Citations de Patricia Castex-Menier (57)
Les huiles de vidange de la solitude
me retombent dessus
Werner Lambersy
II LA NUIT DU CHANT
Le
jour est trop contraire :
elle
n'a pas de frère.
Seuls
les deux crépuscules
sont
princes de même sang.
p.34
III LA NUIT DES AUTRES
Percée
de-ci de-là
sans
rancune cependant
envers les lanternes qui cherchent.
Pourvu
quelles soient
tremblantes au bout du bras,
précèdent
les consciences scrupuleuses.
p.47
Ithaque.
Nous savons bien
qu’il en est d’innombrables.
Mais nous n’écouterons
que l’olivier,
vieil aède
au tronc perclus,
qui murmure encore le chant ancien.
Quoi qu’on en dise…
Quoi
qu’on en dise,
on
se promène toujours un peu
sur
les chemins du langage :
roses
encore plus roses
dans
leurs noms de divas,
fleurettes
drapées dans leur latin,
et
colvert en col blanc.
Havres
extrait 5
À
l’improviste,
on
croise des noms de lieux
au sens oublié,
on
les lit sans s’arrêter,
comme
des possibilités d’amour
laissées en cours de route.
On
a reposé le galet.
C’est
un regret.
Il avait
une forme de cœur imparfait,
mais,
après tout, comme tous les cœurs.
LE LIEU
A
peine avons-nous bâti pour demain, laissé
quelques pierres se resserrer autour du feu.
Nous
allons dans la lumière poignante
et le vent qui tourne.
Qu'aurons-nous
mis au monde d'autres que nous ?
p.48
De
l'inconnu partout,
dans tous les noms que l'on se donne,
ou
que l'on prête
aux choses qui nous regardent.
On
fait naufrage dans la beauté du verbe,
à
lire le reflet du sens
comme une carte du monde.
p.17
L'APPROCHE
Ce
jour n'a qu'une source; est-ce trop tôt
pour avancer les lèvres,
si
je puise depuis le fond de ton nom ?
J'ai
soif de mon lot de parole, cette part
remontée avec l'amour
p.23
I LA NUIT A SOI
« C'est une nuit que voici en somme
dans le bruit de tête »
EMMANUEL LAUGIER
Mémoire du mat
L'intime
la compacte,
celle
qui nous cloue,
hiboux
encore vivants,
dans
le ventre des horloges.
A
quatre heures
coupée
en deux,
elle
est un fruit
dont
on voit l'intérieur,
l'insomnie
comme un noyau.
La
laisser venir,
mais
en nous tournant
contre le mur,
ou
de biais
vers la fenêtre :
nos
morts
ne sont jamais couchés
sur
le côté.
p.11-12-13
LE LIEU
A
t'attendre ce soir
j'entre dans l'aise du temps,
vêtue
d'amour dont hier tu disposais les plis.
J'avance,
mon corps est devant et tout autour,
comme
on s'habille d'un pays
en marchant sur ses chemins.
p.56
LE LIEU
Tous
les yeux du bonheur, une bousculade
à ton réveil,
ou
cet essaim dans la caresse
que l'on prend pour le bruissement du jour.
J'imagine
toujours que tu viens de naître.
p.46
I LA NUIT À SOI
Il
est possible
aussi qu'elle se déploie,
qu'elle
bruisse et respire,
devienne
alors la jumelle de l'arbre :
pour
preuve
la méprise des oiseaux.
p.20
I LA NUIT À SOI
On
dit qu'elle date
d'avant le monde,
précèderait
les dieux.
Mais
a-t-il
jamais fait jour,
ont-ils
vraiment compté ?
p.23
III LA NUIT DES AUTRES
Elytres
et mandibules,
elle
endosse
son treillis d'insectes
et
crépite en sourdine.
Manœuvres
menues, qu'écrasent
sur les pistes
nos
chenilles d'acier.
p.46
II LA NUIT DU CHANT
De
quel Olympe
sa
compassion
peut-elle encore descendre ?
le
ciel est vacant,
et
les fleuves de sang
ne
savent plus
tout seuls faire demi-tour.
p.37
II LA NUIT DU CHANT
C'était
jadis, elle s'en souvient :
les chevaux ont pleuré.
Le
corps était trop jeune,
inerte à bas de char.
À
présent
il n'y a plus de chevaux,
ni
même de larmes.
p.31
II LA NUIT DU CHANT
Est-ce
par ambition
qu'elle
s'empara
des yeux d'Homère ?
Emblème
en tout cas bien trouvé,
pour
durer jusqu'à nous.
Guerrier
aux bonnes jambières,
qu'elle enveloppe à point nommé;
princesse
aux bras blancs
qu'elle dérobe au bon moment :
cape
ou nuage, elle s'exécute,
un jeu terrible de cache-cache
où
mieux que les hommes,
trichent les dieux.
p.27-28
III LA NUIT DES AUTRES
La
bienveillante, la bannie,
celle
que les maîtres ont bafouée,
au
nom de quelle lumière ?
Que
les puissants le sache :
à
l'horizon,
elle
se hisse
plus
qu'elle ne tombe,
c'est
par l'épaule
qu'elle
apparaît,
bouscule
leur démesure.
p.43-44