Citations de Richard Gougeon (58)
Comme le médecin avec son patient, ce que l’œil ne pouvait percevoir, la main le découvrirait.
Pour avancer sur le chemin de la sainteté, il faut poser des jalons, s’imposer des limites, marcher sur soi, se faire violence, mourir à soi-même…
On a pas tous le même caractère, vous savez. Il est temps d’oublier toutes les petites chicanes, d’effacer les rancunes et de mettre au rancart ce qui a pu nous diviser. Comme d’habitude, je promets de veiller au bien-être de chacun. En ce début d’année, conclut-il, permettez-moi de vous offrir mes meilleurs vœux de santé, de bonheur et de prospérité…
C’était beau de les voir aller ensemble, comme ça, sur la rue. Mais il fallait se méfier des idées qui leur trottaient dans la tête. Elle lui conseilla de ne pas leur laisser trop de corde. Ils étaient à un âge où surviennent des accidents…
Tout ce que la bonne sœur va te dire, c’est de continuer à prier puis à faire brûler des lampions. Ça, c’est comme le rhume des foins : il faut que ça fasse son temps ! Regarde les petits Philippon, ils sont passés à d’autres choses, asteure. Cette histoire de criaillage de nom là, ça va finir par s’éteindre tout seul.
Fidèles à leur malignité, les laideronnes n’éprouvaient que des méchancetés envieuses. Maintenant, elles devaient bien se réjouir de savoir Mélina aux prises avec son lourd quotidien. La beauté dont le ciel l’avait gratifiée était une forme d’injustice. Elle devait en payer le prix pour rétablir un certain équilibre, une désolante erreur de la nature.
C’était leur façon à elles d’exorciser les fantômes qui peuplaient la maison depuis la disparition d’Antonin. Elles voyaient venir la nuit avec ses horreurs superstitieuses et ses sinistres épouvantes qui les feraient frémir et remonter les couvertures jusqu’à leur menton en galoche. Mais elles ne parlaient pas de retourner tout de suite dans leur bout du monde. Elles prenaient leur voyage à Montréal pour de petites vacances annuelles et profitaient de l’occasion pour renouveler une partie de leur garde-robe. Parfois, il faisait bon de changer d’air, de fuir leur belle-mère Exarée, celle qui avait pris la place de leur mère dans la vie de leur père Salomon.
Le fait est que l’amour leur apportait peu de jouissances. Elles avaient vu venir le milieu de la vingtaine comme des catherinettes qui se morfondent dans l’attente oppressante de ne pas être repêchées par un quelconque soupirant, et elles avaient sauté sur l’occasion qui s’était présentée. En ce sens, elles n’entrevoyaient pas être pires que bien d’autres prises, faisant chacune le bonheur d’un prétendant qui tend sa ligne ou ses filets. Leur visage repoussant avait tout de même attiré des pêcheurs respectables. Il faut croire que des qualités perceptibles émanaient de leur auguste figure.
Elle savait qu’elle n’était pas seule dans la forêt, que des animaux l’habitaient, que des oiseaux signaleraient sa présence. Elle se rappela la crainte de sa fille Harriet ; des loups, des lynx, des ours et des chats sauvages pourraient l’attaquer. Elle se reprocha sa grande imprudence d’être partie sans arme. Comment se défendrait-elle devant une bête féroce ? C’est alors qu’elle songea à la couleur de sa robe. Celle-ci était fauve ; son fond brun tacheté de fleurs orange constituait un camouflage par excellence.
La ville – dont la population était estimée à un peu plus de mille âmes – ne semblait pas pour autant suffoquer sous les cendres puisque, selon toute apparence, les habitants se déplaçaient librement. Aucun rassemblement, aucune altercation entre citadins d’allégeance opposée. Le sentiment anti-américain n’était pas très apparent. Par ailleurs, il avait bien fallu que la vie quotidienne reprenne son cours, même si des gens s’accommodaient fort bien de l’envahisseur et que des traîtres rôdaient impunément dans les environs.
Toutes les femmes se pâmaient pour John, un homme bon, intègre, bourré de talents et au sommet de sa carrière à vingt-cinq ans. On dit que mademoiselle Powell était la seule à repousser un si bon parti, qu’elle se cachait même en dehors de la capitale pour éviter MacDonnel.
Dieu est plus puissant que la poudre des canons et des fusils…
Il y a une menace plus dangereuse et plus persistante qui pèse sur nous et sur nos enfants, énonça le chef indien, qui avait repris son sérieux : si nous n’agissons pas, nous risquons tout simplement l’extinction.
Dans les magasins, tout le monde embarquait dans la grande cavalcade pour se procurer des biens souvent futiles et insignifiants à donner en cadeau à des gens qui feraient semblant d’être heureux. Qui n’accorderaient pas plus d’importance au cadeau lui-même qu’au papier qui l’emballe. Qui diraient merci tout de même, comme en réponse à l’attente d’un objet indispensable.
S’il y a quelque chose qui gâche une température clémente l’été, c’est bien le chant de la cigale !
On ne bousille pas un cours comme ça, impunément, sans conséquence aucune.
Une si jolie fille devait assurément avoir un jeune homme dans sa vie pour entendre ses pérégrinations.
Annette Bertrand nous offre son autobiographie. Elle nous livre, pardonnez-moi le jeu de mots…, sa vie, au fil des cent vingt-trois pages de l’œuvre. Avec Ma vie en deux temps trois mouvements, l’auteure nous fait entrer dans les secrets de sa vie professionnelle et affective.
À l’avenir, Marie-Jeanne, vous n’ouvrez à personne. Sous aucun prétexte ! Rappelez-vous la tragique histoire du Petit Chaperon rouge et des paroles de la grand-mère s’adressant inconsciemment au loup retors et affamé : « Tire la chevillette, la bobinette cherra », s’amusa Florence pour dédramatiser l’incident.
On peut difficilement retenir un cheval sauvage dans un enclos, pensa-t-elle. Déjà que Florence avait du mal à partager les fougues de Yann avec d’autres admiratrices, elle devrait maintenant accepter qu’il s’exhibe dans une revue populaire. Et ne pas prendre ses responsabilités de père, c’est une chose, mais pire encore, comment peut-on renier l’existence même de sa descendance ?