Alors... tout d'abord, j'admets que je ne suis peut-être pas la personne la plus indiquée pour commenter cette version contemporaine de Pride et Prejudice... Mais c'était difficile pour moi de faire l'impasse sur une version francophone ( à ce sujet, que l'auteure se rassure, il n'y a rien de si surprenant à ce qu'un auteur français s'intéresse à Jane Austen, nous sommes nombreux à l'avoir fait).
Pour commencer et afin de me débarrasser tout de suite de l'aspect forme du texte... Mon dieu que c'est bourré de fautes, de contre sens, de redondances (je ne le dirais jamais assez, le dictionnaire de synonymes, c'est pas fait pour les chiens, dans ce cas, je pourrais même dire le dictionnaire tout court !) et de fautes grammaticales que ce soit en terme de concordance des temps ou de conjugaison (les mystères de l'accord des participes passés sont plus insondable que jamais...). Un petit florilège non exhaustif de celles qui m'ont marquées : " des cheveux d'un noir de geai" (pauvre oiseau), "un maire municipal" (ah bon ? Un maire peut être autre chose que municipal ?) ...
Est-il nécessaire de préciser que la ponctuation n'est pas maitrisée non plus ?
Je ne suis pas la première à faire remarquer ce point à l'auteure et sa réponse est qu'elle l'a publié sans relecture ... Ok... bah c'est pas parce qu'on s'auto édite qu'on ne doit pas travailler son texte (surtout quand on vend son ouvrage... 3 € en e-book et 14€ la version papier... ) c'est à cause de ça que les auto édités ont si mauvaise réputation 😖
Ceci étant dit sur la forme, passons donc au fond.
L'idée d'écrire l'histoire à la première personne (principalement du point de vue de Lizzy même si on a de temps en temps des Darcy's POV) est sympa sans être révolutionnaire.
J'aime bien le point de départ : Charli Bingley loue une maison non loin de chez les Bennet ( certes, 100 pages plus loin, on nous dit qu'il va certainement revendre la maison mais après tout, à quoi sert la cohérence dans un texte ?). Bref, toujours est-il que locataire ou propriétaire, l'idée est simple et bonne. Idem pour la profession de médecin du père de Lizzy et par le fait qu'il songe à revendre son cabinet à Liam Collins (ainsi que la maison attenante qui serait trop vaste pour les Bennet une fois les filles parties).
Je passe maintenant au principal... les personnages. Une petite digression sur les dialogues ... Je trouve que les personnages s'expriment sans recherche et sont même vulgaires. Désolée mais même au 21 ème siècle, lire Lizzy qualifier Darcy de connard ou de "salop" (pour info ça s'écrit salaud) ou Darcy terminer sa tirade vers Lizzy par un " J'me casse" euh non.. Ce n'est pas parce qu'on a une version moderne que les personnages doivent parler comme des charretiers pour être réalistes ... Du coup, vu que les personnages s'expriment très mal, les tentatives de l'auteure pour reprendre mot à mot les dialogues de Jane Austen font tâche... Le contraste est trop important.Donc, Darcy... est attiré physiquement par Lizzy du coup, les pensées du personnage et ses délires sexuels me font plus penser à Christian Grey qu'à Darcy ! Une mention spéciale pour ce qui est selon moi la scène la plus inappropriée du roman : le moment où Darcy doigte Lizzy dans la voiture alors qu'il l'a raccompagne après leur seconde rencontre.. WTF ?? Ce n'est pas parce qu'on est au 21 eme siècle que toutes les femmes sont des "Marie couche toi là" qui se laisse tripoter dans des voitures par un mec qu'elles connaissent à peine et qu'elles trouvent hyper arrogants (enfin dans 50 nuances de Grey si mais... je croyais qu'on parlait de Jane Austen là). Et il y a d'autres moyens que ce genre de scène pour montrer le désir et l'attirance entre les personnages. Jane Austen était subtile, c'est dommage que ça ne soit pas le cas dans cette version.
Par contre, j'ai bien aimé Charlotte et son côté mini jupe (oui ok on se dit qu'elle est vulgaire mais je trouve que pour le coup c'était bien fait, tout comme son histoire avec Collins !).J'ai trouvé que c'était bien trouvé de muer l'éternelle vieille fille de P&P en bimbo prête à tout pour se trouver un mec
Sur Collins... je trouve ça dommage que l'auteure ne soit pas donné la peine de chercher autre chose qu'une recherche de petite amie dans cette version. Pour le coup... au 21 ème siècle ça semble complétement décalé et pas du tout dans l'air du temps. A la limite, j'aurais préféré qu'il se cherche un coup d'une nuit plutôt que de proposer à Lizzy de "sortir avec lui pour contenter Mme de Bourgh qui aimerait qu'il ait une petite amie".
D'autres choses qui me font tiquer... Jane est infirmière mais elle n'est même pas capable de savoir quoi prendre lorsqu'elle a la grippe ? Alors qu'en plus son père est médecin ? Pourquoi doit elle rester chez les Bingley ? Avec une grippe on peut quand même monter en voiture..
De la même manière, l'auteure situe son histoire en Grande Bretagne mais visiblement, elle ne sait pas grand chose de ce pays et de son organisation... La couleur des uniformes des soldats par exemple ou encore le fait que là bas on ne passe pas le bac... Un peu de recherches n'aurait pas fait de mal !
J'en reviens à Liz & Will... Et à leurs relations sexuelles. Dans ce roman, ils ont deux relations intimes (le fameux moment masturbatoire de Darcy dont j'ai parlé plus tôt et la nuit torride lorsque Liz est à Lambton, avant qu'elle apprenne la déchéance de Lydia) : le tout avant qu'ils "sortent ensemble" (je ne fais que citer le terme retenu par l'auteure) et se déclarent leur amour. Alors.......... je suis sans doute arriérée, vieux jeu, et coincée MAIS depuis quand les filles écartent les cuisses à tout va pour le premier venu ? Ok on est plus en 1800 où la virginité avant le mariage est de rigueur, cependant, ce n'est pour autant que les filles modernes sautent direct dans le lit des mecs qui leur plaisent, s'empalant joyeusement sur leur... En 1800 ou en 2000 j'estime qu'une relation amoureuse est quelque chose qui se construit, qui passe d'abord par une bonne connaissance, par certes une attirance ou un désir (mais où est le désir quand l'acte est consommé au bout de deux soirs ???). Du coup, comme les personnages consomment à la vitesse d'une Ana et d'un Christian (cf 50nuances) où est le jeu de séduction ? Où est le plaisir de voir Lizzy et Darcy tomber amoureux à leur corps défendant ? Où sont l'érotisme et la subtilité ? Où est la frustration de Darcy puisque de toute manière, il se la tape quand même ? On ne sent pas de désir entre eux. A la limite, Charli et Jane sont plus intéressants !
J'en reviens au scénario. Oui, ça suit précisément celui de Jane Austen (même si l'auteure a tout de même fait l'impasse sur quelques détails, mais admettons le, c'est quasi impossible de TOUT respecter) mais... en quoi c'est modernisé ? L'auteure n'a rien réinventé du coup, certaines situations tombent comme un cheveux sur la soupe : comme la visite de Catherine : sérieux, quelle importance que Darcy bascule Liz ? Idem pour Lydia :dans l'original, la situation de Lydia apportait une vraie disgrâce sur sa famille, là elle est simplement enceinte... Où est le problème ? (ok j'admets, là je suis vache parce que la transposition de l'histoire Lydia est un vrai casse tête..) Ensuite, je dirais pour finir que les personnages restent très superficiels : par exemple, Mrs Bennet, si on a pas lu l'original, c'est difficile de comprendre en quoi elle est si gênante pour ses filles (parce que là, franchement, ça va), idem pour Mary (depuis quand c'est une tare de lire ? )
J'aurais encore beaucoup à dire... notamment sur la visite de Liz à Pemberley et l'empressement déplacé de Darcy pour lui fabriquer un poste ( très très Christian Grey et très anti valeurs /messages de Jane qui, pour moi, cherche à valoriser l'indépendance de la femme). Mais j'arrête là. J'estime que j'ai assez argumenté mon désamour de cette version...
Ce que j'aime : le personnage de Charlotte qui est la seule à avoir réellement évolué et sa relation avec Liam
Ce que j'aime moins : les fautes, les répétitions, l'absence totale d'imagination de l'auteure, les approximations, le vocabulaire sans la moindre recherche des personnages, le sexe qui arrive tellement vite qu'on se demande ce qu'il reste à découvrir aux héros. Le manque criant de travail que ce soit de relecture ou de scénarisation
En bref : Une version modernisée d'Orgueil et Préjugés à l'orthographe aléatoire qui se contente de vulgariser les personnages et d'introduire du sexe
Ma note
3,5/10
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