Citations de Shelley Read (67)
De minuscules empreintes de belettes et d'écureuils décoraient la croûte de neige sous les arbres.
Parfois, une femme se divise en deux. Parfois, au moment où quelqu'un qu'elle aime profondément s'éloigne, elle offre au monde une image stoïque, pleine de dignité et d'abnégation, pendant que son moi intime hurle et court après cet être aimé et l'attrape et le plaque au sol en le suppliant de rester.
J'étais une fille en train de devenir une femme dans un foyer d'hommes. C'était comme fleurir sur une couche de neige.
Une fille de dix-sept ans peut être idiote, surtout si elle ignore tout du pouvoir extraordinaire de l'amour jusqu'à ce qu'il la submerge telle une crue soudaine.
Je doute que maman m'eût aidée si elle avait été en vie. Mais le seul avantage d'avoir une mère morte, c'est qu'on peut faire d'elle une alliée inébranlable, qu'elle l'eût été ou non.
J'étais une fille en train de devenir une femme dans un foyer d'hommes. C'était comme fleurir sur une couche de neige.
Mais porter toute seule ton chagrin, ce n'est pas de la force, V. C'est une punition, purement et simplement.
Les orteils agrippés aux cailloux glissants pour garder l'équilibre contre le courant, je fermais les yeux et j'écoutais. Je ne saurais dire exactement ce que me racontaient ces eaux transparentes. Je sais seulement que tout était vrai.
Quand les coups frappés à la porte vous réveillent en sursaut ; quand vous distinguez les silhouettes raides de deux hommes en uniforme attendant derrière la vitre; quand votre coeur pèse déjà plus lourd qu'un boulet de canon mais qu'il vous faut tout de même aller ouvrir et recevoir la nouvelle - il n'y a pas de mots.
Je savais qu'à chaque éclosion d'éphémères, une douzaine d'hirondelles à front blanc descendaient en piqué sur la rivière et que c'était le moment précis où mon père remontait une truite arc-en ciel au bout de sa ligne.
En ne montrant en surface qu'une petite fraction de sa vie intérieure, une femme offrait moins à piller aux hommes.
Selon [ ma mère ], il existait en toute chose une bonne et une mauvaise manière de faire, qu'il s'agisse de se tenir à table, de parler ou de coudre, voire d'étaler la mayonnaise sur une tranche de pain de mie, de battre les tapis ou d'inciter les poules à pondre davantage.
De calmes cascades de neige tombaient sur la ferme telle de la farine tamisée, faisant taire la création et incitant au repos.
Je n'ai jamais cessé de m'interroger sur mes choix passés, mais en ce monde, chaque pas entraîne le suivant et nous devon marcher dans cet espace ouvert, sans carte ni invitation.
Quand je lui avais demandé si le lieu lui manquait, il m'avait seulement répondu : " Aucune terre n'a de coins", comme si ça voulait tout dire.
Imaginez ce qui hante le fond obscur d'un lac. Des débris, charriés par des cours d'eau ou jetés des bateaux, ramollissent et se désagrègent. D'étranges poissons lippus nagent comme ils respirent, loin des hameçons. Imaginez des parterres d'algues, semblables à des femmes aux corps déliés dansant à l'abri des regards. Approchez-vous du bord, laissez les vaguelettes laper vos chaussures, et imaginez, tout près, un monde à part, aussi silencieux que la lune, hors de portée de la lumière, de la chaleur et du son.
Aucun des deux n'était daltonien, n'avait les pieds plats, un souffle au coeur ou des allergies. Si leur date d'anniversaire était tirée au sort, ils partiraient au Vietnam.
Une règle que ma mère m'avait apprise par exemple, c'est qu'une femme a tout intérêt à parler le moins possible.
Ma maison se trouve au fond d'un lac. Notre ferme gît dans la vase, où rien ne distingue ses vestiges d'une épave. Des truites lisses et luisantes se baladent dans ce qui était ma chambre et dans le salon où notre famille se réunissait le dimanche.
Le vieux camion renâcla en montant la colline et en traversant le bois. Une fois garée, je donnai une petite tape reconnaissante au tableau de bord.