L'étymologie et les sens du mot "art" sont complexes. Ils font se croiser divers ancêtres de même racine indo-européenne (Art, - placer, ajuster) : le grec arthron, qui signifie "articulation" ou "jointure de membre" ; les termes latins arma (neutre pluriel) ou armare, "arranger, adapter, équiper, apprêter" également qui se trouvent eux-mêmes apparentés au nom latin ars, artis, "talent, savoir-faire, habileté" mais aussi "ce à quoi s'appliquer" ce talent et enfin "les connaissances techniques, corps de doctrine". Pour tenir compte de cette densité étymologique, on considérera d'abord 'art de Camus au sens large de tout ce qu'il a agencé par sa pensée, à l'aide de son talent et de ses connaissances techniques. Eve Morisi Visages de "l'art et la douleur" chez Camus
Elle le fait accéder à une connaissance métaphysique privilégiée : il apprend par l’expérience que la liberté la plus étendue n’est qu’une fausse liberté. Même l’empereur n’est pas libre de réaliser les profondes aspirations de l’homme ; il est seulement plus libre que tous ses sujets d’inspecter les murs de son cachot.
La construction de cette pièce est toute au service du postulat philosophique qui régit la pensée de l’auteur, elle en donne même une parfaite illustration. En plus des spectacles enchâssés, des procédés métathéâtraux des plus diversifiés doublent constamment, et approfondissent, le traitement discursif des thèmes de la pièce, reliés à la folie et au politique : l’ensemble exprime la vanité des choses, à travers une esthétique emblématique de la théâtralité intrinsèque du monde.
Caligula est convaincu du non sens de ce monde hostile, comme il le dit dès le début de la pièce, et ses réactions indiquent un décalage. Il opte pour la folie et le théâtre, qui s’équivalent en quelque sorte : être fou, c’est, entre autres, se couper de la réalité ;faire du théâtre, c’est entrer dans l’irréalité et par conséquent dans une forme de folie.