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Critiques de Philippe Pons (10)
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L'esprit de plaisir

Ce livre qui est l'oeuvre de Pierre-François Souyri, historien reconnu du Japon et Philippe Pons orrespondant du Monde à Tokyo nous offre une plongée assez fascinante au royaume de Nagisha 'Oshima entre société misogyne, sexualité débridée et moeurs désinhibées.



Ces deux éminents spécialistes du Japon nous propose une histoire du plaisir et du désir au Japon sur quatre siècles, du raffinement et de l'inventivité effrénée de la période Edo (17e-19e s.), à travers les érotiques estampes shunga, les geishas et leurs quartiers de plaisir, les samouraïs et leur passion pour les éphèbes, aux moeurs corsetées et à la sexualité bridée du début du 20e siècle, sous l'influence d'un Occident moralisateur, jusqu'aux produits standardisés et mondialisés laissant exploser les fantasmes les plus outranciers à partir des années 1960.La sexualité étant affaire de pratiques, et de représentations, l'art de jouer du plaisir s'accompagne d'une iconographie dense avec ces images du "monde flottant" que l'on connait tous



Plongez dans la première étude d'envergure sur les pratiques et les contradictions en matière de sexe et de rapports hommes-femmes au pays de Nagisa Oshima, par deux grands spécialistes du Japon.
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Le Japon des Japonais

Complémentaire du Guide Voir Hachette: Japon, Le Japon des Japonais (chez Liana Lévi) n'est pas un guide touristique à proprement parler, mais un compagnon de route qui donne une vision intérieure du Japon et des Japonais.

Ici, on ne parle pas pays mais "dépays" car on demande au lecteur de se vider la tête de ses préjugés et clichés pour comprendre les comportements, la résistance à la modernité pour préserver la mémoire à opposer à une modernisation constante. Ici on relate les métissages et les diversités, la "violence contenue", les paysages forgés de main de maître, la façon de vivre des "bourreaux de travail" et des femmes entre fantasme et évolution, la "religiosité flottante", la "stagnation du monde politique", "l'esprit de plaisir" et de fêtes. Ici, on comprend "l'architecture de l'esprit" en symbiose avec la nature, cette sensibilité exacerbée qui imprègne l'art d'élégance et de raffinement. Petit plus:les photos sublimes de Paola Ghirotti.

Le Japon des Japonais, même hors voyage est une approche pour parfaire ses connaissances d'un pays aux sentiments cachés qui ressent sans verser de larmes et reste digne malgré tout.
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L'esprit de plaisir

Pour se plonger dans ''L’Esprit de plaisir'', de Philippe Pons et Pierre-François Souyri, mieux vaut ne pas avoir en tête la remarquable ''Vie sexuelle dans la Chine ancienne'', de Robert Van Gulik, dont ce livre est un peu le pendant pour le Japon. L'étude définitive de Van Gulik, auquel on peut seulement reprocher son déficit de background anthropologique (confusion entre matrilinéarité et matriarcat), mettait la barre très haut.

De fait, L’Esprit de plaisir ne manque pas de faiblesses. Il fait d’abord la part belle, parfois quasi unique, à la littérature romanesque. Mais qui dit que celle-ci témoigne de son époque ? Le romancier recopie rarement les mœurs, sexuelles ou autres, de son temps, il fait avant tout œuvre imaginaire et son succès tient beaucoup à ce que son œuvre comporte d’inhabituel et de surprenant. Il y a donc un malentendu ou une ambiguïté sur la portée du livre : si on y cherche une revue des arts et des lettres entre le début d’Edo vers 1600 et les années 1970, il est très riche. Si on en attend un travail anthropologique sur la sexualité et l’érotisme au Japon, on est forcément déçu par l’immense point d’interrogation qu’il peut y avoir entre la réalité de la société et ses « vues d’artistes ».

Une lacune du livre est le peu d’importance attaché aux bases religieuses des morales et des comportements sexuels. Shinto, confucianisme, bouddhisme, a fortiori taoïsme, ne sont qu’à peine évoqués, et ils le sont presque toujours en bloc, quand chacune de ces religions se décline, selon les époques et les courants, en nombre de variantes et d’implémentations parfois contradictoires. Il n’est pas faux, mais bien abrupt d’asséner que « l’érotique d’Edo [est fondée] sur une conception aux antipodes de la doctrine bouddhique » (p. 430), même si les auteurs ajoutent qu’Edo tire un parti paradoxal de ''l’impermanence'' bouddhique : la vie sexuelle souvent torride des moines et des nonnes bouddhiques décrite dans le livre, ou l’existence d’un tantrisme bouddhique, comme celui de la Chine des Yuan, montre qu’il est périlleux de réduire le bouddhisme à la doctrine canonique du Bouddha.

Une autre limite tient au sentiment d’approximation que laisse le livre. Il a beau comporter d’excellents compléments sur les sources et la bibliographie, l’interprétation personnelle des auteurs semble à maints endroits prendre le pas sur la rigueur scientifique. Le livre est chargé de répétitions tautologiques : mêmes informations et mêmes formules maintes fois reprises, sans qu’on voie quelle pourrait en être la justification. Lorsque cette formule est le pléonasme de la « moralisation des mœurs », on se dit que les auteurs, les correcteurs et l’éditeur n’ont pas dû relire le texte d’assez près. Ce malaise va croissant, et plus nous nous rapprochons du temps présent, plus nous éprouvons l’impression d’un manque de recul.

Plus grave est l’association faite, même si c’est implicitement, entre les époques « fermées » (la société à maison venue des samouraïs, l’ordre moral de Meiji singé de l’Occident et habillé de confucianisme, etc.) et le patriarcat, comme si les époques « ouvertes » en étaient indemnes. Or, si les époques « libérales » ou « égalitaires », comme Heian ou Edo, accordent clairement une place plus importante aux femmes (et aucune autre civilisation que la Chine et le Japon n’ont sans doute attaché cette importance au plaisir féminin), elles n’en représentent pas moins une autre forme de patriarcat, dans laquelle les femmes, qu’elles soient prostituées, courtisanes de haut rang, geisha, concubines ou épouses restent malgré tout les pourvoyeuses du plaisir, de la progéniture et du pouvoir masculins.

Enfin, l’opposition entre l’hédonisme sexuel, comme sous Edo, et le sexe corseté aux fins de reproduction, comme sous Meiji, laisse échapper largement les autres finalités de la sexualité humaine (si ce n’est la domination, bien documentée) : conviviales, sociales, religieuses… Il serait étonnant qu’elles aient été plus absentes au Japon qu’ailleurs. On ne fait pas l’amour que pour procréer ou pour le plaisir — ou pour la rémunération. Ce n’est le moindre des mérites de Van Gulik, un des rares auteurs à en avoir montré toute l’importance, il est vrai exacerbée dans le taoïsme.

En revanche, on ne reprochera évidemment pas aux auteurs le choix des limites temporelles de l’ouvrage, même si on reste sur sa faim sur ce que pouvait être la sexualité de l’époque Heian (d’ailleurs souvent évoquée comme racine des évolutions ultérieures) ou du Moyen Âge ; c’est leur choix et il faut bien en fixer. On ne leur reprochera pas non plus de sembler tailler à la hache entre les époques, celles d’un Japon sexuellement ultralibéral sous Edo (1603-1867), durant l’entre-deux-guerres (1920-1935) et sous l’occupation américaine (1945-1952), et ultrarépressif sous Meiji (1868-1912), sous le totalitarisme militaire (1935-1945) et sous le nouvel ordre moral conservateur (1952-…) : les chevauchements de dates dans les différents chapitres montrent bien que, comme partout, chaque époque contient les germes de la suivante et continue à vivre sur l’inertie des mentalités de la précédente.

Ces critiques peuvent être jugées sévères pour l’énorme travail de Pons et Souyri, et sont au bout du compte mineures eu égard à ses qualités. On est impressionné par l’étendue de leur érudition japonaise, jusqu’à nous faire douter de l’étendue de notre culture française…

Et le livre atteint sa cible en dégageant bien les lignes de force de cette histoire de la sexualité et de l’érotisme. Ainsi de l’absence de tabou sexuel et de notion de péché ou de culpabilité devant la nudité et le sexe, jusqu’à ce que des « réformateurs » se mettent en tête de s’occidentaliser en s’autocolonisant… pour échapper à la colonisation ; en voulant à juste titre se sauver de la mainmise de l’étranger, ils n’ont rien trouvé de mieux que de détruire leur civilisation dans ses formes les plus précieuses. Ainsi de la pansexualité récurrente — même si le mot n’est pas prononcé — dans la tradition japonaise, comme elle l’était dans l’Antiquité grecque ; elle est traitée avec beaucoup de nuances et de subtilité suivant les milieux et les époques. Ainsi de l’importance de l’association entre la sexualité et la violence ou la mort dans la culture japonaise. Est-ce parce que l’idée du péché de chair lui était étrangère qu’elle a dû repousser le goût de l’interdit vers des formes de sexualité morbides ?
Lien : http://www.carnetsdexil.com/
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Japon : D'Hiroshima à Fukushima

Ce petit bijoux est à lire et à relire, aussi bien pour enrichir sa culture personnel et sa curiosité, que pour réviser la veille d'un contrôle d'Histoire Contemporaine du Japon. Le livre est très bien structuré, et les articles sont clairs et sérieux (en même temps, ils sont issus du Monde). Des citations importantes sont mises en avant dans chaque chapitre, si bien que si on a à rédiger une dissertation dans pas longtemps, c'est bien pratique. A la fin de l'ouvrage, une chronologie de 6 pages du Japon Moderne, mise en image, est à la disposition du lecteur. En résumé : clair, synthétique, pas cher, enrichissant.
Lien : http://yoru.e-monsite.com/pa..
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L'esprit de plaisir

Un livre sur le Japon oui, mais un livre sur l'érotisme au Japon, et même "l'érotique" comme dirait l'auteur, c'est plutôt original. Ce livre, bien au delà de nous apprendre énormément de choses sur la sexualité et l'érotisme au Japon depuis les 4 derniers siècles, nous donne à voir une facette de ce pays peu connue et pourtant tellement intéressante par sa diversité, ses moments troubles, difficiles mais aussi sa légèreté et sa "mentalité" si différente de la mentalité occidentale. J'ai appris énormément. C'était parfois un peu pompeux, il y avait parfois des redondances ou des longueurs et il aurait été appréciable d'avoir plus d'images pour étayer certains propos. Mais quelle richesse. Quel travail de recherche époustouflant. Je ne suis pas de ceux qui aime lire pour apprendre mais plutôt pour me divertir et j'évite les livres types "mémoire" ou thèse. Pourtant celui ci m'a happé. Principalement dans ses débuts sur l'ère Edo, mais jusqu'au bout pour sa qualité et sa précision.
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Japon : D'Hiroshima à Fukushima

Ce titre qui inscrit l’histoire du Japon contemporain entre deux avatars terrifiants de la mort nucléaire souligne à la fois la fragilité de ce pays et l’incroyable capacité de résilience de sa population . Ce petit volume de l’excellente collection éditée parle Monde et l’Histoire en fait la démonstration par une sélection d’articles du quotidien illustrée de photos, infographies ,cartes et complétée par une chronologie.
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Des villes nommées Tokyo

Sorti en 1984, ce hors série sur TOKYO a fait l'effet d'une bombe pour tous les fans du japon, on découvrait les premiers mangas, cette façon de vivre dans des tous petits intérieurs et la frénésie de cette ville dédiée au travail, au commerce avec ses différents quartiers.
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Japon

Un peu dépassé maintenant, mais génial !!!
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Le corps tatoué au Japon : Estampes sur la peau

C’est une mise à jour augmentée de Peau de brocart. Le corps tatoué au Japon publié en 2000. Intégrer des ethnies comme les aïnous d’Hokkaïdo, s’occidentaliser ou encore soumettre une frange de la population instable politiquement a justifié la prohibition du tatouage par le pouvoir au Japon. Cette prohibition répétitive lui a donné une image négative tenace alimentée par celle des yakuzas, les fameux bandits de la pègre japonaise. Du tatouage infamant (celui qui marque le voleur notamment) au tatouage décoratif, son essor est surtout lié à l’évolution démographique urbaine. La fragilité des sources et la tenue au secret de cette pratique artisanale font qu’aujourd’hui encore certains documents exploités dans ce livre n’ont pas d’ayants droits connus. Cet ouvrage donne un historique de la pratique, son évolution, ses spécificités culturelles et politiques. Issu de l’art de la gravure et de l’estampe, le tatouage japonais est en réalité un art bien codé ce qui contribue à son déclin actuel. L’ouvrage est généreusement enrichi de planches illustrées de documents d’époque et de photographies de corps tatoués par les plus grands maîtres. Il est complété par des notes de la page 152 à 157. L’évolution du lexique dans la littérature pour désigner la pratique, l’apparition d’un cartouche avec la signature de l’artisan sont particulièrement signifiants. Faire de son ethnie, de sa marginalité ou de son métier une fierté grâce à son corps est le moteur essentiel pour passer à l’acte. Le tatouage est souvent choisi en mode « intégral » donc long, douloureux et coûteux, une indéniable preuve de courage. On parle ici de la fameuse peau de brocart. Elle couvrait ni le cou, ni le milieu du torse ou les avant-bras afin de se cacher sous l’habit. Le Japon est le seul pays réputé à maîtriser grâce au stylet manuel l’art du dégradé nommé le bokashi (un stylet consacré au dégradé comporte une quarantaine d’aiguilles).
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L'esprit de plaisir

Aborder le sexe au pays du Soleil Levant, voilà le challenge auquel se sont livrés Philippe Pons, correspondant du Monde à Tokyo, et Pierre-François Souyri, professeur honoraire à l'université de Genève. A deux, ils ridiculisent Wikipédia et peuvent s’enorgueillir d’une somme de connaissances dont ils n’ont pas à rougir. Ils abordent donc à quatre mains l’histoire de la sexualité et de l’érotisme au japon avec une optique actuelle, un sens aigu de l’authenticité et celui de sa signification dans la culture nippone. Bien entendu, ils décryptent ce que nous autres Européens avons souvent tendance à assimiler à de la paillardise ou à de la perversité. Selon les conditions, les codes n’ont pas toujours les mêmes connotations.
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