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Critiques de Romain Graziani (7)
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Être là

Dans la continuité du beau roman « Le jour où je me suis aimé pour de vrai », j'ai décidé de lire « Etre là », qui est un recueil de 12 textes produits par 12 auteurs d'univers assez différents.



Comme chacun a pu le constater être là physiquement n'exclue (parfois) pas notre absence mentale.

« Mais tu m’écoutes quand je te parle ? ».

Ce livre permet à quelques soignants d'exprimer leur opinion sur le pouvoir de la présence devenue pour eux le fondement des conditions d’une relation thérapeutique efficiente.



Rien de transcendant dans cette proposition, ni dans leurs écrits. Je me suis ennuyée très vite, ai trouvé d’un texte à l’autre leurs dires répétitifs et creux. Déception donc et sentiment d’avoir acheté un livre (un peu) pour rien, sauf pour m’ennuyer.



Certaines idées m’ont carrément énervée. Comme celle de Gaston Brosseau, Professeur de psychologie clinique au Québec pratiquant l'hypnose thérapeutique (comme d’autre auteurs de cet ouvrage) qui va jusqu'à écrire que " les états anxieux pathogènes, les troubles obsessionnels de l'humeur, les personnalité paranoïaque, narcissique, et nombre d'états limite, la dépression, etc sont tous des modes d'adaptation au présent ", et que l’hypnose peut guérir tout ça.

Dans le fond de ces problèmes, il n’a pas foncièrement tort, mais ça ne résout pas les pathologies en question. Quel raccourci !



Il y a d’autres participants dans ce petit livre bien long à lire, mais aucun ne m’a intéressée, fait vibrer, touchée… Il y a bien le légendaire Fabrice Midal avec ses phrases passe-partout : « Je peux mesurer combien d’actes j’accomplis dans une heure, mais je ne peux pas mesurer la qualité de présence que je peux y mettre. » et ses délires moins philosophiques que perchés.

Il nous invite à bien différencier « conscience » et « présence », car pour lui, « la présence s’oppose à la volonté ». Ca se complique et chacun y va de sa petite contradiction, quand l’un dit qu’être présent c’est se forcer, l’autre écrit qu’au contraire c’est lâcher prise.



Attention donc à ce thème hautement philosophique qu’il aurait mieux valu laisser traiter pas moins d’auteurs, et surtout pas par autant de toubibs qui gâchent tout et qui veulent vendre leur technique, l’hypnose. Voilà c’est dit !

Dans ce recueil nombriliste, mon seul plaisir de lecture fut bref, et je le dois à Philippe Delerm lorsqu’il nous parle de sa présence au monde, avec ses multiples positions de « regardeurs ».

« Ah !!!! Philippe !!! Tu es au soleil déclinant sur le trottoir vers 17 heures les soirs d’hiver, ce que Sylvain Tesson nous dit de son enchantement face au spectacle d’une mésange sur une couche de neige dans une cabane sibérienne ! Vous seuls savez parler de la présence, sauf que Sylvain n’est pas dans ce livre (il aurait pu). Hélas.

Heureusement, il y avait vous ! »



J’ai donc pu être réellement présente à mon plaisir de lire dix minutes seulement le temps d’apprécier la pensée de Philippe D. Le reste du temps, j’ai lutté, lutté tant mon esprit fuyait sans cesse. On n’était plus dans le lâcher-prise ; mais plutôt dans le " sauve-qui-peut ! ".
Lien : http://justelire.fr/etre-la-..
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L'usage du vide

Cet essai de Mathieu Graziani, un spécialiste du taoïsme encourage avec subtilité à explorer le monde du non-agir opposé à l'éthique volontariste, à la volonté musculaire. le lecteur se laisse entraîner dans ces analyses subtiles qui allient philosophie chinoise des temps anciens et moments-clés de notre existence. On se pose des questions:

Dans ce que je réussis, quelle est la part de l'intention volontaire, rationnelle, motivée,

quelle est la part du hasard ?

Quand je cherche le sommeil, quand je perds un objet, quand j'ai un mot sur le bout de la langue je sais qu'il ne sert à rien de forcer, cela me reviendra par surprise, au-moment où je n'y pense plus...



Comment arriver à un état optimal, pour créer, jouer au tennis ou d'un instrument de musique ?

« Nos états optimaux sont aléatoires, hasardeux, non durables »



Romain Graziani va chercher entre autres exemples une réponse dans le Tchouang-tseu avec cette histoire du charpentier Ts'ing, un homme du commun qui a réalisé une oeuvre qui stupéfie son seigneur. Pour y arriver, le charpentier a fait des détours pour atteindre son état d'optimal: un long jeûne qui le mène à un état d'épuisement, et là, enfin, il peut créer.

« le charpentier Ts'ing explique les dispositions d'esprit qu'il s'est efforcé de cultiver avant l'exécution concrète de sa tâche . »



Et il y aura d'autres histoires, la façon dont Poincarré décrit l'arrivée d'une idée mathématique, Alexandre Grothendieck qui compare le cassage d'une noix avec un marteau burin et celui du passage des saisons, Glenn Gould qui joue au piano au-milieu d'un vacarme volontaire pour surmonter une inhibition.

Histoire d'un concours de tir à l'arc: moins il y a d'enjeu, moins on est paralysé. Un peu à l'exemple du joueur de tennis au moment de conclure, et l'auteur de citer l'autobiographie d'André Agassi. « Réaliser une tâche de façon distraite peut nous amener à mieux la réaliser.»

J'oubliais l'histoire de l'homme qui voulait semer son ombre: « Il y avait une fois un homme qui, par peur de son ombre et par aversion de ses traces, s'était mis à courir à toutes jambes pour y échapper ». La suite de l'histoire et son analyse démontre qu'il est inutile de taper plus fort pour résoudre un problème. Il faut accepter de cesser de vouloir résoudre le problème (s'arrêter de marcher et se mettre à l'ombre). Se retrancher du monde, vertus régénératrices du silence et de la solitude.



L'auteur déniche des solutions pour aller vers ces états optimaux, le détachement vis-à-vis des fins, l'art de la privation volontaire, l'imitation et l'importance du ritualisme.

« C'est en faisant semblant qu'on y arrive vraiment »



« le pari du ritualisme est que la conduite de celui qui observe les conventions et les bienséances prescrites par l'étiquette commence avec l'imitation et la répétition, mais culmine dans l'intelligence morale de chaque geste éxécuté selon le rite. (...) le rite sculpte en vous les formes favorables d'états optimaux. »

Une belle exploration de la psyché humaine qui entraîne (double-sens) le lecteur dans un exercice d'introspection sur les raisons profondes qui gouvernent notre volonté (et ses échecs) ou notre absence de volonté (et ses réussites surprises...).


Lien : http://killing-ego.blogspot...
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L'usage du vide

Les précédentes critiques ont bien résumé le propos et les qualités du livre. On peut simplement ajouter que cet essai semble plus jamais actuel et indispensable à lire à l'heure ou l'expression forte voire vindicative d'une "volonté", de rigueur dans le champ social et politique (y compris internationale...) sans oublier les relations amicales et amoureuses ne fait qu'aboutir à l'hypertrophie de l'ego, à la démesure et à des résultats profondément nocifs.



L'auteur analyse également avec finesse les paradoxes et les pièges d'un pseudo "lâcher prise" tant vanté par les professionnels du "développement personnel", sans oublier la "pose" des personnes qui donnent des leçons de vertu et de transparence pour s'ériger en modèles, et qui ne sont, bien souvent, que des imposteurs.



Style limpide, accessible à tout lecteur attentif. Un philosophe compréhensible c'est bien agréable...
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Être là

Il n'y a pas que la maladie d'amour qui court. Mais aussi l'Homme, avec tout son stress et ses angoisses. Aller vite, jusque dans ses envies, ses besoins, ses communications.

Et aussi dans le temps.

On veut tout prévoir, regretter, organiser, planifier, imaginer.

Et si on prenait le temps d'être tout simplement présent. Pour être réactif face à ce qui nous entoure et mettre à profit nos cinq sens.

Prendre le temps d'écouter et d'entendre. Les paroles comme le silence.

Ce livre est un recueil original sur le thème de la présence.

J'ai particulièrement apprécié les textes des médecins, qui nous expliquent que l'écoute du patient peut avoir bien plus de valeur que la pile de résultats médicaux que l'on porte sous le bras.

Encore une lecture enrichissante sur des préceptes que je tente depuis quelques années d'appliquer. Pas évident lorsqu'on court après un métro ou au travail. Mais comme tout, c'est à force d'apprentissage que cela devient un automatisme. Que les habitudes (bonnes) se créent.

Très belle initiative du Dr Galy !
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L'usage du vide

Un essai passionnant et agréable à lire sur les rapports entre la volonté , le désir de faire, et l’échec paradoxal des projets trop désirés.

Nous avons tous fait l’expérience de succès, peu ou pas désirés, et d’échecs malgré une volonté de réussir et le soin qu’on y a apporté pour réussir.

L’auteur nous illustre (et nous réconforte) en illustrant ces situations apparemment paradoxales par des textes millénaires du taoïsme.

On sort de cette lecture plus intelligent, et une meilleure compréhension de « l’usage du vide », du non vouloir comme accomplissement.
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L'usage du vide

Voici un "petit" ouvrage enthousiasmant pour qui s'intéresse à la pensée chinoise, laquelle offre souvent une approche différente et fructueuse de nous-même.



C'est essentiellement au travers des textes taoïstes de l'antiquité chinoise que Romain Graziani (qui n'en est pas à son coup d'essai, je conseille vivement le formidable "fictions philosophiques du Tchouang Tseu") nous présente une réflexion sur les ressorts volontaires de l'action.



L'idée peut paraître très abstraite ou conceptuelle; en réalité elle est extrêmement concrète et concerne notre vie quotidienne.



L'idée : le meilleur moyen d'advenir à ses fins n'est pas nécessairement la ligne droite de la volonté et de l'anticipation conceptuelle. On est alors à 1000 lieux de notre "héritage grec", qui fait de l'idée et du but l'alpha et l'oméga de l'efficacité, une sorte d'"éthique musculaire" (expression de l'auteur, toujours très inspirée) parfois inutile et contre-productive.



La pensée chinoise est à l'inverse de l'européenne notoirement pragmatique et contextuelle; elle tient compte des facteurs de changement et donc de la durée.



Trouver le sommeil, pratiquer un sport, créer une oeuvre d'art, tenter de se remémorer un nom, séduire, gouverner, vaincre, penser mathématiquement etc ... autant de projets passant par des "états optimaux réfractaire au vouloir" décrits au travers de textes expliqués dans une langue extrêmement claire.



On sort de cette lecture réellement enthousiasmé, loin des poncifs que dispense une pensée exotique sur "l'le non-agir" que l'auteur remet en perspective en lui assignant une juste place, entre volonté excessive et passivité pure.



De nombreuses références non chinoises favorisent des rapprochements avec des travaux peux connus de psychologie contemporaine, européenne ou américaine, rendant l'ouvrage encore plus riche.



Graziani est un jeune chercheur qui se réclame souvent de Pierre Hadot, grand promoteur avant lui d'une redécouverte "spirituelle" des philosophies grecques antique. Mais il se situe également au voisinage d'un auteur que j'apprécie beaucoup : JF Billeter, sinologue suisse et calligraphe, dont les écrits m'ont ouvert les yeux sur ce qu'on appelle "le taoïsme" ...
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L'usage du vide

Le vide est un point de tension entre les mondes chinois et occidentaux. Romain Graziani soutient que certaines impasses de la conceptualité occidentale pourraient s’ouvrir grâce à la pensée chinoise du vide qui nous apprend que trop s’attacher à fixer un but fait qu’on le manque invariablement.
Lien : https://laviedesidees.fr/Vid..
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