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4.42/5 (sur 12 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Lyon , le 11/01/1959
Biographie :

Serge Rivron vit dans la région lyonnaise.

Depuis 1981, nombre de ses textes poétiques ou polémiques ont été publiés en revues (Fomalhaut, Verso, Stroker, Aires, Les Provinciales, Aube, Textuerre...) et sur le net (stalker, e-torpedo, bellaciao, ratiatum...).

En 1996, sa nouvelle "La Déception" obtient le prix du Salon du Manuscrit de Lyon.
Son premier long texte littéraire, "Crafouilli, légendaire récit", paraît aux éditions les provinciales, en 2000.
Sa pièce de théâtre sur Rimbaud, "Abdu Rimb, tragédie musicale" est créée en 2000 au Théâtre de Nesle.
En 2007, "La Séance" obtient le premier prix du concours Vénus de la Nouvelle érotique.
En 2008, son roman "La Chair" (Jean-Pierre Huguet Editeur, collection les sœurs océanes) obtient le Prix Léo Ferré.
En 2010, les éditions Pluton publie "Octobre russe", une chronique de voyage écrite en octobre 2001.
en septembre 2010, la revue en ligne Sur le Ring publie "Pasolini, infréquentable", une présentation critique de l’œuvre de Pasolini. Ce texte sera repris dans de nombreux supports critiques, notamment en 2011 par le blog Stalker et la revue Nunc (n°25).
En 2019, Serge Rivron rend public un entretien de plus de quatre heures que lui avait accordé, en 1997, le critique d'art Pierre Restany.

Parallèlement à l'écriture, il a exercé de nombreux "métiers": enseignant, formateur en théâtre, rédacteur-concepteur, directeur de communication, pigiste (Segno Cinema, Acte 1, Stratégies, Libération...).

Site Internet de référence http://srivron.free.fr
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Source : http://srivron.free.fr
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Citations et extraits (9) Ajouter une citation
32 ans, 33 : je ne me suis pas suicidé parce que je préfère voir la pourriture méticuleusement s’immiscer en moi, méticuleusement rogner, ronger une à une mes fibres, lentement, délicatement déliter la chair belle et que je croyais libre des années sans âge. Je ne me suis pas suicidé parce qu’il y a encore sûrement quelques jours, quelques heures, des saisons sur des routes que je n’ai pas croisées où souffle un vent d’amour qu’il faudra prendre. Je ne me suis pas suicidé parce que j’emmerde le réel. Je ne me suis pas suicidé parce que je voudrais engrosser la terre de mon moi vomissant comme un océan de lave avant de m’engloutir hanté par les fantômes de tous ceux qui m’ignoreront encore après ce boucan. Je ne me suis pas suicidé parce que j’ai peur. Je ne me suis pas suicidé parce que je voudrais que toutes les femmes aient caressé mon corps et prendre dans mes bras leurs vraies vies qui sont ailleurs. Je ne me suis pas suicidé parce que je suis modeste. Je ne me suis pas suicidé parce que je me crois autre chose, quand je regarde. Je ne me suis pas suicidé parce que je suis orgueilleux. Je ne me suis pas suicidé parce que j’entretiens des rapports conflictuels avec l’absolu. Je ne me suis pas suicidé parce que je me crois utile malgré tout. Je ne me suis pas suicidé parce que j’ai autant mérité de la légende que n’importe quel autre mort. Je ne me suis pas suicidé parce que j’ai eu envie d’écrire un livre et que je crois en la vertu rédemptrice de l’œuvre d’art. Je ne me suis pas suicidé parce que j’aime le soleil. Je ne me suis pas suicidé parce que j’aurais pu me tuer.

(p. 74-75)
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Puis vinrent les pluies, et leur ambiance mouillée. Un matin, au sortir de chez soi, un rideau d'eau a remplacé la vue. Les mares se remplissent, puis les étangs, les lacs, les sentes, la chaussée. Où que tu ailles, ce n'est que boue, que flache, que flotte. On monte les meubles à l'étage, on sort les barques. Il pleut. Les digues rompent, les arbres embâclés sonnent à ta porte, sur ton tapis humide gît un vieillard noyé, tu croises en nageant des cadavres boursouflés, des gens méconnaissables accrochés à ton pain. Partout ça dégouline. Partout ça suinte. Partout ça ruisselle. Partout ça poisse. Partout ça colle. C'est la mousson, le monde liquide. Les baobabs refont des feuilles, blottis au fond des cases les indigènes trempés vivent de potage et de mets mous.
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Cette époque incroyable où le chemin de pierres que tu voyais passer à l'horizon de ta maison, ton grand-père l'avait vu et son grand-père, et le grand-père encore de ce der à l'infini de leur mémoire, identique à l'ornière près, au buisson de mûres en haut de la côte, et tu croyais que tes enfants en cueilleraient aussi les baies, pauvre gland. Je te le mentionne maintenant que le fin fond d'aucune sierra d'aucun trou du cul de la planète n'est dispensé de se voir en quinze jours transformé en aquacentre, parc Astérix, cité internazionale, carrefour nodulaire des technopoles associées. Le binz. L'incertitude. Le carnage de l'étant.
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Énarques et socles, donc, multipliaient sur fond d’indifférence dans Crafouilli re-né (Gontran fut plus marrant, mais nul n’eût entamé). S’estimant seuls, ils s’ébaubissent doucement le vaniteux de leurs soi-disant succès sur les forces maniaques, mirobolant bientôt jusqu’à plus soif, repeignant, via Crafouilli, l’univers de leurs pinceaux à poils ras, bougeant debout. Rien d’assez farfelu ne les comble : un an font arracher les arbres auprès des routes pour ne pas enrouler leurs voitures, l’autre les font remettre pour ralentir les voies. Un an décrètent obligatoire la culture des mangues à l’hectare qu’on n’a jamais goûtées, le suivant distribuent des subsides à les échanger contre des potagers entre quatre murs à rebâtir. Inventent la télévisive, où ils s’invitent. Distribuent d’ici les bons points, les trophées, les brevets. Captivent le monde avec des sorbets, des vanilles, des feuilletons. À coups d’images choc et de couleurs vulgaires, distillent émerveillés des trampolines à leur lubie d’embritraver le vif, rebaptisé social. Veulent contrôler, prévoir, gérer, organiser, réglementer. Interdisent la pratique des métiers à ceux qui n’ont pas reçu les brevets. Interdisent la remise des brevets par ceux qui n’ont pas les médailles. Soulèvent l’opinion sur les dangers. Interdisent les cigarettes parce qu’elles fument, le vin parce qu’il enivre, les toboggans parce qu’ils glissent, les récréations parce qu’elles écorchent les genoux, les taudis parce qu’ils s’effondrent, les pauvres parce qu’ils puent, la neige parce que c’est l’hiver, l’hiver parce qu’il enrhume, le rhume parce qu’il est interdit. L’un butant un matin sur un bord de trottoir, interdisent les trottoirs. L’un tombant d’une échelle, interdisent les échelles. L’un s’étranglant au noyau d’une cerise, interdisent les noyaux dans toutes sortes de fruits. Décrètent la sécurité parfaite, le revers imparable de la cicatrice, la vie garantie vie.
Si le monde s’en porte peu ou prout, on voit bien nonobstant que le climat Crafouillis n’est guère sain à ce rythme. À force radotages sur le point d’avanir, on craint terriblement. Un rien détraque. La santé fait peur. La loi et ses décrets mijorent, ce qui n’est bon, quoi qu’on s’en touche. On y pense, on ressasse. La dialectique socle fait des émules. Quiconque revendique un arpent aurait bien tort de ne pas le draper d’une ombre d’un chantage à la sécurité, il l’a. « J’exige un passage souterrain de ma porte à la cantine, il en va de la vie de nos enfants ! » — accordé. « Je veux un extincteur à friture à tous les porches ! » — accordé. Insensiblement l’angoisse sourd, muette. On se replie, on calfeutre. La folie sanitaire des énarques et des socles impuisse le corps social. Un autre pas et ce sera le faux… Et là, c’est l’hallali !
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Elle est souvent sur la plage à cette heure, à marcher dans l'eau froide où se bousculent par jeu les adolescents des immeubles de Barceloneta, le quartier des marins, ce qu'il en reste... Elle s'amuse en passant des regards de concupiscence qu'osent sur elle les plus grands – s'ils savaient ! Elle aime qu'on la remarque, toujours habillée de couleurs vives, des vert pomme, des roses, des oranges, des bleu profond, gilets et chandails, foulards, qui vont si bien à l'Espagne. Le T-shirt ou le chemisier court, au-dessus du nombril. Qu'on voie ses formes et ses attraits. Jeans moulants, shorts, jupes courtes. C'est aussi ce qui lui plaît ici : qu'on la désire, qu'on la convoite longtemps, sans espoir. Qu'elle soit sûre qu'elle est encore très belle, et provoquer des rêves auxquels elle ne croit plus. Tous les hommes se ressemblent. Ils veulent tous la même chose. Elle se dit. Ce qui lui plaît ici c'est qu'elle n'a pas à répondre aux cochonneries qu'ils marmonnent en la croisant. Il suffit qu'ils lui parlent et elle emporte avec elle sans qu'ils le sachent leur inassouvissement, comme une douceur volée à la veulerie de leurs désirs.
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Michel détourne les yeux de la page qu'il essaye d'écrire... On a tant fait dire aux mots et les mots ont porté tant de nos intentions, ils ne pourront plus jamais nous guérir... Comme des charlatans nous n'avons cessé de les brader sans voir que nous bradions avec eux notre salut. Je suis sec, de la sécheresse du siècle qui m'a enfanté et que j'ai incarné avec tant d'insouciance. Sec. Plus une phrase, plus une interjection même à laquelle accrocher ma parole sans que j'aie l'impression d'un slogan à venir, une pauvre accroche qui cherche à vendre Et QUI VENDRA. On a tant fait dire aux mots et les mots à présent nous étouffent, mentent, submergent tous les sens, les excès, les manques, les rires et les doutes, tous les silences. Et nul n'entend plus rien par eux que la péroraison infinie d'un désir harassé, vide, vulgaire. On les a voués à la satisfaction de la chair et la chair s'est absentée d'eux. Et sans elle, ils sont désormais comme des orphelins qui ne savent plus pleurer et qui cherchent la délivrance à leur peine dans la masturbation.
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La chair a deux manières d'aimer, dont la frontière est si ténue que rares sont les amants qui la discernent, parce que le désir qui fonde l'amour procède d'un mouvement qui les confond sans cesse : la chair aime par le corps et elle aime par l'âme. Et elle aime dans le corps et elle aime dans l'âme. Et la chair est une âme façonnée par l'amour d'un corps et elle naît d'une âme amoureuse d'un corps.
[...] La chair a deux façons d'aimer dont les forces sont si violemment contraires que la plupart des amants sans arrêt s'épuisent à vouloir les dompter l'une par l'autre, la force du corps par la force de l'âme et la force de l'âme par la force du corps. Et s'ils n'y parviennent pas la chair les domine et l'amour est son jouet et se disloque en eux. Mais s'ils y parviennent, la chair triomphe en eux ; alors l'amour qui les a enchaînés l'un à l'autre, l'un par l'autre à présent les enchaîne à la chair pour l'éternité.
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Le sexe lancine les mâles, les retient, peut les accaparer entièrement et finir par déterminer leur être au monde. Les deux hommes qu'elle a connus (Dieu sait que Serge ni Adrien – qui l'a attendue si longtemps – n'ont rien de pervers !), elle les a vus prêts à tout au moment de répandre leur semence. Elle a reconnu dans la fébrilité de leurs caresses, dans leurs mots à cet instant-là et leurs regards qui viennent d'un autre monde, la force de ténèbres qui hante toujours la chair d'un homme, et qu'il faut l'aider à offrir avant qu'il n'en soit esclave... Elle aime l'amour qu'elle fait avec Adrien, comme elle aimait celui de Serge, elle n'a aucune pudibonderie à se l'avouer. Elle sait aussi qu'elle peut s'en passer. Mais elle est sûre qu'un homme n'oublie jamais le goût du sexe.
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Elle avait un con somptueux,
un con d'orfèvre,
un mille-con.
Et dans ce nid de fine claire
aux volets de soie rouge,
l'étroit judas s'écarquillait
comme une fleur noire qui guette.

Du fond, sa gangue douce aspirait ma quiquette,
amoureuse ventouse qu'humecte
la liqueur salée des étreintes –
Là, un fourreau goulu chauffait toute ma peau,
roulant ma chair pétrie jusqu'au profond du piège,
l'ourlait, l'enflait, et puis forçait ma sève –
mille anneaux comprimaient mon sexe englouglouti.
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