Citations de Robin Hobb (2045)
Les hommes ne pleurent pas leurs morts avec l'intensité des chiens. Mais nous pleurons de longues années.
J'enviais à mon chien l'efficacité de ses gémissements ; les miens passaient inaperçus, apparemment.
Là, nous nous installions sur les rochers encore chauds, Molly me racontait sa journée, les derniers potins, et moi j'écoutais. Parfois nos coudes se heurtaient lorsque nous marchions.
Il se désole de tout le savoir qui descend dans la tombe chaque fois qu’un homme meurt, même le plus commun.
Les loups n'ont pas de roi.
Elle s'efforça de chasser les humains de son esprit. Ce n'étaient pas des Anciens qui eux connaissaient les moeurs de sa race et vouaient aux dragons le respect qui leur été dû. C'étaient des humains. On ne leur devait rien,, à ces êtres-là. C'étaient des créatures de quelques souffles à peine, avides de manger et d'engendrer avant que leur bref séjour terrestre ne s'achève. Que peut-on devoir à une chose qui meurt et pourrit plus vite qu'un arbre ? Peut-on être débiteur d'un paillon ou d'un brin d'herbe ?
Elle sourit à Ophélie. "Jek est trop occupée à vivre. Elle ne perd pas son temps en regrets. Et moi non plus, je ne perdrai pas mon temps à ça."
"Je me souviens de beaucoup de choses, ma chérie. Ce n'est pas parce que mes souvenirs ont des voiles au lieu d'ailes qu'il faut les écarter." Elle renifla. "Et ma vie n'est pas à mépriser non plus, j'ajouterais. Non plus que la tienne. Tu pourrais prendre exemple sur mon Grag. Ne baye pas aux étoiles quand la vaste mer est tout autour de toi. C'est un ciel à soi tout seul, tu sais.
- Et avec tout autant d'étoiles", fit remarquer Jek.
Ne fais jamais ce que tu ne peux défaire avant d’avoir réfléchi à ce que tu ne pourras plus faire une fois que tu l’auras fait.
Beaucoup, naturellement, pestent et ragent contre l'habit que le destin leur a tissé, mais cela ne les empêche pas de le ramasser et de l'endosser, et la plupart le portent jusqu'à la fin de leurs jours. Vous… vous préférez marcher nue à la rencontre de la tempête.
Ce n'est qu'une illusion, un tour ignoble des hommes : ils se réunissent pour créer ensemble une cite magnifique, et puis ils se reculent en disant: "Voyez quelle belle âme et quelle belle intelligence nous avons ! Voyez notre joie et notre piété ! Nous avons mis tout cela dans ces édifices et maintenant nous n'avons plus besoin de nous en préoccuper dans notre existence quotidienne ! Nons pouvons désormais vivre comme des brutes stupides et réprimer chez nous et chez nos voisins tout penchant pour la spiritualité ou le mysticisme. A présent que c'est inscrit dans la pierre, plus la peine de nous casser la tête avec ces bêtises !" C'est une ruse des hommes pour se leurrer eux-memes, un moyen de plus pour se mentir !
Quand je me vautre dans le cadavre d'une proie pour m'en remémorer le goût, tu me fais des reproches.
Elle me jeta un coup d'œil brillant d'amusement comme si nous partagions un secret extraordinairement drôle. Elle m'adressa une révérence. « Prince FitzChevalerie, votre visite inattendue nous honore, et pourtant j'ai l'impression que nous nous sommes déjà vus. [...] »
La mort est toujours au bord de maintenant. La pensée d'Oeil-de-Nuit était douce. La mort nous guette et elle est toujours assurée de sa prise. Il ne sert à rien d'y songer sans cesse, mais, dans nos entrailles et dans nos os, nous savons tous qu'elle est là. Tous sauf les humains.
Le crépuscule avait volé les couleurs du monde, et, dans le sillage de la tempête, la neige s'était mise à tomber à gros flocons.
Si le destin était une grande vague qui doit m'emporter pour me fracasser contre une muraille sans considération pour mes désirs, eh bien, je choisis de rester les bras croisés. Qu'elle fasse de moi ce qu'elle voudra.
L'exercice qui permet de se concentrer est simple. Il suffit de cesser de penser à ce que l'on veut faire, de cesser de penser à ce que l'on vient de faire ; puis de cesser de penser que l'on a cesser d'y penser ; alors on trouve le Maintenant, le temps qui s'étend sur l'éternité et qui est le seul temps qui existe réellement. En ce lieu, on a enfin le temps d'être soi-même.
Quel homme, grand ou petit, peut prétendre n'avoir jamais tenu de propos imprudents sous le coup de la colère ?
"Il ne regrettait pas ce lien avec Ki, pas plus qu'il n'hésiterait à refaire la même chose. Mais...il aurait pu souhaiter que le symbole de ce lien entre eux soit moins visible."
Il secoua la tête d'un air apitoyé. « Plus que tout, c'est ça que je n'ai jamais compris chez vous : vous jouez aux dés et vous comprenez que le sort du jeu puisse dépendre d'un seul jet ; vous vous distrayez aux cartes et dites que la fortune amassée en une soirée peut partir en fumée sur un pli. Mais un homme, ça, vous le reniflez d'un air dégoûté et vous laissez tomber : quoi, ce néant d'humain? Ce pêcheur, ce charpentier, ce voleur, cette cuisinière, allons, mais qu'est-ce que ces gens-là pourraient bien accomplir dans le vaste monde? Et telles des chandelles dans un courant d'air, vous vivez de petites existences crachotantes, vacillantes [...] »