Roger J. Callahan

... je peux vous assurer que la croyance en l'efficacité de ces traitements n'est en aucun cas un prérequis à leur efficacité.

Ces traitements ne procèdent pas de la pensée positive, de la suggestion, de la guérison par la foi, ou de quoi que ce soit de la sorte. Vous n'avez pas besoin d'y croire pour qu'ils soient efficaces, pas plus que vous n'avez besoin de croire ai pouvoir de ma pénicilline, car son efficacité n'a rien à voir avec vos croyances.

... la plupart [de mes patients] éprouvaient des difficultés à s'imaginer débarrassés de leur problème, mais ils ne pouvaient se voir eux-mêmes ayant vaincu leur problème. J'ai découvert qu'ils pouvaient se visualiser en train de faire toutes sortes de choses fantaisistes ou impossibles, mais qu'il leur était très difficile, voire impossible, de s'imaginer débarrassés de leur problème.

La vaste majorité des gens n'éprouve aucune difficulté à visualiser pratiquement n'importe quoi. Mais quand vous leur demandez de visualiser la résolution d'un problème psychologique, ils commencent à éprouver des difficultés.

Le traitement par la visualisation est rarement suffisant, et n'apporte pas par lui-même de changements radicaux, mais c'est une aide.

Même si la visualisation peut être utile, il me semble que certains avocats de la visualisation thérapeutique ont tendance à mettre un accent exagéré sur les bienfaits de cette technique. Cette exagération est évidente dans le slogan de la pensée positive : "Tout ce que l'esprit peut concevoir, il peut l'accomplir".
Je suis capable de me concevoir, de m'imaginer et de me visualiser en train de voler dans les airs comme Superman, mais je ne serai jamais, hélas, capable de le faire. Même si mon esprit est capable de le concevoir, il ne sera jamais capable de l'accomplir.

La visualisation est une technique qui [...] consiste à se représenter et à imaginer en détail l'objectif qu'on désire atteindre. Plus la scène peut être représentée de façon vivante pour l'oeil intérieur, croit-on, plus le processus peut contribuer au succès dans la réalité.
Cette technique a été utilisée dans le traitement de patients atteints du cancer, où ceux-ci visualisent la tumeur ou bien les cellules cancéreuses en train d'être détruites par les cellules "guerrières" du système immunitaire. Au strict minimum, cette procédure peut donner au patient qui se sent impuissant quelque chose à faire. Au mieux, et il existe des comptes-rendus de professionnels pour soutenir cette idée, le système immunitaire peut être stimulé à réagir plus vigoureusement et le patient en arriver à se guérir lui-même.

Pourquoi fredonner et compter ?

Nous pensons que lorsque nous fredonnons nous tendons à utiliser plus le côté droit de notre cerveau et lorsque nous comptons nous tendons à utiliser plus le côté gauche. Nous possédons quantité de preuves empiriques de l'efficacité du traitement, mais nous ne pouvons que spéculer sur les détails de son fonctionnement exact. Il est significatif que les traitements présentent un taux de succès inhabituellement élevé - c'est le type de résultats prédictifs que la science recherche.

Nous avons découvert que l'esprit doit être "syntonisé" avec le problème en cours de traitement pour pouvoir obtenir un résultat Si la personne est en situation de souffrance réelle (telle celle du sevrage pour les toxicomanes) l'esprit est automatiquement syntonisé avec le problème, sans qu'il soit besoin d'un effort particulier. Durant le traitement du sevrage, nous demandons à la personne de continuer à penser ses effets tout au long du traitement. C'est un très bon signe de constater que le patient rapporte qu'il devient de plus en plus difficile d'y penser.

Chaque fois qu'un patient dit ; "Je ne peux même plus y penser", la traduction correcte est : "Quand j'y pense, le besoin a disparu."

Il existe des individus qui présentent de sérieux problèmes et ne sont pas inversés. L'inversion psychologique ne renvoie pas seulement à la présence d'un problème, mais plus précisément à un blocage qui empêche la personne d'aller mieux et l'amène à devenir son pire ennemi. Lorsque nous corrigeons celui-ci, il nous reste encore à traiter la cause. Mais elle ne peut être traitée efficacement si ma personne demeure inversée.

Maintenant que nous sommes capables de l'identifier, le phénomène d'inversion psychologique est beaucoup plus facile à attaquer directement. Il peut être d'ordinaire corrigé, au moins temporairement, en moins d'une minute.

Les Alcooliques Anonymes cultivent celle-ci d'une façon merveilleuse lorsqu'ils demandent à chaque alcoolique de s'identifier comme tel lorsqu'il prend la parole. Cette acceptation de soi implicite, outre de reconnaître le fait que la personne a un problème, dénote une intuition brillante. Cette simple procédure peut aider à diminuer l'inversion psychologique chez l'alcoolique, et constituer une étape importante vers la guérison.

Une attitude induite d'acceptation de soi peut, je l'ai découvert, corriger l'inversion psychologique. Ce n'est pas un hasard si la plupart des approches psychothérapeutiques tentent de renforcer et de développer l'acceptation de soi chez les patients.

De nombreuses approches thérapeutiques ainsi que certaines approches individuelles, peuvent de fait corriger une inversion psychologique, même en l'absence de toute connaissance du phénomène.

L'incidence de l'inversion psychologique est plus importante parmi les personnes dépendantes que dans tout autre groupe. En fait, toutes les personnes dépendantes qui souffrent d'une inversion psychologique qui les empêche de guérir. C'est la raison pour laquelle les toxicomanes sont si difficiles à traiter, et pour laquelle il y a de très nombreux cas de rechute, même s'ils semblent aller mieux pendant un certain temps.

... la probabilité de rencontrer une inversion psychologique augmente en fonction du niveau de performances (ceci semble également obéir à une loi). De nombreuses personnes très performantes ne parviennent pas à passer à un niveau supérieur à cause de l'inversion. C'est rarement la peur de réussir qui est en cause, comme on le croit si communément. C'est comme si une sorte de barrière s'élevait à mesure que le niveau de performance augmente, phénomène qui semble assez similaire à celui du mur du son que l'aviation lorsqu'elle commença à s'approcher du vol supersonique.

Le phénomène d'inversion psychologique est mesurable ; ses effets sont prévisibles, reproductibles, et obéissent à des lois. Ils le sont tellement que cela m'a conduit à formuler une loi psychologique [Loi de Callahan].

... lorsqu'une personne se trouve dans cet état d'inversion psychologique, il lui est impossible d'aller mieux. L'inversion inhibe l'efficacité du traitement, et empêche, ou ralentit, le processus naturel de guérison.

... je découvris que chaque patient "difficile", autrement dit qui ne faisait aucun progrès, était dans ce même éat d'inversion. Les patients qui progressaient correctement ne montraient pas ce problème.