Des cinq soeurs de Nesle, seule la marquise de Flavacourt, menacée par son mari, n'aura pas connu les étreintes de Louis XV... Sans l'avoir prémédité, Louis XV rivalise pourtant avec les libertins consommés, qui triomphent en séduisant les femmes d'un même groupe, comme un joueur abat les cartes d'une même couleur.
La sensation est vive, le sentiment est rare. S'il semble plus fréquent chez les femmes que chez les hommes, ce n'est pas le fait d'un mérite féminin : les femmes ne sont ni plus sensibles ni plus sincères. Leur éducation qui vise "à amollir leur coeur et leur laisser la tête vide", le sort que leur réserve la société les conduisent à faire de l'amour toute une affaire, faute de pouvoir exercer leurs qualités dans d'autres domaines. Le mariage, quant à lui, tourne vite en aigreurs et offenses réciproques, espèce de tyrannie mutuelle que les époux s'imposent pour se conformer à l'usage.
Combien de libertins font du désespoir de leur victime la condition de la jouissance !
[Casanova] rappelle qu'en italien "pour rendre de "vous voir" il faut dire "divedervi" : "Je croyais, monsieur, qu'il fallait mettre le "vi" devant. - Non, mademoiselle, nous le mettons derrière."