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Citations de Patrick Ringgenberg (87)


Ce que le pinceau trace sur la soie n'est pas seulement une apparence de montagnes, c'est l'énergie créatrice de l'Invisible reçue par le coeur. Comme un flocon de neige géométrisant une goutte d'eau, l'image fixe une énergie intuitive jaillit du Vide.

Préface historique
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(...), le paysage est le lieu d'union des spiritualités, de réunion de l'homme et du cosmos, d'une fusion du coeur et de l'Infini. Trois sagesses l'ont modelé à leur mesure : le Confucianisme et le Taoisme, deux traditions autochtones de la Chine, et le Bouddhisme.

Préface historique
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Le peintre chinois oeuvre au sein d'une tradition picturale solidaire d'une tradition spirituelle, qui appartenait au Taoisme, au Bouddhisme et au Confucianisme. Or ce qui caractérise la spiritualité des deux premiers est le Présent, qui est seul réel, car il n'a pas de durée. En tournant, la roue d'un char ne repose sur le sol qu'en un seul point à la fois de sa circonférence : ce point est le présent. Il est insaisissable, est c'est pour cela qu'il est le "moment" d'une contemplation de l'Eternité. Le Bouddhisme l'appelle l'Illumination ou une intelligence supérieure (appelée ming : lumière ). Il s'agit d'une prise d'intuition, qui plonge dans la Délivrance (c'est le Nirvana), dans l'Infini ou le mystère (c'est le Vide), ou dans la Norme (c'est le tao ou la Voie). L'illumination surpasse l'homme et son destin : elle éteint le temps en un clin d'oeil.

Préface historique
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On ne lit pas un traité de philosophie comme un roman ou une poésie comme un théorème. Passé l'évidence de cette constatation, il faut se demander comment les romans du Graal souhaitent être lus, quel type de lecteur ils supposent et reflètent, pour quel usage on peut les lire aujourd'hui, hormis un intérêt scientifique ou la curiosité de "l'honnête homme" ? (...)

Quelle est la découverte qui anime la recherche des chevaliers ? Le Graal. et quel est le dénouement qui pousse le lecteur à se découvrir au long des pages ? Le Graal encore. Il est une radiance de la sagesse et un transmetteur de l'Esprit : il est la résolution des histoires, le sens omniprésent de la lecture. La quête a été racontée pour son aboutissement de la lecture. Les romans doivent donc se lire à travers leur fin : le Graal est la signification inépuisable au nom de laquelle tout a été rapporté. Aucune lecture ne peut ignorer son horizon métaphysique. Il faut lire en été de quête et comprendre les récits avec un regard ouvert vers le Graal.

Initiation à la lecture des romans du Graal
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La légende du Graal fait son apparition littéraire à la fin du XIIe siècle avec le Conte du Graal, un roman en vers de Chrétien de Troyes. A partir et autour de récits et de symboles celtiques, se cristallise l'épopée de la quête : les aventures de chevalerie, les épreuves initiatiques, la cour du roi Arthur, la Table ronde, et le Graal, un récipient qui polarise tous les désirs, irradie toutes les clartés, et détient le pouvoir de tous les accomplissements. Le conte du Graal, que Chrétien de Troyes laisse inachevé, connaîtra quatre continuations, par des auteurs différents, au XIIIe siècle.

Initiation à la lecture des romans du Graal
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De fait, tout le monde ne peut pas accéder à la Sagesse, dans la mesure où une spiritualité d'Amour demande des qualités de coeur qui ne sont pas données à tous. ces prédispositions n'ont rien à voir avec le statut social, la culture mondaine ou une connaissance apprise dans des livres ou une école : un simple commerçant peut connaître de l'Amour ce qu'un clerc ignore.
"Même dans les pauvres chaumières descendent parfois du ciel des âmes divines, tout comme il y a , dans les demeures royales, des gens qui seraient plus dignes de garder les cochons que de gouverner les hommes", dit Dioneo dans l'ultime conte du livre (X, 10, p. 852). L'Amour n'initie que les coeurs sincères, non les êtres aveuglés par leur narcissisme, l'illusion de leur savoir ou l'orgueil de leur position sociale. Deux nouvelles évoquent précisément les qualités nécessaires pour entrer en Amour, et corrélativement les défauts qui interdisent l'accès à la sagesse.
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L'initiation d'Amour et les clercs

Le Décaméron témoigne d'une sagesse d'Amour que l'on pourrait qualifier d'initiatique, d'alchimique ou de "mystérique". Tout au long de notre exposé, nous verrons en effet que l'Amour est une puissance surnaturelle qui, secrètement, invite certaines âmes à le suivre pour les entraîner dans un processus de purification et de spiritualisation. Ce processus est initiatique, car l'Amour choisit ses amoureux, leur commande ce qu'il faut faire dans l'intime de leur âme et leur transmet une conscience qu'il ne donne pas à d'autres. Il est aussi alchimique, non au sens où il s'agirait de produire de l'or, mais où l'âme est travaillé par l'Amour comme une matière : les épreuves qu'il impose sont comme des opérations psychiques qui peu à peu transforment l'âme, lui enlèvent ses impuretés et actualisent en elle un état spirituel.
Dans cette perspective, la spiritualité de Boccace est bel et bien un Mystère : enracinée dans l'Amour, elle initie des élus à une transmutation intérieure, qui demeure connue des seuls initiés, dont aucun traité de théologie ou de philosophie ne peut révéler la véritable nature et que nulle psychologie ne peut imiter et reproduire. Il s'agit d'une connaissance qui, d'une part, implique une régénération spirituelle de l'être et qui, d'autre par, appartient à une réalité mystique, non écrite, celée et ineffable. La voie d'amour de Boccace veut anonlir le coeur de l'homme, loin d'une religiosité en trompe-l'oeil, camouflée derrière le prestige d'une fonction ecclésiastique, d'un rang social, ou d'une autorité philosophique.
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Cet « universalisme » de Boccace n’est pourtant pas inédit dans la tradition chrétienne. Dès les premiers siècles, plusieurs Pères de l’Eglise ont nettement affirmé que le Verbe est à l’origine de toutes les sagesses, chrétiennes ou non-chrétiennes, même si les philosophes antiques n’ont connu Dieu que partiellement et imparfaitement. Justin (v. 100-v. 165) reconnaissait que « les stoïciens ont établi en morale des principes justes ; les poètes en ont exposé aussi, car la semence du Verbe est innée dans tout le genre humain. » [5] Dans un texte célèbre, saint Augustin écrivait que « la réalité même qu’on appelle maintenant la religion chrétienne existait jadis, même chez les anciens ; dès les origines, elle n’a pas fait défaut au genre humain jusqu’à ce que vienne le Christ dans la chair ; et c’est alors que la vraie religion, qui existait déjà a commencé à prendre le nom de chrétienne. » [6] L’originalité de Boccace, dont peut témoigner son conte, est de ne préférer aucune des trois religions, de montrer que toutes sont égales au regard du Verbe, alors même que les Pères considéraient le christianisme comme une foi plus accomplie et essentielle que les sagesses antérieures et que le clergé médiéval ne voyait dans l’islam qu’une fausse religion.
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En d’autres termes, la tolérance du Décaméron vis-à-vis des autres religions ne se réfère pas à un parti pris laïc ou oecuméniste, à un opportunisme idéologique ou à une libre pensée, plus ou moins contradictoires et anachroniques. Elle est intrinsèque à une sagesse contemplative. Sans rejeter l’adhésion à une religion, elle reconnaît dans les religions connues l’émanation ou l’expression d’un paradis et d’un Verbe uniques. Le juif de cette nouvelle est d’ailleurs réputé « très sage et très expert dans les choses de Dieu » (p. 76). Ce jugement suggère que sa parabole révèle une connaissance plus fondamentale que l’exclusivisme théologique et religieux, qui, par intérêt ou par ignorance, dénigre ou rejette les religions étrangères ou les spiritualités non-conformistes.
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On peut donc comprendre que Boccace se réfère au Verbe en utilisant le nom de Melchisédech. Abraham est le père des peuples monothéistes ; Melchisédech représente la transcendance commune aux trois monothéismes, puisqu’il est une image d’une Divinité qui contient et énonce toutes les religions. Un seul Verbe est à l’origine des religions abrahamiques : elles ont toutes hérité un langage de l’universalité divine. En montrant que les trois monothéismes proviennent d’une même Source, Boccace sous-entend aussi que sa spiritualité partage une même Sagesse, même si elle n’est pas religieuse ou philosophique. Le paradis terrestre est aussi l’essence de la voie d’Amour et des quêtes chevaleresques. En aimant une Dame de Beauté, en cherchant le Graal, le troubadour et le chevalier sont animés par le même désir du paradis que le moine ou – ailleurs – le soufi et le kabbaliste.
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La loi judaïque apparaît avec Moïse, mais avant lui, Abraham s’était déjà consacré au culte monothéiste du Divin. Pour le judaïsme, Abraham est le père du peuple juif et le premier patriarche (Genèse XI, 10-XXV, 11) ; pour le christianisme, le Christ est issu de sa postérité (Romains IX, 5) ; pour l’islam, il est le vrai croyant qui, bien que ni juif ni chrétien, était parfaitement soumis à Dieu (Coran III, 67). Abraham est l’origine d’une multitude de peuples, qui ont été le terreau humain des trois religions monothéistes. Au cours de sa vie, il rencontra un personnage énigmatique, dont la Bible parle peu, et dont Boccace a emprunté le nom pour l’usurier juif : Melchisédech.

Ce nom n’a évidemment pas été choisi au hasard, car il personnifie un aspect du Divin. Citant partiellement la Genèse, saint Paul écrit dans son Epître aux Hébreux : « Melchisédech, roi de Salem [c’est-à-dire roi de paix], prêtre du Dieu Très-Haut » se porta à la rencontre d’Abraham, le bénit, et le patriarche lui offrit « la dîme de tout ». Melchisédech, ajoute-t-il, est « sans père, sans mère, sans généalogie », ses jours n’ont ni commencement ni fin. Il « demeure prêtre pour toujours », et en bénissant Abraham, il affirme sa supériorité [4]. Dans la pensée de l’apôtre, Melchisédech peut être assimilé au Fils de Dieu, autrement dit au Verbe dont le Christ est l’Incarnation. Ce prêtre-roi symbolise ainsi un principe éternel et il préfigure, dans l’histoire biblique, l’avènement de Jésus-Christ – l’Homme-Dieu.
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Boccace semble ainsi conjuguer deux perspectives : le christianisme est sa religion de fait, dont il souligne d’abord la valeur spirituelle intérieure, mais elle ne saurait avoir l’apanage de l’Esprit, qui se trouve en tout et qui est à tous, sans qu’il appartienne en propre et exclusivement à qui que ce soit. Or, l’universalité de Boccace n’est pas un vague oecuménisme, elle s’inspire de deux notions religieuses et théologiques précises : d’une part, du jardin d’Eden, patrie originelle de l’humanité ; d’autre part, de l’universalité du Verbe, origine divine des sagesses. Dans le paradis terrestre, il n’existait pas de religion instituée, puisque la première humanité vivait naturellement dans la connaissance de Dieu. Ce n’est qu’après la fin du paradis que les religions apparaissent, et leur développement est parallèle à la diversification des peuples et des nations.
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Cette vision libérale et tolérante était marginale à l’époque, car le discours officiel de l’Eglise reposait sur l’idée de la primauté chrétienne. C’est pourquoi Boccace emploie une parabole, insérée dans un conte, lui-même inclus dans un récit-cadre, pour véhiculer une idée « hétérodoxe » ou malvenue. L’islam était généralement considéré comme une hérésie – Dante a placé le prophète Muhammad en enfer –, et l’art médiéval a représenté le judaïsme comme une femme blessée par sa propre faute, coupable volontaire de n’avoir pas reconnu le Christ comme l’Incarnation du Verbe.
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Toutefois, la coexistence de plusieurs religions, supposées chacune légitime et valable, demande de les considérer sous un autre angle, qui ne prend pas uniquement son point d’appui dans une religion particulière, mais dans une réalité divine unique dont chacune offre un témoignage. Comment, en effet, résoudre la contradiction de religions concurrentes, qui croient chacune posséder la vérité au détriment des autres, sinon en les rattachant à une vérité commune à chacune d’elles ? Par conséquent, on peut comprendre de la parabole de Boccace que le christianisme ne saurait revendiquer l’exclusivité de la vérité et de la spiritualité, dans la mesure où le judaïsme et l’islam sont également les dépositaires et les héritiers d’une même source divine.
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Selon cette parabole, chaque religion se croit la seule héritière de la Vérité et dénie aux autres un tel héritage, alors qu’en réalité chacune détient une part de cette Vérité. Les trois fils sont les croyants des trois monothéismes. Le père à l’origine de la famille peut être Adam, père de l’humanité, ou le Verbe, dont tout homme est issu. Le père des trois fils peut être le principe d’union des trois religions. La bague représente une sagesse qui a passé de prophète en prophète et qui remonte finalement à Dieu. Boccace utilise d’ailleurs un symbolisme subtil pour signifier que chaque religion possède une vérité totale. Le cercle d’un anneau manifeste une plénitude et une perfection, selon la signification bien connue de la coupole, image du Ciel. Chaque religion reçoit donc une révélation complète, suffisante pour mener l’homme à Dieu et le faire vivre dans le monde, si bien que chacune se suffit à elle-même et peut se croire supérieure aux autres.
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« L’universalisme » de Boccace
(Analyse de la Nouvelle III. – Le juif Melchissedech, avec une histoire de trois anneaux, évite un piège dangereux que le Saladin lui avait tendu.)

Racontée par Filomena, la troisième nouvelle de la première journée est exceptionnellement explicite sur un aspect de la foi des personnages : une forme d’universalisme avant l’heure, capable de reconnaître la valeur égale ou analogue des trois monothéismes, et refusant donc le principe ecclésiastique de la supériorité du christianisme.

Un usurier juif, du nom de Melchisédech, vivait à Alexandrie. Il fut appelé un jour par Saladin, fameux souverain musulman du XIIe siècle, dont la noblesse fut même louée par des chrétiens, et qui lui demanda ceci : « J’ai entendu dire que tu es très sage et très expert dans les choses de Dieu ; c’est pourquoi j’aimerais que tu me dises quelle est des trois Lois celle que tu tiens pour vraie : la juive, la sarrasine ou la chrétienne » (p. 76-77). Voyant bien que Saladin lui tendait un piège, le juif répondit par une parabole. Un homme riche avait une bague tellement précieuse qu’il voulut à jamais qu’elle demeure propriété de sa famille. Il s’arrangea pour que ses descendants, à chaque fois, la donnent en héritage à leurs enfants. Il arriva cependant que ce bijou, après avoir passé de main en main pendant plusieurs générations, parvienne à un homme qui avait trois fils, tous également beaux, vertueux et obéissants. Chacun pressait son père de lui léguer la bague, mais celui-ci ne pouvait se décider à choisir son héritier. En secret, il fit exécuter par un bon joaillier deux copies de la bague, si parfaites que l’artisan lui-même avait de la peine à reconnaître l’original. A sa mort, chaque fils reçut une bague, mais chacun crut qu’il avait reçu l’unique bague. Comme les trois bijoux semblaient parfaitement identiques, nul ne put distinguer l’original des copies, si bien que les trois frères ne surent jamais qui était le véritable héritier.
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Le Décaméron affirme ainsi la supériorité de l’Esprit sur la lettre, d’une spiritualité intérieure sur l’expression cléricale de la religion. Son anticléricalisme est un moyen de renforcer l’Esprit de la religion, en durcissant le contraste entre le déshonneur des clercs et une vérité inaltérable. L’art initiatique de Boccace met en valeur la spiritualité en s’attaquant à ce qui lui est contraire, puis suggère une voie d’Amour qui n’est pas une religion, avec une vie communautaire, une hiérarchie de clercs et une organisation sociale, mais une spiritualité privée et élective. Tout en s’inscrivant également dans l’Esprit, celle-ci ne prend pas les mêmes chemins que le moine ou le théologien, même si elle mène également à un paradis : au jardin d’Eden, patrie intemporelle et areligieuse de l’Esprit, lieu de fête des narrateurs, et symbole d’un accomplissement spirituel.
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La vraie religion ne s’identifie pas à ceux qui la manifestent par leur charge et leur vocation. La spiritualité authentique est intérieure, contemplative, mystique et ne peut être jugée du dehors ou à travers des critères étroitement moraux ou rationalistes. Immuable, transcendante, rien ne peut la faire périr, ni dans le monde, ni dans l’homme. C’est ce que nous indique le nom de Jean reçu par le juif converti. Dans la tradition chrétienne, saint Jean est considéré comme l’auteur de l’Evangile le plus métaphysique. Théologien du IXe siècle, Jean Scot Erigène disait de lui qu’il est « l’Aigle mystique » qui, « non seulement s’élève au-dessus de ce qui peut être saisi par l’intelligence et signifié par la parole, mais est transporté au coeur même des réalités qui surpassent toute intelligence et toute signification ».
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La signification de l’histoire est ainsi expliquée par sa narratrice : Dieu ne se soucie pas de nos erreurs qui résultent « d’une incapacité humaine à connaître », et cette bienveillance divine, « en tolérant patiemment les défauts de ceux [les clercs] qui doivent par leurs paroles ou par leurs actes en être le vivant témoignage, et qui oeuvrent en sens contraire, constitue une preuve infaillible de vérité qui doit nous encourager à persévérer avec plus de conviction dans la voie de notre foi » (p. 71). En d’autres termes, l’indignité des représentants religieux prouve indirectement la vérité spirituelle du christianisme, car si la religion n’était pas habitée par la présence de l’Esprit, elle aurait disparu depuis longtemps à cause de la bassesse et des querelles de son clergé.
Cette manière de démonstration n’est nullement absurde, elle révèle au contraire la profondeur de conception de Boccace et la subtilité avec laquelle il présente le contenu de sa sagesse. De cette nouvelle, il faut souligner la distinction qui est faite entre l’Esprit et ses représentants : l’un est immuable et saint, il est la réalité véritable de la religion, celle qui doit être vénérée et connue. Les clercs, en revanche, ne sauraient être confondus avec cet Esprit, dans la mesure où ils sont des hommes, de surcroît corrompus par le pouvoir, le profit et l’hypocrisie.

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Une foi spirituelle
( Analyse de la Nouvelle II. – Le juif Abraham, poussé par Jeannot de Chevigné, va à la cour de Rome, et voyant la dépravation des gens d’église, il retourne à Paris et se fait chrétien)

Dans la deuxième nouvelle, racontée par Neifile, un riche marchand chrétien s’était lié à un juif, riche marchand aussi, nommé Abraham. Le chrétien regrettait que l’âme noble et sage de son ami ignore la vraie foi, c’est-à-dire le christianisme. Aussi le pressait-il de se convertir, ce que le juif refusait avec obstination. Un jour, cependant, il annonça vouloir se rendre à Rome, et décider ensuite de sa conversion, en fonction de ce qu’il verrait là-bas. Le chrétien fut attristé, car il ne connaissait que trop la « vie scélérate et déshonorante » des clercs (p. 72). Après avoir sans succès tenté de convaincre son ami de renoncer à son voyage, il ne douta pas que ce dernier resterait juif après avoir observé les moeurs cléricales.

Arrivé à Rome, le juif vit effectivement la perfidie, la gloutonnerie, le mercantilisme, la prostitution, qui entouraient le vicaire de Dieu, saccageant les biens sacrés et viciant les coeurs. De retour à Paris, il dit vouloir néanmoins se convertir. A son ami stupéfait, il s’en expliqua ainsi : à Rome, il n’avait vu « ni sainteté, ni dévotion, ni oeuvre de bien, ni modèle de vie » (p. 74). Les clercs qui devaient se faire les « piliers et les défenseurs » de la religion chrétienne, lui semblaient plutôt s’ingénier à la tuer et « à la faire disparaître du monde » (p. 74-75). Il ajouta : « je constate, quant à moi, que l’avenir de la religion chrétienne n’est pas du tout celui qu’ils lui préparent, mais que votre foi, au contraire ne cesse de se développer et de progresser en clarté et en limpidité, je crois voir là, à juste titre, la preuve que le Saint-Esprit est le pilier et le défenseur de cette religion, car vraie et sainte entre toutes » (p. 75). Le chrétien emmena alors son ami à Notre-Dame-de-Paris : il s’y fit baptiser, reçut le nom de Jean, et après avoir été parfaitement éduqué dans la foi par des savants, il vécut « en homme bon et juste, menant sainte vie » (p. 75).
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