— Qu'est-ce qui te plaît tant dans le fait de voler ?
— Quand j'étais enfant, cela représentait la liberté pour moi. J'adorais fuir la
terre ferme et ses complications
Depuis cinq ans, j'avais fourré tous mes rêves au placard, verrouillé la porte et jeté la clé. Refuser de retourner les cartes quand on joue en solo, passe encore. Mais quand un autre joueur se joint à la partie, ça donne à réfléchir...
On s'interroge toujours, dès lors que quelque chose d'inhabituel se produit. Une langue qui fourche, un trou de mémoire, peut-être autant de signes avant-coureurs d'une rechute aux conséquences funestes et permanentes.
La pesanteur est mon ennemie. Mais, dans une piscine, j'y échappe, je suis
suspendue dans l'espace, mais aussi dans le temps, comme si les années de
souffrances morales et physiques s'en allaient au fil de l'onde.
Les condamnés marchant au peloton d'exécution éprouvent-ils quelque chose de similaire ? La sentence est tombée, on ne peut plus rien y faire, et plus rien
n'a d'importance.
À l'époque, mon idée était que, si je ne pouvais pas avoir le Marlon Brando d'Un tramway nommé Désir, il valait mieux tirer un trait définitif sur la grande passion.
La compagnie d'un homme me faisait du bien, et c'était bon de sentir de nouveau quelqu'un me toucher, même si cela réveillait une certaine amertume.
Il était évident qu'en découvrant l'épée de Damoclès suspendue au-dessus de ma tête n'importe quel homme normalement constitué partirait en courant.
Je préfère mille fois voler, ou les prendre en photo, que passer des heures interminables dans des conseils d'administration, au milieu de gens persuadés que leurs tableaux de chiffres sont aussi importants que le discours de Lincoln à Gettysburg
Le professeur Stein aimait répéter que les concerts étaient comme des tableaux. Vous prépariez le cadre, vous connaissiez le sujet, mais vous deviez vous attendre à des surprises. L'art était imprévisible, c'était ce qu'il avait de merveilleux.