Citations de Pierre Commelin (18)
Les Proetides, ou filles de Proetus, ayant osé comparer leur beauté à celle de Junon, en furent punies par une folie qui leur fit croire qu'elles étaient changées en vaches, et elles parcouraient les campagnes en poussant des beuglements ; Mélampe, fils d'Amithaon et neveu de Jason, médecin très habile, les guérit avec de l'ellébore noir, appelé plus tard de son nom Mélampodion, et épousa l'une d'elles. Les trois Proetides se nommaient Iphianasse, Iphione et Lysippe. Cette cure eut lieu sur la place publique où Proetus, leur père, fit bâtir un temple dédié à la Persuasion, preuve que les discours de Mélampe avaient eu au moins autant de part à leur guérison que les secours de la médecine.
Minerve ou Pallas, en grec Athéna
Minerve, fille de Jupiter, était la déesse de la sagesse, de la guerre, des sciences et des arts.
Un des traits les plus fameux de l'histoire de Minerve est son différend avec Neptune pour donner son nom à la ville d'Athènes.
Les douze grands dieux, choisis pour arbitres, décidèrent que celui des deux qui produirait la chose la plus utile à la ville lui donnerait son nom ; Neptune, d'un coup de trident, fit sortir de terre un cheval, Minerve en fit sortir un olivier, ce qui lui assura la victoire.
(Les frères Atrée et Thyeste, en compétition pour le royaume d'Argos)
Atrée avait ordonné un repas solennel où les deux frères devaient se jurer une amitié réciproque ; mais ce prince, ayant fait égorger les enfants de Thyeste, les fit couper en morceaux, et on les servit à leur propre père. Lorsque, à la fin du repas, on fit aux dieux les libations ordinaires, les deux frères se promirent, en prenant le ciel à témoin, l'oubli de tout le passé, et alors, Thyeste ayant demandé à voir ses enfants pour les embrasser, Atrée fit apporter dans un bassin leurs têtes, leurs pieds et leurs mains. On dit que le soleil se cacha pour ne point éclairer une action si barbare.
[...] en général, lorsqu'on ne connaissait pas l'origine soit d'un homme, soit d'un peuple célèbre, on l'appelait fils de la Terre.
Les Grâces ou Charites étaient filles de Jupiter et d'Eurynome ou Eunomie ; selon d'autres, du Soleil et d'Églé, ou de Jupiter et de Junon ; ou, selon l'opinion la plus commune, de Bacchus et de Vénus : la plupart des poètes en comptent trois et les nomment Aglaé (brillante), Thalie (verdoyante), Euphrosyne (joie de l'âme).
Compagnes de Vénus, la déesse de la beauté leur devait le charme et l'attrait qui assurent son triomphe. Leur pouvoir s'étendait à tous les agréments de la vie. Elles dispensaient aux hommes non seulement la bonne grâce, la gaieté, l'égalité d'humeur, la facilité des manières, mais encore la libéralité, l'éloquence, la sagesse. Leur plus belle prérogative était de présider aux bienfaits et à la reconnaissance.
[...] en général, lorsqu'on ne connaissait pas l'origine soit d'un homme, soit d'un peuple célèbre, on l'appelait fils de la Terre.
On représentait Cybèle sous les traits et avec la prestance d’une femme robuste. Elle portait une couronne de chêne, arbre qui avait nourri les premiers hommes. Les tours dont sa tête est ceinte indiquent les villes qui sont sous sa protection ; et la clé qu’elle tient à la main désigne les trésors que le sein de la terre renferme en hiver, et qu’il donne en été. Elle est portée sur un char traîné par des lions. Son char est le symbole de la terre qui se balance et roule dans l’espace ; les lions indiquent qu’il n’y a rien de si farouche qui ne soit apprivoisé par la tendresse maternelle, ou plutôt qu’il n’y a pas de sol si rebelle qui ne soit fécondé par l’industrie. Ses vêtements sont bigarrés, mais surtout verts, allusion à la parure de la terre. Le tambour près d’elle figure le globe du monde ; les cymbales, les gestes violents de ses prêtres indiquent l’activité des laboureurs et le bruit des instruments de l’agriculture.
En grec, Saturne est désigné sous le nom de Cronos, c’est-à-dire le Temps. L’allégorie est transparente dans cette fable de Saturne. Ce dieu qui dévore ses enfants n’est, dit Cicéron, que le Temps lui-même, le Temps insatiable d’années, et qui consume toutes celles qui s’écoulent. Afin de le contenir, Jupiter l’a enchaîné, c’est-à-dire l’a soumis au cours des astres qui sont comme ses liens.
Pour l'humanité primitive, la divinité représente tout ce qui dépasse la conception humaine.
Nous sommes un peuple latin de langue, sinon d’origine ; ce sont, malgré nous, et en dépit des savants, les mots latins qui reviennent sur nos lèvres, et c’est Rome qui d’abord nous a enseigné le nom et les attributs de ses dieux. Il est vrai qu’elle-même s’était approprié la plupart des divinités de la Grèce. Mais, en les introduisant chez elle, dans son culte et dans ses moeurs, elle les désigna par des noms qui leur sont restés.
La Mythologie est évidemment une série de mensonges. Mais ces mensonges ont été, durant de longs siècles, des sujets de croyance. Ils ont eu, dans l'esprit des Grecs et des Latins, la valeur de dogmes et de réalités. A ce titre, ils ont inspiré les hommes, soutenu des institutions parfois très respectables, suggéré aux artistes, aux poètes, aux littérateurs l'idée de créations et même d'admirables chefs-d'oeuvre.
A l'aspect de Pandore, toutes les recommandations fraternelles furent oubliées, et il la prit pour épouse. La boîte fatale fut ouverte et laissa échapper tous les maux et tous les crimes, qui depuis sont répandus dans l'Univers. Épiméthée voulut la refermer ; mais il n'était plus temps. Il n'y retint que l'Espérance qui était près de s'envoler, et qui demeura dans la boîte hermétiquement refermée.
L'augure, divination qui consistait primitivement dans l'observation du chant et du vol des oiseaux, et de la manière dont ils mangeaient, s'étendit ensuite à l'interprétation des météores et des phénomènes célestes. A Rome, les ministres officiellement préposés à cette divination portaient aussi le nom d'augures.
[...] On n'entreprenait aucune affaire importante sans les consulter. Cependant, il paraît que, vers la fin de la république, leur autorité était un peu tombée dans le discrédit, et les Romains éclairés disaient sans doute, avec Cicéron, qu'ils ne concevaient pas comment un augure pouvait en regarder un autre sans rire.
Les divinités antérieures à Jupiter appartiennent aux âges mythologiques les plus reculés, et, pour ainsi dire, aux origines du monde. Leurs histoires, ou plutôt leurs légendes, sont empreintes d'une certaine confusion, leur physionomie tient encore pour ainsi dire du chaos. À partir du règne de Jupiter, les personnalités divines s'accentuent plus nettement. Si parfois les dieux ont encore des attributs ou des fonctions semblables, si plusieurs d'entre eux sont la même personne sous des noms différents, leurs traits sont plus distincts, leur rôle mieux défini.
En fait de croyances, l'humanité se laisse guider non par la raison, mais par le désir, le besoin de connaître la raison des êtres et des choses.
[...] tout ce qu'il y a de fâcheux dans la vie passait pour une production de la Nuit.
Le Destin, ou Destinée, est une divinité aveugle, inexorable, issue de la Nuit et du Chaos. Toutes les autres divinités lui étaient soumises. Les cieux, la terre, la mer et les enfers étaient sous son empire : rien ne pouvait changer ce qu’il avait résolu ; en un mot, le Destin était lui-même cette fatalité suivant laquelle tout arrivait dans le monde. Le plus puissant des dieux, Jupiter, ne peut fléchir le Destin en faveur ni des dieux, ni des hommes.
L’état primordial, primitif du monde, c’est le Chaos. C’était, selon les poètes, une matière existant de toute éternité, sous une forme vague, indéfinissable, indescriptible, dans laquelle les principes de tous les êtres particuliers étaient confondus. Le Chaos était en même temps une divinité pour ainsi dire rudimentaire, mais capable de fécondité. Il engendra d’abord la Nuit, et plus tard l’Erèbe.