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3.58/5 (sur 6 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Roberto Garcia Saez a passé 18 années au service de la société civile et des organisations humanitaires entre l'Afrique, l'Asie, New York et Genève. Jusqu'en 2007, il était fonctionnaire international à l'ONU. Il dirige aujourd'hui une société de conseils pour différentes organisations internationales d'aide au développement. Il préside aussi Humanshow.biz, dont la vocation est de raconter l'univers humanitaire par le biais d'expressions artistiques. Roberto Garcia Saez est un expert du monde humanitaire qui à ce titre effectue des missions d'aide au renforcement des politiques de santé depuis 20 ans. Il a alterné des postes de fonctionnaire à l’ONU et d'expert indépendant en Afrique, Asie, New York et Genève. II dirige aujourd'hui une société de conseils stratégiques pour différentes agences des Nations Unies, le Fonds Mondial et gouvernements.
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Citations et extraits (69) Voir plus Ajouter une citation
— Oh, Jacques, tu viens de te ramasser un audit du Siège sur la figure ! Ou alors tu as mal digéré ta dernière Tembo. Tu m’as l’air salement en vrac aujourd’hui, plaisanta Roméro.
Il n’aurait pas aimé que quelque chose de fâcheux arrive à Baron. Leur complicité dans l’incessante guérilla qu’ils avaient menée contre les bureaucrates assommants des services opérationnels du Pnud s’était muée au fil du temps en une franche amitié. Peut-être même en un sentiment plus intime. Baron, plus âgé, le voyait comme son fils spirituel et Roméro en était flatté.
— Non, non, ça va. Dis-moi, as-tu vu le papier publié dans le DailyTimes de Londres ?
— Tiens, tu lis la presse maintenant. Je croyais que tu avais définitivement classé les journalistes dans la catégorie des menteurs professionnels ! Pourquoi ? Non, je n’ai pas lu ce truc. Ils annoncent que tu vas être nommé secrétaire général à la place de Ban Ki-moon ! Tu es vraiment dans la merde alors, dit-il en éclatant de rire.
— Ce n’est pas de moi qu’il s’agit, répondit Baron, lugubre. « Une enquête pour fraude ébranle la Fondation de lutte contre le sida dotée de quatre milliards de dollars. » C’est le titre. Tu vois, ça n’a vraiment rien de drôle.
— Et alors ? Qu’est-ce qui te tracasse là-dedans ! Des âneries pareilles, on en lit tous les jours, non ?
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Paul, qui enquêtait sur cette affaire depuis de longs mois, connaissait le volume exact de l’évaporation : un million sept cent mille dollars. Cette commission occulte lapinait maintenant en catimini sur les comptes bancaires de soi-disant bons apôtres de l’humanitaire, au lieu de servir à acheter des médicaments, des préservatifs ou des moustiquaires. « Plus pour longtemps », songea Paul en attrapant son mobile.
Il composa un numéro au Congo.
— Bonjour Kingsley. Merci pour le papier. Tout y est. Et bravo pour le titre. Très racoleur !
Paul abhorrait les salamalecs au téléphone. Kingsley Burns mit du temps à reconnaître la voix sèche de son interlocuteur. (...)
(...) — Ah, c’est toi Paul. Salut, quoi, quel titre ?
Son éponge de foie le lançait et il avait le cerveau aussi sec qu’une serpillère neuve. Un fond de gin lui faisait de l’œil sur la table de nuit. « C’est pas le moment, Ducon », se dit-il.
— Humm, je vois que tu as encore fait du terrain hier soir…
Dans la bouche de Paul, ces mots sentaient le confessionnal. L’humour grivois n’entrait pas dans son répertoire.
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Antoinette ordonna qu’on emballe le cadavre et qu’on pratique une autopsie, même si la cause du décès sautait à la figure. Burns était mort empoisonné par ce tord-boyaux. Avait-il dépassé la dose mortelle d’une cuillère à café par dépit, par accident ou parce qu’on l’y avait plus ou moins contraint ? La policière s’en fichait. Quelque chose de déplaisant émanait de ce cadavre. Elle ne pouvait réprimer l’idée qu’on ne vient pas finir sa vie à mille lieues de sa terre natale sur un carré de sable ressemblant à l’antichambre de l’enfer sans l’avoir mérité. Mais elle devait faire son boulot. Qui était venu là avec Burns ? Sa compagne de boisson avait-elle déserté les lieux, effrayée par la tournure des événements ou avait-elle assisté sans ciller à sa douloureuse et écœurante agonie ? Aucun témoin pour le dire. Le vieillard desséché qui avait alerté la police de la présence du défunt n’avait rien vu d’autre que Burns déjà froid. Jamais il ne venait là bien qu’il habitât l’une des dernières maisons au bord de la route, deux cents mètres plus loin.
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Paul avait connu Burns à Londres alors qu’il débutait comme flic dans la City en tant qu’enquêteur d’une unité de lutte contre les crimes financiers. Pour se guider dans ce milieu inconnu, il avait déniché Kingsley, un fait-diversier du Daily Times qui y traînait ses oreilles paraboliques depuis plusieurs années déjà avec, à son tableau de chasse, quelques scoops bancals mais vendeurs.

S’échangeant dans des recoins discrets bons tuyaux contre infos officieuses en avant-première, ils formaient une bonne paire. Leurs productifs renvois d’ascenseur leur avaient valu d’être bien notés par leurs hiérarchies, avec, au bout, une récompense. Harrisson avait été détaché à Trahficri, une toute nouvelle unité internationale de police basée aux Açores chargée de lutter contre la corruption dans le monde onusien. Kingsley avait pour sa part décroché un poste dans le prestigieux service étranger de son canard. Et, pour tous les deux, la République démocratique du Congo comme terrain d’investigation.
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Mais est-ce que tu nous vois faire pendant des semaines le tour des dancings de Kinshasa pour la retrouver, hein ? Est-ce que tu imagines que l’État nous paye une misère pour que nous perdions notre temps à cause d’un blanc-bec qui ne pensait qu’à saloper les filles de notre pays ?
Ce Burns, mort comme il avait vécu, cul nu et queue en étendard, l’avait mise en rogne.
— Eh bien moi, je ne crois pas. Alors si l’autopsie confirme, ce qui ne fait aucun doute, que cet obsédé est mort après une beuverie de trop, alcool frelaté ou pas, on en restera là. Et si son consulat nous cherche des poux dans la tête, je leur raconterai ce que nous savons de ce Monsieur Burns et ils auront tellement honte que ce type soit un citoyen britannique qu’ils ne la ramèneront pas. Qu’en penses-tu, Monsieur mon adjoint ?
Le jeune flic soupira. Il aurait bien aimé écumer les bouges de la capitale dans le cadre d’une enquête officielle. Mais le ton irrité de sa patronne ne l’incita pas à pousser dans cette voie.
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Sous son magistère, l’établissement, fondé en 1958 par une poignée de fiévreux baptistes désireux de donner à leurs enfants une éducation respectueuse des Saintes Écritures, avait acquis une réputation qui dépassait de très loin les limites du comté de Jim Wells où il était implanté, dans le sud du Texas. Depuis trois générations, des familles de tout l’État y envoyaient leurs rejetons apprendre qu’en dehors d’une poignée d’élus, la Terre était peuplée de païens et de mécréants et que les lobbies sodomites et pro-avortement étaient en passe d’accomplir leur sinistre dessein : la dissolution de la cellule familiale dans un flot d’images obscènes déversé à flux continu sur les écrans de la planète. Les élèves de l’Académie de la Science divine vivaient pendant quatre années en immersion totale dans l’eau claire de la Vraie Parole et la quittaient en combattants chargés de trouver ceux et celles dignes d’embarquer dans la Grande Arche pour sauver les hommes de la conspiration satanique.
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Selon des sources autorisées, une enquête internationale a été ouverte sur le rôle d’une firme privée de consulting dans l’attribution d’un marché de soixante-dix millions de dollars financé par une subvention de la Fondation de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme à un pays africain. Les enquêteurs auraient en leur possession des informations selon lesquelles un “contrat truqué” aurait été établi en faveur de cette firme et que de grosses sommes d’argent destinées à l’amélioration de la santé des populations locales auraient été détournées. » Tu auras compris que le pays africain en question est le Congo, sinon je ne t’en aurais pas parlé, et que le marché de soixante-dix millions de dollars est lié au programme du Pnud que tu dirigeais à cette époque-là. Tu vois maintenant pourquoi je m’inquiète.
— À mon avis, tu t’alarmes pour pas grand-chose. Ça doit être un de ces journalistes qui veut se faire mousser en jouant les Robin des Bois.
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— Contente de te savoir serein, mon cœur. De toute façon, des histoires à la noix comme celle-là vont maintenant sortir en rafale. Parce que je suppose que ça doit être en lien avec le truc de flics qui a été créé il y a trois ans…
— Quel truc de flics ?
— Je ne me rappelle plus très bien comment ça s’appelle. « Trafalgui » ou quelque chose de ce genre. C’est supposé lutter contre la corruption et les affaires louches dans le système onusien pour le rendre plus transparent. La transparence, c’est la mode du moment. Maintenant, les corbeaux savent où adresser leurs lettres anonymes…
C’est la première fois que Patrick Roméro entendait parler de cette unité de police. Il s’imagina une escouade de Sherlock Holmes lâchés sur les pistes africaines cherchant, une loupe dans chaque main, tous les dollars tombés des camions de l’ONU pour les ramener un par un au secrétaire général à New York. « Vous pouvez toujours courir », pensa-t-il.
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n bas de l’écran défilaient les breaking news : attentat à Karachi, cinq morts, les taliban accusés ; Liverpool qualifié pour la demi-finale de la coupe UEFA ; inondations meurtrières dans le nord du Viêt Nam, 37 morts, 150 disparus, 3 000 sans-abri ; Congo : une Fondation de lutte contre le sida de plusieurs milliards de dollars victime d’un détournement, une enquête policière est en cours ; Iran : Téhéran expulse des fonctionnaires de l’Agence internationale d’inspection des installations nucléaires.

Roméro, absorbé par la joute verbale vigoureuse à laquelle se livraient les journalistes et le ministre, remarqua à peine le mot Congo dans le banc-titre. Assez cependant pour qu’il prête davantage d’attention au nouveau tour de manège des infos compressées en titres survitaminés.

CONGO : UNE FONDATION DE LUTTE CONTRE LE SIDA DE PLUSIEURS MILLIARDS DE DOLLARS VICTIME DE DÉTOURNEMENT, UNE ENQUÊTE POLICIÈRE EST EN COURS
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— Oui, ça me dit vaguement quelque chose. Mais je ne vois rien à redouter de ce papier. C’est juste des suspicions de flics relayées par un journaliste à la ramasse, non ? Tu es bien placé pour le savoir.
— Quand même, le contrat de soixante-dix millions de dollars, c’est précis : l’histoire d’une firme privée de consulting aussi…
— Ah ! Don’t worry, Jacques, dans quinze jours on n’en reparlera plus. Et puis, tu remarqueras que ça tombe pile au moment où vous êtes en train de renégocier le contrat pour l’achat de médicaments, si je ne me trompe pas. Et, comme par hasard, juste après mon départ du Congo. À tous les coups, c’est un coup bas de quelqu’un qui veut faire couler le programme pour en récupérer les financements. Tu sais bien que l’occupation numéro un de tous les chefs d’agence de la « maison bleue » est de piquer le fric de leurs petits camarades. Allez, oublie ça et parle-moi plutôt de tes projets…
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