Citations de Saskia Hellmund (18)
« Réunifier, c’est conjuguer, métisser, mélanger. Pour la RDA, il n’y a pas eu de compromis ni de rapprochement. On a invalidé du jour au lendemain le modèle de la société. Le pays a disparu et on a remplacé l’ensemble de son système et ses valeurs. La chute du Mur a conduit à la disparition pure et simple de mon pays. »
Ici, elle est parmi les siens, mais elle ne connaît personne. Là-bas, elle est étrangère, mais entourée.
C'est une situation paradoxale. Normal pour quelqu'un qui est parti longtemps. Les anciens liens se sont effrités. Comme toujours, comme partout.
Le vrai problème est dans les têtes : c'est la honte. La honte d'être dévalorisé, d'être souvent chômeur de longue durée, la honte de n'avoir rien construit, d'avoir subi son sort. Annexé par un pays plus fort, traité depuis comme citoyen de seconde classe, souvent licencié après la réunification, humilié. p. 63
Dans le 14 è arrondissement, un fest-noz breton
C'était fort, cette connivence entre des personnes qui ne se connaissaient probablement pas. elles étaient réunies ce soir-là pour retrouver leurs racines, leur vie d'avant. dans l'anonymat de la capitale, un rapprochement, un temps de partage. La reconstitution d'une communauté.
..la beauté d'une langue est totalement subjective. L'allemand de Hitler ou de Goebbels était abject, détourné, dévoyé. L'allemand de Goethe ou de Rilke est mélodieux et subtil .
Interdire une langue, c'est détruire une identité. Interdire une langue, c'est détruire un peuple. Interdire une langue, c'est détruire une communauté.
L'idéologie communiste promet autant la délivrance que le christianisme. Elle aussi mène au salut absolu. Elle a ses martyrs et ses saints, ses légendes et ses rituels. Le communisme parle sans cesse d'un monde meilleur, promis pour demain ou pour après-demain. Et comme le paradis est proche, tous les moyens sont bons pour l'atteindre, même la force et la pression. L'individu libre est ainsi nié.
Les réfugiés syriens sont mal acceptés, ils engendrent des peurs profondes et suscitent jalousie et envie à cause d'une prise en charge par l'Etat. Leur présence massive est à l'origine d'un séisme politique sans précédent dans l'histoire allemande d'après-guerre
Je suis aux anges. Ces souvenirs gustatifs me procurent un plaisir immense. Ils font partie de mes racines, de mes origines. La nourriture typique d'une région , les recettes des grands-mères nous nourrissent deux fois. De manière évidente en calmant notre faim et en construisant notre corps, mais également de façon spirituelle en nous rassurant par leur permanence .
Evidemment, tout changement comporte des risques, on ne sait jamais ce qui peut arriver si un petit détail est modifié. Il faut savoir assumer les suites de ses actes; prendre sa vie en main, ne pas attendre que les autres fassent le travail à notre place.
Beaucoup de médecins disent aux malades ce qu'ils doivent faire, quels médicaments ils doivent prendre sans donner des explications sur leurs conseils, leurs choix.
"Du jour au lendemain ou presque, le monde de mon enfance a basculé. Pour toujours, sans la moindre possibilité d'un retour en arrière. Mon passé est irrécupérable, inimaginable, incompréhensible pour ceux qui m'entourent aujourd'hui.
Je suis née en RDA en 1974. J'avais 15 ans quand le Mur est tombé, 16 ans quand ma patrie a été rayée de la carte, rayée de la géographie. On lui a collé un préfixe: ex. Ex-RDA, ex-Allemagne de l'Est."
Autrefois, c'était inaccessible, mais on ne savait pas maintenant, le lieu reste interdit à bon nombre de personnes et elles le savent ou peuvent l'apprendre facilement . La liberté a apporté son lot d'amertume.
Les électeurs de l' AFD sont le retour du bâton : comme ils ne se sentent pas respectés dans leurs différences, ils refusent de respecter la différence des autres, en l’occurrence des immigrés syriens
Retrouver ses origines, ça doit faire du bien....
___Oui, ça fait du bien. Mais au fond, on ne les perd jamais. C'est impossible, elles vous suivent partout. (...) .C'est ce qui nous fait, nous constitue. Nous les portons en nous, même si nous vivons très loin, dans un autre pays, dans un autre continent.
Sigune constate le découragement, la lassitude, le malaise inscrits dans les mouvements du corps, les visages, dans une certaine négligence vestimentaire d'hommes et de femmes encore jeunes, mais éprouvés par l'insécurité et le désespoir.
Les Bretons portent en eux une blessure qui ressemble à la sienne : la oerte, le rejet, l'humiliation.
mais la RDA n'était pas à un paradoxe près. Comme toutes les dictatures. Et comme dans toutes les dictatures, il y avait l'idéologie officielle et la vraie vie. Une vie pleine de non-dits, de ruses, de cachotteries.