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Critiques de Philippe Mezescaze (10)
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L'insouciance

Aujourd’hui je vais évoquer L'insouciance roman mélancolique et tendre de Philippe Mezescaze. Il est notamment l’auteur de Deux garçons qui racontait sa rencontre et son histoire d’amour avec l’adolescent Hervé Guibert à La Rochelle.

L'insouciance se situe à Nice au mitan des années soixante-dix. Le roman commence par une évocation faite par le narrateur alors âgé de vingt-trois ans : « je me souviens de ce garçon à Nice, il s’appelait Milo. Et quand je pense à cet épisode de ma vie, cette année inachevée, rapide, rêveuse, c’est lui, tout de suite, qui s’avance au-devant des amis que j’avais à cette époque. Il était pourtant celui que je connaissais le moins, le plus mal. » Des années après les faits il se remémore quelques mois de sa jeunesse qui ont compté pour lui. Milo est un garçon évanescent qui se suicide quelques mois après que le narrateur l’ait croisé. Il débarque de Paris sur la Côte d’Azur. Il raconte ses journées et ses rencontres amicales et amoureuses. Philippe se lie avec un monsieur qui travaille dans le milieu culturel de la ville et le fait embaucher comme chargé de mission dans un musée. Il s’installe quelques semaines chez lui, sans pour autant que se noue une relation sentimentale et sexuelle entre eux. A l’instar de l’époque ce qui domine c’est le sentiment de liberté. Il passe ses journées à ne pas faire grand-chose, le printemps est doux, l’été approche et avec ces saisons hédonistes le plaisir de la plage s’impose. Son lieu favori est celui où : « on voyait Milo à Coco Beach, la crique nudiste sous la Basse Corniche, à l’ombre de la ruine d’une villa démesurée bâtie pour un Anglais, mais restée inachevée, reconstruite après. (...). A Coco Beach, où je continuais d’aller me baigner et hanter Orlamonde au coucher du soleil, j’avais entendu un type qui parlait d’une boite de nuit dans le centre-ville où il aimait aller. Elle n’était pas encore comme les discothèques dont on a l’habitude. » Sa curiosité l’incite à découvrir l’endroit où il croise un trio auquel il va se lier. Quelques jours après il part de la villa du Conservateur pour l’appartement dans une frivole colocation. Il précise : « il arrivait que je ramène un garçon et qu’il reste un jour ou deux à la maison, des amours que je partageais parfois avec Georges. » Le milieu culturel des protagonistes est ouvert, l’homosexualité s’affiche comme une évidence. Le titre du roman est en parfaite adéquation avec le climat décrit, cette impression de dolce vita sans préoccupation pour l’avenir est troublante. L’intrigue se déroule après mai soixante-huit et avant les ravages du sida durant cette courte parenthèse enchantée où tout est possible (bien que la pénalisation existe toujours). Lors de son séjour niçois le narrateur évoque par touche son amour passé avec Hervé, une tendresse affleure entre les deux jeunes hommes malgré leur séparation. Ce moment à Nice est une bulle temporaire, Philippe Mezescaze écrit : « j’aimais cette ville, je savais que je n’y resterais pas, ou alors j’y reviendrais longtemps après que je l’aurais quittée, je serais un vieux monsieur pareil aux vieux messieurs élégants et parcimonieux que je voyais devant moi, j’aurais écrit ma vie, peut-être le livre sur mon arrivée, le séjour chez le Conservateur, puis la vie rue Rossini avec Georges et Paulina, et tous les autres. Je rêvais, j’anticipais l’improbable. »

L'insouciance est un joli roman nostalgique, le portrait de quelques jeunes gens et d’une ville il y a quatre décennies. La jeunesse résiste à l’arrivée de l’âge adulte, les protagonistes profitent et jouissent sans s’inquiéter de leur avenir, l’époque est à la confiance et à l’insouciance, le soleil caresse les corps alanguis et érotiques.

Voilà, je vous ai donc parlé de L'insouciance de Philippe Mezescaze paru aux éditions du Mercure de France.


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Où irons-nous dimanche prochain ?

Un jeune homme malade habite seul dans la maison familiale. Un jour, il rencontre un vieil homme assez original, qui s'est voué à l'entretien des pierres tombales du cimetière de La Rochelle. Le jeune homme lui propose alors de venir vivre chez lui pour tromper ensemble leur solitude respective. Rapidement, un rythme de vie, une entraide aussi s'instaurent entre les deux hommes. Ils travaillent ensemble, se répartissent les tâches ménagères, se promènent ensemble le dimanche. Ils s'accommodent des habitudes de vieux garçons de l'un et de l'autre. Un jour, une inconnue, un peu originale elle-aussi,va venir chaque après-midi regarder les deux hommes travailler au cimetière. Petit à petit, elle va réussir à s’immiscer, dans la vie des deux hommes et perturber leur douce entente. Cette femme, c'est Madame Miette. Elle va réussir à convaincre les deux hommes de devenir leur amie. Elle va leur proposer de nombreuses balades autour de la Rochelle chaque dimanche. Cette amitié sera l'occasion de partager des moments simples de la vie, de raconter des souvenirs de leurs jeunesses, tout en s’épaulant dans les moments difficiles. Un livre apaisant, terriblement humain et plaisant, le tout en face de l'océan.
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Deux garçons

Aujourd’hui je vais évoquer Deux garçons récit d’inspiration autobiographique de Philippe Mezescaze. Dans ce texte intime et sensible il raconte une histoire d’amour dont il est le protagoniste-narrateur alors qu’il était très jeune.

Philippe a dix-sept ans, il vit à La Rochelle chez sa grand-mère. Ses parents sont à Paris, leurs relations ne sont pas simples. Le jeune homme à l’orée des années soixante-dix ne s’épanouit pas au lycée qu’il va d’ailleurs abandonner. Il est membre d’une troupe de théâtre qui va bientôt lui donner un contrat, son premier métier. Il veut devenir acteur, il s’entraine et répète. Il fait le récit de sa rencontre avec un jeune garçon de quatorze ans lors d’un cours. Entre ces deux êtres une complicité théâtrale (avec un extrait de Caligula où ils se donnent à fond et époustouflent leurs partenaires) nait avant de se transformer en amour passionné. Deux garçons est l’évocation de ces mois mémorables et de cette relation incandescente et interdite entre Hervé et Philippe. Le narrateur précise : « je n’ai pas de honte, pas de mépris contre moi-même. Je sais seulement et j’observe que si un garçon qui en désire un autre s’embringue avec lui au-delà d’une amitié convenue, les gens vont leur cracher dessus. De ça non plus, je ne parle à personne. » Malgré les difficultés ils vont s’aimer d’un amour absolu et sublime. Philippe Mezescaze se souvient avec une précision clinique (il écrit cette histoire plus de quarante ans après les faits, au moment de cette passion Hervé n’est pas encore Hervé Guibert l’écrivain qu’il deviendra). Il écrit à propos de la rencontre : « je l’ai aperçu tout de suite en entrant, il était assis devant une fenêtre, à l’extrémité de l’arc. Un jeune garçon. C’est la blancheur de son visage qui m’a attiré, je distinguais mal ses traits, il avait la tête levée pourtant et regardait les deux élèves qui présentaient leur travail. » L’amour dure à peine plus qu’une saison théâtrale mais son intensité en fait toute la beauté. La narration relate presque jour après jour l’éclosion et la maturation de cet amour. L’aîné est débordant de sexualité, il ne parvient pas à être fidèle à son jeune compagnon plus novice. Le père d’Hervé est parfois menaçant mais la grand-mère malgré ses réticences à cette relation homosexuelle participe de l’acceptation. Le narrateur a peur d’une dénonciation à la justice pour détournement de mineur mais : « Hervé rétabli, nous avons une explication, il me rassure, son père ne fera jamais une chose pareille, pourtant tu le ravages me dit-il, s’il s’avise de bousiller notre histoire, je me tue, j’en suis capable, tu le sais, j’espère. » Les mots sont ceux de l’excès et de la démesure de l’amour. L’auteur lui-même est débordé par cette histoire ; il dit : « il est impossible de trouver la consolation en dehors de nous deux, je vais retrouver Hervé, nous arracher à la condamnation des apparences, ainsi qu’aux conventions de notre âge. Je ne me donne aucun délai, aucun protocole. (...). Il veut que je lui répète que je l’aime, que sa présence m’est indispensable, que ma main sur sa nuque me magnétise, que ses lèvres aimantent ma bouche et que la saveur de son haleine me bouleverse. Il voudrait qu’on se parle tout le temps, qu’on se caresse indéfiniment. »

Deux garçons est certes une histoire d’amour comme il en existe des milliers d’autres. Ce qui la rend remarquable, outre la jeunesse des protagonistes, est leur identité, en particulier celle d’Hervé Guibert dont c’est le premier amour qui est ici mis en scène. Cet écrivain mort du sida est devenu une icône et plusieurs de ses amoureux et amis ont raconté des fragments de sa vie.

Voilà, je vous ai donc parlé de Deux garçons de Philippe Mezescaze paru aux éditions du Mercure de France.


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Deux garçons

Je sais qu'en littérature, le style brouillon-décousu est tendance, que ça fait écrivain tourmenté, éloigné des codes linéaires et prévisibles de tous les autres genres, mais à lire c'est un véritable supplice.



On suspecte une belle histoire d'amour entre deux garçons derrière cette narration disloquée, mais les digressions peinent à saisir la beauté de cette relation qui semble troubler autant leur entourage qu'eux-mêmes. La fin elle-même déroutante ne permet pas vraiment de clore cette lecture sur une note positive.
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Je ne sais rien d'elle

Recommandé au Masque et la plume cet été j’ai tenté car le sujet m’intéressait. Je ne connaissais pas l’auteur. Quelle claque! Une véritable puissance dans l’écriture, une pudeur, une analyse toute en nuances et subtilité, toujours sur le fil... c’est très fort, très beau et ce croisement entre recherche de son histoire par l’intermédiaire de celle de sa mère et de tournage du film de son livre accroît l’intrigue et la tension narrative. Une découverte
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Je ne sais rien d'elle

Parce que je ne lis pas que du Noir, parce que j’aime les beaux textes qui sont différents, j’ai lu ce (pas tout à fait) roman publié par Marest Editeur. Vous ne connaissez pas ? C’est une jeune maison d’édition qui allie cinéma et littérature au gré d’essais et de romans. Allez faire un tour sur leur site pour découvrir leur catalogue !



On m’a confié ce livre en étant sûr que je l’apprécierais et on avait raison.



C’est un roman particulier, il raconte le tournage d’un film qui est une adaptation d’un roman qui raconte un volet de l’enfance de l’auteur, focalisé sur sa mère, Irène.



C’est un peu comme si vous regardiez le monde au travers de deux épaisseurs de voilages qui tronquent sans totalement voiler la vérité.



Le tournage de ce film va permettre à l’auteur de revivre certains souvenirs, leur redonner consistance, véracité. C’est troublant pour l’auteur comme pour nous, lecteur-spectateur.



Avec une écriture superbe et stylée, l’auteur va petit à petit redécouvrir cette mère si secrète et tant absente, comprendre sa détresse.



C’est un texte qui démontre aussi l’influence des parents sur leur enfant, comment ils peuvent en faire quelqu’un de bien ou le détruire, l’empêcher de se construire complètement parce que des secrets ou des mensonges créent des blessures béantes, des manques, des questionnements sans fin.



En lisant ce livre, on imagine ce qu’on pourrait ressentir à voir sa vie rejouée sur grand écran avec des acteurs en guise de personnes qu’on a aimées et se voir dans un autre, revivre des scènes heureuses qui vous laissent un souffle de mélancolie, ou des moments douloureux qui vous remettent le cœur à vif.



C’est tout cela que l’auteur nous murmure et nous montre dans un texte magnifique et touchant.
Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Deux garçons

Deux garçons tombent amoureux à l'adolescence et vivent ensemble leur premier amour, sur fond de théâtre. J'imagine que ce roman s'appuie sur des souvenirs forts et marquants de l'auteur, mais c'est malheureusement vu et revu et il n'y a pas grand chose de très original dans cette histoire. Cela reste agréable à lire, tout de même.
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L'insouciance

"L'insouciance" de Philippe Mezescave est un livre au charme infini (2022).

Nous sommes au milieu des années 70 et cela a son importance. Trois garçons, une fille. C'est l'été à Nice, un été qui dure longtemps, qui pourrait durer toujours. le conditionnel est de rigueur car rien n'est sûr mais c'est cela qui compte, que rien ne soit sûr. Vivre au jour le jour, être un peu cruel parfois, ne pas être tout à fait celui que l'on croit que vous êtes. Un jour, le charme se voile discrètement mais pour toujours.

Quelques clés, quelques souvenirs... le temps finit par passer.

Un été, cela ne dure pas toujours et la vie non plus.

#mezescaze
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Les jours voyous

Depuis 1977 et « Le Corps océan », voici un écrivain qui occupe une place à part dans le paysage littéraire français. Discrète, mélodieuse, sa voix singulière possède un grand pouvoir de séduction.
Lien : https://www.sudouest.fr/cult..
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Je ne sais rien d'elle

Fragments d’un discours familial



Il existe une double constance chez Marest Editeur : l’excellence des textes proposés (en tout cas, les deux lus à ce jour) et l’improbable situation dans laquelle se trouve votre serviteur au moment de devoir rendre compte de ladite lecture… Qu’il en soit donc à la fois mille fois remercié et une toute petite rikiki fois de rien du tout maudit.



Philippe Mezescaze entretient une relation spéciale avec sa mère, à tout le moins avec son fantôme. Celle-ci est décédée il y a plusieurs années et un ami de Philippe Mezescaze va tourner un film inspiré d’un de ses romans retraçant l’existence de sa mère. Il invite Philippe Mezescaze à le rejoindre sur le tournage, le confrontant ainsi aux acteurs qui endosseront les rôles de sa mère, de sa grand-mère et surtout de lui, plus jeune.



Philippe Mezescaze plonge donc le lecteur dans un double récit à ellipse et à double hélices imbriquées. Non seulement il nous parle de ses déambulations sur les lieux de tournage et des relations plus ou moins profondes ou superficielles qu’il entretient avec les acteurs et le réalisateur, mais ces déambulations l’amènent à hanter à nouveau les lieux de sa jeunesse, à se confronter à ses souvenirs pour tester leur tangibilité face à l’évolution des personnes, des lieux, des choses…



Ce chassé-croisé compose ainsi un très bel hommage à l’enfance pas si innocente, à la mémoire, aux souvenirs, au passé, qu’on y soit nostalgique ou pas.



A travers ses mots, Philippe Mezescaze parvient à mettre de la poésie, en égale quantité, dans des sentiments aussi différents que la tristesse, la joie, l’amour, la rancœur, la haine, le ressentiment, le partage.



Alors que l’objet du roman ramène constamment l’auteur vers son passé et son adolescence, quand bien même le récit est encré dans le présent et le tournage du film inspiré de son histoire, Philippe Mezescaze est l’épicentre d’un roman d’apprentissage dont le jeune Philippe Mezescaze fut l’objet et dont le Philippe Mezescaze contemporain serait comme replongé à nouveau dans ce même apprentissage, encore une fois. Comme si la vie n’était qu’un éternel recommencement.



Mais Philippe Mezescaze se replonge dans son histoire avec l’expérience de quelques années supplémentaires, d’une maturité que le jeune Philippe Mezescaze ne détenait pas.



Le livre est encore un hommage aux femmes de sa vie : sa mère et sa grand-mère paternelle. La première, actrice, a vécu de petits naufrages en petits naufrages, se noyant dans l’alcool. La seconde a d’abord rejeté la mère et le fils avant de pouvoir tisser de vrais liens avec son petit-fils. Ces figures féminines joueront les rôles principaux de la pièce que constitue son adolescence et qui forgeront le jeune artiste qu’il deviendra. Le voyage qu’il fait ainsi dans son enfance et sa jeunesse lui rappelle qui il est vraiment, qui il est devenu jusqu’à le jusitifier aujourd’hui dans son intimité.



La littérature, quand elle parvient à évoquer le particulier et l’individuel mais à toucher à ce qui a de plus universel en l’être humain, est ainsi faite qu’elle est parfaite.


Lien : https://garoupe.wordpress.co..
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