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Au programme :
L'Édito de Patrick - Destruction du barrage de Kakhovka : un crime de guerre
Invité : Bruno Tertrais - Directeur adjoint de la Fondation pour la Recherche Stratégique
Destruction d'un barrage en Ukraine : la guerre à tout prix ?
Ukraine : une contre-offensive imminente ?
Poutine : un faux discours créé par une IA
Ukraine : une situation très similaire à 1944 ?
Invitée : Adélaïde de Clermont-Tonnerre - Directrice de la rédaction du magazine Point de Vue
le combat du Prince Harry contre un tabloïd
le Prince Harry à la barre
Les démêlés d'Harry avec la presse devant la justice
La presse anglaise face à la justice
La Story - Luke Skywalker quitte la galaxie Star Wars
Le 5/5 :
Retraites : voilà, c'est fini ?
Rivaux de Trump : la liste s'allonge
USA : la bible jugée « pornographique » en Utah
USA : des aviateurs au secours du droit à l'avortement
Roland-Garros : le record de Djoko
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En 2007, un cliché de moi se vendait dans les trente mille livres. De quoi pouvoir verser un apport pour un appartement. Mais une photo de moi me montrant agressif en prime, et c'était un apport pour une maison à la campagne.
Me jeter aux chiens permettrait de faire d'une pierre deux coups : non seulement la journaleuse serait contente, mais en plus cette histoire redorerait le blason de Papa. Dans toute cette histoire dégueulasse, ce petit jeu de chantage et de stratagèmes, le conseiller voyait une occasion inespérée, un merveilleux prix de consolation pour Papa : désormais il ne serait plus , aux yeux du monde, le mari infidéle, mais le pauvre père célibataire démuni face à son rejeton drogué jusqu'à la moelle.
Parfois, après un dîner interminable, je montais dans ma chambre et trouvais une lettre posée sur mon oreiller. Il m’écrivait à quel point il était de fier de moi parce que j’avais fait ceci ou réussi cela. Je souriais, glissais la lettre sous mon oreiller, mais je me demandais aussi pourquoi il ne m’avait pas dit ça plus tôt, quand nous étions assis face à face.
Les gens avaient commencé à se rassembler devant le portail du chateau depuis le début de la matinée ; certains déposaient des objets. Des peluches, des fleurs , des petits mots. Un geste de reconnaissance de notre part aurait été le bienvenu.
Nous nous sommes garés sur le côté et nous sommes descendus de la voiture. Je ne voyais rien - rien qu'une mosaïque de petits points colorés. Des fleurs. Et encore des fleurs. Je n'entendais rien - rien qu'un cliquetis rythmique de l'autre côté de la route. La presse. J'ai attrapé la main de mon père, pour me rassurer, mais je me suis aussitôt maudit d'avoir fait ce geste, qui a déclenché une nouvelle explosion de flashs en rafales.
Je leur avais donné exactement ce qu'ils voulaient. De l"émotion. Du drame. De la souffrance.
Ils nous mitraillaient - encore, et encore, et encore.
Comme quand le Tatler , par exemple, avait cité un ancien élève d'Eton qui affirmait que j'avais épousé Meg parce que les "étrangères" comme elle sont plus "faciles" que les filles " issues d'un bon milieu".
Ou quand le Daily Mail avait écrit que Meg montrait une "mobilité ascendante" parce qu'elle était passée " d'esclave à princesse " en tout juste cent cinquante ans.
Ou quand des messages sur les réseaux sociaux la traitaient de " prostituée de luxe", d'"escort", de " croqueuse de diamants", de "putain", de "salope", de "garce" et de "n***esse" - à de nombreuses reprises. Certains de ces messages avaient été publiés en commentaire sur les pages web des trois palais - et ils y étaient toujours.
Ou quand un tweet proclamait : Chère Duchesse, je ne dis pas que je vous hais, mais j'espère que vous aurez vos prochaines règles dans un bassin rempli de requins."
Ou quand étaient révélés des écrits racistes de Jo Marney, la petite amie du chef de l'UKIP, dont un qui affirmait que ma fiancée " Noire Américaine "allait "teinter" la famille royale et préparer le terrain pour un "roi noir", et un autre qui spécifiait que Mme Marney n'aurait jamais de relations sexuelles avec "un nègre".
J'avais l'impression d'avoir été engraissé pour l'abattoir. Allaité comme un veau. Je n'avais jamais demandé à être financièrement dépendant de papa. On m'a forcé à me placer dans cette situation surréaliste, ce Truman Show sans fin dans lequel je n'avais presque jamais d'argent sur moi, je n'ai jamais possédé de voiture, je n'ai jamais eu les clés d'une maison dans ma poche, je n'ai jamais rien commandé en ligne, je n'ai jamais reçu le moindre colis d'Amazon, je n'ai presque jamais pris le métro. (Une seule fois, à Eton, lors d'une sortie au Théâtre.) Les journaux m'ont surnommé le parasite. Mais il y a une énorme différence entre être un parasite et se voir dénié le droit d'apprendre à être autonome. Après des décennies pendant lesquelles on m'a méticuleusement et systématiquement infantilisé, on me livrait à moi-même, de but en blanc, et on se moquait de mon immaturité ? Parce que je n'étais pas indépendant ?
J’ai pris conscience à ce moment-là que l’identité obéissait à une hiérarchie. Nous sommes essentiellement une chose, puis essentiellement une autre, avant d’être une autre encore et ainsi de suite, jusqu’à la mort–successivement. Chaque nouvelle identité occupe le trône du Moi, mais nous éloigne de notre moi d’origine, peut-être le plus essentiel–l’enfant. Oui, nous évoluons, nous gagnons en maturité, et c’est le chemin vers la sagesse, naturel et sain, mais il y a dans l’enfance une pureté qui se dilue chaque fois un peu plus. Elle est grignoté, comme ce bloc d’or.
Ecoutez, ai-je répondu.
Ce dont j’ai besoin… C’est de me débarrasser de ce poids dans ma poitrine. J’ai besoin… J’ai besoin…
Oui ?
De pleurer. S’il vous plaît, aidez-moi à pleurer.
« Je suis peut-être la personne qui a le plus envie de se marier, de fonder une famille et ça ne va jamais m'arriver? Plus qu'un peu amer, je me disais : L'Univers n'est pas juste. »
« Quoi de mieux que la parentalité pour vous mettre face à votre passé ? »
Extrait de
Le Suppléant
Prince Harry