Heure grave
Qui maintenant pleure quelque part dans le monde,
sans raison pleure dans le monde,
pleure sur moi.
Qui maintenant rit quelque part dans la nuit,
sans raison rit dans la nuit,
rit de moi.
Qui maintenant marche quelque part dans le monde,
sans raison marche dans le monde,
vient vers moi.
Qui maintenant meurt quelque part dans le monde,
sans raison meurt dans le monde,
me regarde.
Tu es pauvre comme les malades qui dans la nuit
se retournent sans cesse et sont presque heureux
et comme les fleurs entre les rails
si tristes dans le vent confus des voyages
et comme la main qui monte aux yeux pour cacher des larmes trop tristes...
Et que sont, devant toi, tous les oiseaux qui tremblent
Qu'est-ce devant toi qu'un chien affamé
Qu'est pour toi la longue et silencieuse tristesse des bêtes
abandonnées de tous dans la captivité.
Tu es en exil, tu n'as pas de patrie
aucune place ici-bas n'est la tienne.
Ta taille nous écrase, tu es trop grand pour nous.
Tu hurles dans le vent,
tu es comme une harpe que briserait
toute main qui touche ses cordes.