Riley Hart

— Je n’ai jamais eu confiance en un ami comme j’ai confiance en toi. Je n’ai jamais parlé à personne comme je te parle à toi. Et maintenant, c’est le bordel parce que c’est toi qui as tout foutu sens dessus dessous dans ma vie, mais en même temps tu es la seule personne à qui je puisse en parler.
Bon sang, ça existait les gens aussi honnêtes que Cooper ? Il fonçait dans la vie tête baissée. Noah l’avait toujours respecté pour ça. Et dans cette situation, ça restait pareil.
— Tu peux continuer à me parler. Tu peux toujours me parler. Je dois avouer que moi non plus je sais pas où j’en suis, Coop. Je suis pas dans ta tête et je sais pas ce que tu penses ou ce que tu ressens. D' habitude, quand j’ai envie de quelqu’un et que c’est réciproque, même si le reste du monde n’en sait rien, on baise et on s’occupe du reste après. Je n’ai jamais eu envie d’un mec qui ne soit pas gay avant.

Il repoussa ces pensées. Sa fièvre ne dépassait pas les 38°C quand il lui avait donné son médicament. Lydia lui aurait dit s’il fallait qu’il l’emmène chez le docteur.

Tout ça ne l’aidait pas avec son entretien d’embauche.

Wes redescendit. Tant pis pour le boulot. Jessie était plus importante. S’ils ne comprenaient pas ça, bosser pour eux ne serait probablement pas une bonne idée de toute façon.

Mais il pouvait peut-être demander à Noah. Il lui aurait fait confiance pour s’occuper de Jessie. Jess s’entendait bien avec tout le monde. Noah était vraiment la seule personne qu’il connaissait assez pour pouvoir laisser Jessie à sa garde. C’était difficile de trouver quelqu’un de plus responsable que lui.

Il essaya d’abord sur son portable mais ça ne répondait pas. Leur téléphone fixe sonna quelques fois avant qu’on décroche :

- Vous appelez le baisodrome de Cooper et Noah.

- Espèce de crétin ! hurla Cooper alors que Wes demandait :

- Braden ?

- Moh, je te manquais, hein ? Tu as appelé dans toute la ville pour essayer de me retrouver ? demanda Braden.

Il y avait de l’humour dans sa voix, mais aussi une petite touche sexy.

- Je n’ai pas le temps de jouer. Est-ce que Noah est là?

- Il est au boulot. Qu’est-ce qui se passe ? demanda Braden beaucoup plus sérieusement.

- J’ai un entretien d’embauche dans trois quarts d’heure, il me faut trente minutes pour y aller. Jessie est malade, Lydia travaille, et Noah aussi. Putain !

Ça faisait seulement quelques semaines qu’il s’occupait de sa nièce, et il était déjà perdu. Wes s’appuya au mur et laissa sa tête partir en arrière.

- Donne-moi dix minutes, j’arrive.

À ces mots, il ouvrit grand les yeux.

- Tu viens juste de répondre au téléphone en annonçant « le baisodrome de Noah et Cooper » et maintenant tu veux garder ma nièce qui est malade ?

- Pour être exact, j’ai dit Cooper et Noah, mais sinon, oui. Et c’est bête pour toi, mais tu n’as pas le temps de discuter.

Il raccrocha.

Je ne sais pas quoi dire. Je ne veux pas merder et perdre ton amitié, mais je ne peux pas te mentir non plus. Bien sûr que j’ai envie de toi. Je n’ai jamais voulu quelqu'un aussi fort que ça. C’est comme des braises impossibles à éteindre, une lente brûlure que je ne peux pas arrêter. Putain, je ne sais même pas si je veux l’arrêter…

Mason ne savait pas du tout s’il avait fait ce qu’il fallait. Tout ce qu’il savait, c’est que le Gavin qu’il avait trouvé là n’était pas celui qu’il avait appris à connaître. Ce n’était pas le mec avec qui il avait écouté de la musique ou qu’il avait emmené faire cette randonnée. Ce n’était pas le mec par qui il se faisait sauter à corps perdu.

Et il voulait que ce mec revienne. Il voulait qu’il reste. Il voulait continuer à oublier sa famille et ses responsabilités et continuer à s’amuser avec Gavin pendant qu’ils essayaient de découvrir ce qu’ils voulaient dans la vie.

Mais plus que tout, il voulait que la douleur dans les yeux de Gavin disparaisse.

C’était terrible quand la personne à qui vous aviez cru pouvoir toujours tout confier était celle qui vous mettait sens dessus dessous. Celle qui vous donnait envie de vous enfuir. Dont vous aviez besoin de vous éloigner, et pourtant, Cooper ne pouvait se forcer à mettre de la distance entre lui et Noah.

Une main chaude vint se poser sur son épaule et le tira de son souvenir.
Il se tourna et regarda son ami tandis que Noah laissait retomber sa main. C’était comme si les années avaient effacé certains de ces souvenirs.

Les mots volèrent, aussi rapides et mortels qu’une balle.