Pierre de Nolhac

Je me suis toujours passionné pour cette période de la Révolution, celle où la France a choisi de tuer son monarque et de laisser la royauté derrière elle (même si elle y revint ensuite provisoirement). Le personnage de Marie-Antoinette est emblématique de cette période, représentant pour le peuple tout ce qu'il convenait d'abattre: privilèges et mépris du peuple.



Ce que ce livre apporte est inégal. Il a le mérite de rechercher l'objectivité et de tenter d'écarter les fausses accusations. Il ne cherche pas à excuser totalement les erreurs d'une jeune reine mais tente d'expliquer le contexte et l'enchaînement des évènements. En cela, il m'a fortement intéressé.



Mais deux parties m'ont posé problème. Tout d'abord, les développements sur les fêtes royales, et notamment le sacre de Louis XVI, sont inutilement longs. L'auteur reconnaît lui même que Marie-Antoinette en fut quasi totalement écarté, alors pourquoi y consacrer tant de place, sinon peut-être parce que les sources sur cet évènement étaient nombreuses. A l'opposé, la fin de la royauté est expédiée en moins de 10 pages, alors que tenter d'examiner l'attitude de celle qui n'avait connu que le confort dans ces moments si pénibles était une gageure tellement intéressante.



Le fait que cet ouvrage soit publié à peine un siècle après les évènements décrits me semblait intéressant. La distance est suffisante pour garantir plus d'objectivité mais suffisamment proche pour ne pas être totalement déconnecté de l'ambiance de l'époque. L'auteur a le mérite de reconnaître la réalité de la frivolité d'une jeune reine élevée dans les ors et les dépenses sans compter, tout en reconnaissant ses qualités indéniables de mère attentionnée. Dommage que l'ambition affichée ne soit pas maintenue tout au long de l’œuvre.

Adoré assister à la naissance du château de Versailles. À peu près rien n'était en faveur de l'entreprise, ni l'emplacement, ni le terrain, ni l'utilité, mais c'était le petit rendez-vous de chasse de papa, donc Louis XIII, où le fils, donc Louis XIV, avait de délicieux souvenirs d'enfance, et où il avait décidé d'installer sa propre magnificence.

Un ouvrage parfait, solidement documenté et remarquablement écrit, par un ancien conservateur du domaine de Versailles. Un must absolu, ainsi que la suite de la série du même auteur Versailles et la cour de France.
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Richement illustré, mais le texte plat et tronqué datant de 1929 a très mal vieilli.

Vaut-il mieux être le peintre de Marie Antoinette ou peintre tout court ? Portraiturer les grands de ce monde est un art codifié. Y-a-il trop de rondeurs et de flatteries dans la manière d'Elisabeth V-L ? Son désir de côtoyer les têtes couronnées l'aurait-il éloigné de l'art pur, je veux dire de l'art sans flatterie ?

Quatre-vingt-dix pour cent de ses modèles sont des femmes, elles souhaitent être flattées. Qu'est-ce que cela aurait donné si quatre-vingt-dix pour cent de ses modèles avaient été des hommes ?

Ces reproductions donnent aux amateurs matière à réfléchir.

L'auteur est Pierre de Nolhac (1859 – 1936), mais il n'apparaît pas sur la fiche du livre (erreur dans la base de données ? ISBN 978-2-8104-1602-8, Editions Prisma, 2015).

Pierre de Nolhac a été un conservateur dynamique du musée du château de Versailles de 1892 à 1919. C'est lui qui a remis le musée en état, a fait revenir massivement les visiteurs et l'a protégé à l'aube de la Première Guerre mondiale. Dans ce récit, Pierre de Nolhac nous emmène en promenade dans les jardins, nous contant l'histoire de chaque bosquet, chaque sculpture, chaque parterre. Son chemin est le nôtre, nous n'avons qu'à nous laisser envoûter par la beauté des lieux et leur évolution. Les cent cinquante pages ne contiennent qu'une introduction et un unique chapitre, permettant de glisser avec légèreté d'une œuvre à l'autre et d'une perspective à une autre.



Quel dommage que les jardins ne soient pas encore plus grands! Je serais bien restée avec Pierre de Nolhac et sa plume pleine de poésie. Notre guide est tellement à l'aise dans sa mission que nous nous demandons si ce n'est pas un courtisan revenu en son domaine. Ses explications sont simples, étayées par de nombreuses photos pour éclairer les visiteurs qui ne connaissent pas bien les lieux, et son sens critique n'empêche pas le lecteur de laisser vagabonder son propre avis dans son esprit. C'est une promenade merveilleuse qui se fait à distance grâce aux descriptions précises, ou sur place pour s'attarder sur les détails qui nous ont échappés et les nouveautés apportées après la publication de ce livre, un peu plus que centenaire. Ainsi, le bosquet du Théâtre d'Eau, qui n'était pratiquement plus que du gazon au début du XXème siècle, a poursuivi son histoire grâce à une création contemporaine de Louis Benech et de Jean‑Michel Othoniel achevée en 2015. À l'inverse, certains constats sont toujours vrais, à l'image "de ce bosquet désert et que l'on visite à peine, car peu de personnes savent le chemin et même le nom de L'Île des Enfants". Quoiqu'il en soit, voici une lecture qui ravira les amoureux de Versailles autant que les visiteurs intéressés par les arts.

Pierre de Nolhac a écrit cet ouvrage "Versailles et la Cour de France - Marie-Antoinette Dauphine" en 1896, lorsqu'il était conservateur au Château de Versailles. Son objectif était de documenter la période de l'Ancien Régime avec des documents retrouvés éparpillés, mal classés dans les Archives et disséminés dans différents bâtiments. Il a voulu apporter un éclairage nouveau sur Marie-Antoinette sous Louis XV, selon cinq thèmes et autant de chapitres: "La Cour de Louis XV", "Son mariage", "La disgrâce de Choiseul", "Madame du Barry" et "La fin du règne".



J'ai dégusté cette lecture comme j'aurais dégusté un roman. Le style est clair et simple, et l'auteur va à l'essentiel, mais nourrit tout de même son récit de quelques anecdotes. Nous suivons une jeune femme joyeuse, grâcieuse, et influençable, adorée par la population, qui ne sait cacher par ailleurs ses défauts et ses inimitiés. L'attente du peuple est forte, et les prémices de la chute de la future reine sont étudiées par Pierre de Nolhac tant du point de vue du caractère de la Dauphine que des conseils qui lui ont été prodigués par son entourage. Une lecture que je recommande!

Chers lecteurs des Ensablés, nous avons le plaisir de vous annoncer qu'Antoine Cardinale nous livrera désormais régulièrement ses chroniques sur les historiens d'art oubliés du vingtième siècle, dont la qualité des contributions remarquables ont été à la fois historiques et littéraires
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