Qu'est-ce que je lui ai fait ? Pour quelle raison ne peut-il pas me supporter ?
Et pourquoi suis-je aussi misérable ? Au lieu de disparaître sans laisser de traces, dans un monastère ou comme dame de compagnie chez une vieille femme ou dans tout autre emploi, je supporte ces humiliations sans fin, ressasse ma douleur et rase les murs comme un chien éternellement battu qui continue à lécher les mains de son maître. Et pourtant, comment pourrais-je partir ? Abandonner Adèle ? Mais elle ne survivra pas sans moi !
... et que bientôt notre puissant empire sera emporté dans un tourbillon où il sera brisé et réduit en miettes comme s’il n’avait jamais existé.
Mes cheveux se dressaient sur la tête. Qu’esr-ce que les gens peuvent raconter comme bêtises. Chacun sait pourtant que ce n’est pas possible, que notre empereur bien-aimé (que Dieu le garde en vie encore cent ans) possède une santé robuste et a l’esprit clair. De plus, malgré l’accident tragique arrivé à son fils, son unique héritier le Kronprinz Rodolphe, l’empire dispose d’un appui solide en la personne de l’héritier du trône, le neveu de l’empereur, Son Altesse François-Ferdinand - puisse la Sainte Vierge le protéger.
Ma vie, qui t'a été donnée à la naissance et attachée à toi comme un bouton de rechange à l'envers du vêtement, ne te suffit donc plus ? Tu as tellement eu envie un jour que ton père me vende ! Tu avais peur qu'il m'aime comme son deuxième enfant. Tu ne voulais pas voir de la douceur dans sa voix qui prononçait mon prénom. De quoi as-tu peur maintenant pour vouloir vendre l'enfant ? Qu'est-ce que tu veux ?
Pendant plus de vingt ans, jusqu'à sa mort, le docteur Anger a crié dans son sommeil : il rêvait d'un incendie. Son cri était ininterrompu et terrifiant, empruntant plusieurs voix : tantôt il hurlait comme une sirène, tantôt il reproduisait des cris de hibou, tantôt il imitait la locomotive ou se prenait pour un courant d'air.
C’est le père Josef qui baptisera l’enfant. Son épouse vendra au baptême avec une nouvelle paire de bas. Petro et Felix seront vêtus de beaux costumes confectionnés par Monsieur Baumel. Les séraphins de feu à six ailes chanteront : de leurs gorges brûlantes s’écoulera l’amour du Seigneur. Et les chérubins à quatre visages, aux gueules de lion et aux becs d’aigle, déverseront l’infaillible sagesse céleste