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Citations de Philippe Richard (13)


"Nous entendons souvent que la France n'aime pas les réformes. Peut-être est-ce tout simplement parce que, face à nos réels défis - économiques, sociaux et environnementaux - il n'est présenté que des réformes qui reportent les efforts sur les 99% et pas sur les plus riches. Osons proposer une réforme exigeant un effort aux plus riches et voyons s'ils nous donnent l'exemple. Car, contrairement à certains discours, nos problèmes ne viennent pas de l'abus d'une minorité de pauvres, trop souvent dénommés "assistés", mais bien d'un système qui favorise les mieux lotis, à une échelle désormais mondiale, renforçant les contraintes pour la plus grande majorité."
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(...) les personnalités de pouvoir étouffent l'entourage, l'empêchent de s'exprimer, de s'épanouir, de se libérer, de faire émerger leur talent, afin de préserver leurs petits pré-carrés et de se valoriser personnellement, dans une société qui érige le narcissisme et le cynisme en valeur positive. Ainsi, les plus riches, assurés de leur toute puissance, briment plus qu'ils ne libèrent les énergies. Non seulement, l'encourage subit cette domination, mais le collectif perd en force et en initiative.
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Derrière l'idéologie libérale, chantre de la liberté, se cache en réalité la promotion des valeurs de compétition de l' "affirmation de soi" et le rejet des valeurs humanistes de "dépassement de soi". Ce système s'auto-entretient mécaniquement puisqu'il valorise les individus adhérant à ces valeurs, et a tendance à l'inverse à évincer les autres. Il encourage les personnalités centrées sur elles-mêmes, ayant pour priorité leur réussite et leur pouvoir personnels, et peu le soucis du collectif. Ceux qui useront de narcissisme et de cynisme pour réussir auront toutes leurs chances, tandis que les personnalités privilégiant le "dépassement de soi" seront marginalisées. Les premières sont glorifiées, tandis que les secondes sont déconsidérées. Le modèle s'avère ainsi bien verrouillé, servant une minorité en l'érigeant, et c'est toute la force de la pensée, néolibérale, en personnalités respectables, bienfaitrices et talentueuses.

Dans un tel contexte de compétition agressive et d'effets de marginalisation, il ne faut donc pas s'étonner de la recrudescence de la violence et du sentiment d'insécurité qui mine nos sociétés modernes. Et il semble totalement vain de lutter contre les antagonismes croissants entre citoyens, si le modèle de société ne connaît pas de transformations profondes. Tous les programmes de lutte contre la violence et l'insécurité, dans une société qui ne promeut que l'affirmation de soi, ne peuvent représenter que des soins palliatifs, qui ne déboucheront jamais sur une guérison: pour réussir, il nous faut combattre l'origine du mal et pas seulement ses maux.

Entre les économistes hétérodoxes et libéraux, nous sommes finalement surtout dans un combat de valeurs, au-delà des discours d'experts, les premiers privilégiant les valeurs de "dépassement de soi" et les seconds "d'affirmation de soi". La réussite du néolibéralisme comme modèle de croissance économique est d'ailleurs intimement liée à cette promotion des valeurs "d'affirmation de soi" car celles-ci ont l'avantage de pousser à l'enrichissement personnel et à une consommation de masse qui dépassera les besoins d'usage en leur donnant une forte valeur sociale: les marques et produits de luxe sont ainsi davantage désirés pour leur image sociale que pour leurs qualités intrinsèques. Tout ceci est certes un atout pour la croissance économique, mais ne représente pas pour autant un gage de prospérité puisque son moteur repose uniquement sur l'individu et pas sur le collectif. Cette idéologie concède donc logiquement une place privilégiée à tous les individus répondant à ces caractéristiques, et ces derniers s'y sentent bien puisqu'ils peuvent s'exprimer pleinement dans un tel modèle.

La réussite professionnelle, dans notre modèle libéral, apparaît donc comme le résultat d'une nature individuelle en bonne adéquation avec ce système: qualités de communication, d'organisation et de rigueur, ainsi que d'opportunisme, d'audace, de séduction, voire de cynisme. Le niveau de capital professionnel sera fortement lié à ces composantes. A l'inverse, d'autres qualités ne sont pas ou que très peu valorisées, comme l'ouverture d'esprit, l'écoute, l'honnêteté, la bienveillance, la serviabilité, contribuant à un gâchis pour les personnes plus proches de cette nature et portées par ces valeurs, mais également pour l'ensemble du collectif qui se retrouve dans une société empreinte de peurs et non de confiance. Ce déséquilibre dans la hiérarchie des valeurs a pour inconvénient d'accentuer l'agressivité au sein de toute la société, par un manque de considération de l'autre et des biens communs et biens publics, générant des coûts induits non négligeables: gaspillages et destructions, qui exigent alors de renforcer divers services, de lutte contre la violence, le vol, le cambriolage ou le vandalisme, tout comme le maintien et la protection de l'environnement, ou encore un accompagnement médical et social des personnes en échec, dans une grande solitude, en souffrance au travail, marginalisées, sans perspectives, exclues. Étonnamment, cette inefficacité du système, liée à ce déséquilibre des valeurs, n'est jamais évoquée par les libéraux. La seule réponse trouvée est le dénigrement et la répression, ce qui ne fait qu'exacerber les frustrations et les peurs, un processus en totale contradiction avec notre besoin de confiance.
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(...) il ne faudrait pas en conclure que les déficits publics proviennent des seules politiques de relance des pouvoirs publics. En effet, la mobilité croissante des plus puissants- grandes entreprises et fortunés - affecte de plus en plus fortement les comptes publics: la mobilité des fonds financiers, la mobilité des entreprises et de toutes les personnes disposant de moyens importants permet de se soustraire à l'impôt de plus en plus facilement, générant un manque à gagner substantiel pour la collectivité du fait de ressources financières colossales non assujetties à l'impôt et aux cotisations sociales. Cette réalité est bien éloignée de certains discours qui dénoncent le coût des fraudes sur les aides sociales ou le coût de l'immigration (...)
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Notre modèle économique, suite à ces évolutions techniques et politiques, s'est mué progressivement en un capitalisme oligopolistique, car il a, dans un esprit libéral, "laissé faire" un processus qui a naturellement récompensé bien plus les mieux lotis en capital, ceux-là même qui sont déjà gâtés par leur richesse et leur environnement social.
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L'individualité et la singularité constituent assurément un progrès, à la condition pour autant qu'il se place dans un cadre collectif, car, sans autre repère, l'individualité se meut en individualisme et met à mal l'intérêt collectif, chacun ne se bornant qu'à son intérêt personnel. Ce processus favorise alors l'indifférence générale et conduit à des comportements contraires à l'intérêt général.
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Le pouvoir des grandes fortunes semble aujourd'hui sans borne, tout simplement car les frontières n'existent plus, pour eux et pour leurs avoirs financiers. Ils sont en effet capables de s'affranchir des Etats et de leurs règles. Les plus riches se retrouvent ainsi dans une position extrêmement favorable, sans aucunes contraintes qu'eux-mêmes. Ainsi, non seulement ils sont les mieux placés pour profiter pleinement de la sphère financière, généralement très lucrative à moyen terme, mais ils sont également en capacité d'outrepasser les règles des Etats, grâce à des optimisations fiscales mondialisées, à des dissimulations facilitées par les paradis fiscaux, à des changements de leur lieu d'installation ou à défaut, à des négociations de remises d'impôts ou de taxes, ou encore d'obtention de subventions grâce au facile chantage à l'expatriation.
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Une personne disposant de capital, surtout patrimonial, aura l'occasion de saisir dans les meilleurs conditions les opportunités offertes par les marchés; dans le même temps, elle connaîtra peu de déconvenues puisque les ressources que lui procure son capital forment, en partie du moins, des rentes de situation; et si néanmoins elle rencontre des difficultés, elle bénéficiera de moyens pour rebondir, d'un filet de sécurité pour ne pas sombrer. A l'inverse, toute personne démunie en capital sera confrontée à une dure réalité de la vie, semée d'embûches, alors même qu'elle dispose de peu de filets de sécurité pour rebondir. La réussite de tous les enfants de riches sera donc bien plus aisée que celle d'enfants de pauvres. Tant mieux pour ces chanceux, et effectivement le but n'est pas de rendre la vie difficile à ceux qui ont la chance de disposer de moyens, mais plutôt de soutenir l'ensemble de la population dans ses projets, en atténuant les barrières à l'entrée et donc les rentes de situation qui protègent et enrichissent une minorité au détriment des autres, tout en rompant avec le discours paradoxal de valorisation du talent des plus riches alors que leur réussite est davantage le ferment d'un contexte favorable, leur capital, plutôt que celui de leurs seules compétences personnelles.
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" Pardoxalement, les coûts d'ajustement pèsent lourdement sur les personnes dont les sources de revenu sont peu diversifiées, comme les salariés, puisque le travail est un facteur peu diversifiable par nature, et les petits entrepreneurs qui misent une grande partie de leurs moyens disponibles dans leur affaire. En revanche, les détenteurs de capitaux importants peuvent se prémunir de ces coûts d'ajustement en diversifiant leurs investissements et placements, une diversification largement facilitée par l'informatique qui permet d'acheter et de vendre en un clic selon les évolutions du marché."(...)" L'optimum économique bénéficiera ainsi bien davantage aux mieux lotis, ceux qui disposent d'un capital - patrimonial, professionnel et de notoriété - car il leur offre une mobilité aisée - mobilité dans l'emploi (géographiquement mais aussi en termes de postes et d'entreprises), ainsi et surtout que dans leurs investissements et placements - garantie d'une facilité d'adaptation face aux ajustements à réaliser, et d'une facilité à saisir les opportunités; tandis que les moins avantagés, par nature moins mobiles, hériteront surtout des aspects négatifs des ajustements, et très peu des opportunités qui se présentent à eux. Ce modèle conduit mécaniquement à des cercles vertueux pour les mieux lotis et des cercles vicieux pour les moins bien lotis (...)."
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(...) nous percevons surtout une opposition dans l'approche de la société, entre les libéraux privilégiant une démarche centrée sur l'individu et la notion d'efficacité, tandis que les hétérodoxes y ajoutent une dimension plus collective, y intégrant la notion d'équité. Si les libéraux entendent que, dans une concurrence ni pure ni parfaite, le capitalisme devient générateur d'inégalités, ils estiment que l'efficacité du système élève suffisamment l'ensemble pour que les moins biens lotis bénéficient également de la croissance économique. Les hétérodoxes considèrent en revanche, qu'au-delà de l'efficacité globale d'un système, la pertinence de l'efficacité d'un modèle s'appréhende par une équité à en bénéficier : un système qui générait une forte croissance économique globale mais qui ne profiterait qu'à une minorité des acteurs ne peut être considérée comme efficace. D'autant que la brutalité des marchés s'avère trop forte pour toute une partie de la population, notamment les plus fragiles: les plus pauvres, les moins formés, les plus jeunes ou plus anciens, les plus éloignés des services collectifs, etc. Les modes de régulation fondés sur l'équité viennent réduire cette brutalité des marchés, quitte à limiter la croissance économique par une moindre compétitivité, mais en privilégiant le bien-être collectif, qui dépasse la seule agrégation des "maximisations" individuelles.
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l’égalité représente pourtant une qualité démocratique fondamentale, incontournable
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l’égalité dépasse la seule notion de l’égalité de droit ou même de l’égalité des chances
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l’usage des biens au cœur des enjeux face à la propriété individuelle
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