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4.64/5 (sur 7 notes)

Biographie :

Reza Shah-Kazemi est un auteur qui se spécialise dans la mystique comparée, les études islamiques , le soufisme et le shiisme . Il est le rédacteur en chef fondateur du Rapport mondial islamique et actuellement chercheur associé à l' Institut des Etudes Ismaili avec le ministère de la recherche universitaire et des publications.Il a reçu un diplôme en relations internationales et de politique à Sussex et l'Université d'Exeter , avant de recevoir son doctorat en religion comparée de l' Université de Kent en 1994. Plus tard, il a agi comme consultant auprès de l'Institut de recherche en politiques Kuala Lumpur .

Source : wikipédia
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Citations et extraits (7) Ajouter une citation
Le respect accordé par les Ottomans au Patriarche orthodoxe Gennadios et à son Église était tel que les Grecs préférèrent l’autorité musulmane à celle des Francs latins ou des Vénitiens. Le clergé enseignait que l’autorité du Sultan avait l’approbation divine, et qu’il avait reçu le mandat de faire respecter cette autorité : il est à la fois chef des Musulmans et protecteur de l’Église orthodoxe. Le degré de tolérance religieuse accordée à toutes les confessions chrétiennes était tel que les Calvinistes et les Unitariens de Hongrie et de Transylvanie « préféraient de loin se soumettre aux Turcs plutôt que tomber dans les mains fanatiques de la Maison de Habsbourg(1). » Il n’est pas difficile de voir pourquoi. Après s’être amèrement plaint du massacre de milliers de Russes orthodoxes par les Catholiques polonais au XVII siècle, Makarios, Patriarche d’Antioche, s’exclamait : « Que Dieu perpétue à jamais l’Empire des Turcs ! Car ils prélèvent leur impôt (gizya) sans tenir aucun compte de la religion, que leurs sujets soient Chrétiens, Nazaréens, Juifs ou Samaritains(2). » De même, quand les Ottomans ont pris Constantinople, on sait que les Grecs orientaux (Orthodoxes) ont déclaré qu’ils préféraient le turban du Sultan à la tiare du pape. Le souvenir amer de ce qui était arrivé à leur ville en 1204, deux siècles plus tôt, durant ce qu’on appelle la quatrième Croisade, était encore présent à leur mémoire : les Vénitiens catholiques avaient mis à sac la capitale de l’Empire byzantin de la manière la plus abject, commettant ‘’l’une des plus abominables atrocités de l’histoire(3)’’.
(...)
On peut voir jusqu’où cela été apprécié dans l’hommage rendu avec le tribut payé avec enthousiasme par le Patriarche grec de Jérusalem, revenant sur la situation passée – quatre cents ans – de son Église sous autorité ottomane, il s’exprime ainsi :

« Voyez à quel point il est évident que Notre Seigneur, d’une miséricorde infinie et toute sagesse, avait entrepris de garder encore une fois sans tache la Sainte Église orthodoxe. (…) A partir de rien, Il a élevé le puissant Empire des Ottomans à la place de notre Empire romain [byzantin] qui avait commencé, d’une certaine façon, à dévier des croyances de l’Église orthodoxe, et Il a élevé l’Empire des Ottomans plus haut qu’aucun autre royaume, de façon à montrer sans l’ombre d’un doute qu’il avait surgi de la Volonté divine, et non du pouvoir de l’homme. (…) Le Seigneur Tout-Puissant nous a alors mis sous l’autorité de ce grand royaume, ‘’car il n’y a aucun pouvoir que de Dieu’’, de sorte qu’il soit pour le peuple de l’Occident un guide, et pour nous, peuple de l’Orient, un moyen de salut. C’est pour cette raison qu’Il a mis dans le cœur des sultans ottomans une inclination à garantir la liberté des croyances de notre Église orthodoxe, et, comme œuvre de surérogation, à les protéger, jusqu’à châtier à l’occasion les Chrétiens qui déviaient de leur foi, afin qu’ils aient toujours devant les yeux la crainte de Dieu(4). »

(1) Arnold, The Preaching of Islam, p. 155.

(2) Arnold, op. cit., p. 156-157

(3) A.L. Maycock, The Papacy, Londres, 1927, p. 48. Quand le pape apprit ces atrocités, il excommunia toute l’armée.

(4) Cité dans Braude and Lewis, Christians and Jews, p. 16-17 (pp. 58-59 & 64)
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La tolérance ottomane envers les Juifs fournit également un contraste frappant à l’antijudaïsme de la Chrétienté médiévale, avec ses pogroms réguliers qui seraient étiquetés aujourd’hui ‘’nettoyage ethnique’’. Beaucoup de Juifs qui fuyaient la persécution en Europe centrale ont pu recevoir des lettres comme la suivante, écrite par Rabbi Isaac Tzarfati, qui rejoignit les Ottomans juste avant la prise de Constantinople ; il répond à ces Juifs qui appelaient au secours :

« Écoutez, mes frères, le conseil que je vais vous donner. Moi aussi, je suis né en Allemagne et j’ai étudié la Torah avec les rabbis allemands. J’ai été chassé de mon pays natal, et je suis revenu dans le pays des Turcs, qui est béni de Dieu et plein de toutes les bonnes choses. J’ai trouvé ici le repos et le bonheur. (…) Ici, nous n’avons à nous plaindre de rien. Nous ne sommes pas opprimés par de lourds impôts, et notre commerce est indépendant et sans entraves. (…) Chacun de nous vit libre et en paix. Ici le Juif n’est pas contraint de porter un chapeau jaune et une plaque en signe de honte, comme c’est le cas en Allemagne, où même la richesse et les grandes fortunes sont une malédiction pour les Juifs parce que cela provoque la jalousie des Chrétiens (…) Levez-vous, mes frères, ceignez vos reins, rassemblez vos forces, et venez ici. Vous y serez libérés de vos ennemis, vous y trouverez le repos. (…)(1) »

Nous pourrions conclure avec profit ce bref survol la situation de tolérance sous les Ottomans en nous référant à l’influence salutaire des ordres soufis, extrêmement répandus. Ces ordres (en turc : tarikats, en arabe : turuq, sing. Tariqa) aéraient l’ambiance religieuse de tout l’Empire grâce à un parfum de spiritualité qui facilitait l’accès aux valeurs d’amour, de respect, de tolérance qui sont au cœur du message coranique et de l’attitude du Prophète. Tim Winter donne une vue d’ensemble très utile de la variété des ordres soufis dans toutes les régions de l’Empire, montrant qu’ils remplissaient des fonctions particulières dans les secteurs aussi bien économiques, politiques, militaires, que religieux(2). Ils étaient coordonnés de façon à fournir ce que Marshall Hodgson appelle avec raison un ‘’subtil levain’’ sans lequel, affirme-t-il, la charia n’aurait pas fonctionné de manière si efficace.

(1) Cité par S. A. Schleifer, ‘’Jews and Muslims : A Hidden History’’, in Karen Armstrong et al, The Spirit of Palestine, Barcelone, 1994, p. 8.

(2) Tim Winter, ‘’Spiritual Life in Ottoman Turkey’’, in R. Shah-Kazemi, Turkey : The Pendulum Swings Back, op. cit., p. 32-41 (pp. 67-68)
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Le chapitre conclusif rassemblera les caractéristiques centrales de la transcendance que les trois mystiques ont en commun. Au cours de cette analyse comparative, nous évaluerons également les notables différences entre les trois mystiques dans une tentative d'aboutir à une réponse à l'une des questions centrales concernant la réalisation spirituelle dans la religion: le sommet de la quête mystique est-il une seule et même chose, ou y a-t-il autant de sommets qu'il y a de religions?
La conclusion prédominante, fondée sur les énonciations des mystiques étudiées, est qu'il est justifié de parler d'une seule essence transcendante de réalisation spirituelle, quelque soit le point de départ religieux.
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Si la rahma [miséricorde] engendre la tolérance, on peut considérer la connaissance de Dieu comme une clef pour entrer dans la rahma et pour s’en pénétrer. Une conscience concrète de la véritable nature de la Réalité génère effectivement la rahma dans l’âme, puisque la Réalité est essentiellement rahma. Nous l’avons vu, Dieu s’est ‘’prescrit’’ la rahma à Lui-même. Contrairement aux Attributs divins que les théologiens appellent ‘’Attributs de l’essence’’ (sifât al-dât), comme la Vie, la Connaissance, la Puissance, la Volonté, le Verbe, la Vue et l’Ouïe, l’Attribut de rahma est celui qui révèle le mieux la qualité de la Nature divine elle-même ; c’est ce qu’atteste cette parole inscrite sur le Trône de Dieu : « Ma rahma précède ma colère(1). » L’Imâm ‘Alî éclaire la relation entre connaissance et rahma dans cet important adage : « Le vrai faqîh est celui qui ne pousse jamais personne à désespérer de l’amour miséricordieux de Dieu(2) » où il définit le vrai faqîh comme ‘’celui qui comprend’’ et non seulement ‘’le juriste’’, le sens premier de fiqh étant ‘’compréhension’’ et n’ayant été suivi que plus tard par le sens de ‘’jurisprudence’’.

(1) Sahîh al-Buhârî, vol. 4, p. 279. Certaines versions de cette formule comportent le mot sabaqat, ‘’précède’’, au lieu de galabat, ‘’l’emporter sur’’.

(2) Âmidî, Gurar, vol. 2, p. 1156. (pp. 217-218)
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La vision unitive finale consiste à voir toutes choses «dans» l'Un transcendant, et cet Un en toutes choses ; seul le jîvan-mukta la réalise pleinement, celui qui est « délivré en cette vie », « celui qui Me voit (...) dans tous les êtres, et qui voit Brahma, le Créateur, et tous les autres êtres, en Moi» (Gita, VI, 30). (p. 29)
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Le but de ce livre est de contribuer à l'élucidation d'un thème important, mais fort négligé, dans l'étude comparée des religions et de la mystique: celui de la transcendance. D'une manière plus spécifique, nous entendons mettre en lumière la signification de la transcendance, à la fois en elle-même et au sommet de la réalisation spirituelle, par conséquent, tant comme principe métaphysique que comme accomplissement mystique, dès lors que notre principale préoccupation vise les dimensions concrètes des voies spirituelles menant à ce que nous appellerons ici "la réalisation transcendante". Ce que nous souhaitons présenter est un essai interprétatif de ce thème, en prenant comme point de départ ce que trois des plus grands mystiques de par le monde ont dit ou écrit à ce sujet.
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Une des épithètes par lequel le Bouddha se décrit lui-même est Tathāgatā, ce qui signifie celui qui est « ainsi venu » et également « ainsi allé ». Dans leur traduction — qui fait autorité — d’une des compilations scripturaires majeures du Canon Pāli, le Majjhima Nikāya (« Les Moyens Discours du Bouddha »), Bhikku Nanamoli et Bikkhu Bodhi expliquent la double signification comme suit : « Les commentateurs pāli expliquent le terme comme signifiant « ainsi venu » (tathā āgata) et « ainsi allé » (tathā gata), c’est-à-dire celui qui vient parmi nous porteur du message d’immortalité où il est allé par sa propre pratique de la voie ». Il vaut la peine de citer plus longuement cette description de la fonction du Bouddha, dès lors qu’elle renforce l’argument présenté plus haut que le Bouddha est en fait un des Envoyés dépêchés par Dieu à l’humanité : « Il n’est pas seulement un sage avisé ou un moraliste bienveillant, mais le dernier dans la lignée des Pleinement Illuminés, chacun d’eux apparaissant séparément dans un âge d’obscurité spirituelle, révélant les vérités les plus profondes sur la nature de l’existence, et dispensant un enseignement (sāsana) grâce auquel la voie de la délivrance devient de nouveau accessible au monde.
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