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Citations de Pierre-Olivier Lavoie (24)


Le monde s'était recouvert d'un voile infernal, d'une véritable pandémie qui avait ravagé les hommes.
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Tu vois, Brynja, même quand le monde tourne à la merde totale, il y a encore des hommes pour en enculer d'autres. Saleté de nature humaine à la con !
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Sans échanger un seul mot, tous les enfants mangèrent, avec leurs mains, le contenu de leur assiette. Ils ne pouvaient manger que le matin et le soir. Chacun d’entre eux souffrait de carences alimentaires. Victor lui-même en souffrait ; il était frêle et plutôt petit pour ses 15 ans. Son visage était généralement pâle et marqué de profonds cernes de fatigue accumulée. Malgré leur manque de nourriture, les institutrices ne se gênaient pas pour se goinfrer à toute heure devant les jeunes, en utilisant de petits objets en métal qu’elles appelaient « ustensiles » ; luxe auquel Victor et ses camarades n’avaient certainement pas droit.
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Tout était maintenant noir, impossible pour Victor de voir où s’en allait la créature mécanique. Abasourdi par les événements, l’adolescent ne savait pas vraiment comment réagir, mais il devait à tout prix se sauver de ce lieu qui l’effrayait maintenant plus que tout au monde. Soudain, Victor vit qu’une lueur jaune éclairait le conduit d’aération ; la sentinelle venait d’activer les lumières sur son dos. L’adolescent sentit alors la sentinelle se hisser dans un conduit vertical, ce qui lui rendit encore plus difficile de s’agripper à elle. Victor regarda derrière lui et ne vit que des étincelles, créées par la vitesse foudroyante des crochets au bout des pattes de la sentinelle, illuminant partiellement le conduit d’aération. Ramenant son regard vers le haut, il vit une hélice tournoyer rapidement, bloquant leur chemin. Drext accéléra et Victor se mit à gémir de peur. À quelques centimètres de distance à peine, le scorpion mécanique tendit l’une de ses pinces et sans difficulté, il bloqua l’hélice. De son autre pince, la sentinelle l’arracha. Dans un puissant bond, la sentinelle s’extirpa du conduit d’aération et Victor put sentir contre sa peau l’air frais de la nuit.
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Tu n’étais pas toi-même durant toutes les années que tu as vécues ici. Tu étais retenu, contre ton propre gré, pour servir les besoins de ce lieu infâme.
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La peur qui empoisonnait Victor se dissipa peu à peu et bientôt, il la reconnut ; c’était madame Berthelot. L’adolescent voulut dire quelque chose, mais sa langue lui semblait encore trop lourde.

— Victor, Victor, dit-elle d’une voix apaisante. Ne t’en fais pas, tout ira bien. Tu es en sécurité, maintenant…

L’adolescent sentit du réconfort naître au plus profond de son cœur.

— Viens, lui dit-elle de sa douce voix, aussi faible qu’un murmure. N’aie pas peur, je suis ton amie…
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C’est alors qu’il vit, du coin de l’œil, un faible mouvement d’une des pinces de la sentinelle. Aussitôt, un bruit de pierre coulissante survint. Victor regarda autour de lui, se demandant s’il était seul à assister à l’étrange spectacle. Juste en face de la sentinelle, un étroit passage venait de s’ouvrir dans l’obscurité. L’adolescent, toujours figé sur place, regardait la sentinelle avec attention.

— Veuillez entrer dans la salle de retenue, ordonna la voix robotisée de la sentinelle.

Victor s’avança donc, sans poser de question, et pénétra doucement dans l’embouchure. C’était la pénombre totale. En utilisant sa béquille pour sonder le sol devant lui, il s’avança dans le couloir. Soudain, le même son de pierre coulissante se fit entendre. Victor se retourna instinctivement et put voir le couloir sombre disparaître sous une nappe totale de noirceur. Un frisson parcourut son corps en entier. Quelque chose n’allait pas, mais Victor réussit à reprendre ses esprits.
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Une question s’éveilla au plus profond de lui-même. Pourquoi certains visages qu’il avait fréquentés depuis si longtemps avaient-ils disparu ? Il y avait autrefois beaucoup d’enfants, plus vieux que lui. Où étaient-ils ? La question sombra aussitôt dans une zone inconnue de sa conscience. Victor n’y pensait plus.
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Victor ressentit un court soulagement lorsqu’il réalisa que la directrice ne lui parlait pas. Elle adressait la parole à un autre garçon, arrivé en retard.

— Je m’excuse, madame la directrice, dit-il d’un ton sans émotion. Je suis tombé dans l’escalier.

— Tu crois que c’est une excuse pour arriver en retard ? lui reprocha-t-elle d’un ton doux, affichant un sourire bourré de malice.

— Non, madame. Ce n’est pas une excuse.

Elle le regarda d’un air triomphant, convaincue d’avoir attrapé un malfaiteur. La directrice démontrait un certain plaisir.

— Tu seras donc puni, cela t’apprendra la ponctualité, lui dit-elle d’une voix mielleuse.

— Oui, madame, répondit le jeune garçon, acceptant son sort sans sourciller.

— Sentinelle trois, dit-elle en s’éloignant. Emmenez ce jeune homme à la salle de discipline.
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Des picotements lui envahirent le dos quand il se souvint d’une de leurs rencontres : lorsqu’il était plus jeune, il avait été affecté à la buanderie de l’Institut, dans laquelle il lavait les vêtements avec d’autres enfants. Étant arrivé en retard, à cause de sa canne qui s’était brisée, il avait écopé d’une séance de flagellation dans son bureau.
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Victor remarqua la présence d’une créature mécanique, qui faisait près de deux fois sa taille, juste au-dessus de l’escalier ; c’était une sentinelle. Ces bêtes étaient des êtres ressemblant un peu à des scorpions, avec la tête ancrée au corps, et dotées d’une coquille en métal. Les sentinelles possédaient aussi une queue d’une longueur de deux mètres, divisée en plusieurs segments encastrés les uns dans les autres. Au bout de leur queue se trouvait un long crochet courbé. Elles avaient deux pinces mécaniques, ajustables et menaçantes, qui ressemblaient à d’énormes clés à molette. Huit petites lumières jaunes étaient généralement visibles sur elles, mais cette fois elles étaient éteintes. Elles étaient soutenues par trois longues et minces paires de pattes, et à leur extrémité se trouvaient d’intimidants crochets. Sous leur abdomen, les sentinelles étaient munies d’une paire de propulseurs pour leur permettre de voler.
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Le dirigeable s’était amarré, sans doute pour se réapprovisionner, à un des nombreux quais de ravitaillement situés dans cette ville que Victor n’avait jamais visitée. Par manque de chance, le dirigeable avait choisi le quai qui cachait le céleste spectacle de Victor. Épuisé, celui-ci se laissa tomber sur son lit, les pieds toujours sur le sol, ignorant maintenant l’image dérangeante du mastodonte volant éclairé par la faible lueur de la Lune. Une autre journée venait de se terminer, et le lendemain, une nouvelle commencerait, comme toutes les autres qu’il avait vécues depuis son plus lointain souvenir. Victor n’en éprouvait pas de déception, il était entièrement passif. À vrai dire, il n’éprouvait rien du tout, sauf à quelques étranges moments, lors desquels il ressentait quelque chose au fond de lui, l’incitant à user de sa curiosité et à détourner la tête de son quotidien. Rares étaient ces occasions.
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La brise de la nuit était fraîche et grandement appréciée par Victor, malgré son odeur de charbon et de vapeur. C’était du moins plus accueillant que l’air humide et étouffant que renferme le dortoir des garçons. Seul dans sa chambre, comme tous les pensionnaires de l’Institut, Victor contemplait le ciel depuis sa fenêtre, qu’il venait d’ouvrir sans vraiment s’en rendre compte. Malheureusement, ce soir-là, il n’y avait pas de points scintillants dans le ciel ; ils étaient masqués par une vaste nappe de nuages brumeux. L’adolescent n’en ressentit pas de déception pour autant et retourna machinalement s’installer sur son lit.

Victor, qui venait d’éteindre sa lampe de chevet, pouvait sentir l’air jouer dans ses cheveux châtains. C’était son moment favori, bien que quelque chose au fond de lui le lui interdisait. Seule la vision du ciel éveillait un désir autre que servir, sans question, les intérêts de l’Institut.
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Le scorpion mécanique s’en alla, tel un insecte rampant sur un mur, dans une autre pièce. Victor continua son chemin habituel et s’en alla travailler. Lorsque la sonnerie annonça la fin de la journée, Victor se traîna péniblement vers l’escalier, ses membres endoloris, et descendit en direction de son dortoir. Il n’aurait pas droit à son souper, ce soir. Le ventre vide, il ouvrit la porte de sa chambre et y pénétra.

Fatigué, il se laissa tomber sur son lit, jetant un coup d’œil sur le ciel brumeux, assombri par la fin de la journée. Pris d’une envie soudaine, il se redressa et ouvrit sa fenêtre. L’adolescent y voyait une ville qu’il n’avait jamais visitée. C’est alors qu’au fond de lui, une question prit forme : pourquoi n’y avait-il pas de jeunes adultes à l’Institut ? La question disparut presque aussitôt et le vide s’installa. Quelques minutes plus tard, la porte de sa chambre s’ouvrit à grande volée et une sentinelle y pénétra.

— Monsieur Victor Pelham, annonça la voix disjointe de la machine, veuillez sortir de votre chambre et me suivre jusqu’à la salle de retenue.

La nuit n’était toujours pas tombée. Normalement, l’heure de la retenue devrait pourtant avoir lieu bien après l’obscurité totale. N’y accordant pas plus d’attention, Victor prit sa béquille et s’avança vers la créature qui, immobile, semblait le fixer de ses petits yeux jaunes luminescents. Au bout d’une dizaine de secondes au cours desquelles Victor se sentit étrangement analysé, la sentinelle se tourna vers le couloir et se mit en marche.

Alors qu’il fermait la porte derrière lui, il vit les garçons de son dortoir apparaître en haut de l’escalier. Passant à ses côtés, ils ne lui accordèrent naturellement aucune attention. La sentinelle se mit en marche et descendit l’escalier jusqu’au deuxième. Le corridor, généralement éclairé par les lampes à huile accrochées aux murs, était maintenant sombre, et Victor devait se guider au son des cliquetis des pattes de la sentinelle. Au bout de quelques minutes de marche, ils tournèrent dans un corridor dans lequel Victor n’avait jamais eu l’autorisation de mettre les pieds.

Aussitôt, la créature s’arrêta net. Victor tourna machinalement la tête autour de lui et ne put voir la salle de retenue. L’adolescent ne savait pas vraiment si c’était normal, car après tout, il n’avait jamais eu à suivre des sentinelles lors d’une situation de retenue. Le scorpion métallique, faiblement éclairé par la lumière d’un autre corridor au loin, ne bougeait toujours pas.
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-À vos yeux, je suis probablement ce que vous qualifieriez d'homme méchant, dit alors Huemac face au silence du jeune homme, mais sachez que dans ce monde, le bien n'existe que pour détruire le mal d'autrui, et vice versa. Et ce bien, il est différent pour chacun d'entre nous.
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-Il n'y a que le mal autour de nous, dit-il aussitôt, et c'est ce mal qui empoisonne le monde dans lequel nous vivons. Nous sommes souvent amenés à faire des choix, et je te conseille de fouiller au fond de toi-même pour déterminer quel est le mal qui sera le moins imposant, mais ne perds pas de vue qu'à chacune de nos actions, nous empiétons, d'une manière ou d'une autre, sur les plans de quelqu'un d'autre.
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-Hé! C'est bon, je viens, dit Manuel d'un ton résolu, tu auras forcément besoin de moi, Victor!

-C'est ça, répondit Victor en suivant Amon qui quittait la pièce. On a toujours besoin d'un crâne.
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-N'aie pas honte de ce que tu es, Victor, continua Zack, le fixant avec compassion. Ta jambe est peut-être une faiblesse, mais c'est une partie de toi qui devrait te rendre plus fort, plus résilient. Ne pas avoir peur de montrer ce que tu es, tel que tu es, représente une immense force de caractère. Et cette force, je suis persuadé que tu l'as en toi.
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