S. L. Borowski

Le bonheur n’est pas ponctuel. C’est un chemin compliqué, semé d’embûches, et parfois, il peut nous paraître bien loin, voire inaccessible. Le bonheur, ce n’est pas seulement un ensemble de choses, de possessions ou de situations. Le bonheur, c’est avant tout les gens qui nous entourent, qui nous aiment inconditionnellement et qui nous le montrent chaque jour.

C’est drôle comme il faut toujours qu’un drame survienne pour qu’on se rappelle le plus important, dans la vie.

Nous n’avons peut-être pas tout réglé, mais je ne vois aucune objection à ce que nous fassions le reste de ce chemin ensemble. Il m’a aidée à déployer mes ailes, je peux bien lui apprendre à voler.

C’est cette insouciance qui refera le monde un jour, j’en suis certaine. C’est elle qui devrait primer dans nos cœurs, même quand tout sera sur le point de s’effondrer.

Ce n'est pas seulement ça le bonheur. Le bonheur n'est pas ponctuel. C'est un chemin compliqué, semé d'embûches, et parfois, il peut nous paraître bien loin, voire inaccessible. Le bonheur, ce n'est pas seulement un ensemble de choses, de possessions ou de situations. Le bonheur, c'est avant tout les gens qui nous entourent, qui nous aiment inconditionnellement et qui nous le montrent chaque jour.
Mon bonheur à moi, c'est lui. Mon punk, mon voyou.
Mon rebelle.

— Où étais-tu ces dix dernières années ? demande-t-il.
(...)
— Pas loin, murmuré-je.

Serai-je capable de supporter cette haine qui semble l'habiter à tout instant ? D'encaisser toute cette violence qui fait partie intégrante de sa vie ? Je ne suis sûre de rien, mais j'ai envie d'essayer. J'ai envie de croire que nous sommes tous capables de changer, y compris Aydan.

— Aydan n'est plus le même depuis que tu as débarqué. (...) Il est plus heureux, continue-t-il en haussant les épaules. Si tu veux un conseil, ne gâche pas tout uniquement parce qu'il a des choses à régler. Il est peut-être cabossé, mais pas complètement brisé.

C'est drôle, à cet instant précis, je ne parviens pas à comprendre ses choix de vie. Il est si tendre, si attentionné avec moi, j'ai du mal à l'imaginer en train de faire du mal à qui que ce soit. Et pourtant, c'est déjà arrivé. Je l'ai vu, de mes propres yeux.
Mais Aydan n'est pas dangereux. C'est quelqu'un de bien. J'en suis sûre.

Aydan me détaille de la tête aux pieds et je me délecte de cette expression abasourdie que j'ai souvent rêvé de voir sur son visage. Ma tenue semble produire l'effet escompté – ou bien est-ce simplement le fait de me voir avec autre chose que mon uniforme ?
Son regard s'arrête un instant sur mon décolleté avant de marquer une pause au niveau de ma bouche, pour finalement venir sa planter dans mes yeux.
— Je ne t'ai jamais vue aussi...
— Normale ? complété-je.
Il sourit avant de secouer la tête.
— « Normale » n'est pas le mot qui me vient à l'esprit quand je pense à toi.

— Petite fille sage ne veut pas choquer papa et maman avec un mec comme moi.

Depuis que j'ai goûté à ces sensations, je les cherche partout où je vais. Cette étincelle qui a envahi mon cœur, qui m'a laissé entrevoir l'idée quelque peu utopique que, peut-être, la vie n'est pas quelque chose de si compliqué. Qu'elle ne se résume pas à compter le moindre sous, à se demander si on ne ferait pas mieux de garder quelques vêtements troués encore un peu plus longtemps pour pouvoir manger à la fin du mois. J'aimerais pouvoir envisager un avenir plus radieux, plus simple.

Je veux découvrir le monde, aussi cabossé soit-il.

C'est ici, leur maison. La plupart des jeunes qui habitent le quartier sont nés ici, même si leur famille vient de Jamaïque, pour la majorité d'entre eux. Je sais que les parents voient d'un mauvais œil cette affluence d'étrangers dans notre pays. Pourtant, s'ils ont quitté leur terre natale, il doit bien y avoir une raison. Nous, c'est bien ce qu'on a fait.

« On ne combat pas le racisme par le racisme, la meilleure façon de combattre le racisme est la solidarité. » Bobby Seale

– Je vois bien l’effet que je te fait, Lena, dit-il d’une voix basse. Je sens ton souffle qui s’accélère.