LE TIROIR EST UNE FLEUR AU SOMMEIL LÉGER
Doucement doucement je l'ouvrirai
le tiroir est une fleur délicate
encore en bouton je l'offrirai
ce souvenir
doucement doucement
je le fermerai sans le réveiller
le tiroir est une fleur au sommeil léger
le chagrin vers le fond je l'y déposerai
poème extrait de Le vent – Une âme qui joue, IV
« Une âme qui joue, Le cercle », Éditions Caractères, 2012.
Traduit du japonais par Véronique Brindeau (p. 69)
DORS BIEN AU CHAUD
Réchauffe tes membres avant de dormir
réchauffe bien tes pieds surtout
cela te gardera de rêves tristes
où quelqu'un te poursuivrait
si tu te sens seul dors sur le côté
mieux vaut que les larmes coulent d'un oeil
imagine que quelqu'un doucement
te frotte le dos et ton sommeil sera meilleur
endors-toi le coeur en paix
te rappelant parfois le jour où quelqu'un te félicita
et incline ta tête deux ou trois fois dans l'obscurité
vers celui qui t'a dit « tu as toujours fait de ton mieux »
si tu veux rêver de pommes cueillies toutes chaudes
d'un arbre tout empli de fruits mûrs
endors-toi la main sur la joue
dis-toi doucement
« c'est mon corps » et dors
poème extrait de Le vent – Une âme qui joue, IV
p. 77
PETIT PAPILLON NACRE
Le ciel est toujours clair
quand je le vois.
En haut de marches en pierre abruptes
on pouvait voir
des lettres gravées sur des tombes.
« Regarde ! Un papillon bleu ! »
montra-t-il du doigt.
Comme s’il évitait notre regard
le papillon s’éleva,
redescendit,
– un vrai mensonge !
Il disparaissait derrière une tombe
quand je lui dis :
« Je t’aime de tout mon être. »
Nuit
Je marchais la nuit tenant un bouquet de roses.
Nous marchions tous les deux sur le sentier sombre.
Tu étais devant moi et tu te retournas.
Tes yeux pleuraient en regardant les roses.
« Ah, ton coeur que je ne peux comprendre, »
disaient tes larmes.
C’était moi qui tenaient les roses.
Tes yeux pleuraient dans mon sein.
« Je te donne
ces roses rouges,
mes roses préférées » as-tu dit.
Ah ! mon coeur que je ne puis comprendre !
C’est ma main qui essuie les larmes que tu versais sur les roses.
C’est ma main qui maintenant tient ce bouquet de regret,
la main qui autrefois t’avait frappé.
Marche plus lentement, veux-tu ?
S’il te plait, plonge ton regard dans mes yeux,
Je marche sur un sentier sombre la nuit
tenant tes roses préférées si près de mon sein.
Maintenant, je puis te rendre ton sourire
Un flacon de parfum en verre égyptien
Un jour parfumé de printemps, et malgré
la présence de mon compagnon, je me sentais seule,
mélancolique sous le poids de l’espoir.
Du bouchon d’un flacon de parfum en verre égyptien,
s’échappait une légère fragrance.
La senteur d’un lotus cueilli le matin
tremble dans le flacon de verre
délicatement teinté d’ambre transparente.
Après tout, ce n’est pas de l’ambre
mais une fine et fragile goutte de larmes de lotus.
« Mon amour, ce parfum … »
Sur la paume de mon compagnon
je dessinerai un petit « un »
qui dira que mon coeur est bien seul.
Verse la douce musique d’une fleur de lotus qui s’ouvre
dans le flacon en verre du désert.
Verse la pure solitude du matin
dans le flacon.
Vagues
J’aimerais lancer une pierre
dans les vagues apaisées d’un lac.
Qui ouvrirait les yeux
et pousserait un cri.
J’aimerais lancer
des mots d’amour dans ton coeur.
Etonné tu te retournerais pour me regarder.
Des rides apparaîtraient sur ton coeur solitaire.
J’aimerais recueillir ces rides dans mes mains.
De l’intérieur tes paroles
lèveraient les yeux vers moi et diraient
« Ô merveille! »
SMALL SHELL BUTTERFLY
The skies are always clear
when I see him.
At the top of steep stone steps
you would see carved letters on tombs.
« Look ! A blue butterfly, »
he pointed.
As if averting our eyes
the butterfly hovered
up
and down
like a « lie. »
The moment it disappeared behind a tomb
I told him,
« I love you with all I have »