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Critiques de Shahriar Mandanipour (36)
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En censurant un roman d’amour iranien

... ou comment écrire et publier un roman d'amour en Iran, alors que la censure s'emploie à supprimer tout ce qui se réfère, de près ou de loin, voire de très très loin, à tous les émois physiques suscités par quelques élans passionnels, même à leur stade de balbutiement.



Exercice difficile, voire challenge impossible pour l'écrivain qui ne peut même pas permettre à son couple de se toucher, ne serait-ce que pour se tenir par la main, ou de s'isoler pour discuter en toute intimité, apprendre à se connaître, se découvrir, la moindre parole ou le moindre attouchement pouvant susciter, chez le lecteur, des pensées "immorales" (selon les bien-pensants et gardiens de l'ordre moral).



Ceci aboutit bien évidemment à des impasses et des situations cocasses, desquelles notre auteur, Shariar Mandanipour, essaie de se dépêtrer pour faire vivre son histoire d'amour, en recourant à toutes les astuces littéraires et métaphores possibles, et en devant faire preuve d'une grande imagination et de créativité littéraire pour tromper la censure.



Dans un style jubilatoire,Mandanipour s'attèle à sa tâche en direct, nous faisant vivre la genèse et l'évolution de son roman d'amour, devançant la censure en raturant lui-même les phrases qui ne passeront pas, et interrompant constamment le déroulement de son histoire pour éclaircir le lecteur non familier des moeurs iraniennes sur la réalité politique et sociale dans l'Iran post-révolutionnaire, réalité qui explique le lent dénouement de son intrigue.



Pour nos jeunes tourtereaux, Dara et Sara, la concrétisation de leur histoire d'amour n'est pas gagnée en effet. L'auteur tente pourtant de les arracher à la censure en nous glissant dans les coulisses de leur histoire, comme un aparté d'auteur à lecteur, à l'abri des yeux de la censure, dans lequel l'espace d'expression est bien plus libre, et où les personnages même laissent libre cours à leur pensée.



"J'espère, pense Dara, que notre destinée n'est pas entre les mains d'un minable écrivain censuré, sans tripes."



J'ai trouvé ça original cet aspect du récit où l'auteur se met lui-même en scène, dialoguant avec la censure incarnée par M. Petrovitch, laissant, magré lui, ses personnages échapper à son contrôle, le challenge étant tellement irréalisable dans ce contexte contraignant que le grand n'importe quoi s'immisce sur la fin.

Personnellement j'ai commencé à me lasser sur le dernier quart du roman car l'histoire d'amour tournait en rond façon "Les feux de l'amour" interminable, mais sans les feux ni l'amour (censure oblige - mais dans ce contexte, comment peut-il en être autrement, vu que nos tourtereaux ne peuvent pas faire grand-chose...), mais j'ai bien ri à la toute fin où l'auteur met un point final ubuesque à son histoire!



Un roman original plein de subitilité et de dérision, très instructif culturellement parlant. Encore une fois, je n'ai pu m'empêcher d'halluciner de tous ces interdits absurdes et révoltants qui régissent le quotidien des Iraniens. Je n'ai pas lu beaucoup d'auteurs iraniens mais je n'ai pas été déçue jusqu'à présent. Il y a toujours cet humour qui m'épate malgré un contexte qui ne s'y prête pas. Je pense ici en particulier à Marjane Satrapi.



Repéré chez Keisha, j'ai tout de suite su que ce roman allait m'emballer, et je terminerai en soulignant, tout comme elle, que ce livre vaut le détour rien que pour le désopilant chapitre consacré à la censure de "Danse avec les loups" par des spécialistes des questions cinématographiques et anti-américaines, et par un chef censeur aveugle (excellent excellent excellent!!!).
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En censurant un roman d’amour iranien

C'est un livre que j'ai reçu dans le cadre de la Kube, donc recommandé par un libraire. Si j'ai trouvé le thème intéressant - les lendemains après la chute du Shah en Iran et l'avènement des ayatollahs - j'ai été en revanche moins convaincue par le traitement. L'auteur écrit ou essaye d'écrire un roman d'amour mais sa plume est sans cesse entravée par la censure, reflet d'une société entièrement contrôlée et qui, donc, vit dans la paranoïa. Le traitement est original mais je n'ai malheureusement pas réussi entièrement à accrocher. J'ai trouvé l'écriture trop fragmentée, sans doute avais-je envie de lire une véritable histoire d'amour (sans censure). Une voix néanmoins à découvrir car les romans traduits du perse sur cette période historique sont peu nombreux.
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En censurant un roman d’amour iranien

Sous ce titre intrigant et/ou guère attirant, se cache un roman parfaitement jubilatoire, original et instructif...







Un écrivain se prépare à conter l'histoire d'amour de Sara et Dara. Facile direz-vous. Rencontres, sorties, discussions, premiers baisers et plus si affinités. Oui mais, cela se passe à Téhéran, et en Iran pas question pour un homme et une femme sans liens familiaux de se voir à leur guise. Pas question non plus pour un auteur d'écrire ce qui peut choquer, que ce soit rayon moeurs, religion ou politique. Pas de propos grossiers non plus. Monsieur Petrovitch veille (ce nom est celui d'un personnage de Dostoievsky). Alors que fait-il l'auteur? Il biffe lui-même les passages litigieux, il discute avec lui-même, avec le lecteur et a toujours à l'esprit la réaction de Monsieur Petrovitch, qui n'hésite pas à intervenir dans le roman.







Le roman s'écrit cahin-caha, Sara et Dara, évidemment, rusent pour se connaître quand même (grâce aux livres!) et commencent à agir sans le consentement de l'auteur qui n'en peut mais, même s'il intervient lui aussi comme personnage."Je vois clairement que mon roman d'amour prend un tour que je n'avais pas prévu. l'intrigue se désintègre. Les personnages suivent leur propre partition sans parvenir à créer une harmonieuse symphonie. Je dois trouver une solution et la mettre en pratique.(...) En ce moment même un certain Petrovitch se réjouit que ce roman patauge dans la merde."







Vous l'aurez compris, ce roman est à découvrir. Des pages fort intéressantes sur la vie à Téhéran, l'histoire iranienne récente et surtout des passages éblouissants plongeant le lecteur dans une littérature séculaire et moins coincée que l'actuelle et officielle. Le tout présenté avec humour.







"Il n'est ni sage ni prudent de créer des désordres et de donner ainsi l'occasion aux médias occidentaux et aux contre-révolutionnaires vivant à l'étranger de faire un coup de pub. [Sara, dans le roman]



Je suis persuadé que M. Petrovitch appréciera cette phrase."







"Mais retournons à l'université de Téhéran...



Les étudiants reçoivent toujours des coups de matraque...



Non. Cette phrase ne plaira pas du tout à M. Petrovitch."







Il faut absolument découvrir comment le film "Danse avec les loups" passe à la censure... Dialogues savoureux entre le spécialiste des questions concernant l'atteinte à l'ordre moral, le spécialiste des questions cinématographiques, le spécialiste des questions anti américaines, et M. X, le chef censeur, qui est aveugle (oui, oui, mais on lui décrit les images...)



"- Monsieur, une femme apparaît, les cheveux complètement visibles.



- Ce n'est pas un problème. Voir les cheveux d'une non-musulmane ne pose aucun problème.



- Mais ce n'est pas tout, monsieur. Tous les indiens sont torse nu.



- C'était l'habitude vestimentaire des indiens. On ne peut pas montrer des Indiens en vêtements arabes."
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En censurant un roman d’amour iranien

Style original pour narrer les censures que subit un écrivain iranien (l'auteur nous interpelle directement et nous explique ce qu'il aurait voulu réellement écrire si il n'y avait pas la censure, censure qui en devient totalement absurde)... mais un peu long au final.
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En censurant un roman d’amour iranien

Peut-on écrire un roman d'amour en Iran, à l'heure de la République islamique ? C'est à cette question que répond Shahriar Mandanipour. Il ne se contente pas de répondre "Non" dans le vide, mais il nous en donne la preuve tout au long de son ouvrage.



L'écriture est triple : celle du roman d'amour est en gras, les passages à censurer sont biffés et, en caractères simples, les tâtonnements, les interrogations, voire les explications de l'auteur sur ses doutes et ses difficultés à faire aboutir son projet, ainsi que la véritable histoire de ses deux protagonistes, histoire impubliable en Iran de nos jours.



L'intérêt du roman réside bien sûr dans la partie du dialogue avec lui-même, avec ses personnages, et avec ses lecteurs. On y découvre un pays où toutes les activités sont soumises aux diktats du ministère de la Culture et de l'Orientation islamique, dont les sbires sont toujours prêts à intervenir dans la moindre activité quotidienne. Et pourtant, sa jeunesse ne manque pas d'audace ni de rêves : l'héroïne, n'hésite-t-elle pas à ôter son voile en pleine rue en échange d'un livre auquel elle tient beaucoup ?



Le propos est intéressant, mais à la longue, le roman s'épuise et tourne autour de son procédé. Mais au moins la démonstration est faite, l'histoire d'amour proprement dite est insignifiante, digne des romans de la série Arlequin et ne peut être terminée.
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En censurant un roman d’amour iranien

Pour une fois, la quatrième de couverture ne ment pas. "En censurant un roman d'amour iranien réconcilie de façon magistrale Le procès de Kafka, La ferme des animaux d'Orwell, et les contes des Mille et une nuits." Le livre de Shariar Mandanipour est un roman, c'est indéniable, mais c'est aussi un essai sur les affres d'un auteur iranien qui doit échapper aux ciseaux de la censure et, plus encore, un document sociologique de première main sur un pays devenu schizophrène et paranoïaque. Résumons la chose : un écrivain iranien tente de rédiger un roman d'amour, qui apparait en corps gras dans le livre, avec des bouts de phrases fréquemment rayés, car susceptibles d'être censurés. Ledit écrivain nous raconte également le vrai roman, qui ne serait pas expurgé des passages "licencieux". Et pour couronner le tout, Mandanipour interpelle sans cesse le lecteur, dialogue en toute courtoisie avec le grand censeur du ministère de la culture et s'autorise moult digressions sur le quotidien des citoyens iraniens. Le tout, dans une langue chatoyante, parfois crue, en citant aussi bien les grands poètes perses que des films occidentaux récents. Hafez y côtoie Lorca et James Bond dans un cocktail détonant, où l'humour et l'auto-dérision se glissent en douce comme un malicieux chat persan. Du quoi y perdre son farsi ? Oh oui, le lecteur est parfois déboussolé, mais l'auteur en est au même point et présente ses excuses avant de reprendre son histoire impossible. En censurant une histoire d'amour est un livre qui passe du tragique à l'absurde en un tour de main, hommage appuyé au peuple iranien qui, malgré les brimades et les interdictions, résiste et se joue des lois islamiques, avec ce talent pour la survie et la débrouillardise goguenarde qu'ont tous les peuples opprimés. Et cette littéraire mise en abyme, dans un pays au bord de l'abîme, est tout bonnement remarquable.
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En censurant un roman d’amour iranien

Comment peut-on être persan et amoureux ? Être amoureux à Téhéran, est-ce pareil qu’être amoureux à Paris, New York, Moscou, Tel Aviv ? Et même, de plus en plus fort, Mesdames, Messieurs, comment peut-on écrire un roman d’amour en Iran?

De vous à moi, c’est un euphémisme de dire que je connais mal la littérature iranienne. Si l’on excepte un détour par le très plombant et rapidement avalé La Muette de Chahdortt Djavann, disons que j’ai comme un blanc entre les quatrains d’Omar Kayyham et Marjane Satrapi. 1000 d’inculture, au bas mot. Et que je ne sois pas la seule dans ce cas n’est pas vraiment une excuse, n’est-ce pas ?

Inculte en la matière comme en tant d’autres, je sais de l’Iran ce que me souffle l’air du monde comme il va : dictature religieuse, uranium, droit de rien du tout. Alors, d’approximations en méconnaissance, sommes-nous condamnés à regarder ces persans sans rien chercher d’autre qu’un exotisme rendu menaçant par un contexte géopolitique plus que délicat ?

Or c’est tout le propos de Mandanipour que de rappeler que non, l’Iran ne se réduit pas à 30 ans de piétinement systématique des droits fondamentaux (par ailleurs bien plus ancien que la chute du shah), qu’il s’agit toujours et par devers tout de l’une des plus vieilles civilisations du monde et que, partant, surtout !, c’est une terre d’histoires. De contes, de poèmes, d’images. De romans. D’où le paradoxe fondateur : pourquoi et comment dans un pays dont la langue est si riche qu’elle peut sans fin inventer des métaphores sexuelles qui ne se répètent jamais est-il impossible d’écrire un malheureux récit d’amourette entre étudiants ?

En censurant un roman d’amour iranien n’est pas un roman d’amour. C’est l’histoire d’un roman qui tente de prendre forme, une manière de brouillon magnifique, revendiqué, bordélique à souhait. On suit vaguement l’histoire des amoureux de Peynet nouvelle formule, Sara et Dara ainsi nommés en hommage aux petits personnages des livres de lecture des écoliers iraniens. Sauf qu’ils ne sont jamais seuls, parce que leur auteur souffre visiblement du complexe de Dieu (oui, pléonasme, tout ça, je sais) et parce que c’est le pays qui veut cela, semble-t-il. Et parce que les plans se mélangent, les réalités s’interpénètrent. Le fictif, le sur-fictif, le biographique, tout en même temps. Au premier plan, l’histoire de deux amoureux, très, très, très romanesque et donc très, très, très peu crédible. Il l’aime, il la cherche, il la séduit – chastement, ô combien chastement – elle hésite entre l’amoureux pauvre mais intègre, et le prétendant riche et parvenu, il se fâche, elle hésite un peu moins, etc., etc., etc. C’est mignon et d’un intérêt artistique digne d’un nanar Bollywood, avec en sus le risque permanent de finir lapidé dans un stade. Au détour d’un tendre tête-à-tête au dialogue stéréotypé resurgit l’actualité brutale, comme le fait – sordide – que le seul endroit où un homme et une femme peuvent se côtoyer sans crainte et donc se donner rendez-vous, c’est la salle d’attente des urgences. Quelques mètres plus loin, mirage d’Haschischin et de colporteur d’onguents magiques, fantômes de poètes morts et d’assassinés, souvenir de deux mille ans de littérature, silhouettes réchappées d’autres histoires, de la grande Histoire, trois petits tours et puis s’en vont…

Face à cela, l’Iran d’aujourd’hui, une dictature, une machine à broyer la pensée, l’art, l’humain. Sara est étudiante en littérature, oui, mais toute œuvre de moins de 200 ans interdite et il n’existe pas de livre qui ne soit pas caviardé par la censure. Dara était étudiant en cinéma, oui, mais communiste également : plusieurs mois de prison et d’isolement plus tard, il est rayé des listes de l’université, ne soutiendra jamais sa thèse parce que tout simplement, il n’existe pas. Méthodiquement déconstruit par l’administration, Dara est peintre en bâtiment. L’administration, justement, thème universel s’il en est - rappelez-moi de vous faire une Page Arrachée à ce sujet. Comme si rien ne rapprochait plus les peuples que de devoir passer six heures devant un guichetier revêche ceint d’une armada de procédures contradictoires : la référence à Kafka est manifeste, assumée (la thèse avortée de Dara portait d’ailleurs sur l’adaptation par Orson Wells du Procès. Ironie du sort). Terrifiante. Affolante de bêtise (voir la scène tragi-comique où l’auteur essaie de faire enregistrer les prénoms de ses enfants). Elle ne broie pas l’humain, elle le découpe en petites cases disjointes. L’autre versant de l’administration, c’est la censure, incarnée, entre autres, par ce fonctionnaire chargé de visionner tout programme avant sa diffusion. Un aveugle, au sens propre.

Pendant ce temps-là, entre les plans, se promène notre auteur… Je fais la maline depuis le début de cet article en faisant des références à la mords-moi-le-doigt à la littérature des Lumières, mais le fait est qu’on y pense souvent. Non pas tant à Montesquieu qu’à Diderot et Jacques le fataliste, car l’auteur-narrateur ne cesse haranguer son lecteur, de se moquer gentiment de ses attentes de lecteur de roman. « Demandez-moi comment… et je vous répondrai… » ne cesse-t-il de répéter, ce que l’on peut aussi lire comme un souvenir des poèmes épique, dont les refrains et retours soutiennent la narration et aident à la mémorisation. L’auteur occupe le devant de la scène, partout, sans arrêt, dans un style brillant-voyant tout en (auto)dérision et effets de manche parfaitement assumés. Grosses ficelles ? Un peu, mais il s’amuse manifestement, et nous avec (moi avec, en tout cas – j’avoue être bon public et avoir éclaté de rire et de bon cœur à une ou deux reprises). Face à lui, sa Némésis, le censeur Pétrovitch. On se souviendra que c’est par ailleurs le nom du juge qui condamne Raskolnikov au goulag. Le Pétrovitch iranien, lui, poursuit le malheureux romancier à chaque page, de sorte que celui-ci finit par intérioriser son censeur, prévoir les mots à biffer, pensées à dissimuler. Tel est le véritable danger : ne plus pouvoir penser une littérature libre. S’interdire de concevoir, à l’instar de cet homme aux pensées traquées. C’est le sens du titre, ce me semble : écrire EN censurant, dans le même temps. En psychologie, cela s’appelle une injonction contradictoire et cela rend non seulement incapable d’agir mais également cinglé. Comment ne pas devenir cinglé ? En écrivant. Oui mais alors… ?



La véritable intrigue du roman, on l’a compris, est bien d’écrire un roman, et pour ce faire l’auteur lutte pied à pied avec les institutions, sa propre «iranité», la littérature en général qui hante les pages par paquets de 10 références. Épuisant. Presque épuisant à lire, d’ailleurs, trop brillant, quasi clinquant, trop dense et il est difficile d’oublier que les deux protagonistes n’ont aucun intérêt, même si c’est fait exprès. L’auteur lui-même finit par totalement s’en désintéresser pour mieux souligner l’amer constat qui émerge du chaos final : écrire un roman d’amour iranien, ce n’est pas possible. Est-ce seulement souhaitable ? Sous couvert de galéjades, d’anecdotes, de set de ping-pong avec le lecteur, le propos est plus que pessimiste. La lecture, elle, reste en demi-teinte
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En censurant un roman d’amour iranien

Un thème intéressant, l'auteur nous montre à quel point il est difficile d'écrire une histoire d'amour en Iran, d'abord à cause de la censure littéraire mais aussi parce que la république islamique interdit aux garçons et aux filles de s'approcher. Ils se côtoient dans des espaces séparés, ne marchent pas sur les mêmes côté du trottoir,...



L'auteur illustre et contextualise l'histoire d'amour de Sara et Dara de son expérience personnelle d'écrivain et de citoyen iranien afin d'éclairer le lecteur sur une culture aux antipodes de la nôtre.



Malheureusement, les nombreuses interruptions du récits par des anecdotes personnelles, interessantes au début pour comprendre la culture iranienne, devient vite pesant, on en perd le fil de l'histoire. Je n'ai pas achevé ce roman.
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En censurant un roman d’amour iranien

Shahriar Mandanipour se propose de nous conter un roman d’amour entre une jeune fille et un jeune homme, tous deux iraniens. Le thème semble n’avoir rien de sensationnel ou même d’original mais nous sommes dans l’Iran postrévolutionnaire. Un pays dans lequel les jeunes filles sont isolées, isolées derrière leur voile, isolées de tout contact avec les jeunes hommes. On apprend dans ce livre que les femmes et les hommes ne marchent pas sur les mêmes trottoirs et que la patrouille de la campagne contre la corruption sociale vérifie partout et tout le temps le respect des bonnes mœurs islamiques iraniennes. La tache est d’autant plus compliquée que le ministère de la culture et de l’orientation islamique vérifie que chaque parution littéraire, musicale, cinématographique respecte les préceptes de l’Iran.



Dans En censurant un roman d’amour iranien, on suit la rédaction de ce roman d’amour. Le texte écrit par l’auteur est écrit en gras, de nombreux mots sont barrés suite à l’autocensure que l’auteur exerce sur son propre texte. Chaque retrait est explicité au lecteur sous la forme d’un jeu de question réponse qui se crée entre le lecteur et l’auteur. J’ai trouvé ce style narratif passionnant et les explications de Shahriar Mandanipour sont très enrichissantes. Il nous dévoile une multitude d’éléments sur les mœurs de l’Iran et il décortique sa littérature et la richesse de sa culture et de son histoire. Il démontre que chaque récit, plus encore s’il est soumis à la censure, doit être lu à deux niveaux. Ce récit est fait avec beaucoup d’humour, de l’autodérision et une seconde histoire d’amour ressort de ce récit, celle de l’autour pour son pays adoré.



Je me suis très vite attachée aux deux amoureux, Dara et Sara. Le chemin vers leur amour semble tellement difficile. Ils sont à la fois cultivés, gentils, respectueux mais aussi un peu rebelles.



Certains passages sont un peu longs mais on oublie cela très vite car l’envie de connaître ce pays grandit au fur et à mesure que les pages se tournent. De plus, certaines références à la littérature demandent une culture approfondie des classiques littéraires.
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En censurant un roman d’amour iranien

Sara et Dara sont deux jeunes iraniens qui partagent le même goût de la littérature. C’est ce qui les a rapproché. Enfin rapproché, c’est vite dit. C’est du moins ce qui a permis à Dara de remarquer Sara à la bibliothèque. Mais comment un jeune homme peut-il approcher une jeune femme dans un pays où tout est fait pour séparer les deux sexes ? Quand une milice peut arrêter deux personnes pour un simple regard échangé ? Dans un pays où même à la bibliothèque, les hommes et les femmes ne peuvent lire dans la même pièce ou même dans un mariage, les invités masculins et féminins sont séparés.

Et dans ces conditions, comment un romancier peut-il écrire une histoire d’amour sans échapper à la censure sévère mise en place par le pouvoir islamique qui voit en toute phrase innocente une métaphore sexuelle ?



J’avais repéré ce roman à sa sortie et depuis mon coup de foudre pour Persépolis de Marjane Satrapi, je suis très attirée par les récits qui se déroulent en Iran. Je l’avais donc acheté en grand format et comme à mon habitude, il est déjà sorti en poche quand je me décide à le lire !



Je n’ai jamais lu un roman avec une telle mise en abyme que celle-ci ! Le romancier intervient réellement dans son roman et s’auto-censure lui-même en barrant certaines de ses phrases et en expliquant pourquoi. On suit donc en parrallèle l’histoire d’amour de Dara et Sara et la construction du roman dans lequel ils apparaissent. C’est l’occasion pour le romancier iranien de décrire la société iranienne telle qu’elle est devenue après la révolution qui a renversé le Shah et mis au pouvoir les islamistes. Cet aspect du livre est vraiment passionnant et la construction en est tout à fait originale. Il est rare d’entendre un auteur intervenir à ce point dans son récit et découvrir, de cette manière, une critique du régime iranien m’a beaucoup plu. Car l’auteur réussit à montrer les pires côtés de la vie en Iran, les horreurs vécues par ses habitants ainsi que ses absurdités les plus ineptes avec un humour pince sans rire.



La galerie de personnages que le lecteur croise au fil des pages illustre les différentes idées qui peuvent encore aujourd’hui coexister au sein de la société iranienne : de l’islamiste pur et dur membre du parti de Dieu au communiste pauvre et rejeté en passant par les iraniens qui essaient de vivre normalement mais luttent clandestinement avec leurs moyens, en organisant des fêtes, en buvant un coup de temps en temps ou en lisant des livres interdits achetés à des colporteurs.



En bref, j’ai beaucoup apprécié ce roman qui nous éclaire sur un pays méconnu, sans misérabilisme et avec une couverture vraiment réussie. Je regrette quand même que le procédé narratif devienne un peu lassant sur la durée et que les interventions de l’auteur prennent trop le dessus sur l’histoire d’amour, qui au final n’a presque plus de consistance.
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En censurant un roman d’amour iranien

Superbe balade en Iran. Au travers de l'histoire des deux personnages principaux, Sara et Dara, le lecteur découvre tout un pan de la société iranienne, sa culture, les interdits et les méthodes pour les contourner. Tout au long du roman, il y a de nombreuses références littéraires persanes qui permettent d'en apprendre encore un peu plus.

J'ai trouvé original le jeu de Shahriar Mandanipour d'alterner les passages dont l'écriture est soit barrée, soit mise en gras, soit ordinaire, chacun ayant sa signification. Cela, ajouté aux pointes d'humour de l'auteur, rend la lecture originale.

J'ai adoré ce roman grâce auquel j'ai beaucoup appris sur l'Iran.
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En censurant un roman d’amour iranien

Comment rester indifférent à un tel titre et à une telle couverture, surtout quand, avec un couple d'amis, nous échangeons des livres pour occuper intelligemment le confinement...

" "Tu devrais aimer !...." " m'ont-ils dit ! Un grand merci à vous deux!

....Sara cherche le livre "La chouette aveugle" à la bibliothèque. Il n'y est pas. Coup de chance, un homme le vend d'occasion sur le trottoir.

Le livre contient une lettre lui proposant de reconstituer un message en ne lisant que les caractères du roman soulignés d'un point violet....début d'un jeu de piste qui lui propose par la suite d'emprunter "Le petit prince".

Le correspondant anonyme lui explique comment lui répondre, comment il pourra lui, à son tour poursuivre cette conversation à partir d'un livre qu'il choisira dans la bibliothèque, et qu'il lui demandera d'emprunter...Elle ira jusqu'à lui écrire un message de 50 caractères en lui imposant la lecture de Guerre et Paix, sur lequel elle a placé un 1 point violet sous chacune des lettres composant le message...

Un romanesque exigeant...mais ce n'est que le début d'un roman d'amour platonique entre Sara et l'inconnu Dara...ce n'est que le fil conducteur qui permet à Shahriar Mandani de nous proposer trois lectures sous ce seul titre...

Devant la feuille blanche, l'auteur commence cette bluette, commence à écrire cette histoire d'amour pas banale, histoire d'amour que nous verrons écrite en caractère gras, bluette entre deux ados qui portent des noms passe-partout en Iran. Histoire d'amour originale quant à son scénario...puis des mots barrés apparaissent, ceux que la censure interdirait..cette auto-censure que s'impose l'auteur de ce roman d'amour..."Si j'écris ces mots, ils seront censurés"...."Non je dois écrire"..."ça, ça ne passera pas" !

Une censure qu'il connaît bien, incarnée par Monsieur Petrovitch que tout écrivain iranien connaît bien...rien n'est nouveau sous le ciel iranien.

Ce dernier analyse avec lui les phrases ou les mots interdits, censurés, lui explique qu'il ne doit parler que de la beauté du monde créé par Dieu, mais nullement écrire le mot sein, ni jamais décrire le corps de la femme.....Bien triste réalité de cette censure iranienne associée à l'hypocrisie religieuse d'un homme et d'un pouvoir. Cette deuxième lecture du livre et de la censure iranienne laisse bien peu de place la la liberté, à l'amour, à la créativité des auteurs...Bien triste formatage des ouvrages et des esprits

Comme dans toute histoire d'amour banale entre une belle jeune fille et un jeune homme pauvre, apparaît le riche monsieur, plus tout jeune...prétexte pour l'auteur de nous proposer la troisième lecture, une lecture de la vie en Iran, de la société iranienne, où se mêlent dans le récit prisonniers politiques, police des mœurs, soirées alcoolisées, vieux riches à la recherche de chair tendre, voisins délateurs, BMW et vieilles guimbardes, et j'en passe.

Ah! qu'il est difficile pour un garçon et une fille d'y vivre une histoire d'amour au grand jour !

Bref, un roman qui ne laisse pas indifférent, loin de là !

Nous nous plaignions de notre manque de liberté, des contrôles de la police, etc...ceux-ci n'ont duré que quelques semaines pendant ce confinement...ce titre nous montre le courage d'un peuple cultivé qui en endure bien plus depuis bien des années.

Shahriar Mandanipour évoque notamment Abbas Kiarostami, réalisateur iranien qui eut des ennuis à son retour de Cannes, où il reçut la palme d'or en 1997 pour "Le goût de la cerise" parce que Catherine Deneuve lui avait fait la bise mais aussi le marché noir, les bons d'achat, les médicaments difficiles à trouver sauf sur les marchés non officiels...

Nous pouvons grâce à l'humour et à la dérision de Shahriar Mandanipour nous rendre compte de notre bonheur, des difficultés, le mot est bien faible, affrontées par le peuple iranien.

"Après tout, l'un des avantages de la lecture d'un récit romantique est que l'on ressent les expériences éprouvées par l'auteur et par ses personnages."....(P. 243)

Un excellent roman donc ! Un roman qui de plus vous suggère bien d'autres lectures.

"Plus les années passent, plus il est certain que nous autres Iraniens appartenons à une nation qui n'a pour lot que tristesse et chagrin." (P. 381)




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En censurant un roman d’amour iranien

Un livre original, dans lequel on suit plusieurs points de vue. D'abord, celui du personnage principal, un auteur en train d'écrire un nouveau livre d'amour, qu'il s'efforce de rendre conforme aux normes de la censure des mollahs. Ensuite, ceux des différents personnages composant le livre en cours d'écriture. Enfin, on est parfois dans la tête du mollah censeur.



Vous l'aurez compris, l'histoire est racontée sous la forme d'une épopée digne des milles et une nuit, avec une tendance poupées russes, qui a pour cadre le Téhéran de Ahmadinejjad. Cela peut parfois rendre l'intrigue dur à suivre, mais l'auteur s'en sort bien, et ne se mélange pas souvent les fils dans ce jeu d'équilibriste particulièrement exigent.



Un bon 4/5 pour l'originalité et la grande maîtrise dont fait part l'auteur. Pas un coup de coeur, mais un délire très abouti.
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En censurant un roman d’amour iranien

Ecrit en 2008. L'auteur vit aux USA depuis 2006. J'ai lu ce livre parce que l'auteur est Iranien et qu'il était mentionné dans le livre « Voyage en Iran » de Nedim Gürsel



Je n'ai pas beaucoup accroché avec l'histoire, mais je reconnais que l'auteur réussit une prouesse d'écriture. Il essaie de raconter l'histoire d'amour de Dara et Sara tout en se censurant lui-même, sachant que son livre va être relu par un censeur officiel. Cela donne des situations cocasses et beaucoup de phrases raturées. L'auteur exprime ainsi beaucoup de ses opinions sur son pays, le pouvoir (celui du Shah et celui actuellement en place), les moeurs, et l'impossibilité pour un jeune homme et une jeune fille de se voir et de se fréquenter.



Il y a quelques incongruité dans le roman que je n'ai pas comprises : l'histoire de Dara et Sara est vraiment toute simple mais se finit bizarrement. Il y a le cadavre d'un nain bossu qui est trimbalé tout au long du livre et je n'ai toujours pas compris pourquoi.



L'auteur a du talent et beaucoup d'humour (caustique). Cependant, je n'ai pas aimé l'atmosphère volontairement sensuelle et l'obsession de l'auteur sur les seins des femmes (évidemment raturés mais quand même bien présents !)



Quelques pépites : l'auteur explique aux jeunes iraniennes que non, tous les magazines de mode dans le monde ne sont pas coloriés de « noir ». Avant l'usage du « Magic Marker » recouvrant bras et jambes et tout en noir, les magazines étaient découpés par une petite cellule de fonctionnaires dont c'était le métier.



Extrait de la polémique concernant le film « Danse avec les loups » :

Le spécialiste des questions concernant l'atteinte à l'ordre moral rétorque : Danser est danser. Croyez-vous que les Iraniens songeront à danser avec les loups quand ils verront ou entendront le mot « danse » ? Ils vont immédiatement imaginer la danse du ventre arabe. Les occidentalisés penseront au tango, et à peine penseront-ils à la danse qu'ils se mettront à danser… Leur péché pèsera sur vos épaules, mon frère.



Sur le voile : Comme de nombreux Iraniens éclairés, Dara a honte plus ou moins consciemment, de son incompétence et de sa passivité, lorsque après la révolution on contraignit, par la force ou en leur enfonçant des punaises dans le front, leurs mères, soeurs et épouses à porter des foulards et des tchadors, puis qu'année après année on les privait de leurs droits humains.



Sur les Musées et antiquités : Ces scélérats d'Occidentaux ont emporté la plus grande partie de nos trésors anciens, qui se trouvent aujourd'hui dans les musées de Londres, Paris, New-York. Partie raturée : « Peut-être est-ce mieux ainsi. Au moins ils sont en sécurité et personne ne les volera. »

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En censurant un roman d’amour iranien





Un livre à plusieurs niveaux : une histoire d'amour censurée par l'auteur , nous apprenant les métaphores pour passer la censure .. à la fois une auto censure et la censure officielle ... où est la véritable histoire ?



Passionnant pour tenter de comprendre la complexité de la culture et du contexte politico religieux de l'Iran à travers un roman
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En censurant un roman d’amour iranien

Un garçon et une fille s’aiment, jusque-là rien de bien original, sauf qu’ils sont à Téhéran, de nos jours, alors que la république islamique a été instaurée et impose une séparation des genres. « Comment publier un roman d’amour, alors que l’impitoyable censeur pourchasse non seulement toute prétendue incitation à la contre-révolution mais la moindre allusion érotique ? », et bien ça n’arrête pas Sara et Dara qui s’échange des petits mots d’amour via des messages codés mit dans des livres de la bibliothèque, c’est malin et mignon mais dangereux. J’ai bien aimé l’idée de la censure directement dans le roman, c’est assez rare et ça permet de se rendre compte que la liberté est une chose à protéger, cela dit le roman ne m’a pas spécialement intéressé car il y a trop de digressions. J’ai aimé cependant la vie en Iran, j’aime découvrir des modes de vies totalement différents à travers mes lectures, même si c’est tout une dictature, c’est toujours intéressant je trouve de comprendre comment l’amour, l’amitié, la vie perdure quoi qu’il arrive.
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