Citations de Ruth L. Ozeki (115)
"Réfléchis. D'où proviennent les mots ? Ils proviennent des morts. Nous en héritons. Nous les empruntons. Nous les utilisons un temps pour ramener les morts à la vie." Il roula sur le côté et prit appui sur un coude. "Dans l'Antiquité, les Grecs pensaient que lorsque quelqu'un lisait à voix haute, c'étaient en réalité les morts qui empruntaient sa langue pour retrouver la voix". (p. 501)
Oliver était une anomalie, une irrégularité, une déviation du type normal. 'Il fait sa friture dans une autre poêle', comme on le disait souvent sur l'île.
sur tout le littoral japonais, des gravures ont été retrouvées sur les falaises, porteuses d'avertissements ancestraux:
Passé cette limite, interdiction de construire!
Certaines dataient de plus de six cents ans. la plupart avaient résisté au tsunami.
le séisme a modifié la répartition de la masse de la Terre, ce qui la fait tourner plus vite. Et cette augmentation de la vitesse de rotation a raccourci la durée du jour. Nous avons des journées plus courtes maintenant.
Il est étrange de constater combien le temps interfère avec l'attention. La cpncentration absolue de Ruth, ses obsessions compulsives face à son écran d'ordinateur avaient l'effet d'une vague qu ise gonfle puis se brise, balayant une nouvelel portion d'une nouvelle journée.
A l'extrême inverse, lorsque son attention s'égarait et se fracturait, elle faisait une expérience granulaire du temps, pendant laquelle les moments restaient en suspension comme des particules diffuses flottant dans une eau trouble et stagnante.
J’ai toujours considéré l’écriture comme l’inverse du suicide. Qu’écrire, c’était comme devenir immortel. Défier la mort, ou en tout cas la devancer.
je ne sais pas pourquoi, la vue de ces insectes débiles en train de s’entre-tuer m’a fait craquer. Évidemment, c’était horrible, mais ce n’est pas à cause d’eux que j’ai pleuré. C’est à cause des gens qui prenaient plaisir à les regarder.
Et si j’étais partie tellement loin dans mon rêve que je ne puisse plus revenir à temps pour me réveiller ?
Quel crédit accorder à la promesse d’un père suicidaire ?
Il n’y a rien de plus triste que le cyberespace quand vous y êtes tout seul, sans personne pour vous écouter.
Tout le monde était soudain devenu expert en radiations, microsieverts, plaques tectoniques et subduction.
Chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même. L’ouvrage de l’écrivain n’est qu’une espèce d’instrument optique qu’il offre au lecteur afin de lui permettre de discerner ce que, sans ce livre, il n’eût peut-être pas vu en soi-même. La reconnaissance en soi-même, par le lecteur, de ce que dit le livre, est la preuve de la vérité de celui-ci.
Marcel Proust, Le Temps retrouvé
Le Japon n’est pas un pays où c’est tellement super d’avoir quoi que ce soit de libre, parce que libre, ça signifie juste que vous êtes seul, à l’écart.
À mon avis, peu importe le but que vous vous fixez, du moment que vous avez concrètement de quoi remplir votre vie dénuée de sens.
De nature patiente, il acceptait volontiers sa condition de mammifère éphémère se frayant un chemin parmi les racines des géants.
Quand on sortait de l’immeuble, donc, c’est de ça que je me souviens plus que tout : cette impression irréelle de fatalité, comme si on était de mauvais comédiens mal costumés dans une pièce vouée à faire un énorme bide, mais que, quoi qu’il arrive, il fallait monter sur scène.
un couple de touristes américains aux yeux à fleur de tête.
c’est quand les gens se la pètent que ça devient déprimant pour de vrai, et le pire, c’est quand à force de se la péter, ils pensent avoir vraiment la classe.
elle adore que je lui parle des petits sons, des odeurs, des couleurs, des lumières, des panneaux publicitaires, des gens, de la mode, des gros titres des journaux, tout ce qui fait de Tokyo cet océan de couleurs.
Penser à ne pas penser.
Comment penser à ne pas penser ?
La non-pensée. Là est l’art essentiel de zazen.