Je me trouvais dans le jardin d'un temple, environnée d'érable, de cyprès, de camélias aux fleurs fanées qui mouchetaient l'ombre. Un endroit frais et silencieux, hormis le frisson occasionnel des prières bouddhistes de papier nouées aux branches par centaines. Ce fut alors que je vis, alignés sous les arbres dans un silence spectral, des rangs et des rangs d'enfants de pierre. Des centaines d'effigies, chacune coiffée d'un bonnet rouge tricoté à la main.
Mo Hayder, Tokyo
Tokyo la grande, Tokyo l'étourdissante, Tokyo aux milliers de néons, Tokyo la bouillante... Tokyo la mégapole possède bien des visages. Capitale du Japon depuis 1868, elle est, avec ses huit millions d'habitants et sa superficie de 617km2, la plus importante ville du pays. Son découpage en vingt-trois arrondissements et un développement qui n'a suivi aucune planification lui confèrent une apparence de patchwork désordonné, qui mêle constructions ultramodernes et vieilles demeures délabrées. Aux multiples croisements d'avenues sans noms et d'autoroutes aériennes s'élancent des rues tout aussi anonymes aux trottoirs inexistants.
On commence à vieillir quand on finit d'apprendre (proverbe japonais)
Le couple et la famille se vivent souvent en solo au Japon, chacun ayant ses propres activités.
Une ligne invisible semble séparer la vie des hommes de celle des femmes.
Waretada taru wo shiru (《J'apprends pour être heureux》)
[Maxime gravée dans un bassin du temple zen Ryoan-ji]
Rien de plus fréquent dans la littérature ou même dans la conversation japonaise que ces allusions à l'arbre dans l'ombre duquel on s'est une fois assis, à l'eau qu'on a bu ensemble au cours d'une autre existence. Ici, il semble que la cascade, cette cascade dont l'ancienne peinture nippone nous offre souvent une image verticale, aux filets tendus comme les cordes d'un instrument de musique ou d'un arc, ne soit pas seulement la cascade artificielle des Matsugae, ni même celle, plus sacrée, que Honda ira avoir un jour, mais la vie même.
Marguerite Yourcenar, « Mishima ou la vision du vide »
Au Japon, il y a des photographes dans le genre des nôtres ; seulement ce sont des Japonais, habitant des maisons japonaises. [...] Cela étonne et cela déroute, un photographe niché là, dans tout ce Japon d'autrefois [...]. La cour d'entrée est d'une irréprochable japonerie, avec des lanternes et arbres nains. Mais l'atelier où l'on pose pourrait être aussi bien à Paris ou à Pontoise ; mêmes chaises en "vieux chêne", mêmes poufs défraîchis, colonnes en plâtre et rochers en carton...»
Nobuo, un samouraï ne montre pas sa souffrance. Il ne dit pas qu'il a faim, qu'il se sent seul, ou qu'il trouve la vie dure. Nobuo, que tes pensées n'apparaissent jamais sur ton visage. Un homme doit être capable de rire quand son cœur pleure.
Ayako Miura, Au col du mont Shiokari
La cloche du vent
Petite clochette à vent, le furin est suspendu en bord de fenêtre, à l'entrée ou en terrasse. Prisé pendant les fortes chaleurs humides de l'été, le son qu'il émet est perçu comme une sensation de fraîcheur, soulageant de façon inconsciente les occupants du foyer.
Mal vu
Lorsqu'on mange des sushi, laisser des grains de riz flotter dans coupelle de shoyu est considéré comme grossier.