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Citations de Patrick Bouchain (16)


L’organisation en étoile avec le commun comme centre est significative de ce qu’est un collectif : un commun qui permet à des individualités de se cultiver et des individualités qui permettent de cultiver le commun.
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Dans un ouvrage fondamental, L'Homme et la Matière, André Leroy-Gourhan écrit que "la grande héroïne de l'humanité, c'est la main" : c'est la pensée qui donne l'impulsion à la main, mais c'est la main qui agit, matérialise l'expression de la pensée, transforme les choses et façonne le monde. Si l'on nie ce lien entre la main et la pensée, le travail manuel est séparé du travail intellectuel, et la main n'est plus qu'une simple force de travail.
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Peut-on faire une autre architecture, compatible avec la loi, qui soit porteuse d'enchantement ? Travailler pour la chose publique en inventant la commande, en encourageant les habitants à agir et en les réunissant, une telle façon de faire doit produire non pas une architecture pauvre mais au contraire riche de sens, inattendue et populaire. Il s'avère qu'il y a une grande imagination sociale inexploitée. Il faut compenser la perte d'influence des associations, des syndicats et des partis politiques en initiant une nouvelle forme de participation de la population à l'élaboration de son environnement quotidien et en premier lieu de sa ville.
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Atypique, secret, urbain, Patrick Bouchain n'a pas de portable, il a des amis ; il ne se déplace pas aux quatre coins du monde en classe affaires, il aime Paris et parcourt volontiers les villes françaises. Il ne se déguise pas en habit noir, il répond au téléphone ; il ne tape pas sur un ordinateur, il écrit des lettres et prend des notes sur des carnets ; il ne refait pas le monde, il construit ; il n'assène pas des théories architecturales, il écoute ; il n'est pas un adepte du virtuel, il respecte l'art de l'ingénieur ; il n'aime pas figer et remplir, il aime le vide.
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Construire concerne tout le monde et tout le monde sait un peu construire : cela permet de se rencontrer autour du faire, d'agir concrètement ensemble. Ce qu'il faut généraliser, c'est précisément l'idée qu'il ne faut pas généraliser ! Chacun possède une manière d'habiter qui lui est propre et cela participe de sa singularité. En ce sens, l'architecture n'est peut-être par définition qu'une multitude de petites expérimentations. (Sophie Ricard)
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Dans une architecture hédoniste, les aveugles devraient faire la loi.
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J'ai proposé à des maires et des bailleurs sociaux de prendre des cas, de passer à l'acte et de démontrer que le problème peut être abordé d'une autre manière. Car il existe toujours ce que j'appelle un "possible ignoré", même quand le mot "impossible" paraît une conclusion souvent plus simple. Chercher le possible ignoré, c'est tenter de relever le défi de nous réunir dans le but de construire, car construire c'est réunir , dans l'espace et dans la durée, s'inscrire dans le temps long de la vie et non agir dans l'urgence. C'est ce que Lucien Kroll nomme l'incrémentalisme : avancer avec précaution, regarder sans cesse de l'acte précédent avant d'engager le suivant, s'enrichir par l'expérience, accepter la contradiction, parce que la vie par essence contradictoire.
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Aujourd'hui, non seulement les lieux sont non personnalisés, mais ils sont fermés, c'est-à-dire terminés. Les architectes tentent de faire œuvre de concepteur avec des projets qui leur ressemblent et ils ferment ces œuvres, les rendent rigides, pour être sûrs que personne ne puisse les transformer car ils n'ont confiance ni en leur commanditaire, ni en leur utilisateur. Cette architecture est donc une architecture d'exécution, ordonnée de manière autoritaire et réalisée de manière soumise. Il en résulte généralement des conflits et une image terrible, celle d'une architecture morte avant que d'être née car dès le moment où elle est finie elle n'intègre plus les changements de rapports et de désirs.
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L'habitant du logement social n'est qu'une catégorie commode qui ne correspond en fait à aucun individu. Chacun a sa singularité. J'ai fait très vite la connaissance de Marie-José Lemaire, dite Tite Marie, qui aime se confier autour d'un verre de muscat. Les enfants la surnomment "Papillon" à cause de ses grandes oreilles. Veuve depuis peu, il lui arrive sans cesse des mésaventures : se laisser enfermer dans sa maison parce qu'elle a oublié d'ôter l'un des cinq verrous, se faire mordre par son chien... Je découvre que certains habitants du quartier profitent de sa gentillesse en lui vendant des objets inutiles. Tonio réussit même à lui vendre du poisson alors qu'elle n'en consomme jamais. Il n'empêche qu'elle a toute sa place dans le quartier et que les habitants sont très attachés à elle. J'ai consacré beaucoup de temps à comprendre la complexité des liens qui unissent ces familles, les rancoeurs tenaces et les amitiés. (Sophie Ricard)
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J'ai grandi en banlieue et connais un peu la richesse et la complexité de son mode de vie : il ne suffit pas d'une ou deux réunions publiques pour entendre la parole des habitants. Il faut entrer en empathie, pour qualifier des paroles souvent mal formulées par manque de mots. Ma demande pour une pratique de l'architecture différence rejoignait celle des premiers concernés, les habitants. (Sophie Ricard)
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La rencontre entre un architecte un projet adopte parfois des voies inhabituelles. Patrick Bouchain et ses collaborateurs souhaitaient depuis un certain temps traiter de la question du logement. S'y attaquer même, comme on s'en prend à un fléau. Montrer par leur façon de faire que la violence inhérente au terme loger pouvait être remplacée par la politesse du terme habiter. (Christophe Catsaros)
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Pour vivre en société, les hommes édictent des règles communes d'intérêt général. Ces règles sont celles de la vie sociale et l'homme les expérimente en les confrontant à la réalité : si elles sont bonnes et utiles pour tous, il les applique, mais si, à l'usage et pour la bonne harmonie du groupe, ce n'est pas le cas, il les modifie ou les retire. La règle n'est pas intangible, elle doit être interprétée et la jurisprudence est là pour la faire évoluer, car si elle est appliquée de manière autoritaire et bureaucratique un sentiment d'injustice domine. Il est dommage que notre démocratie ne dispose pas de plus d'occasions pour débattre de la règle, surtout quand il y a un désintérêt à son élaboration. D'ailleurs, si les hommes ne la respectent pas, c'est qu'il y a un manque dans sa connaissance, son enseignement, et son expérimentation.
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Ce qui est intéressant, c’est de repérer ce qu’il y a de juste dans ce contexte, de le sortir comme l’élément fondateur de l’acte commun pour répondre à une demande qui ne soit plus l’expression d’une plainte ou d’un besoin. Pour réussir ce faisceau de désirs qui concourent à l’émotion, et parfois même à l’éveil des consciences, il faut être observateur, écouter jusqu’à repérer dans le désordre la chose qui fait que tout concorde soudain, que tout devient juste, car c’est en général à un endroit et à un moment où nous nous y attendons le moins qu’il se passe une chose à laquelle nous croirons sans réserve. [...]
Ensuite il faut repérer qui, aux alentours, se servira de cet ouvrage, s’en occupera, le revendiquera comme un équipement lui appartenant et où il invitera d’autres habitants plus éloignés ou différents de lui. Si l’architecture était envisagée comme cela , on se poserait peut-être moins de questions de forme et plus de questions de fond, et il y aurait davantage
d’enchantement dans la chose produite, qu’il s’agisse de logement social, d’espace de travail ou d’espace public, car c’est le fond qui, une fois posé, fait la forme, qui est elle-même l’expression du groupe qui a été constitué pour réaliser l’ouvrage.
Ainsi, on instaurerait une vraie démocratie participative, alors que le politique, coupé de sa base, a tendance à mettre en place des structures parallèles aux structures
démocratiques par des voies de concertation souvent bavardes qui ne peuvent que révéler le mécontentement et installer l’habitant dans un comportement d’assisté et de consommateur. [...] Il faut s’attacher à un détail de la vie, consacrer toute son attention à la manifestation de ce détail car c’est le moyen de saisir les nouvelles formes de rencontres
entre les hommes. [...] Plus l’acte est petit, donc individuellement réalisable, plus le rituel
est vu et compris. Pourquoi dit-on bonjour ? Pourquoi nous embrassons nous ? Pourquoi est-il agréable de partager un repas ? Il y a comme ça des rituels immuables. Les formes peuvent en changer selon le temps mais jamais le fond. [...] L’expression de cette multitude de petites choses fait le monde. Pour cette raison, la globalisation, à condition d’être dépourvue de vision totalitaire, est peut-être l’occasion de penser à tous et de respecter chacun. [...]
S’il est essentiel de construire pour quelqu’un et qu’il n’existe pas d’oeuvre sans auteur, il faut néanmoins que le lieu construit soit impersonnel, c’est à dire qu’il ne soit ni parfait, ni strictement identifié à la personne qui l’a comandé, à celle qui l’a imaginé ou à celles qui l’ont réalisé [...]. L’ouvrage doit rester ouvert, «non fini», et laisser un vide pour que l’utilisateur ait la place d’y entrer pour s’en servier, l’enrichir sans jamais le remplir totalement, et le transformer dans le temps
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L’autre, c’est aussi celui qui construit avec « moi », car construire est un acte collectif, construire crée le lien, c’est l’expression de la culture des hommes.

p. 48
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Ils ont révélé la bonne échelle. Le micro fait partie du macro. Et ce micro territorial est vivable. C’est en cela que je trouve invraisemblable qu’on n’ait pas envie de regarder l’économie que ça produit pour les réseaux, et l’entretien du paysage.
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Aujourd’hui, après de trop nombreuses confirmations scientifiques des bouleversements climatiques en cours, les habitants de la ZAD de Notre-Dame des Landes sont peut-être en train de traduire la tentative individuelle de Thoreau en une expérience collective et de lui offrir ainsi une dimension politique organisatrice.
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