Il pensa : tous les voyageurs au Japon s’étonnaient d’y trouver un tissage du présent avec le passé , la coexistence des pratiques les plus contemporaines et les traditions les plus anciennes . Il s’agissait même de l’un des clichés les plus répandus lorsqu’on évoquait ce pays . A certains égards , l’Inde qu’il avait sous les yeux renvoyait elle aussi l’image d’un continuum que la modernité n’avait pu effacer .
Avec un peu d’imagination , comme dans certains quartiers de Kyôto , il aurait bien pu être en 1850 .
L'homme émaillait son propos d'une quantité impressionnante de citations du Livre, si bien que Hâfiz eut l'impression d'avoir devant lui un livre vivant. Dans les yeux de l'homme s'allumaient parfois des lueurs qui l'effrayaient. A d'autres moments, sa voix devenait du miel et Hâfiz se sentait aussi en sécurité que s'il avait eu un parent en face de lui.
Le jardinage devint ma détente du soir. Le plaisir que j'éprouvais à admirer mes fleurs et mes bonsaïs était presque sans égal, tant il est vrai que nous avons à apprendre de la nature ce que nous avons désappris de nous-mêmes. La nature accomplit la vérité en silence. A la différence des hommes, elle ne cherche à être ni admirée, ni louée, ni plainte. Elle n'attend pas d'être récompensée proportionnellement à ce qu'elle accomplit. Le temps venu, elle laisse les fleurs éclore, et, discrètement, avec ou sans nos louanges, elle fait ce qu'elle a à faire, puis, tout aussi discrètement, prend congé.
Il faut dire que l'actualité pousse chaque événement dans l'oubli comme une rame de métro la suivante
Les livres ne doivent pas nous faire peur. Ils sont même notre meilleur rempart contre nos peurs
A travers les gens que je transporte, grâce à toutes ces consciences intercalaires, j’ai déjà sillonné plus de paysages qu’il n’en existe au monde, j’ai vécu plus d’histoires que l’imagination n'en recèle, j'ai traversé une ville plus réelle que celle qui feint de s'agiter en surface. Je contemple avec une stupeur effarée le panorama infini de ces existences. Je vogue dans leurs doutes et leurs certitudes. Je traverse leur vie quotidienne comme je traversé Paris, et les divagations de leurs pensées éparses s’accordent et s’harmonisent aux dessins obscurs de mon imagination somnolente.
Ce serait original un métro où les gens vieilliraient à chaque étape de leur voyage : tu montes à Châtelet tu as sept ans. Tu es pubère à Hôtel de Ville. Tu as vingt et un ans à Rambuteau. A Arts et Métiers il est temps de songer à faire quelque chose de ta vie. A Belleville tu ferais bien de te soucier de ta prostate. A Télégraphe observe tes mains couvertes de lentigo, tes mains osseuses aux doigts noueux, si étrangères qu’elles paraissent appartenir à un autre, et tu te demandes si tu seras encore en vie aux Lilas. Ô l’amère cruauté du nécropolitain où nous embarquons nos vies !
"Et aujourd'hui te voici oubliée sur l'étagère comme l'un de tes bibelots en faïence que n'anime aucune autre finalité que de s'empoussiérer dans l'attente." (p. 36)
"Quel sens aurait pour moi un appartement où tu ne serais plus? Que se passerait-il dans une chambre où tu ne serais plus?" (p. 106)
Les enfants sont comme des fleurs dans un jardin. Pourquoi n'en planter qu’une seule ?