à l'antipode de la pensée dominante actuellement dans notre pays vis à vis de la question des réfugiés. J'ai été touché par la détresse de cette femme qui abandonne son pays sans avenir pour une vie meilleure. Il faut dire que le voyage dans le Sahara sera plus qu'éprouvant. Que dire également de l'accueil réservé en Libye !



Je n'ai pas aimé le dessin un peu trop anguleux mais j'ai apprécié la manière dont on tourné ce récit. On arrive à comprendre les sentiments que traverse Etenesh à commencer par la peur et le désespoir au milieu de cet ignoble trafic humain.



Les gens devraient découvrir cela avant de juger hâtivement et de renvoyer ces pauvres gens à une mort certaine. Bref, c'est un témoignage plutôt difficile mais indispensable à la compréhension de ce problème.
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L'heure H

C'est bizarre, je n'arrive pas à dépasser la moyenne alors que tout aurait dû tirer ma... "note" vers le haut : l'importance du message et la justesse de ton, le dessin sobre qui ose de loin en loin des cadrages énergiques, l'épure des mots et les fulgurances de De Luca, jusqu'au magnifique final d'ailleurs, dédié à l'Internationale...



Et pourtant non. Mais qu'est-ce qui a cloché selon moi ?

Le parti-pris de Castaldi de poser trop souvent sur le nez de ses visages un gris ou même un rouge qui les... enrhume, voire les transforme en... pochetrons ? (oups !)

Le découpage décousu d'un scénario qui tire vaguement sur le docu, sans vraiment annoncer la couleur ?

Et à propos de couleur, le côté terne de son traitement, je veux dire un lavis grisé trop souvent fade où ne se démarquent que rarement quelques ocres jaunasses, où flashent rarement des taches de rosé ou de rouge timide, mais dans ce cas trop souvent (bon d'accord, je radote) sur des oreilles ou des nez ?



Un peu de tout ça je crois. Je suis fan de De Luca et je l'admire, mais cette BD ne m'a pas plus emballé que ça. Dommage...
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Vann Nath, le peintre des Khmers rouges

Cette Bd retrace le terrible régime de Pol Pot au Cambodge de 75 à 79. Les dessins sont aussi superbes que le récit macabre et, pour tout dire, horrible. Dès lors le récit se veut témoignage, témoignage des crimes perpétués durant cette période, témoignage d'une nouvelle période sombre de l'humanité, témoignage d'un génocide sans nom. A lire en mémoire de toutes les victimes innocentes de ces atrocités.
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Vann Nath, le peintre des Khmers rouges

Je remercie l'opération Masse Critique de Babelio ainsi que la maison d'édition La boîte à Bulles de m'avoir accordé leur confiance.



Tout d'abord, je tiens à souligner que l'envoi de cet ouvrage a été particulièrement soigné. Il est arrivé dans une enveloppe papier bulle et le livre était lui-même protégé par du papier bulle. Ce soin reflète celui qui a été mis dans cette édition : la couverture épaisse et rigide, la haute qualité de papier utilisé, le rendu des couleurs... En somme, cette maison d'édition, que je ne connaissais pas, m'a vraiment épaté.



Mais, j'imagine que ce n'est pas ce qui vous intéresse le plus donc, je vais en revenir au principe sujet. J'ai regardé les dessins et lu durant une pause méridienne sur mon lieu de travail. Vous l'aurez donc compris, ce livre se lit très vite mais par contre... Il ne s'assimile pas aussi vite. Il est extrêmement fort, extrêmement puissant. C'est un condensé de tout et tout monte crescendo. J'ai mis près d'une semaine à me dire qu'il fallait que je publie ma critique mais, je ne savais pas quoi en dire.... Car ce livre m'a retourné. Il va droit au but, il heurte et c'est la où réside sa force. Il pousse forcément à se questionner, il incite le lecteur à se renseigner plus sur l'histoire, il nous encourage à nous apprendre et à nous souvenir.



Les ouvrages, les témoignages, j'en lis parce que je trouve qu'il est important de savoir, de ne pas oublier. C'est notre devoir. En toute honnêteté, @Vann Nath, Le peintre des Khmers Rouges, m'a marqué profondément. Je le répète mais il est percutant. Lisez-le et vous comprendrez. Vraiment, j'insiste : LISEZ-LE !



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Etenesh : L'odyssée d'une migrante

Allez. Il est grand temps de me lancer dans les avis de livres graphiques. Je compte m’y mettre petit à petit, prendre le temps de m’immerger dans ce genre de littérature, de me l’approprier et de me constituer une petite base de références. Je tiens aujourd’hui à vous proposer un article sur une bande dessinée - empruntée à la médiathèque de ma ville - dont la couverture m’a interpellée. Il s’agit de ETENESH, L’Odyssée d’une migrante, par Paolo Castaldi aux éditions Des ronds dans l’O.





Etenesh signifie “Tu es ma soeur”, tels sont les premiers mots de ce livre, les premières pierres de cet édifice aussi troublant que nécessaire. L’Odyssée d’une migrante, qu’est-ce que cela ? Un long chemin pavé d’obstacles, un périple qui éprouve aussi bien vos nerfs que votre détermination, une marche pour la survie plus que pour la vie. C’est une route sinueuse et dangereuse, entre mer et désert, entre insulte et violence. Etenesh incarne cette traversée, à la fois une et multiple, anonyme parmi les anonymes. Son ombre viendra-t-elle grossir le tableau des disparus ?



Une ambiance austère pour un récit glaçant, un coup de crayon particulier et relativement peu de couleurs criardes, tout est dans la sobriété. Ce récit s’inscrit davantage, à mes yeux, dans une volonté de nous immerger au coeur du désespoir et de la violence, suggérer plutôt que montrer sans pour autant négliger d’exposer les faits, de les souligner. De l’Ethiopie à l’Italie, rejoindre un ailleurs, fuir une situation pour en (re)trouver une autre, affronter ses peurs et vivre l’instant présent. J’ai bien mis une bonne dizaine de planches à me familiariser avec les dessins, avec ces jeux de couleurs plutôt sombres qui contribuent à accentuer la gravité de ce qui est dit, de ce qui est montré.



Du jaune pour le désert, du bleu pour la mer, deux ambiances, deux tonalités mais un même sentiment, celui de la misère et de l’urgence. Le rouge symbolise le personnage principal, celle dont nous suivons le périple, traversant l’Ethiopie, parcourant le Soudan et le désert du Sahara… On s’adapte voire s’acclimate à ces conditions particulières, à ce mode de vie plus que rudimentaire qui vous ôte toute humanité. Ces hommes et femmes, qui fuient, pourraient être n’importe qui comme tout le monde, une foule de visage, un océan de nom, une terre désolée.



L’ouvrage nous livre quelques témoignages recueillis comme de sublimes gouttes d’eau, des tranches de vie qui touchent et font réfléchir. Certaines planches sont totalement vierges de cartouches de la moindre parole ou inscription textuelle, nous sommes invités à découvrir, imaginer et ressentir par la seule force du dessin, de ces traits très marqués, dont je ne suis pas spécialement fan, je dois bien le reconnaître. Je trouve que les traits sont grossiers, non pas vulgaires mais pas fins non plus, que le tout est quelque peu minimaliste. Je peux comprendre cette volonté de montrer que l’on part sans rien, avec uniquement des souvenirs et peut être aussi l’espoir, ce sentiment qui s’estompe jusqu’à disparaître… Je peux le comprendre mais je n’y ai pas été sensible. Quelques vignettes sont plutôt dures, violentes, peuvent mettre mal à l’aise. Les dialogues sont généralement secs, à l’image du rapport de force instauré par les passeurs et les migrants, du traitement qu’on leur réserve.





Il s’agit ici de retranscrire un parcours, de transmettre des émotions et de véhiculer un message de paix et de tolérance, une envie de tendre la main pour éviter ce genre de situation. Paolo Castaldi nous offre un plongeon au coeur de l’horreur, une descente aux enfers méthodique et millimétrée qui entraîne de nombreuses âmes dans son sillage. Combien meurent anonymement ? Privés de sépulture ? Combien de familles sont déchirées par départs précipités, par ces sinistres destinées ? Etenesh c’est un cri du coeur, une envie de voir plus loin que le simple mot de “migrant”, le besoin de montrer toute l'aberration de cette dramatique entreprise. Cette bande-dessinée mérite qu’on prenne le temps de la feuilleter, pour toutes celles et ceux qui quittent leur pays, pour tous les exilés, pour toutes les victimes et les destins brisés.
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Etenesh : L'odyssée d'une migrante

Un livre fort sur l'immigration vécue de l'intérieur.

Les illustrations, très belles, nous amènent à nous mettre dans la peau de cette jeune Ethiopienne et de son terrible vécu sur les routes de l'exil.
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Etenesh : L'odyssée d'une migrante

Paolo Castaldi témoigne du parcours des migrants avec cette bande-dessinée dure et épurée. Je n'aime pas du tout les graphismes qui sont très anguleux, très géométriques et essentiellement monochromes. C'est le témoignage qui fait toute l'importance de ce livre.

On suit le parcours d'Ethenesh fuyant l’Éthiopie et découvrant l'horreur du trafic des migrants en Libye. Son histoire est triste et révoltante.



Cette bande-dessinée est courte mais suffisante. Elle va à l'essentiel.
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Etenesh : L'odyssée d'une migrante

Une bande dessinée indispensable. Un témoignage qui donne la voix à tous ces migrants que le monde préfère ignorer. Une dénonciation des trafics humains et de l’hypocrisie de notre époque. Etenesh, c’est tous ces hommes et femmes qui risquent leurs vies et qui vivent l’enfer pour espérer vivre en paix et en démocratie. Un récit difficile qui nous fait prendre conscience de la réalité de ces voyages sans fin où ils perdent jusqu’à leur humanité.


Lien : https://myprettybooks.wordpr..
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Etenesh : L'odyssée d'une migrante

Chronique ETENESH, L'Odyssée d'une migrante, par Paolo Castaldi aux éditions Des ronds dans l'O.

Le récit relate le périple d’Etenesh entre Addis Abeba, Éthiopie et l’île Lampedusa en Italie. presque deux ans pendant lesquels elle est passée entre les mains de passeurs – ou de trafiquants d’hommes – pour une cauchemardesque traversée du Soudan, elle a connu l’enfer du désert du Sahara et celui d’une prison en Libye.

Le style du dessin est acéré. Les traits sont durs. Presque géométriques. Les couleurs sombres.

Noir et ocre. Noir, comme la couleur de la nuit des prisons. Comme la couleur du sang. Comme la couleur du sang sur le sable du Sahara.

Noir et bleu. Bleu comme la couleur dans le fond de l’océan, là où gisent tant de morts oubliés. Comme la couleur des larmes. Comme la couleur du sel de l’eau de mer qui ronge les os et les espoirs.

Au-delà des faits et de leur violence (la torture, les viols qui sont suggérés sans être dessinés), l’émotion suinte, à fleur d’une peau déchirée. Une émotion vive comme le dessin et forte.

Le terme Odyssée dans le titre me questionne. En effet, dans l’Odyssée, Ulysse semble invaincu. Il surmonte les obstacles. Un à un. Sans rien perdre de sa détermination. Sans souffrir de l’absence. Sans souffrir de l’exil. Ce n’est pas le cas ici. Le traumatisme est là. Le traumatisme est tel que l’héroïne ne tient plus à la vie. Ce n’est plus de la survie, car ce n’est plus de la vie. Elle n’est plus en vie puisqu’elle n’est plus considérée comme un être humain.

Un récit bouleversant. Qui ne laisse pas insensible. Qui devrait être placé entre toutes les mains de ceux qui déclarent : « ils n’ont qu’à rentrer chez eux ». « Il n’y a pas de place ici ».

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